Raphaël (Raffaello Sanzio) - La donna velata (détail) - La dame voilée (1516 - 82cm x 61cm)

Pour quelques jours encore, Raphaël est au Louvre, le Raphaël des der­nières années. Fina­le­ment, c’est un Raphaël d’a­te­lier plus qu’un Raphaël inti­miste, en par­tie parce que le peintre connaît un suc­cès d’es­time incom­pa­rable et qu’il doit hono­rer nombre de ses com­mandes, mais tout est là, la com­po­si­tion, le trai­te­ment de la lumière, l’au­dace des pos­tures… Les plus grands repré­sen­tants de son ate­lier sont en bonne place ; on ver­ra ain­si Giu­lio Roma­no (Giu­lio di Pie­tro de’ Gia­nuz­zi), l’a­mi cher et Gio­van Fran­ces­co Pen­ni, le dis­ciple, avec des œuvres hau­te­ment significatives.

Giulio Romano - La circoncision (1499 - 115cm x 122cm)

Giu­lio Roma­no, La circoncision
(1499 — 115cm x 122cm)

Que dire de cette expo­si­tion qui recense de très grands tableaux, venus de Bologne, Rome, Flo­rence, Madrid ou Los Angeles ? Je dois dire que je suis encore dans la pre­mière impres­sion, épous­tou­flé par la façon qu’il a de trai­ter la lumière sur les grands tableaux d’é­glise, le Sainte-Cécile dont les bords sont trai­tés comme pour le por­trait de Bal­das­sare Cas­ti­glione, le grand Saint-Michel ter­ras­sant le démon, La mon­tée au cal­vaire (Lo spa­si­mo di Sici­lia) sur­tout, mais aus­si sur des tableaux de taille plus modeste, La belle jar­di­nière, et un autre tableau beau­coup plus petit et très ori­gi­nal, La vierge aux can­dé­labres, où la lumière des bou­gies est par­ti­cu­liè­re­ment bien ren­due. A pro­pos de ce tableau et de plu­sieurs autres, on consta­te­ra que l’at­ti­tude de l’en­fant est celle d’un enfant… Je veux dire par là, que plus que le fils de Dieu, c’est un simple enfant qui joue avec ses mains et n’hé­site pas à plon­ger l’une d’elle dans le décol­le­té de sa mère. Ce détail, s’il est pas­sé inaper­çu auprès des com­man­di­taires, dit une chose qui aurait pu lui valoir de tom­ber aux oubliettes… Le fils de Dieu n’est qu’un enfant comme les autres.
Les des­sins pré­sen­tés, œuvres pré­pa­ra­toires ou simples cro­quis, model­li ou car­tons, à la san­guine rehaus­sée de blanc ou non, à la pierre noire, vous mon­tre­ront toute la maî­trise de ce peintre dans le dise­gno, le des­sin, qui est à la fois l’âme et l’os­sa­ture du pro­jet une fois abou­ti, un concept cen­tral dans la pein­ture de la Renaissance.

Raphaël (Raffaello Sanzio) - La vierge aux candélabres (1513 - 65 cm de diamètre)

La vierge aux candélabres
(1513 — 65 cm de diamètre)

Pour ma part, je regrette deux choses. Sont expo­sés l’un à côté de l’autre deux tableaux superbes. L’un est l’Auto­por­trait avec un ami, que le com­mis­sa­riat de l’ex­po­si­tion a nom­mé Auto­por­trait avec Giu­lio Roma­no (au moins les choses sont désor­mais claires), l’autre est le Double por­trait d’An­drea Nava­ge­ro et Agos­ti­no Beaz­za­no, deux tableaux très proches par leur fac­ture et par l’in­ten­tion, puisque ce sont des tableaux très inti­mistes, des « ami­tiés ». Le pro­blème que c’est que l’au­to­por­trait est caché der­rière une vitre qui le rend terne com­pa­ré à l’autre et qui empêche de voir réel­le­ment la facture.
Mon second regret est l’ab­sence du Por­trait de Bal­das­sare Cas­ti­glione, dépla­cé en cours d’ex­po­si­tion pour aller orner les murs du tout nou­veau Louvre de Lens (qui le conser­ve­ra jus­qu’en décembre 2013), et là, je trouve ça d’une part irres­pec­tueux d’am­pu­ter l’ex­po­si­tion pour les retar­da­taires, d’autre part assez cava­lier de ne pas fina­le­ment res­pec­ter l’in­té­gri­té de l’exposition.

Raphaël (Raffaello Sanzio) - Double Portrait Andrea Navagero et Agostino Beazzano (1516 - 76 x 107 cm)

Double Por­trait Andrea Nava­ge­ro et Agos­ti­no Beazzano 
(1516 — 76 x 107 cm)

Et puis, si vous la connais­sez pas encore, vous aurez la chance de croi­ser le regard légè­re­ment fuyant et les gestes déli­cats d’un des plus beaux por­traits de l’ar­tiste, le por­trait de la Don­na Vela­ta (la Dame voi­lée) ordi­nai­re­ment expo­sée au Palaz­zo Pit­ti à Florence.
Plus que quelques jours donc, jus­qu’au 14 février pour voir cette expo­si­tion magis­trale, par­fai­te­ment pré­sen­tée avec des car­tels clairs et des expo­sés péda­go­giques sur cha­cune des salles qui sont autant de coups de pro­jec­teurs per­ti­nents pour les pro­fanes, et qui per­met de bien com­prendre les der­nières années du peintre dis­pa­ru dans sa trente-sep­tième année.

Du 11 octobre 2012 au 14 jan­vier 2013
Hall Napo­léon, sous la pyramide

Tarifs sur place :
Billet spé­ci­fique à l’ex­po­si­tion : 12€.
Billet jume­lé (col­lec­tions per­ma­nentes et expo­si­tion) : 15€.
Ouvert tous les jours, sauf le mar­di, de 9 h à 18 h. Noc­turnes les mer­cre­di et ven­dre­di jusqu’à 21h45.

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