Ko Pha Ngan sto­ries #2 : Baan Cha­lok Lam

Ko Pha Ngan sto­ries #2 : Baan Cha­lok Lam

Ban Cha­lok Lam

Ko Pha Ngan sto­ries #2

Baan Cha­lok Lam. On dit aus­si Cha­lok­lum. Voi­ci le finis­tère de Koh Pha Ngan, un finis­tère en forme de crois­sant de lune s’en­fon­çant dans une val­lée au pied d’un des points culmi­nants, une mon­tagne où les nuages char­gés d’eau s’ac­crochent et finissent par se vider au-des­sus du vil­lage de pécheurs.

C’est une petite ville avec des routes en terre, deux rues paral­lèles qui longent une plage sans pré­ten­tion où quelques bateaux souf­fre­teux déversent leurs pois­sons et les cala­mars qui seront séchés sur les tables qu’on peut voir un peut par­tout en bord de mer.

C’est le genre d’en­droit où il ne se passe rien, où les tou­ristes n’ar­rivent que par hasard au terme d’une route chao­tique qui a long­temps été en chan­tier. Pas de sur­feurs, pas de vieux alle­mands arri­vés là on ne sait com­ment, cra­dingues et les che­veux entour­billon­nés et tres­sés à la mode ras­ta, per­chés un jour et jamais vrai­ment tota­le­ment revenus. 

Quelques res­tau­rants pro­po­sant une varié­té incroyable de pois­sons aux cou­leurs cha­toyantes et de crus­ta­cés cuits en sauces cur­ry, sont la seule réelle attrac­tion de ce petit coin qu’on pour­rait croire être un para­dis, mais qui n’est qu’un bout de terre ten­du vers la mer.

Au détour d’un che­min, der­rière une petite plage où une balan­çoire a été accro­chée à un coco­tier qui pointe vers le large, deux pan­neaux indiquent que la plage, orien­tée au nord, est un lieu où les tsu­na­mis peuvent faire beau­coup de dégâts. Une flèche invite les pro­me­neurs à se diri­ger vers une route en hau­teur pour se pro­té­ger en cas de dan­ger. Le para­dis res­semble un peu à l’enfer.

C’est un finis­tère où les vieux regardent la mer comme on dis­cute avec un vieil ami, où les chiens, inquiets de rien et sur­tout pas des quelques scoo­ters qui passent ici, dorment sur la route déca­pée par les pluies et le soleil, où les jack­fruits poussent à por­tée de main et s’é­clatent de temps à autre sur le béton des cours, pour­ris­sant là comme des ani­maux morts, où les enfants jouent dans le sable en se deman­dant à quelle heure on mange.

Moment recueilli le 5 mars 2013. Écrit le 27 avril 2019.

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Des ruines dans l’océan

Des ruines dans l’océan

Peu importe ce qui s’est pas­sé cette après-midi où tu as tout dépo­sé, où tu n’es pas retour­né au tra­vail après la mati­née de lun­di et où tu as pris ta voi­ture sans pré­ve­nir per­sonne pour par­tir, deux bonnes heures de route, l’as­phalte qui brûle sous tes pneus dégon­flés, mais c’est comme si un besoin impé­rieux s’é­tait empa­ré de toi, impos­sible à rete­nir, une envie orga­nique et suave, avec une petite note sau­vage sur la langue, un je-ne-sais-quoi d’à la fois sucré et hon­teux, presque comme si c’é­tait un plai­sir qui ne regar­dait que toi.

Il n’y avait plus rien ni per­sonne, per­sonne pour te dire quoi faire ou quoi pen­ser, rien qui puisse pol­luer cet ins­tant pré­cieux, rien qui ne fasse signe de l’in­croyable hypo­cri­sie que tu détestes tant. Alors voi­là, c’est comme ça, tu es par­ti après ton ren­dez-vous, tu n’as pas dit au revoir à tes col­lègues et tu as rejoint ta voi­ture dans tes vête­ments de tra­vail, pan­ta­lon léger, veste grise ajus­tée, un simple tee­shirt, des ten­nis blanches, et te voi­là par­ti sur la route en direc­tion de l’o­céan, ce n’é­tait même pas pré­mé­di­té, ce n’est même pas au moment de par­tir que tu as déci­dé que ça se ferait comme ça, tu as fait comme d’ha­bi­tude, tu as impro­vi­sé… et cette fois-ci, l’im­pro­vi­sa­tion c’é­tait la mer. Je l’ai enten­du, tu écou­tais Laza­rus de David Bowie (ça fait un peu pen­ser à du Super­tramp par­fois non ? — crache-moi des­sus…) aus­si fort que pos­sible, le soleil par la fenêtre, te brû­lant la peau du bras et le côté gauche du visage. Oui mais Bowie.…

Et puis ça fai­sait com­bien de temps ? Vingt ans ? Tu n’y as pas mis les pieds depuis des années, comme si quelque chose t’en avait empê­ché, comme si un des pôles d’un aimant t’en empê­chait désor­mais, pro­vo­quant presque des hauts-le-cœur. Il s’est pas­sé quelque chose là-bas ? Tu ne sau­ras pas. Tout ceci est du pas­sé et le pas­sé empêche de vivre et de progresser.

L’a­ve­nue de la mer qui donne sur le Grand Hôtel où ta table t’at­tend encore, il n’est pas l’heure de déjeu­ner, mais déjà, der­rière les vitres du res­tau­rant, tu peux sen­tir cette odeur par­ti­cu­lière de vent marin et de cui­sine qu’ont tous ces grands res­tau­rants qui donnent sur la mer, ça te rap­pelle cet hôtel aus­si sur la plage de Bou­lo­gne‑s/-Mer, une paren­thèse dans ta vie, quelques jours heu­reux qui ne se repro­dui­ront plus, et dans les­quels fina­le­ment, il y a un secret qui se niche. Le bon­heur se trouve encap­su­lé là-dedans, lorsque tu sais que les évé­ne­ments, une fois pas­sés, ne se repro­dui­ront pas, même si tu cours après dans une che­vau­chée folle ; ça-ne-se-repro­dui­ra-pas. Il faut s’y faire.

L’air de la mer, un verre de vin blanc frais, l’o­deur d’une ciga­rette qu’une femme tient du bout des doigts non loin de toi, les lèvres très rouges, fines et entr’ou­vertes, lunettes de soleil qui font d’elle une incon­nue que tu ne connaî­tras jamais… Le vent dans les che­veux, comme dans une chan­son d’El­ton John, Return to para­dise, l’air qui revient, Remem­ber me while we are apart… Quel que soit le temps qu’il fasse, il y a tou­jours du vent sur cette longue pro­me­nade qui porte le nom d’un écri­vain que tu n’as jamais vrai­ment réus­si à lire, des pavés roses sous les pieds et une grande arche arron­die dans ton dos, les vitres gau­frées par le temps, la pein­ture qui s’é­caille sur les mon­tants des fenêtres en bois, lors­qu’elles n’ont pas encore été rem­pla­cées par du plas­tique. En d’autres temps, c’é­tait le sable et la neige qui se mélan­geaient sur le plage, mais aujourd’­hui il fait par­ti­cu­liè­re­ment chaud, le sel, la sueur, le soleil, le vent… tout se mélange sur ta peau, des odeurs que tu avais oubliées et que tu oublies à chaque fois, que tu fais mine de redé­cou­vrir à chaque fois, il n’y a pas de sen­ti­ments comme ça qui res­semblent à la noblesse déca­tie des automnes fati­gués. Les cris des enfants qui jouent sur la plage ne te par­viennent pas, le vent vient de tra­vers, même la mer te fait silence, seuls les nuages ont l’air de bruis­ser légè­re­ment en glis­sant sur la toile bleue. Tu regardes encore cette femme qui a jeté sa ciga­rette, elle te rap­pelle quel­qu’un dont tu tais le sou­ve­nir à pré­sent, ce ne sont plus que des ins­tants loin­tains qui n’ap­par­tiennent peut-être déjà plus à tes sou­ve­nirs, légers comme du sable qui file entre les doigts, légers mais puis­sants, alté­rés par le temps, friables comme des cendres dans le vent. Il est déjà six heures, la plus belle heure du jour tan­dis que le soleil com­mence à se fati­guer, It’s para­dise here where the sun meets the sea, il fau­drait ren­trer mais comme tou­jours, tu ne fais que ce que tu as envie de faire, ce n’est pas plus mal comme ça. Le sable colle sous tes chaus­sures, les mains dans les poches et le regard un peu fati­gué d’a­voir trop aimé, heu­reu­se­ment les réserves se régé­nèrent, ce serait trop triste sinon.

Le soleil chauffe encore ton visage déjà bien bron­zé pour la sai­son, le hâle a pris de l’a­vance, comme la flo­rai­son des fuch­sias, le retour s’a­morce et tu ne sais même pas quand il ter­mi­ne­ra, mais ça, ça n’a pas d’im­por­tance. Seuls les sou­ve­nirs ont de l’im­por­tance, le pré­sent ne compte pour rien, car c’est à par­tir de lui que le pas­sé se construit. Une paren­thèse se referme lorsque les odeurs se dis­sipent, il ne reste que ta peau qui en garde encore les traces…

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Le diable et la haute mer

Le diable et la haute mer

L’humour et la connais­sance pré­cise de la marine de Kipling… Un enchan­te­ment dont j’arrive encore à me réjouir à chaque ins­tant, sur­tout avec cette forme d’hu­mour très anglais, très sub­til, on en res­sort avec le sou­rire alors que la situa­tion ne s’y prête pas vraiment…

Paddle Steamer Bournemouth Queen

L’Halio­tis avait le choix et ce qu’il choi­sit déclen­cha le dénouement.
Escomp­tant son moindre tirant d’eau, il essaya de se tirer dans le nord vers un bas fond propice.
L’obus, qui arri­va en tra­ver­sant la cabine du pre­mier méca­ni­cien, fut un cent-vingt-cinq à charge, non d’éclatement mais de tir.
On avait visé pour qu’il pas­sât en tra­vers de sa route et c’est évi­dem­ment pour­quoi il était venu flan­quer par terre le por­trait de la femme – fort jolie fille d’ailleurs – du pre­mier mécanicien.
Il rédui­sit en bois à allu­mettes la toi­lette d’acajou de cet offi­cier, fran­chit le cou­loir de la chambre des machines, et, frap­pant un grillage, tom­ba juste devant la machine avant, où il écla­ta, cou­pa net les bou­lons reliant la bielle avec la mani­velle anté­rieure. On se doute des conséquences. […]
En bas, on enten­dait qu’il se pas­sait quelque chose.
Ça ron­flait, ça cli­que­tait, ron­ron­nait, gron­dait, tocquetait.
Le bruit ne dura guère plus d’une minute.
C’était les machines qui, sous l’inspiration du moment, s’adaptaient aux circonstances.
M. War­drop, un pied sur le grillage supé­rieur, se pen­cha pour prê­ter l’oreille et lais­sa échap­per un gro­gne­ment douloureux.
On ne stoppe pas en trois secondes des machines mar­chant à douze nœuds à l’heure, sans y jeter du désarroi.
Dans un nuage de vapeur, l’Halio­tis chas­sa sur son erre en gei­gnant comme un che­val blessé.
Rien à faire.
L’obus à charge réduite avait réglé la situation.

Rudyard Kipling,
in Un beau dimanche anglais.

Tra­duit par Albert Savine, 1931,
Albin Michel

Le texte ori­gi­nal est dis­po­nible sur le pro­jet Guten­berg, sous le titre The Devil and the deep sea, in The day’s work.

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⚓ Mu Ko Ang Thong : un enfer vert et bleu ⚓

⚓ Mu Ko Ang Thong : un enfer vert et bleu ⚓

Mu Ko Ang Thong (อ่างทอง, bol d’or) est un parc natio­nal marin, accro­ché à un cha­pe­let d’îles pour la plu­part inha­bi­tées. Situées à mi-che­min entre Ko Phan­gan et le conti­nent, c’est un petit para­dis dans lequel on ne peut se rendre que sur des bateaux de for­tune dont le tirant d’eau ne per­met même pas de s’ap­pro­cher suf­fi­sam­ment pour accos­ter. 42 îles sur une super­fi­cie de 102 km2, dont seule­ment 18 sont des terres. Le reste ce ne sont que rochers affleu­rant. Seule­ment 20 habi­tants. C’est tout ce qu’on peut dire de cet émiettement.

5 - Carnet de Thaïlande - 03 - Mu Ko Ang Thong National Park

5 - Carnet de Thaïlande - 04 - Mu Ko Ang Thong National Park

5 - Carnet de Thaïlande - 05 - Mu Ko Ang Thong National Park

Le taxi qui m’emmène à Thong Sala n’est en réa­li­té qu’un pick-up sans bâche où l’on doit se tenir à des barres de métal pour évi­ter de se retrou­ver pro­je­té sur la route. Avant d’ar­ri­ver au port, il ramasse une amé­ri­caine d’une cin­quan­taine d’an­nées, sim­ple­ment vêtue d’un short de boxe thaï et d’un tee-shirt fluo sur lequel éclatent les mots full moon par­ty. Ça donne tout de suite le ton. Elle a la peau des joues grê­lée, une voix nasillarde avec une hor­rible accent amé­ri­cain et le teint frais de la fêtarde qui ne sait pas s’ar­rê­ter. En arri­vant au port, le taxi avance jus­qu’au bout de la jetée. Il a à peine la place de pas­ser, mais il insiste et repart en marche arrière comme si de rien n’é­tait. Le bateau qui attend là est une coquille de noix constel­lée d’é­toiles blanches peintes à la main, baché de sacs à patates en guise de pare-soleil. On nous sert  un café déshy­dra­té trop fort avec des tranches d’a­na­nas et de pas­tèque et des donuts bai­gnant dans leur huile de fri­ture, de quoi se vider avant le départ en mer. Ne sachant pas réel­le­ment ce qui m’at­ten­dait ce jour-là, j’es­pé­rais sim­ple­ment que le che­min ne serait pas trop long, car mon­ter sur ce genre de rafiot tient plus du sui­cide que de la belle excur­sion en mer.

5 - Carnet de Thaïlande - 11 - Mu Ko Ang Thong National Park

5 - Carnet de Thaïlande - 14 - Mu Ko Ang Thong National Park

5 - Carnet de Thaïlande - 16 - Mu Ko Ang Thong National Park

5 - Carnet de Thaïlande - 24 - Mu Ko Ang Thong National Park

5 - Carnet de Thaïlande - 28 - Mu Ko Ang Thong National Park

Il met les gaz et me voi­là par­ti pour une heure et demie de navi­ga­tion sur une mer un peu agi­tée, sous un soleil de plomb se réver­bé­rant sur une eau d’un beau bleu uni, me mor­dant la peau dès les pre­miers rayons. Le bateau fait un arrêt devant les rochers d’une des îles les plus au nord, Ko Wao Yai, un bout de rocher sans rien autour. Il paraît qu’i­ci c’est un des plus beaux spots de plon­gée du coin. J’en­tends la chaîne cou­ler sur la fonte de l’é­cu­bier et se ficher dans la roche marine, à une quin­zaine de mètres si je cal­cule bien. A peine le bateau arrê­té, tout le monde plonge du pon­ton, masque et tuba fiché sur la tête. En ce qui me concerne, je reste un peu cir­cons­pect. Le bateau bouge pas mal et les cou­rants semblent fort, mais tous n’hé­sitent pas à un seul ins­tant à plon­ger dans l’eau tur­quoise. Appré­ciant la nage en mer autant que si j’al­lais me faire cir­con­cire, je des­cends dou­ce­ment dans l’eau qui tient ses pro­messes, les cou­rants sont forts et m’an­goissent déjà. En plon­geant sous l’eau, je me rends compte que j’a­vais rai­son ; il y a effec­ti­ve­ment une quin­zaine de mètres d’eau sous mes pieds. C’en est trop pour moi, je remonte à la sur­face et m’ac­croche au bateau, pris d’une panique incon­trô­lable. En bon des­cen­dant de Bre­tons, je pré­fère ample­ment me trou­ver sur l’eau que dedans, a for­tio­ri si les fonds ne sont pas à por­tée de mes pieds. Je n’ai jamais aimé ça, je me l’é­tais confir­mé en nageant dans les eaux trans­pa­rentes de la baie de Keko­va, dans le sud de la Tur­quie. Ces conne­ries ne sont pas pour moi… Je pré­fère regar­der l’ho­ri­zon qui s’ouvre devant moi. Quelques bateaux de pêcheurs de cala­mars sont amar­rés sur les bas-fonds.

5 - Carnet de Thaïlande - 31 - Mu Ko Ang Thong National Park

5 - Carnet de Thaïlande - 32 - Mu Ko Ang Thong National Park

5 - Carnet de Thaïlande - 34 - Mu Ko Ang Thong National Park

5 - Carnet de Thaïlande - 36 - Mu Ko Ang Thong National Park

5 - Carnet de Thaïlande - 41 - Mu Ko Ang Thong National Park

La pro­chaine étape est une île sur laquelle le bateau fait escale, Ko Mae Ko. On trouve ici une curio­si­té géo­gra­phique puis­qu’a­près avoir gra­vi quelques che­mins bien raides pen­dant une bonne demi-heure, entou­rés de roches vol­ca­niques cou­pantes comme des rasoirs, on arrive face à un lac d’eau de mer, d’une cou­leur d’é­me­raude étin­ce­lante, le Thale Nai. Per­ché bien au-des­sus du niveau de la mer, c’est à n’y rien com­prendre. Com­ment cette eau salée a pu se retrou­ver encer­clée ain­si et sur­tout à une telle hau­teur ? Entou­rée d’es­car­pe­ments de cal­caire, on ne peut pas y des­cendre, on ne peut que s’ap­pro­cher de la sur­face écla­tante de l’eau dans laquelle on peut voir des petits pois­sons sans cou­leur s’é­battre. Là encore, le mys­tère en entier. Com­ment sont-ils arri­vés jus­qu’i­ci ?… De l’autre côté, on a une vue impres­sion­nante sur l’ar­chi­pel qui s’é­tend aux pieds de l’île. En redes­cen­dant du lac, je prends le temps de me bai­gner dans une petite crique à l’eau calme, où je peux voir mes pieds tou­cher le sol, ce qui est à peu près la seule chose ras­su­rante pour moi… Je me vautre dans cette eau d’une cha­leur incroyable où de tout petits pois­sons viennent s’en­qué­rir de ma présence.

Le bateau repart tran­quille­ment sur une mer d’huile, pro­té­gée par la proxi­mi­té des autres îles. Il s’ar­rête à bonne dis­tance de la côte et les gar­çons de bord nous donnent des sacs étanches pour mettre nos affaires… je ne com­prends pas trop ce qui se passe et je com­mence à avoir peur qu’on nous invite à rejoindre l’île à la nage… En réa­li­té, des bateaux à moteur, les fameux long-tail boats (เรือหางยาว, Ruea Hang Yao), viennent nous cher­cher pour accos­ter. Le tirant d’eau n’est pas suf­fi­sant pour que le gros bateau puisse s’ap­pro­cher. Le pro­blème, c’est que les long-tail boats n’ar­rivent pas non plus à s’ap­pro­cher de la plage, et c’est là que je com­prends l’in­té­rêt des sacs étanches. Il faut plon­ger dans l’eau jus­qu’à la tête pour arri­ver sur l’île… Un peu spor­tif et sur­pre­nant, mais ça ne manque pas de charme. Me voi­ci enfin sur la der­nière île, la plus grande, Ko Wua Ta Lap.

5 - Carnet de Thaïlande - 42 - Mu Ko Ang Thong National Park

5 - Carnet de Thaïlande - 43 - Mu Ko Ang Thong National Park

5 - Carnet de Thaïlande - 45 - Mu Ko Ang Thong National Park

5 - Carnet de Thaïlande - 46 - Mu Ko Ang Thong National Park

5 - Carnet de Thaïlande - 47 - Mu Ko Ang Thong National Park

5 - Carnet de Thaïlande - 49 - Mu Ko Ang Thong National Park

Mon genou me fait souf­frir et l’in­vi­ta­tion à mon­ter au som­met de l’île pour aller admi­rer l’ar­chi­pel n’est plus de mise, mais ce que je vais décou­vrir ici aura lar­ge­ment com­pen­sé le spec­tacle pro­mis. En effet, au pied de la mon­tagne, à quelques mètres au-des­sus de moi, vivent des petits singes arbo­ri­coles abso­lu­ment pas farouches. Ce sont des « Dus­ky leaf mon­key » ou Lan­gur (Tra­chy­pi­the­cus obs­cu­rus, Sem­no­pi­thèque obs­cur) qui se déplacent en famille. Je reste à les admi­rer pen­dant de longues minutes, m’a­mu­sant de leurs cabrioles et facé­ties, pen­dus par les pieds, ou mor­dillant leur queue…

5 - Carnet de Thaïlande - 52 - Mu Ko Ang Thong National Park

5 - Carnet de Thaïlande - 54 - Mu Ko Ang Thong National Park

5 - Carnet de Thaïlande - 56 - Mu Ko Ang Thong National Park

La jour­née touche à sa fin. Pen­dant que le reste de la troupe est par­tie trek­ker dans les hau­teurs, je m’al­longe à l’ombre des pal­miers, dans un calme ori­gi­nel et je pro­fite pen­dant de longues minutes d’une plage déserte cachée du soleil, le temps de repo­ser ma peau de la mor­sure du soleil et de pro­fi­ter d’une eau plus chaude que tout ce que j’ai connu jus­qu’i­ci. Le res­sac des vagues me donne l’im­pres­sion d’une Bre­tagne trans­plan­tée sous les coco­tiers, sous des franges d’é­pi­phytes sau­vages et de fou­gères ruis­se­lantes d’eau. Ce sont des moments rares, où le temps n’a plus d’im­por­tance, où l’on se retrouve seul avec l’im­pres­sion que le monde est à nos pieds. Ma peau me brûle ter­ri­ble­ment mais mon esprit est empli d’une séré­ni­té que seul l’é­loi­gne­ment de tout  per­met. Il est des bouts du monde qui ne se laissent appri­voi­ser à moins d’a­voir lais­sé tom­ber quelque chose en chemin.

5 - Carnet de Thaïlande - 62 - Mu Ko Ang Thong National Park

5 - Carnet de Thaïlande - 63 - Mu Ko Ang Thong National Park

5 - Carnet de Thaïlande - 65 - Mu Ko Ang Thong National Park

5 - Carnet de Thaïlande - 66 - Mu Ko Ang Thong National Park

Le bateau retourne à pleins gaz vers Ko Phan­gan, après m’être contor­sion­né pour remon­ter sur le long-tail boat, met­tant mon genou à rude épreuve. Au début de la course, je m’a­muse de voir les vagues tra­ver­ser le pont et les bor­dées frap­pées par les creux que nous pre­nons de côté. Mais le Golfe de Thaï­lande n’a d’i­dyl­lique que le nom. C’est en réa­li­té un enfer capri­cieux qu’il faut tra­ver­ser avec l’es­to­mac bien accro­ché. Dans une belle lumière de fin de jour­née, le bateau laisse entendre des cra­que­ments effrayants de bois pour­ri. En attar­dant un peu mon regard sur la struc­ture du bas­tin­gage, je m’a­per­çois qu’il y a des fis­sures par­tout et c’est fina­le­ment la cabine entière qui semble accro­chée à un fil au-des­sus de nos têtes. La tra­ver­sée n’en finit pas. Cer­tains sont malades et le par­quet de bois brut finit macu­lé de vomis­sures. A l’ar­rière, je me rends compte que deux des gar­çons de bord ont ouvert la cale où se trouve le moteur et écopent avec une belle ardeur l’eau qui s’in­filtre par­tout. Je manque de tour­ner de l’œil en me disant que si le moteur finit noyé, nous allons devoir res­ter là une bonne par­tie de la nuit avant qu’on vienne nous cher­cher. Mais dans l’é­qui­page, per­sonne ne semble inquiet.

Je suis fina­le­ment ren­tré entier à Ko Phan­gan, mais on ne m’y repren­dra pas. La mer n’est pas un jeu et embar­quer sur un bateau comme celui-ci est tout sim­ple­ment irrai­son­nable. J’en ris main­te­nant, mais je n’ai jamais été aus­si angois­sé sur la mer. A croire que c’est à prix-là qu’on accède au para­dis… ou à l’enfer…

Voir les 66 pho­tos de cette jour­née sur Fli­ckr.

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Jours élas­tiques à Haad Salad

Jours élas­tiques à Haad Salad

Ko Phan­gan (Pha Ngan) est une petite île plan­tée au beau milieu du Golfe de Thaï­lande, à deux pas de sa grande sœur Ko Samui, plus connue, plus cos­sue, moins en retrait. Phan­gan, c’est un havre de paix qu’une bande d’a­bru­tis a ten­té de trans­for­mer en ter­rain de jeu pour fêtards noc­turnes, alcoo­li­sés et les neu­rones bom­bar­dés à l’ecs­ta­sy, lors de ces immenses fêtes don­nées sur les plages du sud de l’île, les fameuses full moon par­ties qui ont lieu tous les 28 jours… Alors pour­quoi aller se ter­rer là-bas si c’est pour vivre ça ? L’île est grande et pas for­cé­ment très acces­sible par­tout. Le sud n’est pas l’île (on pour­rait presque dire ça de la France aus­si…). Non, Phan­gan c’est aus­si une île qui vit au rythme de la mer, jamais vrai­ment pres­sée, tou­jours un peu lente…

2 - Carnet de Thaïlande - 02 - Haad Salad

2 - Carnet de Thaïlande - 07 - Haad Salad

2 - Carnet de Thaïlande - 08 - Haad Salad

J’ai pas­sé quelques jours dans cette petite anse qui porte le nom étrange de Haad Salad, qui pour­rait évo­quer un légume vert qui ne pousse pas for­cé­ment sous ces lati­tudes, mais pas du tout, c’est un topo­nyme comme un autre, un petit bourg au bord d’une route qui fait le tour de l’île et par lequel on accède des deux côtés. On arrive par le vil­lage où l’on trouve quelques com­mer­çants, des loueurs de scoo­ters et de petits res­tau­rants qui ne paient pas de mine. De l’autre côté, on arrive par une grande côte que les scoo­ters pour­tant bien puis­sants ont du mal à gravir.

2 - Carnet de Thaïlande - 10 - Haad Salad

2 - Carnet de Thaïlande - 11 - Haad Salad

2 - Carnet de Thaïlande - 13 - Haad Salad

C’est ici que j’ai posé mes valises, dans un petit hôtel dont je ne fais pas la pro­mo­tion, de peur qu’il soit trop cou­ru par la suite. Des bun­ga­lows sont accro­chés à la col­line dans un jeu d’é­qui­li­briste par­fois auda­cieux, tan­dis qu’un petit immeuble en béton, mais pas suf­fi­sam­ment grand pour être vrai­ment déran­geant, sur­plombe la petite baie coral­lienne de toute sa hau­teur et offre une vue à la fois sur la forêt et sur le large. Près de la plage, une grande cahute fait office de res­tau­rant, grande ouverte sur le ciel, les pal­miers et par­fois même le bruit des vagues rame­né par le vent.

La jour­née, je nage par­mi des petits pois­sons aux noms incon­nus, des our­sins noirs et des holo­thu­ries grosses comme des mol­lets, et par­mi les algues, un pois­son énorme qui se cache tant bien que mal, avec une grosse bouche en cœur et une épine sur le dos. Cer­tains de ces petits pois­sons sont exces­si­ve­ment agres­sifs ; ils tentent de vous atta­quer (toutes pro­por­tions gar­dées) pour vous signi­fier que le pneu qui gît par cin­quante cen­ti­mètres de fond est en réa­li­té leur habi­tat et qu’ils y gardent leur pro­gé­ni­ture bien à l’a­bri. Mal­gré son atti­tude un peu ner­veuse, il recule quand je tends la main vers lui. Le midi, je déjeune d’un pad thaï bien sucré sous un ciel qui se couvre de franges d’un beau gris fon­cé, connu sous nos lati­tudes sous le nom de « ciel de merde ».

2 - Carnet de Thaïlande - 16 - Haad Salad

Lorsque je reviens d’une balade à Baan Thong­sa­la, alors que la nuit est déjà tom­bée, je m’ac­croche tant bien que mal à l’ar­rière du pick up car je le vois évi­ter les flaques d’eau monu­men­tales qui se sont for­mées sur la route après l’a­verse de la jour­née. Sur le bord de la route, on vent de l’es­sence dans des bou­teilles de whis­ky bon mar­ché sous des petits étals en bam­bou éclai­rés par une ampoule soli­taire jusque tard dans la nuit. Sou­vent même, il n’y a per­sonne pour sur­veiller. Lais­sez une pièce dans la boîte et tirez-vous le réser­voir plein. Des buffles gras­souillets se com­plaisent dans leurs champs sous la pluie battante.

2 - Carnet de Thaïlande - 19 - Haad Salad

2 - Carnet de Thaïlande - 14 - Haad Salad

Intri­gué par des petites lumières qui s’al­lument sur l’ho­ri­zon, j’a­pos­trophe le chauf­feur qui me dit que ce sont des pêcheurs au large qui uti­lisent la lumière pour faire remon­ter leurs futures prises à la sur­face. Il est inca­pable de me trou­ver le mot en anglais pour me dire ce qu’ils pêchent mais ce ne sont pas des pois­sons, il me fait des signes que je ne com­prends pas ; d’un com­mun accord, nous pré­fé­rons en res­ter là pour gar­der la face… Je pense à des cre­vettes, mais je doute que ce soit ça…

2 - Carnet de Thaïlande - 21 - Haad Salad

Toutes sortes d’a­ni­maux vivent ici en toute tran­quilli­té au beau milieu d’une nature pim­pante que per­sonne ne vient révo­lu­tion­ner. Des iguanes, des tout petits lézards frin­gants, un élé­phant, des oiseaux hauts sur pattes avec le cou bien droit qui font de drôles de bruits et que j’i­ma­gine être des mai­nates, une arai­gnée grande comme la main ouverte pen­due à un pan­neau d’af­fi­chage, atten­dant son dîner en me regar­dant pas­ser, un chien à trois pattes ado­rable qui cherche les caresses et qui vient me cher­cher à chaque fois que je des­cends sur la plage, que je fini­rai par appe­ler avec une tonne d’i­ma­gi­na­tion « trois pattes », des petits cor­niauds ridi­cules qui se grattent tous les temps avec la patte arrière, des papillons énormes, noirs, blancs, insaisissables…

2 - Carnet de Thaïlande - 24 - Haad Salad

Tan­dis que je dîne mol­le­ment d’un cur­ry vert, vau­tré sur les cous­sins du res­tau­rant, les ser­veurs tirent les bâches du res­tau­rant pour pro­té­ger l’a­van­cée de la gale­rie d’une éven­tuelle grosse averse noc­turne. J’ai pris l’ha­bi­tude de ne pas m’in­quié­ter de la météo ; ici, même une grosse averse signi­fie qu’elle sera balayée pour le pro­chain rayon de soleil qui arrive aus­si vite que les nuages s’enfuient.

Au petit matin, une dou­ceur humide vient cares­ser l’ombre de la ter­rasse ; le pay­sage est trem­pé d’une pluie légère, lus­trant les col­lines ver­doyantes, ver­nis­sant les feuilles dans une ambiance dégou­li­nante de tro­pique esso­rée. La marée est plus haute que d’ha­bi­tude, lèche à cer­tains endroits les cahutes du bord de la plage et les contre­forts de cet ancien repaire de pirates. Des vagues hautes viennent se fra­cas­ser contre la bar­rière de corail qui ferme l’anse dans un bruit ron­ron­nant qui monte jus­qu’à mon hamac. Sur la plage, des jeunes gar­çons dépe­naillés, la tête cou­verte par un large cha­peau de paille effi­lo­chée ratissent le sable, chassent les feuilles que le vent a fait tom­ber pen­dant la nuit.

2 - Carnet de Thaïlande - 27 - Haad Salad

Par­fois le matin, l’eau est trou­blée par les vagues, retour­nant le sable avec légè­re­té, la marée monte de plus en plus haut. Ce n’est pas la Médi­ter­ra­née ici, on est bel et bien au bord de l’o­céan mal­gré la double enclave que construit le Golfe de Thaï­lande et la petite anse au nord de l’île… Mal­gré un temps un peu bous­cu­lé, la mati­née passe vite à lézar­der sur une plage déser­tée ou dans l’eau que je finis par trou­ver un peu plus fraîche que ce que j’a­vais ima­gi­né ; on reste quand-même dans des ordres de gran­deur qu’on n’o­se­rait pas ima­gi­ner sur une plage du Roussillon…

Un petit che­min remonte à tra­vers le jar­din d’un hôtel pour rega­gner le petit bourg com­mer­çant, un che­min de terre rouge ravi­né par les averses où s’ac­cu­mulent des déchets char­riés par la der­nière pluie. D’i­ci je prends sou­vent un taxi choi­si au hasard pour rega­gner Baan Thong­sa­la par les routes inondées.

2 - Carnet de Thaïlande - 30 - Haad Salad

2 - Carnet de Thaïlande - 43 - Haad Salad

Un matin, je me réveille tôt, signe que je suis enfin repo­sé ; il fait chaud et les vagues s’é­crasent dans un bruit sourd sur la bar­rière de rochers et sur la plage à pré­sent. Un soleil humide perce la couche de brume lai­teuse. « Trois pattes » a dor­mi toute la nuit sur mon bal­con ; quelques caresses et il s’en­fuit pour rejoindre la plage.

En repen­sant à ce que j’ai vu la veille à Thong­sa­la, je m’in­quiète de voir une Thaï­lande encore un peu maî­tresse d’elle-même se faire vam­pi­ri­ser par une armée de fan­tômes. Juste de retour des choses, elle leur suce le sang par le petit trou du porte-mon­naie. Des Euro­péens enva­hissent les moindres recoins avec leurs bou­teilles de bière et leurs dol­lars plein les poches, se perdent dans un pays cha­leu­reux qui les pompent ; on ne s’é­tonne pas vrai­ment de voir de vieux Alle­mands ou des Néer­lan­dais errer le regard per­du dans les ruelles sombres et cras­seuses à la recherche d’une assiette de pad thaï jetée dans un contai­ner. Ils ont pen­sé pou­voir vivre ici, sous un soleil cui­sant, parce qu’i­ci on peut vivre dehors sans mou­rir de froid, mais ce qui les tue est bien plus per­ni­cieux, c’est la sen­sa­tion de toute puis­sance du colon qui se trouve bien vite rame­né à ce qu’il est en réa­li­té… une merde d’é­lé­phant… et encore ! Avec celle-ci, on peut faire du papier…

2 - Carnet de Thaïlande - 32 - Haad Salad

La veille, les bateaux de pêche avec leurs petits lumi­gnons verts et jaunes sont res­tés au large toute la jour­née. Ce sont des pêcheurs de cala­mars. Cette nuit, les oiseaux ont bavar­dé jusque tard. Je passe ma mati­née dans l’eau, masque et tuba sur le nez, fais la connais­sance d’un petit tri­dacne (béni­tier) aux lèvres vertes pul­peuses qui don­ne­raient presque envie de l’embrasser à pleine bouche, mais aus­si d’un petit pois­son qui nage à recu­lons pour se cacher dans une coquille ronde ; étrange sym­biose natu­relle. Sur la plage tan­dis que le soleil décline, je me fais mas­ser par un Kha­toey (กะเทย), en tout bien tout hon­neur, pour une poi­gnée de bahts, qui a réus­si à me dénouer défi­ni­ti­ve­ment les muscles du dos… Les chiens eux, se délassent sur le sable qu’ils creusent pour se blot­tir dans la frai­cheur d’une fin de jour­née haras­sante où ils se sont mor­dillés gen­ti­ment pour défendre leur bout de plage.

2 - Carnet de Thaïlande - 44 - Haad Salad

2 - Carnet de Thaïlande - 49 - Haad Salad

Les grandes fleurs blanches des fran­gi­pa­niers dis­til­lent dans l’air leur par­fum suave, m’in­di­quant que je vais devoir finir par par­tir en empor­tant ça avec moi. Le temps ici s’est ralen­ti, je ne fais que man­ger, dor­mir, bou­qui­ner un peu, nager dans une eau tur­quoise au beau milieu de pois­sons qui ne songent à rien. Moi qui ne suis pas un être d’eau, je passe le plus clair de mon temps à faire la planche dans une eau aus­si chaude que l’air, les yeux tour­nés vers le ciel. Je ne ramè­ne­rai rien d’autre d’i­ci que des sou­ve­nirs tendres, les caresses atten­dues d’un chien qui a per­du sa patte, les cris des geckos le soir tan­dis que mon assiette se rem­plit de mo manao (porc épi­cé au citron vert), de samous­sas tendres au pou­let et de jus de mangue fraiche. Et de quelques mojitos…

2 - Carnet de Thaïlande - 33 - Haad Salad

2 - Carnet de Thaïlande - 34 - Haad Salad

Pois­sons fleurs, pois­sons rayés, pois­sons plats, pois­sons far­ceurs, our­sins sur les­quels j’au­rais réus­si à mar­cher, me plan­tant un pic à bro­chettes sous la plante du pied, pois­sons ogives, pois­sons cache-cache… Inca­pable de mettre un nom sur toute cette faune, j’in­vente des noms comme le fai­saient les anciens, au plus proche de ce que je découvre…

Mis­ter Sim et Mis­ter Sia se sont assis ma table quelques ins­tants pour papo­ter dans un anglais approxi­ma­tif qui nous a tout de même per­mis d’é­chan­ger un peu sur leur vie ici. Ils vivent ici à l’an­née avec femme et enfants qui s’é­brouent dans les arrière-cours de l’hô­tel. Quand ils me demandent d’où je viens, ils ne savent pas où se situe la France. Paris ? Ah Paris !!! Le par­fum, la Tour Eif­fel, l’argent… Oui, mais non… Paris ce n’est pas ça, même si d’i­ci ça y res­semble. Mieux vaut les lais­ser avec ces images puis­qu’ils n’i­ront cer­tai­ne­ment jamais, pour leur plus grand bien…

2 - Carnet de Thaïlande - 38 - Haad Salad

Quand je par­ti­rai d’i­ci, la fille de la récep­tion tien­dra à s’oc­cu­per de tout, taxi jus­qu’à Thong­sa­la, billets pour le bateau qui me ramène à Samui, et jus­qu’au taxi qui me per­met­tra de rejoindre l’aé­ro­port. Je n’au­rai rien à faire, sinon à payer…

Haad Salad ne s’ef­face pas de mon sou­ve­nir, la petite anse enser­rée entre les col­lines plon­geant dans l’eau chaude et calme reste pré­sente au creux de moi, ses odeurs et ses bruits de cigales, les geckos râlant dans la nuit sous le por­trait du roi Rama V, les fran­gi­pa­niers et les arbres du voya­geurs éten­dant leurs longs bras au-des­sus des petites che­mins qui regagnent les chambres… Un petit rêve dans lequel on ne se pré­oc­cupe de rien, sinon d’être bien, loin de tout, loin du tumulte des grandes villes, loin des avions qu’on n’en­tend plus.

Haad Salad…

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