En ces temps troublés, il est bon de retourner aux fondamentaux, comme cet édit qui amorça la naissance de l’Empire Romain d’Orient. Un texte clair, simple, un édit de tolérance.
A partir de ce jour, que celui qui veut suivre la foi chrétienne la suive librement et sincèrement, sans être inquiété ou molesté d’aucune manière. Nous avons tenu à faire connaître cela à Ton Excellence [le préfet de Nicomédie] pour que tu n’ignores point que nous avons accordé aux chrétiens la liberté la plus complète, la plus absolue de pratiquer leur culte. Et puisque nous l’avons accordée aux chrétiens, il doit être clair à Ton Excellence qu’en même temps est accordée aussi aux adeptes des autres religions le droit plein et entier de suivre leur coutume et leur foi et d’user de leur liberté de vénérer les dieux de leur choix, cela pour la paix et tranquillité de notre temps.
Édit de Milan signé par Constantin Ier et Licinius,
empereurs romains en 313,
cité dans LACTANCE, De mortibus persecutorum, 48, 4–8.
Oui, enfin la tolérance de Constantin….. est quelque peu mythique et d’un texte à la réalité sur le terrain il y a loin.
Un livre fort intéressant sur cette période de l’histoire, celui de Polymnia Athanassiadi : « Vers la pensée unique La montée de l’intolérance dans l’Antiquité tardive ».
Un petit extrait :
« Ambivalence de l’identité religieuse du premier empereur chrétien – Constantin – entre soleil et le Christ. Elevé dans le climat du monothéisme platonisant à la mode, Constantin honorera un dieu transcendant à identité solaire. Le jour consacré au Soleil fut déclaré jour férié par Constantin. Cela ne sera que 66 ans plus tard, en 386, que Gratien et ses collègues substitueront dies Domini – le jour du seigneur – à dies Solis – le jour du soleil – comme férié de l’Empire.
Par son caractère universel, le christianisme répondait parfaitement aux besoins spirituels d’un état œcuménique fortement centralisé. Constantin décida de s’en servir pour assurer un contrôle plus efficace du bras séculier de l’Etat. Il se dépensa pour mettre fin aux dissensions ecclésiastiques et il combla les cadres chrétiens de privilèges, matériels et moraux. (…) On s’empressa de toute part d’entrer dans les ordres pour se soustraire à ses devoirs de plus en plus onéreux de citoyen et pour jouir des apanages concédés à la nouvelle nomenclature. Ce fut là un lourd héritage pour ses successeurs. (…) Pris dans le cercle vicieux d’un absolutisme de plus en plus impuissant à résoudre les problèmes qu’il enfantait, les maîtres de l’Empire ont suivi l’ornière qu’avait creusée le premier empereur chrétien. »
http://aevigiran.over-blog.com/article-vers-la-pensee-unique-montee-de-l-intolerance-dans-l-antiquite-tardive-polymnia-athanassiadi-88033738.html
Merci pour la référence. Quand j’ai appuyé sur bouton publier, je me suis dit que j’aurais peut-être dû en dire plus car les réactions allaient peut-être arriver ; ça n’a pas loupé :).
Quand je parle de la tolérance de Constantin, c’est dans l’absolu, dans les simples références, mais bien évidemment loin de la réalité dans l’histoire d’un personnage ambivalent qui fut aussi un conspirateur envers Licinius pour s’approprier le pouvoir de la totalité de l’Empire Romain et dont l’édit a tout de même fait le lit de l’édit de Thessalonique décrété par Théodose Ier, qui écrasa toute velléité de culte autre que l’orthodoxie.
Cette tolérance s’exprime à travers un texte qui souhaite “la paix et tranquillité de notre temps” à l’endroit d’une autorité, il est bien évident que c’est très factuel et il me semblait que cela pouvait faire écho à certains comportements actuels…
c’est un beau texte, ton Excellence
La tienne aussi hein 🙂