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Le mythe de Per­sée revisité

Cette pièce tout à fait éton­nante conser­vée au Louvre (numé­ro d’in­ven­taire E4850) repré­sente le dieu Horus à che­val tuant de sa lance un cro­co­dile nilo­tique, qui est en réa­li­té le dieu Seth sym­bo­li­sé. Élé­ment de fenêtre taillé dans le grès, cet objet date du IVè siècle après J.-C., soit en pleine période de l’Égypte chré­tienne, qu’on connait sous le nom de copte. Il est très inté­res­sant car il fait la liai­son entre trois civi­li­sa­tions au tra­vers d’un seul et même mythe tra­duit dif­fé­rem­ment, en impli­quant une thé­ma­tique récur­rente dans les reli­gions, la lutte du bien contre le mal :

  • Le pas­sé avec la Grèce ancienne, avec le mythe de Per­sée tuant la bête marine pour déli­vrer Andro­mède grâce à son épée magique.
  • L’é­poque contem­po­raine avec les dieux de la civi­li­sa­tion égyp­tienne, Horus et Seth. L’u­ti­li­sa­tion du che­val n’est pas fran­che­ment égyp­tienne et pro­vient plu­tôt de la Perse voi­sine, qui à cette époque a déjà sou­mis l’Égypte par deux fois.
  • L’é­poque chré­tienne en pleine expan­sion s’ap­pro­prie­ra cette thé­ma­tique par un curieux détour, pas­sant par l’Em­pire Romain. Par le biais de ses esclaves afri­cains qu’on retrou­ve­ra sur le conti­nent amé­ri­cain, elle géné­re­ra la figure du dieu guer­rier du vau­dou haï­tien Ogun, assi­mi­lé à Saint-Georges, ter­ras­sant à son tour le dragon.

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La rose et la tulipe, car­net de voyage à Istan­bul 9 : Yere­ba­tan Sarnıcı, domaine de Méduse

La rose et la tulipe, car­net de voyage à Istan­bul 9 : Yere­ba­tan Sarnıcı, domaine de Méduse

Épi­sode pré­cé­dent : La rose et la tulipe, car­net de voyage à Istan­bul 8 : Kedi ve köpek (Chats et chiens)

Istanbul - avril 2012 - jour 5 - 030 - Citerne basilique (Yerebatan Sarnıcı)

Voi­ci un lieu que j’a­vais déjà visi­té dans mes rêves et dans lequel je me suis enfoui, trente six pieds sous terre. La citerne enfouie sous terre est une des innom­brables réserves d’eau que les Romains ont lais­sé comme patri­moine à une Constan­ti­nople otto­mane et la plus grande de toutes. Un peu plus loin se trouve Bir­bin direk ou citerne de Phi­loxe­nos, la citerne aux mille colonnes (224 en fait), aujourd’­hui à sec et ouverte à la visite quand ils ont le temps, et plus bas, au pied de l’an­cien hôtel de ville, celle de Théo­dose. On pense que la ville en comp­tait envi­ron 80 dans ce genre et on se rend bien compte avec la géo­gra­phie de la ville que leur emploi était essen­tiel notam­ment en cas de rup­ture des aque­ducs lors des sièges.
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Empe­reurs infor­tu­nés de Byzance (2) : la Basi­lis­sa et l’Aveugle

Constan­tin VI, Irène l’A­thé­nienne, Léon III, Constan­tin V et Léon IV

Léon IV le Kha­zar, qui fut empor­té par son amour immo­dé­ré des richesses dorées et des bre­loques et en par­ti­cu­lier de sa cou­ronne fétiche, était le père d’un des empe­reurs les plus mal­chan­ceux de l’his­toire de Constan­ti­nople, Constan­tin VI, fils d’I­rène l’A­thé­nienne. A la mort de son père, n’ayant que 9 ans, sa mère prit la régence de l’Em­pire, réta­blis­sant et per­met­tant pour un temps le culte des icônes qui fut à cette époque un des enjeux majeurs de la poli­tique reli­gieuse (concile de Nicée II). Per­son­nage des plus effa­cés, sans réel pou­voir, com­plè­te­ment étouf­fé par une mère qui de régente se fait nom­mer basi­lis­sa (βασίλισσα, reine) à la suite du suc­cès de ce concile, Constan­tin, jaloux de son pou­voir, s’al­lie aux ico­no­clastes pour reprendre les rênes de l’Em­pire, sans réel suc­cès. Ses défaites face aux Bul­gares qui poussent aux portes de Constan­ti­nople et son image désas­treuse liée au fait qu’il ait divor­cé puis se soit rema­rié avec une incon­nue, Théo­do­ra, que le peuple même appe­lait son auguste putain, en firent un empe­reur détes­té du peuple autant que de sa cour, qu’il a réus­si à se mettre à dos par une savante manœuvre par­ti­cu­liè­re­ment éclai­rante sur sa couar­dise : (more…)

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La rose et la tulipe, car­net de voyage à Istan­bul 5 : Divan Yolu Cad­de­si et Çemberlitaş

La rose et la tulipe, car­net de voyage à Istan­bul 5 : Divan Yolu Cad­de­si et Çemberlitaş

Épi­sode pré­cé­dent : La rose et la tulipe, car­net de voyage à Istan­bul 4 : Kadır­ga Mey­danı et Emir Sinan Mahallesi

Istanbul - avril 2012 - jour 7 - 002 - Gazi Atik Ali Paşa Cami

Où que l’on soit à Istan­bul, d’où qu’on vienne et où qu’on aille, il est dif­fi­cile de ne pas pas­ser par Divan Yolu Cad­de­si. Cette artère qui tra­verse la ville d’est en ouest et qui sur une bonne par­tie est inter­dite à la cir­cu­la­tion (sauf au tram­way et à quelques taxis) est en réa­li­té l’an­tique Mésè, une route com­men­çant au Milion, autre­fois maté­ria­li­sé par un arc et qui mar­quait le point de réfé­rence à par­tir duquel toutes les dis­tances étaient cal­cu­lées (dont il ne reste aujourd’­hui plus qu’un frag­ment dis­cret non loin de la citerne basi­lique) et qui rejoi­gnait aux limites de la muraille de Théo­dose la porte dorée don­nant accès à la route vers Rome. Cette route tra­ver­sait alors le forum de Constan­tin, dont il ne reste plus aujourd’­hui qu’une colonne au som­met de laquelle l’Em­pe­reur était repré­sen­té sous la forme d’Apollon-Hélios, colonne qu’on appelle aujourd’­hui en turc Çem­ber­li­taş ou colonne cer­clée. (more…)

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La tolé­rance de Constantin

En ces temps trou­blés, il est bon de retour­ner aux fon­da­men­taux, comme cet édit qui amor­ça la nais­sance de l’Em­pire Romain d’O­rient. Un texte clair, simple, un édit de tolérance.

A par­tir de ce jour, que celui qui veut suivre la foi chré­tienne la suive libre­ment et sin­cè­re­ment, sans être inquié­té ou moles­té d’au­cune manière. Nous avons tenu à faire connaître cela à Ton Excel­lence [le pré­fet de Nico­mé­die] pour que tu n’i­gnores point que nous avons accor­dé aux chré­tiens la liber­té la plus com­plète, la plus abso­lue de pra­ti­quer leur culte. Et puisque nous l’a­vons accor­dée aux chré­tiens, il doit être clair à Ton Excel­lence qu’en même temps est accor­dée aus­si aux adeptes des autres reli­gions le droit plein et entier de suivre leur cou­tume et leur foi et d’u­ser de leur liber­té de véné­rer les dieux de leur choix, cela pour la paix et tran­quilli­té de notre temps.

Édit de Milan signé par Constan­tin Ier et Licinius,
empe­reurs romains en 313,
cité dans LAC­TANCE, De mor­ti­bus per­se­cu­to­rum, 48, 4–8.

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