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Hil­de­gard

Hildegarde de Bingen recevant une vision sous forme d'une flamme, vision qu'elle s'empresse de retranscrire dans ses Scivias [audio:hildegard.xol] Hildegard von Bingen O dulcis electe - O Nobilissima Viriditas Catherine Sergent & Catherine Schroeder Hildegarde de...

Les Heures Claires

On a, je crois, certainement déjà tout dit sur Le Corbusier et la belle et immense maison qu'il a dessiné pour les époux Savoye à Poissy. On a, je crois, déjà expliqué en long, en large et en travers tout ce qui fait le génie de Corbu, ses fenêtres bandeaux, le fait...

Trous de boulin

Avec mon grand-père, on aimait bien partager toutes les choses nouvelles qu'on pouvait apprendre chacun de notre côté. Parfois, les discussions pouvaient se compléter et s'apporter elles-mêmes des informations qui enrichissaient le tronc commun. Une des dernières dont...

Muqar­na

Photo © Jaime Pérez Les muqarnas (مقرنص - Mocárabes en castillan) sont des ornements en stuc peint que l'on trouve en particulier dans les palais de l'Alhambra, venant de Perse et diffusées tout le long du monde arabe. Leur construction en nid d'abeille évoque...

Style à poulpes

La civilisation mycénienne — grande pourvoyeuse de poteries et de vases — a vécu son déclin commencer et son homogénéité perdre de la consistance lorsque les styles locaux sont apparus. Parmi ces styles, le style dit "à poulpes" dont les vases sont décorés de poulpes...

Korai en fleurs

Koré d'Euthydikos, a la particularité contrairement à toutes les autres koré, de ne pas sourire. 490 av. J.-C., Musée de l'Acropole, Athènes. Il n'est pas possible de fixer la minute, ni de désigner l'œuvre où ce que nous appelons aujourd'hui l'âme hellénique essaya...

Gram­maire de l’ornement

Livre de référence des arts décoratifs, la Grammaire de l'ornement d'Owen Jones oublié en 1856 est une importante source d'inspiration dans le domaine du graphisme. Jones est un des pionniers de la chromolithographie, un procédé qui donna naissance à l'offset que l'on...

Des nou­velles des merveilles

Elles étaient sept, comme les mercenaires et les samouraïs ou encore les péchés capitaux, c'est à dire moins que les salopards ou les travaux d'Hercule, et beaucoup moins que les jours de Sodome et toutes ne sont pas parvenues jusqu'à nous. La particularité de la...

Les eaux immo­biles de Bang­kok (Les oubliés du pays doré #21)

Le long du khlong Saen Saep, l’eau boueuse char­rie des débris de poly­sty­rène et des fleurs de lotus fanées. Le long-tail boat glisse entre les pas­se­relles bran­lantes, et je m’ac­croche à la barre de métal rouillé tan­dis que le conduc­teur accé­lère dans un rugis­se­ment qui me fait pen­ser à celui d’un trac­teur pous­sé à plein régime. Per­sonne ne regarde le pay­sage. Les pas­sa­gers se prennent en pho­to avec leurs télé­phones, bous­cu­lés par les embar­dées du pilote qui évite les déchets flottants.

Bang­kok, Blues de Guerre (Les oubliés du pays doré #20)

Bang­kok. 1967. On arrive à Venise par la mer. On arrive à Bang­kok par le fleuve. C’est une loi géo­gra­phique autant que roma­nesque. La Chao Phraya char­rie ses eaux brunes entre les temples dorés et les barges de riz, indif­fé­rente au siècle qui passe. Mais en ce mois de juillet 1967, quelque chose a chan­gé dans l’air épais de la capi­tale sia­moise. Une odeur de bour­bon et de kéro­sène se mêle aux effluves de citron­nelle et d’encens.

La der­nière lumière (Les oubliés du pays doré #19)

Nor­man Lewis arrive à Bang­kok en 1950 avec cette façon qu’ont les voya­geurs anglais de ne jamais vrai­ment arri­ver nulle part. Il débarque comme on pousse une porte entrou­verte, sans fra­cas, le car­net dans la poche gauche, l’œil déjà ouvert sur ce qui dis­pa­raît. C’est ce que Lewis est venu cher­cher : non pas le Siam éter­nel des cartes pos­tales, mais son ago­nie pré­cise, docu­men­tée, la fin d’un monde qu’on pho­to­gra­phie avant l’incendie.

Le maré­chal exi­lé (Les oubliés du pays doré #18)

Il aurait fal­lu com­men­cer par Bang­kok, novembre 1947, l’o­deur du fleuve et des temples, mais les bio­gra­phies ne com­mencent rare­ment comme cela. Plaek Phi­bun­song­kh­ram – qu’on appel­le­ra bien­tôt Phi­bun, le Maré­chal, le dic­ta­teur, le sur­vi­vant – est assis dans son bureau du Minis­tère de la Défense, et il sait déjà que tout est fini avant même d’a­voir vrai­ment com­men­cé. Les hommes de pou­voir dans les tro­piques sentent la fin avant le com­men­ce­ment, comme ces requins qui détectent une goutte de sang dans un océan.

La reine de la soie (Les oubliés du pays doré #17)

Bang­kok, 1960. Les ven­ti­la­teurs brassent l’air moite du palais Chi­tra­la­da comme ils brassent la pous­sière depuis des siècles. Jim Thomp­son tra­verse la salle d’at­tente, son cos­tume de lin blanc frois­sé par l’hu­mi­di­té tro­pi­cale qui règne sur la ville même en cette sai­son sup­po­sé­ment fraîche. Il a cin­quante-neuf ans, l’al­lure encore élan­cée mal­gré le whis­ky et les dîners chez les ambas­sa­deurs, ancien agent de l’OSS deve­nu mar­chand de soie, et il s’ap­prête à ren­con­trer la reine Sirikit.

Boo­nya­ra­ta­na Siri­ka­nya, l’architecte de l’impossible (Les oubliés du pays doré #16)

Bang­kok, 1958. L’ar­chi­tecte Boo­nya­ra­ta­na Siri­ka­nya tra­verse le pont qui enjambe le khlong, cette artère d’eau brune qui char­rie les détri­tus et les fleurs de lotus en parts égales. Il pense à l’A­mé­ri­cain, à cet homme qui veut bâtir une mai­son impos­sible, une mai­son qui serait à la fois un temple et un mani­feste, un tom­beau peut-être. Jim Thomp­son l’at­tend dans le jar­din de sa pro­prié­té tem­po­raire, celle qu’il quit­te­ra bien­tôt pour le chef-d’œuvre qu’ils construi­ront ensemble.

Bang­kok, 1935, aux ori­gines du Siam (Les oubliés du pays doré #15)

On pour­rait com­men­cer par Ang­kor, évi­dem­ment. Com­men­cer par les temples englou­tis sous la jungle, par les racines des fro­ma­gers qui éventrent les pierres khmères, par cette obses­sion occi­den­tale de tout dater, tout clas­ser, tout com­prendre. Mais non. Com­men­çons plu­tôt par un couple d’An­glais en 1935, débar­quant à Bang­kok avec leurs malles et leurs car­nets, leurs théo­ries et leur naï­ve­té, ne sachant pas encore qu’ils allaient pas­ser le reste de leur vie à recons­ti­tuer un pas­sé qui n’é­tait pas le leur.

Le Conseiller du Siam (Les oubliés du pays doré #14)

On le retrouve tou­jours dans les ports. Anvers d’a­bord, puis Mar­seille, Colom­bo, Sin­ga­pour. Les grandes villes mari­times qui scandent les routes de l’Em­pire, ces nœuds où convergent les ambi­tions et les rêves d’hommes comme lui. Gus­tave Rolin-Jae­que­myns porte un nom à ral­longe, héri­tage d’un père illustre qui fon­da la Revue de droit inter­na­tio­nal, et cette pesan­teur généa­lo­gique le pousse vers l’Est, là où les noms euro­péens sonnent encore comme des promesses.

La chute d’A­nan­da Mahi­dol (Les oubliés du pays doré #13)

Bang­kok, juin 1946. La mous­son hésite encore, sus­pen­due au-des­sus de la ville comme une menace muette. Dans les rues, les cyclo-pousses glissent entre les flaques d’eau boueuse, évi­tant les nids-de-poule que la guerre a lais­sés par­tout, cica­trices d’un conflit qui vient à peine de s’a­che­ver. Le Siam a chan­gé de nom pen­dant l’oc­cu­pa­tion japo­naise, puis est rede­ve­nu le Siam, puis est deve­nu la Thaï­lande. Per­sonne ne sait vrai­ment quel nom don­ner à ce pays qui ne sait plus très bien qui il est et qui semble se chercher.

Le refuge de Connie Mang­skau (Les oubliés du pays doré #12)

Constance Mang­skau était née en 1907 à Chiang Mai, d’un père anglais et d’une mère thaïe, ce qui fai­sait d’elle une hybride dans un monde colo­nial qui n’ai­mait pas les hybrides. À dix-huit ans, elle avait épou­sé un plan­teur de caou­tchouc nor­vé­gien dont elle ne gar­dait que le nom et deux filles. Veuve trop jeune, elle avait dû accep­ter un poste de secré­taire à la Bri­tish Ame­ri­can Tobac­co Com­pa­ny pour nour­rir ses enfants.