Jan 5, 2013 | Arts |
Pour quelques jours encore, Raphaël est au Louvre, le Raphaël des dernières années. Finalement, c’est un Raphaël d’atelier plus qu’un Raphaël intimiste, en partie parce que le peintre connaît un succès d’estime incomparable et qu’il doit honorer nombre de ses commandes, mais tout est là, la composition, le traitement de la lumière, l’audace des postures… Les plus grands représentants de son atelier sont en bonne place ; on verra ainsi Giulio Romano (Giulio di Pietro de’ Gianuzzi), l’ami cher et Giovan Francesco Penni, le disciple, avec des œuvres hautement significatives. (more…)
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Jan 3, 2013 | Arts |
Voici une exposition qui mérite le détour, Les Couleurs du Ciel, si toutefois vous êtes déjà allés voir Raphaël au Louvre (ce qui n’est pas encore mon cas), Canaletto et Guardi (Musée Jacquemart-André), et Canaletto (Musée Maillol) et que je ne serai pas allé voir si mon attaché de presse officiel ne m’avait pas fait de grands signes en me disant qu’il ne fallait pas manquer ça. Effectivement, cette exposition qui se niche au creux du petit musée Carnavalet (je tiens à dire que l’agent de sécurité est particulièrement aimable et souriant) montre une centaine de tableaux exposés d’ordinaire dans des églises et dessins préparatoires qui pour une fois se retrouvent regroupées sous les lumières (parfois un peu mal ajustées sur certaines toiles dont le vernis est un peu brillant, mais ça passe) d’un musée.
Claude Vignon — L’adoration des mages (1625)
Paris, église de Saint-Gervais-saint-Protais
Photo © Coarc
Si l’on peut se montrer parfois un peu circonspect quant à la réelle beauté de certaines églises parisiennes datant précisément de cette époque et dont l’architecture aussi bien intérieure qu’extérieure est parfois un peu massive, un peu lourde (je pense notamment à Saint-Nicolas du Chardonnet, ou Saint-Roch) on y trouve des petits trésors qu’on ne pense pas forcément à regarder, le regard était généralement plus attiré par les ors des autels, les colonnes effilées, un plafond peint à fresque ou des orgues majestueuses que par ce qui se cache dans les niches souvent obscures ou les chapelles absidiales.
Charles Poerson — Annonciation (1651–52)
Paris, Cathédrale Notre-Dame
Ce que vous avez ici vous réconciliera avec la peinture d’église et vous incitera certainement à plus regarder cette iconographie, forcément très religieuse, qui sont généralement des peintures prévues pour occuper l’espace qui leur est dédié. Les sujets racontent des histoires de catéchisme de l’Ancien Testament comme du Nouveau (j’ai rarement vu Abraham et Melchisédech autant de fois dans un seul endroit). Les peintres représentés ici sont ceux qui précisément ont marqué une époque de la peinture française, à une période précise où celle-ci progresse à vive allure, propulsée par la connaissance de certains d’entre eux de la peinture italienne. On retrouvera ainsi Charles Le Brun, Noël Coypel, Philippe et Jean-Baptiste de Champaigne, Claude Vignon et bien sûr Simon Vouet, mais bien d’autres aussi qu’on a un peu moins l’habitude de voir et dont les travaux sont tout à fait dignes d’intérêt, comme Charles Poerson et d’autres.
Parmi les œuvres qui ont le plus attiré mon attention :
- Claude Vignon, L’adoration des mages (1625). Paris, église de Saint-Gervais-saint-Protais.
- Simon Vouet, Quatre saints adorant le nom de Dieu: Saint Pierre, Saint Jérôme, Saint Merri et Saint Frodulphe (1645). Paris, église de Saint-Merri.
- Nicolas Poussin, Saint Denis l’Aréopagite couronné par un ange (1620–1621). Paris, église Saint-Germain-l’Auxerrois.
- Charles Le Brun, La flagellation. Paris, église Saint-Bernard-de-la-Chapelle. Un tableau terrible où l’on voit les yeux du Christ révulsés de douleur.
- Charles Poerson, L’annonciation (1651–52). Anciennement dans la cathédrale Notre-Dame, aujourd’hui au musée des Beaux-Arts d’Arras.
Une exposition rare et incontournable qui se poursuit jusqu’au 24 février 2013.
Pour en savoir plus, le catalogue de l’exposition : Sous la direction de Guillaume Kazerouni, Les couleurs du ciel. Peintures des églises de Paris au XVIIe siècle, 2012, Paris Musées, 375 p., 49 €.
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Jan 2, 2013 | Arts |
A l’heure où les gelées reviennent, où la lumière a du mal à percer la couche laiteuse des nuages voilant un soleil qui peine à monter dans le ciel,
voici un autre artiste de la lumière originaire de Saint-Pétersbourg.
Nikolay Nikanorovich Dubovskoy est un peintre paysagiste remarquable, exploitant la lumière naturelle des paysages qu’il peint pour en faire une peinture feutrée, haute en couleurs évocatrices, s’attachant à restituer ces ambiances extrêmes que la nature s’amuse à engendrer. Très peu de scènes de genre chez lui, et clairement dans sa carrière se dessinent deux périodes. La première, très lisse, très lumineuse et la seconde, avec un parti pris beaucoup plus pictural, plus granuleux, pour une peinture plus sensible, mais aussi peut-être un peu moins grandiose. La peinture qui le rendra célèbre s’appelle un havre de paix et date de 1890 ; c’est une très belle toile dont la belle lumière blanche d’un nuage se reflète dans une eau argentée.
Assurément un nom qui compte dans la peinture de paysage, un artiste à découvrir avec ces seize toiles très belles toiles. (more…)
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Dec 28, 2012 | Arts |
Portrait d’Arkhip Ivanovich Kuindzhi par Ivan Nikolaïevitch Kramskoï — 1870
Arkhip Ivanovich Kuindzhi est né pauvre en 1841 dans la campagne ukrainienne, à Marioupol, dans une famille d’origine grecque-pontine, c’est-à-dire originaire des bords de la Mer Noire. Il acquit une notoriété croissante dans les années 1880 et se refusa à exposer publiquement à partir de 1882. Il finit sa vie dans la bourgeoisie de Saint-Petersbourg où il professait à l’Académie Impériale des Beaux Arts.
Sa peinture paysagiste est colorée et riche, montrant une véritable maîtrise de la lumière exprimant les heures les plus belles du jour mais aussi de la nuit, les ambiances naturelles les plus incroyables, dans une sorte de jouissance picturale réellement exaltée. Ses études de l’Elbrouz ou de ses paysages enneigées sont des véritables tours de force de la peinture. Ses nuages, ses paysages marins et ses compositions parfois dépouillées à l’extrême sont à l’opposé de la peinture romantique et tourmentée d’un Caspar David Friedrich ; les paysages de clair de lune et nocturnes sont de toute beauté et respirent la quiétude. Tout dans sa peinture est un hymne au silence et à la tranquillité de la nature.
Ci-dessous, une galerie de 87 de ses plus belles peintures. (more…)
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Dec 9, 2012 | Carnets de route (Osmanlı lale), Lungarno e Oltrarno (carnet de voyage à Florence) |
Voilà, Florence en 4 jours, 11 heures de train à l’aller, 1h30 au retour en avion… Je ne sais pas me poser quelque part et ne rien faire. Je ne sais pas aller à l’autre bout du monde pour simplement y respirer l’air et ne pas bouger, il faudrait que j’apprenne…
En attendant, ce voyage a ravivé en moi des souvenirs d’il y a 20 ans lorsque j’y suis allé en voyage d’études alors que j’étais en terminale artistique. L’hôtel se trouvait près de la gare, dans un quartier gris et crasseux… tous les jours nous passions devant Santa Maria Novella et je n’ai même plus en tête ce que j’y ai vu. Je sais que je suis allé au Bargello, aux Offices, à Santa Croce… En fait, tout ce que je n’ai pas pu faire cette fois-ci.
Tout de suite après ces quatre jours, j’ai eu comme une sensation d’inachevé, comme s’il me manquait quelque chose mais sans réellement savoir quoi.
Florence est une ville de province, une petite ville si l’on compte uniquement le cœur historique, on peut vite en appréhender les contours, y découvrir les recoins, une ville riche aussi, où fleurissent les magasins de luxe et comme je le disais tout au début, à l’image de ce qu’elle fut et de ce qu’elle a toujours été, une ville de seigneurs, de commerçants, d’artisans, de corporations, une ville citadelle, à cheval entre le Moyen-âge et la modernité. Mais par-dessus tout, Florence est une ville musée. Elle ne vit que grâce à l’image qu’en ont façonné les hommes du Quattrocento et de la Renaissance, elle n’est que cela, elle est douceur de vivre sur les berges de l’Arno. Ce que je regrette, c’est de n’avoir pu m’organiser suffisamment bien pour y voir les œuvres peintes à l’intérieur des musées, mais la ville ne facilite pas les choses : telle église n’est ouverte que le matin, telle autre l’après-midi et pas le samedi, tel monastère la matin et pas le week-end… Il faudrait presque faire un planning avant de partir, ce que je déteste faire.
Un jour, je retournerai à Florence, mais j’y resterai 10 jours et je sillonnerai toutes les églises, Ognissanti, Santa Croce, Santo Spirito, Santa Maria del Carmine, San Marco, Orsanmichele, mais aussi Oltrarno avec San Miniato et puis j’irai voir un jour aussi les jardins de Boboli, et les frasques du Palazzo Pitti et ses trésors de peinture, je retournerai aux Uffizi, je pense aussi que je montrai au sommet du beffroi du Palazzo Vecchio et je réserverai ma place longtemps à l’avance pour parcourir le corridor Vasari… Et puis allez, soyons fou, je ferai la queue pour aller à la Galleria dell’Accademia, je retournerai au Bargello puis au Museo dell’Opera del Duomo où l’on peut voir les originaux de nombreuses œuvres qu’on trouve dans la ville… Et évidemment, j’irai manger du prosciutto, de l’arrosto et du carpaccio avec un grand verre de spumante, du tiramisu maison et des cantucci au vin santo.
Bien sûr, je suis content de mon voyage, je suis heureux d’avoir pu déambuler à ma guise, mais je veux toujours plus, je n’ai jamais assez, et j’ai comme l’impression de ne pas avoir pu épuiser les lieux, comme si partout où je passais, il fallait que je vienne chercher à nouveau quelque chose que j’avais laissé sur place…
- Jour 1
- Le voyage en train
- Lumière sur le Duomo
- Le feu et la glace
- Jour 2
- L’errance
- La croix et l’étoile
- Jour 3
- Du baptême au chemin de croix
- Jour 4
- De fresques et de grotesques
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