Sorting by

×

Car­net de voyage à Florence

Florence - jour 3 - 081 - Lungarno

Voi­là, Flo­rence en 4 jours, 11 heures de train à l’al­ler, 1h30 au retour en avion… Je ne sais pas me poser quelque part et ne rien faire. Je ne sais pas aller à l’autre bout du monde pour sim­ple­ment y res­pi­rer l’air et ne pas bou­ger, il fau­drait que j’apprenne…
En atten­dant, ce voyage a ravi­vé en moi des sou­ve­nirs d’il y a 20 ans lorsque j’y suis allé en voyage d’é­tudes alors que j’é­tais en ter­mi­nale artis­tique. L’hô­tel se trou­vait près de la gare, dans un quar­tier gris et cras­seux… tous les jours nous pas­sions devant San­ta Maria Novel­la et je n’ai même plus en tête ce que j’y ai vu. Je sais que je suis allé au Bar­gel­lo, aux Offices, à San­ta Croce… En fait, tout ce que je n’ai pas pu faire cette fois-ci.
Tout de suite après ces quatre jours, j’ai eu comme une sen­sa­tion d’i­na­che­vé, comme s’il me man­quait quelque chose mais sans réel­le­ment savoir quoi.
Flo­rence est une ville de pro­vince, une petite ville si l’on compte uni­que­ment le cœur his­to­rique, on peut vite en appré­hen­der les contours, y décou­vrir les recoins, une ville riche aus­si, où fleu­rissent les maga­sins de luxe et comme je le disais tout au début, à l’i­mage de ce qu’elle fut et de ce qu’elle a tou­jours été, une ville de sei­gneurs, de com­mer­çants, d’ar­ti­sans, de cor­po­ra­tions, une ville cita­delle, à che­val entre le Moyen-âge et la moder­ni­té. Mais par-des­sus tout, Flo­rence est une ville musée. Elle ne vit que grâce à l’i­mage qu’en ont façon­né les hommes du Quat­tro­cen­to et de la Renais­sance, elle n’est que cela, elle est dou­ceur de vivre sur les berges de l’Ar­no. Ce que je regrette, c’est de n’a­voir pu m’or­ga­ni­ser suf­fi­sam­ment bien pour y voir les œuvres peintes à l’in­té­rieur des musées, mais la ville ne faci­lite pas les choses : telle église n’est ouverte que le matin, telle autre l’a­près-midi et pas le same­di, tel monas­tère la matin et pas le week-end… Il fau­drait presque faire un plan­ning avant de par­tir, ce que je déteste faire.
Un jour, je retour­ne­rai à Flo­rence, mais j’y res­te­rai 10 jours et je sillon­ne­rai toutes les églises, Ognis­san­ti, San­ta Croce, San­to Spi­ri­to, San­ta Maria del Car­mine, San Mar­co, Orsan­mi­chele, mais aus­si Oltrar­no avec San Minia­to et puis j’i­rai voir un jour aus­si les jar­dins de Bobo­li, et les frasques du Palaz­zo Pit­ti et ses tré­sors de pein­ture, je retour­ne­rai aux Uffi­zi, je pense aus­si que je mon­trai au som­met du bef­froi du Palaz­zo Vec­chio et je réser­ve­rai ma place long­temps à l’a­vance pour par­cou­rir le cor­ri­dor Vasa­ri… Et puis allez, soyons fou, je ferai la queue pour aller à la Gal­le­ria dell’Ac­ca­de­mia, je retour­ne­rai au Bar­gel­lo puis au Museo dell’O­pe­ra del Duo­mo où l’on peut voir les ori­gi­naux de nom­breuses œuvres qu’on trouve dans la ville… Et évi­dem­ment, j’i­rai man­ger du pros­ciut­to, de l’arros­to et du car­pac­cio avec un grand verre de spu­mante, du tira­mi­su mai­son et des can­tuc­ci au vin san­to.
Bien sûr, je suis content de mon voyage, je suis heu­reux d’a­voir pu déam­bu­ler à ma guise, mais je veux tou­jours plus, je n’ai jamais assez, et j’ai comme l’im­pres­sion de ne pas avoir pu épui­ser les lieux, comme si par­tout où je pas­sais, il fal­lait que je vienne cher­cher à nou­veau quelque chose que j’a­vais lais­sé sur place…

  1. Jour 1
    1. Le voyage en train
    2. Lumière sur le Duomo
    3. Le feu et la glace
  2. Jour 2
    1. L’errance
    2. La croix et l’étoile
  3. Jour 3
    1. Du bap­tême au che­min de croix
  4. Jour 4
    1. De fresques et de grotesques
Read more

Por­traits de sul­tans vénitiens

Exé­cu­tés par un peintre ano­nyme de Vérone un peu avant 1580, ces repré­sen­ta­tions des sul­tans otto­mans de l’é­poque de la Renais­sance ont été réa­li­sées à la demande du Grand Vizir Sokol­lu Meh­met Paşa et sont expo­sées à Venise. On sait que l’au­teur, depuis son ate­lier ita­lien, pei­gnit les por­traits des sul­tans sans même avoir mis le pied à Istanbul…

Read more

Cana­let­to — L’in­té­rieur de la basi­lique Saint-Marc le Ven­dre­di Saint — 1730

Ce tout petit tableau (33 x 22,5 cm) de Cana­let­to est expo­sé actuel­le­ment au Musée Jac­que­mart-André pour l’ex­po­si­tion Cana­let­to-Guar­di. Il fait par­tie d’un petit lot de pein­tures excep­tion­nel­le­ment prê­té par la Cou­ronne du Royaume-Uni puis­qu’il fait par­tie des col­lec­tions per­son­nelles de la Reine d’An­gle­terre. Il n’y aura peut-être pas dans cette vie d’autre oppor­tu­ni­té de le voir expo­sé. Cette vue (vedu­ta) est rare à plus d’un titre puis­qu’on le sait, Cana­let­to avait pour sujet de pré­di­lec­tions ces vues de Venise que lui com­man­daient les riches visi­teurs de Venise. Cette scène d’in­té­rieur est donc une qua­si excep­tion. D’autre part, il est à noter que la scène se déroule lors d’une céré­mo­nie reli­gieuse, ce qui n’est pas le fond de com­merce du peintre, et en l’oc­cur­rence, c’est la célé­bra­tion du Ven­dre­di Saint. Ce qui nous per­met de savoir cela, c’est la pré­sence sous le bal­da­quin visible dans le fond, d’un sar­co­phage reli­quaire repré­sen­tant le saint Sépulcre que l’on sort de son taber­nacle le jeu­di saint à la veille de Pâques.

Dans cette pers­pec­tive exa­gé­rée qui per­met de voir la basi­lique dans son ensemble, comme au tra­vers d’un objec­tif grand-angle, on peut com­prendre que le peintre a sou­hai­té expri­mer l’im­pres­sion de gran­deur don­née par l’es­pace du bâti­ment reli­gieux. On voit aus­si qu’il a volon­tai­re­ment sou­hai­té rendre la cha­leur des lieux et de la lumière venant de chan­delles en mas­quant ce qui fait prin­ci­pa­le­ment l’in­té­rêt du lieu ; les mosaïques. Celles-ci sont à peine visibles, mais en revanche, la lueur des bou­gies se réver­bé­rant sur la croix et le fil de l’en­cen­soir créent une sen­sa­tion de proxi­mi­té et d’in­ti­mi­té, exa­cer­bée par la lumière se réflé­chis­sant sur la moi­tié supé­rieure des corps des fidèles.

De ce qui doit être une céré­mo­nie pleine de fer­veur se dégage au final une étrange ambiance silen­cieuse, solen­nelle, chaleureuse…

Read more

Dans les col­lec­tions de Jacquemart-André

Jeté comme ça, un peu en vrac, quelques unes des plus belles toiles qu’il m’ait été don­né de voir au Musée Jac­que­mart-André dans les col­lec­tions per­ma­nentes. Je sais qu’il m’en manque pas mal, notam­ment parce qu’il y a des salles que je n’ai pas vues, et pas des moindres, mais j’a­voue que pour le coup je me suis foca­li­sé sur Cana­let­to qui était quand-même l’ob­jet de ma visite. Dans les salons, je me suis exta­sié devant ces très beaux tableaux, comme notam­ment La toi­lette de Vénus et Le som­meil de Vénus de Fran­çois Bou­cher, chez qui on res­sent tou­jours une vita­li­té au niveau des car­na­tions, pour ne pas dire un cer­tain éro­tisme vachard. Voi­ci ce qu’en disait le peintre Millet :

J’ai eu même de la répul­sion très pro­non­cée pour Bou­cher. Je voyais bien sa science, son talent, mais je ne pou­vais com­prendre ses sujets pro­vo­cants et voir ses tristes femmes, sans son­ger com­bien tout cela était d’une pauvre nature. Bou­cher ne fai­sait pas des femmes nues, mais de petites créa­tures désha­billées : ce n’é­tait pas la plan­tu­reuse exhi­bi­tion des femmes de Titien, fières de leur beau­té jus­qu’à en faire parade, jus­qu’à se mon­trer nues tant elles étaient sûres de leur puis­sance. À cela il n’y a rien à répondre ; ce n’est pas chaste, mais c’est fort, c’est grand par l’at­trac­tion fémi­nine, c’est de l’art, et du bon. Mais les pauvres dames de Bou­cher, leurs jambes fluettes, leurs pieds meur­tris dans le sou­lier à talons, leur taille amin­cie sous le cor­set, leurs mains inutiles, leurs gorges exsangues, tout cela me repous­sait. Devant la Diane de Bou­cher, qu’on copie tant au musée, je me figu­rais voir des mar­quises de ce temps qu’il s’é­tait amu­sé à peindre dans un but peu recom­man­dable et qu’il avait désha­billées et pla­cées lui-même dans son ate­lier trans­for­mé en pay­sage. Je me repor­tais à la Diane chas­se­resse des Antiques, si belle, si noble et de la plus haute dis­tinc­tion de formes. Bou­cher n’é­tait qu’un entraîneur.

De Jean-Bap­tiste-Siméon Char­din, j’ai trou­vé deux belles grandes toiles, des des­sus de porte, Les attri­buts des arts et Les attri­buts des sciences, ain­si plus loin qu’une nature morte à la côte­lette… Char­din était un mon­sieur étrange, un brin rus­tique. On ne pense pas tou­jours à regar­der les pla­fonds, mais vous trou­ve­rez ici un superbe pla­fond peint sur papier marou­flé de Giam­bat­tis­ta Tie­po­lo, L’a­po­théose d’Her­cule. J’a­dore Tie­po­lo pour sa gran­di­lo­quence et ses com­po­si­tions aux points de vue plus qu’au­da­cieux, il livre quelque chose de l’âme véni­tienne. On ver­ra aus­si une toile très par­ti­cu­lière, un Por­trait du peintre par lui-même par Joseph Ducreux, un peintre pour ses auto­por­traits sati­ristes et irré­vé­ren­cieux, dont il fau­dra que je fasse un papier pour lui tout seul. On ver­ra aus­si des petites toiles, Ruines, trou­peau de mou­tons et de chèvre par Jan Wynants et deux allé­go­ries, L’A­bon­dance et La Nuit de Jan de Witt. On ver­ra aus­si dans la petite salle du fond, mal éclai­rée, cer­tains des tableaux les plus sombres de ces col­lec­tions, comme un Por­trait d’homme de Franz Hals, une œuvre tar­dive, auda­cieuse, réa­li­sée rapi­de­ment avec de grandes grif­fures de cou­leurs et des à‑plats inha­bi­tuels chez ce grand maître, mais aus­si un beau por­trait aus­tère du Doc­teur Arnold Tho­linx par le grand Rem­brandt Har­mens­zoon van Rijn et une autre toile, très connue, petite et rem­plie de mys­tère qu’est Les pèle­rins d’Em­maüs, dont je repar­le­rai éga­le­ment ici. On ver­ra aus­si des choses plus clas­siques comme le Por­trait du gra­veur Wille par Jean-Bap­tiste Greuze, une toile noble et rem­plie de silences et un pas­tel très vif et lumi­neux de Mau­rice Quen­tin de la Tour, le Por­trait d’un homme au pas­tel. Les ama­teurs de ruines ne man­que­ront pas de s’ar­rê­ter devant les Ruines d’une gale­rie du célèbre Hubert Robert

 

Read more

Mys­té­rieux por­trait de femme du Fayoum (l’in­ven­tion de la pein­ture de che­va­let et du pointillisme)

Ne vous est-il jamais arri­vé de ren­con­trer une pein­ture qui vous trouble à ce point que vous n’ar­ri­viez pas à chas­ser l’i­mage de votre mémoire ? Ne vous est-il jamais arri­vé d’être à ce point trou­blé par le visage d’une femme que vous n’au­riez jamais pu connaître puisqu’elle est morte il y a des cen­taines d’an­nées, éloi­gnée de vous par un gouffre d’in­tem­po­ra­li­té, mais que vous vous disiez tout de même que vous auriez aimé la connaître ? C’est à peu près l’im­pres­sion que j’ai eu la pre­mière fois que j’ai vu ce visage peint exhu­mé du Fayoum.

(more…)

Read more