Jan 3, 2013 | Arts |
Voici une exposition qui mérite le détour, Les Couleurs du Ciel, si toutefois vous êtes déjà allés voir Raphaël au Louvre (ce qui n’est pas encore mon cas), Canaletto et Guardi (Musée Jacquemart-André), et Canaletto (Musée Maillol) et que je ne serai pas allé voir si mon attaché de presse officiel ne m’avait pas fait de grands signes en me disant qu’il ne fallait pas manquer ça. Effectivement, cette exposition qui se niche au creux du petit musée Carnavalet (je tiens à dire que l’agent de sécurité est particulièrement aimable et souriant) montre une centaine de tableaux exposés d’ordinaire dans des églises et dessins préparatoires qui pour une fois se retrouvent regroupées sous les lumières (parfois un peu mal ajustées sur certaines toiles dont le vernis est un peu brillant, mais ça passe) d’un musée.

Claude Vignon — L’adoration des mages (1625)
Paris, église de Saint-Gervais-saint-Protais
Photo © Coarc
Si l’on peut se montrer parfois un peu circonspect quant à la réelle beauté de certaines églises parisiennes datant précisément de cette époque et dont l’architecture aussi bien intérieure qu’extérieure est parfois un peu massive, un peu lourde (je pense notamment à Saint-Nicolas du Chardonnet, ou Saint-Roch) on y trouve des petits trésors qu’on ne pense pas forcément à regarder, le regard était généralement plus attiré par les ors des autels, les colonnes effilées, un plafond peint à fresque ou des orgues majestueuses que par ce qui se cache dans les niches souvent obscures ou les chapelles absidiales.

Charles Poerson — Annonciation (1651–52)
Paris, Cathédrale Notre-Dame
Ce que vous avez ici vous réconciliera avec la peinture d’église et vous incitera certainement à plus regarder cette iconographie, forcément très religieuse, qui sont généralement des peintures prévues pour occuper l’espace qui leur est dédié. Les sujets racontent des histoires de catéchisme de l’Ancien Testament comme du Nouveau (j’ai rarement vu Abraham et Melchisédech autant de fois dans un seul endroit). Les peintres représentés ici sont ceux qui précisément ont marqué une époque de la peinture française, à une période précise où celle-ci progresse à vive allure, propulsée par la connaissance de certains d’entre eux de la peinture italienne. On retrouvera ainsi Charles Le Brun, Noël Coypel, Philippe et Jean-Baptiste de Champaigne, Claude Vignon et bien sûr Simon Vouet, mais bien d’autres aussi qu’on a un peu moins l’habitude de voir et dont les travaux sont tout à fait dignes d’intérêt, comme Charles Poerson et d’autres.
Parmi les œuvres qui ont le plus attiré mon attention :
- Claude Vignon, L’adoration des mages (1625). Paris, église de Saint-Gervais-saint-Protais.
- Simon Vouet, Quatre saints adorant le nom de Dieu: Saint Pierre, Saint Jérôme, Saint Merri et Saint Frodulphe (1645). Paris, église de Saint-Merri.
- Nicolas Poussin, Saint Denis l’Aréopagite couronné par un ange (1620–1621). Paris, église Saint-Germain-l’Auxerrois.
- Charles Le Brun, La flagellation. Paris, église Saint-Bernard-de-la-Chapelle. Un tableau terrible où l’on voit les yeux du Christ révulsés de douleur.
- Charles Poerson, L’annonciation (1651–52). Anciennement dans la cathédrale Notre-Dame, aujourd’hui au musée des Beaux-Arts d’Arras.
Une exposition rare et incontournable qui se poursuit jusqu’au 24 février 2013.
Pour en savoir plus, le catalogue de l’exposition : Sous la direction de Guillaume Kazerouni, Les couleurs du ciel. Peintures des églises de Paris au XVIIe siècle, 2012, Paris Musées, 375 p., 49 €.
Read more
Dec 9, 2012 | Carnets de route (Osmanlı lale), Lungarno e Oltrarno (carnet de voyage à Florence) |

Voilà, Florence en 4 jours, 11 heures de train à l’aller, 1h30 au retour en avion… Je ne sais pas me poser quelque part et ne rien faire. Je ne sais pas aller à l’autre bout du monde pour simplement y respirer l’air et ne pas bouger, il faudrait que j’apprenne…
En attendant, ce voyage a ravivé en moi des souvenirs d’il y a 20 ans lorsque j’y suis allé en voyage d’études alors que j’étais en terminale artistique. L’hôtel se trouvait près de la gare, dans un quartier gris et crasseux… tous les jours nous passions devant Santa Maria Novella et je n’ai même plus en tête ce que j’y ai vu. Je sais que je suis allé au Bargello, aux Offices, à Santa Croce… En fait, tout ce que je n’ai pas pu faire cette fois-ci.
Tout de suite après ces quatre jours, j’ai eu comme une sensation d’inachevé, comme s’il me manquait quelque chose mais sans réellement savoir quoi.
Florence est une ville de province, une petite ville si l’on compte uniquement le cœur historique, on peut vite en appréhender les contours, y découvrir les recoins, une ville riche aussi, où fleurissent les magasins de luxe et comme je le disais tout au début, à l’image de ce qu’elle fut et de ce qu’elle a toujours été, une ville de seigneurs, de commerçants, d’artisans, de corporations, une ville citadelle, à cheval entre le Moyen-âge et la modernité. Mais par-dessus tout, Florence est une ville musée. Elle ne vit que grâce à l’image qu’en ont façonné les hommes du Quattrocento et de la Renaissance, elle n’est que cela, elle est douceur de vivre sur les berges de l’Arno. Ce que je regrette, c’est de n’avoir pu m’organiser suffisamment bien pour y voir les œuvres peintes à l’intérieur des musées, mais la ville ne facilite pas les choses : telle église n’est ouverte que le matin, telle autre l’après-midi et pas le samedi, tel monastère la matin et pas le week-end… Il faudrait presque faire un planning avant de partir, ce que je déteste faire.
Un jour, je retournerai à Florence, mais j’y resterai 10 jours et je sillonnerai toutes les églises, Ognissanti, Santa Croce, Santo Spirito, Santa Maria del Carmine, San Marco, Orsanmichele, mais aussi Oltrarno avec San Miniato et puis j’irai voir un jour aussi les jardins de Boboli, et les frasques du Palazzo Pitti et ses trésors de peinture, je retournerai aux Uffizi, je pense aussi que je montrai au sommet du beffroi du Palazzo Vecchio et je réserverai ma place longtemps à l’avance pour parcourir le corridor Vasari… Et puis allez, soyons fou, je ferai la queue pour aller à la Galleria dell’Accademia, je retournerai au Bargello puis au Museo dell’Opera del Duomo où l’on peut voir les originaux de nombreuses œuvres qu’on trouve dans la ville… Et évidemment, j’irai manger du prosciutto, de l’arrosto et du carpaccio avec un grand verre de spumante, du tiramisu maison et des cantucci au vin santo.
Bien sûr, je suis content de mon voyage, je suis heureux d’avoir pu déambuler à ma guise, mais je veux toujours plus, je n’ai jamais assez, et j’ai comme l’impression de ne pas avoir pu épuiser les lieux, comme si partout où je passais, il fallait que je vienne chercher à nouveau quelque chose que j’avais laissé sur place…
- Jour 1
- Le voyage en train
- Lumière sur le Duomo
- Le feu et la glace
- Jour 2
- L’errance
- La croix et l’étoile
- Jour 3
- Du baptême au chemin de croix
- Jour 4
- De fresques et de grotesques
Read more
Dec 8, 2012 | Carnets de route (Osmanlı lale), Lungarno e Oltrarno (carnet de voyage à Florence) |
Épisode précédent : Lungarno e Oltrarno – Carnet de voyage à Florence 6 – Du baptême au chemin de croix
Au matin du dernier jour, la fatigue est là et bien là. Toutefois, je suis réveillé tôt et je constate avec un peu de tristesse en regardant par la fenêtre qu’il pleut légèrement. Le temps que je prenne une douche rapide et que je m’habille, tout a déjà séché mais le temps reste gris et pas très engageant. Il reste un peu de temps avant que le petit déjeuner soit servi alors je prends mes jambes à mon cou pour m’évader de ma cellule et filer voir Florence avant que la vie ne prenne un mauvais tour. Je m’étais dit que j’aurais bien aimé un matin voir le soleil se lever sur l’Arno mais ce n’est pas demain la veille.
En attendant, je me faufile dans l’arrière-cour de Florence, au travers de petites rues pour déboucher sur une grande place dont je me souviens parfaitement ; la Piazza della Santissima Annunziata (Place de la Très Sainte Annonciation) que je connaissais déjà et qui passe pour être une des places les plus hautement stylisées de toute l’Italie. Lorsqu’on s’y trouve, il peut s’en dégager une impression de malaise face à cette froideur rigoureuse, à une absence d’humanité et de vie qui est loin d’être plaisante, mais il faut avouer qu’il émane une sensation de perfection architecturale de cet ensemble. Pas vraiment étonnant quand on sait que derrière tout ceci se cache, encore une fois… Filippo Brunelleschi. Les trois principaux bâtiments de cette place sont la Basilica della Santissima Annunziata, l’Hôpital des Innocents (Spedale degli Innocenti), et la Loggia dei Servi di Maria.

(more…)
Read more
Dec 5, 2012 | Arts, Histoires de gens |
Exécutés par un peintre anonyme de Vérone un peu avant 1580, ces représentations des sultans ottomans de l’époque de la Renaissance ont été réalisées à la demande du Grand Vizir Sokollu Mehmet Paşa et sont exposées à Venise. On sait que l’auteur, depuis son atelier italien, peignit les portraits des sultans sans même avoir mis le pied à Istanbul…
Read more
Dec 2, 2012 | Carnets de route (Osmanlı lale), Lungarno e Oltrarno (carnet de voyage à Florence) |
Épisode précédent : Lungarno e Oltrarno – Carnet de voyage à Florence 5 – La croix et l’étoile

Ce samedi matin, je me réveille plutôt tard. J’ai l’impression que le fait de marcher me courbe de fatigue, mais une fois ma nuit terminée, je reprends du poil de la bête et je suis à nouveau d’attaque. Ce matin, j’ai pour projet de visiter le baptistère Saint-Jean (battistero di San Giovanni), qui comme son nom l’indique est dédié à l’évangéliste Jean. C’est un monument de taille assez réduite comparé à ce qui se trouve autour, notamment le Duomo, mais son origine est assez ancienne. On construit rarement un bâtiment chrétien sans raison et surtout en ce qui concerne le lieu, on procède généralement par élimination. Construire par-dessus est un exercice que les Chrétiens connaissent bien et en l’occurrence, c’est ici au-dessus des restes d’un temple dédié à Mars (rien ne vaut l’enfouissement des anciennes croyances pour les absoudre) que le baptistère fut construit, mais à l’origine comme simple cathédrale. L’aspect qu’il revêt aujourd’hui date du XIIème siècle, avec ses marbres de façade et son plan octogonal. La signification du plan octogonal prend tout son sens au regard du chiffre 7. On sait que le chiffre 7 est relatif aux 6 jours durant lesquels Dieu créa le monde, le septième étant, selon des sources bien renseignées, le jour où le Créateur se reposa d’avoir mis tout ceci en chantier. Le chiffre symbolique 8 est relatif à ce huitième jour, qui n’est ni plus ni moins que le jour du Jugement Dernier ; si je compte bien, nous sommes toujours dans le septième jour, donc jour de repos… Vue de l’esprit… (more…)
Read more