Ban Cha­lok Lam

Ko Pha Ngan sto­ries #2

Baan Cha­lok Lam. On dit aus­si Cha­lok­lum. Voi­ci le finis­tère de Koh Pha Ngan, un finis­tère en forme de crois­sant de lune s’en­fon­çant dans une val­lée au pied d’un des points culmi­nants, une mon­tagne où les nuages char­gés d’eau s’ac­crochent et finissent par se vider au-des­sus du vil­lage de pécheurs.

C’est une petite ville avec des routes en terre, deux rues paral­lèles qui longent une plage sans pré­ten­tion où quelques bateaux souf­fre­teux déversent leurs pois­sons et les cala­mars qui seront séchés sur les tables qu’on peut voir un peut par­tout en bord de mer.

C’est le genre d’en­droit où il ne se passe rien, où les tou­ristes n’ar­rivent que par hasard au terme d’une route chao­tique qui a long­temps été en chan­tier. Pas de sur­feurs, pas de vieux alle­mands arri­vés là on ne sait com­ment, cra­dingues et les che­veux entour­billon­nés et tres­sés à la mode ras­ta, per­chés un jour et jamais vrai­ment tota­le­ment revenus. 

Quelques res­tau­rants pro­po­sant une varié­té incroyable de pois­sons aux cou­leurs cha­toyantes et de crus­ta­cés cuits en sauces cur­ry, sont la seule réelle attrac­tion de ce petit coin qu’on pour­rait croire être un para­dis, mais qui n’est qu’un bout de terre ten­du vers la mer.

Au détour d’un che­min, der­rière une petite plage où une balan­çoire a été accro­chée à un coco­tier qui pointe vers le large, deux pan­neaux indiquent que la plage, orien­tée au nord, est un lieu où les tsu­na­mis peuvent faire beau­coup de dégâts. Une flèche invite les pro­me­neurs à se diri­ger vers une route en hau­teur pour se pro­té­ger en cas de dan­ger. Le para­dis res­semble un peu à l’enfer.

C’est un finis­tère où les vieux regardent la mer comme on dis­cute avec un vieil ami, où les chiens, inquiets de rien et sur­tout pas des quelques scoo­ters qui passent ici, dorment sur la route déca­pée par les pluies et le soleil, où les jack­fruits poussent à por­tée de main et s’é­clatent de temps à autre sur le béton des cours, pour­ris­sant là comme des ani­maux morts, où les enfants jouent dans le sable en se deman­dant à quelle heure on mange.

Moment recueilli le 5 mars 2013. Écrit le 27 avril 2019.

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