Les der­nières années de Raphaël au Louvre

Les der­nières années de Raphaël au Louvre

Raphaël (Raffaello Sanzio) - La donna velata (détail) - La dame voilée (1516 - 82cm x 61cm)

Pour quelques jours encore, Raphaël est au Louvre, le Raphaël des der­nières années. Fina­le­ment, c’est un Raphaël d’a­te­lier plus qu’un Raphaël inti­miste, en par­tie parce que le peintre connaît un suc­cès d’es­time incom­pa­rable et qu’il doit hono­rer nombre de ses com­mandes, mais tout est là, la com­po­si­tion, le trai­te­ment de la lumière, l’au­dace des pos­tures… Les plus grands repré­sen­tants de son ate­lier sont en bonne place ; on ver­ra ain­si Giu­lio Roma­no (Giu­lio di Pie­tro de’ Gia­nuz­zi), l’a­mi cher et Gio­van Fran­ces­co Pen­ni, le dis­ciple, avec des œuvres hau­te­ment signi­fi­ca­tives. (more…)

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Les cou­leurs du ciel — Pein­tures des églises de Paris au XVIIe siècle — Musée Carnavalet

Voi­ci une expo­si­tion qui mérite le détour, Les Cou­leurs du Ciel, si tou­te­fois vous êtes déjà allés voir Raphaël au Louvre (ce qui n’est pas encore mon cas), Cana­let­to et Guar­di (Musée Jac­que­mart-André), et Cana­let­to (Musée Maillol) et que je ne serai pas allé voir si mon atta­ché de presse offi­ciel ne m’a­vait pas fait de grands signes en me disant qu’il ne fal­lait pas man­quer ça. Effec­ti­ve­ment, cette expo­si­tion qui se niche au creux du petit musée Car­na­va­let (je tiens à dire que l’agent de sécu­ri­té est par­ti­cu­liè­re­ment aimable et sou­riant) montre une cen­taine de tableaux expo­sés d’or­di­naire dans des églises et des­sins pré­pa­ra­toires qui pour une fois se retrouvent regrou­pées sous les lumières (par­fois un peu mal ajus­tées sur cer­taines toiles dont le ver­nis est un peu brillant, mais ça passe) d’un musée.

Claude Vignon - L'adoration des mages (1625)

Claude Vignon — L’a­do­ra­tion des mages (1625)
Paris, église de Saint-Gervais-saint-Protais
Pho­to © Coarc

Si l’on peut se mon­trer par­fois un peu cir­cons­pect quant à la réelle beau­té de cer­taines églises pari­siennes datant pré­ci­sé­ment de cette époque et dont l’ar­chi­tec­ture aus­si bien inté­rieure qu’ex­té­rieure est par­fois un peu mas­sive, un peu lourde (je pense notam­ment à Saint-Nico­las du Char­don­net, ou Saint-Roch) on y trouve des petits tré­sors qu’on ne pense pas for­cé­ment à regar­der, le regard était géné­ra­le­ment plus atti­ré par les ors des autels, les colonnes effi­lées, un pla­fond peint à fresque ou des orgues majes­tueuses que par ce qui se cache dans les niches sou­vent obs­cures ou les cha­pelles absidiales.

Charles Poerson - Annonciation (1651-2)

Charles Poer­son — Annon­cia­tion (1651–52)
Paris, Cathé­drale Notre-Dame

Ce que vous avez ici vous récon­ci­lie­ra avec la pein­ture d’é­glise et vous inci­te­ra cer­tai­ne­ment à plus regar­der cette ico­no­gra­phie, for­cé­ment très reli­gieuse, qui sont géné­ra­le­ment des pein­tures pré­vues pour occu­per l’es­pace qui leur est dédié. Les sujets racontent des his­toires de caté­chisme de l’An­cien Tes­ta­ment comme du Nou­veau (j’ai rare­ment vu Abra­ham et Mel­chi­sé­dech autant de fois dans un seul endroit). Les peintres repré­sen­tés ici sont ceux qui pré­ci­sé­ment ont mar­qué une époque de la pein­ture fran­çaise, à une période pré­cise où celle-ci pro­gresse à vive allure, pro­pul­sée par la connais­sance de cer­tains d’entre eux de la pein­ture ita­lienne. On retrou­ve­ra ain­si Charles Le Brun, Noël Coy­pel, Phi­lippe et Jean-Bap­tiste de Cham­paigne, Claude Vignon et bien sûr Simon Vouet, mais bien d’autres aus­si qu’on a un peu moins l’ha­bi­tude de voir et dont les tra­vaux sont tout à fait dignes d’in­té­rêt, comme Charles Poer­son et d’autres.
Par­mi les œuvres qui ont le plus atti­ré mon attention :

  • Claude Vignon, L’a­do­ra­tion des mages (1625). Paris, église de Saint-Gervais-saint-Protais.
  • Simon Vouet, Quatre saints ado­rant le nom de Dieu: Saint Pierre, Saint Jérôme, Saint Mer­ri et Saint Fro­dulphe (1645). Paris, église de Saint-Merri.
  • Nico­las Pous­sin, Saint Denis l’A­réo­pa­gite cou­ron­né par un ange (1620–1621). Paris, église Saint-Germain-l’Auxerrois.
  • Charles Le Brun, La fla­gel­la­tion. Paris, église Saint-Ber­nard-de-la-Cha­pelle. Un tableau ter­rible où l’on voit les yeux du Christ révul­sés de douleur.
  • Charles Poer­son, L’an­non­cia­tion (1651–52). Ancien­ne­ment dans la cathé­drale Notre-Dame, aujourd’­hui au musée des Beaux-Arts d’Arras.

Une expo­si­tion rare et incon­tour­nable qui se pour­suit jus­qu’au 24 février 2013.
Pour en savoir plus, le cata­logue de l’ex­po­si­tion : Sous la direc­tion de Guillaume Kaze­rou­ni, Les cou­leurs du ciel. Pein­tures des églises de Paris au XVIIe siècle, 2012, Paris Musées, 375 p., 49 €.

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Un artiste de la lumière mécon­nu: Niko­lay Nika­no­ro­vich Dubovskoy

Nikolay Nikanorovich Dubovskoy - portrait photographiqueA l’heure où les gelées reviennent, où la lumière a du mal à per­cer la couche lai­teuse des nuages voi­lant un soleil qui peine à mon­ter dans le ciel,
voi­ci un autre artiste de la lumière ori­gi­naire de Saint-Pétersbourg.
Niko­lay Nika­no­ro­vich Dubovs­koy est un peintre pay­sa­giste remar­quable, exploi­tant la lumière natu­relle des pay­sages qu’il peint pour en faire une pein­ture feu­trée, haute en cou­leurs évo­ca­trices, s’at­ta­chant à res­ti­tuer ces ambiances extrêmes que la nature s’a­muse à engen­drer. Très peu de scènes de genre chez lui, et clai­re­ment dans sa car­rière se des­sinent deux périodes. La pre­mière, très lisse, très lumi­neuse et la seconde, avec un par­ti pris beau­coup plus pic­tu­ral, plus gra­nu­leux, pour une pein­ture plus sen­sible, mais aus­si peut-être un peu moins gran­diose. La pein­ture qui le ren­dra célèbre s’ap­pelle un havre de paix et date de 1890 ; c’est une très belle toile dont la belle lumière blanche d’un nuage se reflète dans une eau argentée.
Assu­ré­ment un nom qui compte dans la pein­ture de pay­sage, un artiste à décou­vrir avec ces seize toiles très belles toiles. (more…)

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Un artiste de la lumière mécon­nu: Arkhip Iva­no­vich Kuindzhi

Portrait d'Arkhip Ivanovich Kuindzhi par Ivan Nikolaïevitch Kramskoï - 1870

Por­trait d’Ar­khip Iva­no­vich Kuindz­hi par Ivan Niko­laïe­vitch Kram­skoï — 1870

Arkhip Iva­no­vich Kuindz­hi est né pauvre en 1841 dans la cam­pagne ukrai­nienne, à Mariou­pol, dans une famille d’o­ri­gine grecque-pon­tine, c’est-à-dire ori­gi­naire des bords de la Mer Noire. Il acquit une noto­rié­té crois­sante dans les années 1880 et se refu­sa à expo­ser publi­que­ment à par­tir de 1882. Il finit sa vie dans la bour­geoi­sie de Saint-Peters­bourg où il pro­fes­sait à l’Aca­dé­mie Impé­riale des Beaux Arts.
Sa pein­ture pay­sa­giste est colo­rée et riche, mon­trant une véri­table maî­trise de la lumière expri­mant les heures les plus belles du jour mais aus­si de la nuit, les ambiances natu­relles les plus incroyables, dans une sorte de jouis­sance pic­tu­rale réel­le­ment exal­tée. Ses études de l’El­brouz ou de ses pay­sages ennei­gées sont des véri­tables tours de force de la pein­ture. Ses nuages, ses pay­sages marins et ses com­po­si­tions par­fois dépouillées à l’ex­trême sont à l’op­po­sé de la pein­ture roman­tique et tour­men­tée d’un Cas­par David Frie­drich ; les pay­sages de clair de lune et noc­turnes sont de toute beau­té et res­pirent la quié­tude. Tout dans sa pein­ture est un hymne au silence et à la tran­quilli­té de la nature.
Ci-des­sous, une gale­rie de 87 de ses plus belles pein­tures. (more…)

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Car­net de voyage à Florence

Florence - jour 3 - 081 - Lungarno

Voi­là, Flo­rence en 4 jours, 11 heures de train à l’al­ler, 1h30 au retour en avion… Je ne sais pas me poser quelque part et ne rien faire. Je ne sais pas aller à l’autre bout du monde pour sim­ple­ment y res­pi­rer l’air et ne pas bou­ger, il fau­drait que j’apprenne…
En atten­dant, ce voyage a ravi­vé en moi des sou­ve­nirs d’il y a 20 ans lorsque j’y suis allé en voyage d’é­tudes alors que j’é­tais en ter­mi­nale artis­tique. L’hô­tel se trou­vait près de la gare, dans un quar­tier gris et cras­seux… tous les jours nous pas­sions devant San­ta Maria Novel­la et je n’ai même plus en tête ce que j’y ai vu. Je sais que je suis allé au Bar­gel­lo, aux Offices, à San­ta Croce… En fait, tout ce que je n’ai pas pu faire cette fois-ci.
Tout de suite après ces quatre jours, j’ai eu comme une sen­sa­tion d’i­na­che­vé, comme s’il me man­quait quelque chose mais sans réel­le­ment savoir quoi.
Flo­rence est une ville de pro­vince, une petite ville si l’on compte uni­que­ment le cœur his­to­rique, on peut vite en appré­hen­der les contours, y décou­vrir les recoins, une ville riche aus­si, où fleu­rissent les maga­sins de luxe et comme je le disais tout au début, à l’i­mage de ce qu’elle fut et de ce qu’elle a tou­jours été, une ville de sei­gneurs, de com­mer­çants, d’ar­ti­sans, de cor­po­ra­tions, une ville cita­delle, à che­val entre le Moyen-âge et la moder­ni­té. Mais par-des­sus tout, Flo­rence est une ville musée. Elle ne vit que grâce à l’i­mage qu’en ont façon­né les hommes du Quat­tro­cen­to et de la Renais­sance, elle n’est que cela, elle est dou­ceur de vivre sur les berges de l’Ar­no. Ce que je regrette, c’est de n’a­voir pu m’or­ga­ni­ser suf­fi­sam­ment bien pour y voir les œuvres peintes à l’in­té­rieur des musées, mais la ville ne faci­lite pas les choses : telle église n’est ouverte que le matin, telle autre l’a­près-midi et pas le same­di, tel monas­tère la matin et pas le week-end… Il fau­drait presque faire un plan­ning avant de par­tir, ce que je déteste faire.
Un jour, je retour­ne­rai à Flo­rence, mais j’y res­te­rai 10 jours et je sillon­ne­rai toutes les églises, Ognis­san­ti, San­ta Croce, San­to Spi­ri­to, San­ta Maria del Car­mine, San Mar­co, Orsan­mi­chele, mais aus­si Oltrar­no avec San Minia­to et puis j’i­rai voir un jour aus­si les jar­dins de Bobo­li, et les frasques du Palaz­zo Pit­ti et ses tré­sors de pein­ture, je retour­ne­rai aux Uffi­zi, je pense aus­si que je mon­trai au som­met du bef­froi du Palaz­zo Vec­chio et je réser­ve­rai ma place long­temps à l’a­vance pour par­cou­rir le cor­ri­dor Vasa­ri… Et puis allez, soyons fou, je ferai la queue pour aller à la Gal­le­ria dell’Ac­ca­de­mia, je retour­ne­rai au Bar­gel­lo puis au Museo dell’O­pe­ra del Duo­mo où l’on peut voir les ori­gi­naux de nom­breuses œuvres qu’on trouve dans la ville… Et évi­dem­ment, j’i­rai man­ger du pros­ciut­to, de l’arros­to et du car­pac­cio avec un grand verre de spu­mante, du tira­mi­su mai­son et des can­tuc­ci au vin san­to.
Bien sûr, je suis content de mon voyage, je suis heu­reux d’a­voir pu déam­bu­ler à ma guise, mais je veux tou­jours plus, je n’ai jamais assez, et j’ai comme l’im­pres­sion de ne pas avoir pu épui­ser les lieux, comme si par­tout où je pas­sais, il fal­lait que je vienne cher­cher à nou­veau quelque chose que j’a­vais lais­sé sur place…

  1. Jour 1
    1. Le voyage en train
    2. Lumière sur le Duomo
    3. Le feu et la glace
  2. Jour 2
    1. L’errance
    2. La croix et l’étoile
  3. Jour 3
    1. Du bap­tême au che­min de croix
  4. Jour 4
    1. De fresques et de grotesques
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