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Istanbul - avril 2012 - jour 7 - 002 - Gazi Atik Ali Paşa Cami

Où que l’on soit à Istan­bul, d’où qu’on vienne et où qu’on aille, il est dif­fi­cile de ne pas pas­ser par Divan Yolu Cad­de­si. Cette artère qui tra­verse la ville d’est en ouest et qui sur une bonne par­tie est inter­dite à la cir­cu­la­tion (sauf au tram­way et à quelques taxis) est en réa­li­té l’an­tique Mésè, une route com­men­çant au Milion, autre­fois maté­ria­li­sé par un arc et qui mar­quait le point de réfé­rence à par­tir duquel toutes les dis­tances étaient cal­cu­lées (dont il ne reste aujourd’­hui plus qu’un frag­ment dis­cret non loin de la citerne basi­lique) et qui rejoi­gnait aux limites de la muraille de Théo­dose la porte dorée don­nant accès à la route vers Rome. Cette route tra­ver­sait alors le forum de Constan­tin, dont il ne reste plus aujourd’­hui qu’une colonne au som­met de laquelle l’Em­pe­reur était repré­sen­té sous la forme d’Apollon-Hélios, colonne qu’on appelle aujourd’­hui en turc Çem­ber­li­taş ou colonne cerclée. 

Impo­sante et fière, cer­clée de métal de manière assez brute pour que son pare­ment de por­phyre rouge ne se désa­grège pas, cette colonne trône au pied de la ligne de tram­way, au beau milieu d’une place qui four­mille jusque tard dans la nuit et où l’on trouve le plus vieux ham­mam de la ville, construit par Mimar Sinan et datant de 1584, le Çem­ber­li­taş Hamamı ain­si que la Gazi Atik Ali Paşa Camıı (une des plus anciennes de la cité) que j’ai repé­rée dès le pre­mier jour. D’ailleurs, ce n’est qu’il y a très récem­ment que je me suis ren­du compte que je suis pas­sé devant presque tous les jours et que j’ai lit­té­ra­le­ment oublié de m’y rendre. Plus loin dans la rue, se trouve un cime­tière don­nant sur la rue et qu’on peut visi­ter de nuit ; c’est ici que se trouve le superbe tom­beau de Sul­tan Abdül­ha­mid II, face à une rue qui porte le nom étrange de Piyer Loti Cad­de­si et qui ne fait que rap­pe­ler que l’é­cri­vain fran­çais a pas­sé dans cette ville quelques années de sa vie. Un autre écri­vain, moins connu, Claude Far­rère, a éga­le­ment don­né son nom à une rue en rai­son de son enga­ge­ment auprès d’A­tatürk pen­dant la guerre d’in­dé­pen­dance. Cette rue porte le nom de Klod­fa­rer Cad­de­si. Légè­re­ment en retrait de Divan Yolu, au croi­se­ment des rues Pey­khane, Boyacı Ahmet et Piyer Loti se trouve une place où trô­nait autre­fois l’hô­tel de ville (Eminönü Bele­diye Bas­kan­li­gi), tou­jours pré­sent mais tris­te­ment à l’a­ban­don der­rière sa façade bleue, lequel est construit sur un pro­mon­toire qu’une grille enca­drée de marbre vient per­cer et dont (presque) rien n’in­dique la spé­ci­fi­ci­té. En regar­dant par la grille, on voit qu’un esca­lier s’en­fonce sous terre à une bonne pro­fon­deur et deux paires de bottes indiquent que l’en­droit est pour le moins humide. En regar­dant sur le lin­teau au-des­sus de la porte, j’ar­rive à déchif­frer l’ins­crip­tion Theo­do­sius Cis­tern (Şere­fiya sarnıcı) : ce n’est ni plus ni moins qu’une des plus anciennes citernes d’Is­tan­bul qui a été lais­sée à l’a­ban­don ces der­nières années et qui s’est for­te­ment dégradée.

Istanbul - avril 2012 - jour 2 - 054 - Divan Yolu Caddesi et Firuz Ağa Cami

Qu’il fasse soleil ou qu’il pleuve, se pro­me­ner sur Divan Yolu Cad­de­si entre Sul­ta­nah­met et Çem­ber­li­taş est un bon­heur qui démontre que les Turcs savent prendre le temps de vivre.

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Album Pho­to

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