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Thaï­lande, sous une lumière d’ocre (1) — Ambiances sonores à Chiang Mai

Thaï­lande, sous une lumière d’ocre (1) — Ambiances sonores à Chiang Mai

Plus de trois semaines pas­sées sous le soleil brû­lant d’une Thaï­lande qui vit dans l’an­née 2556 et j’ai pris un peu le temps de pro­cé­der à des enre­gis­tre­ments lorsque j’en avais la pré­sence d’es­prit. J’ai ain­si pu récol­ter plus d’une qua­ran­taine d’am­biances du nord au sud, en com­men­çant par Chiang Mai, puis Bang­kok et enfin Koh Pan Ngan. J’au­rais pu être plus métho­dique, recueillir beau­coup plus, de meilleure qua­li­té, asso­cier ces ambiances sonores à des pho­tos, mais ce n’est pas un pro­jet que j’a­vais pré­mé­di­té et j’ai tout fait au fil de l’eau sans idée pré­con­çue. Et fina­le­ment je me dis que le son sans l’i­mage per­met de se plon­ger dans une autre dimen­sion, de s’im­mer­ger dans l’in­con­nu sans pré­ju­gé. Juste avec des mots pour expli­quer ce que c’est et d’où ça vient.

Wat Chedi Luang - Chiang Mai - août 2013

Wat Che­di Luang, Chiang Mai
Thaï­lande, août 2013

Chiang Mai

(1) Mar­ché du dimanche (1′03″)

Le dimanche à Chiang Mai, un mar­ché ambu­lant s’ins­talle dans quelques rues cen­trales de la vieille ville, s’é­ten­dant depuis la porte de Tha Phae le long de Tha­non Racha­dam­noen. Le soir venu, je voyais un peu d’un mau­vais œil que le mar­ché s’ins­talle pré­ci­sé­ment dans la rue où se trou­vait mon hôtel, crai­gnant du bazar, mais lorsque j’ai vu que s’ins­tal­lait un mar­ché de res­tau­rants ambu­lants dans la cour du Wat Phan On, j’é­tais ravi de pou­voir me res­tau­rer à moindre frais et de mets suc­cu­lents. Du coup, je me suis trou­vé un peu dému­ni les jours sui­vants. C’est à la sor­tie de ce temple que se trou­vait ce petit orchestre tra­di­tion­nel qui m’a mis en joie. On entend vers la fin une voix qui parle dans un haut-par­leur et qui à un moment a enjoint les pas­sants à s’ar­rê­ter pour faire hon­neur à l’hymne natio­nal. Surprenant.

[audio:thai/01-CM.mp3]

(2) A la ter­rasse d’un café (1′02″)

Au croi­se­ment de Tha­non Racha­dam­noen et de Tha­non Pra­pokk­lao, se trouve un petit café où l’on peut boire des jus gla­cés et se res­tau­rer sur le pouce. Si c’est à la croi­sée des che­mins entre deux des plus grandes artères, c’est rela­ti­ve­ment calme. Entre le bruit des scoo­ters et quelques taxis qui passent dans les envi­rons, ambiance rock’n’­roll décontractée.

[audio:thai/02-CM.mp3]

(3) Chants de moines Wat Intha­khin Sadue­muang (1′11″)

Le temple de Wat Intha­khin Sadue­muang se trouve à proxi­mi­té de la place du musée des arts de Chiang Mai. C’est un temple récent, moderne, dans lequel trône un beau boud­dha blanc nim­bé d’une lumière vio­la­cée qu’on ne serait pas éton­né de voir dans une boîte de nuit bran­chée. Aux der­nières heures de la jour­née, j’ai assis­té à la réci­ta­tion des chants de moines. Le chantre, dos à son audi­toire, cares­sait un chien qui se frot­tait contre lui et autant dire que les moi­nillons, à peine plus âgés de douze ou treize ans étaient loin d’être atten­tifs à la lec­ture. Assis sur les marches du temple, je leur tour­nais le dos pen­dant que j’enregistrais.

[audio:thai/03-CM.mp3]

(4) Cloches de 18h00 à Wat Sum Pow (1′08″)

Tra­ver­sant un peu par hasard la cour du Wat Sum Pow, un petit temple dis­cret juste en face du Wat Phan On, j’ai aper­çu un moine qui se diri­geait avec une mailloche vers la ran­gée de cloches tibé­taines au pied du temple. Je n’ai pas vrai­ment réus­si à savoir pour­quoi les cloches étaient son­nées à 18h00 pré­cises tous les jours mais j’i­ma­gine que cela cor­res­pond à la fin de la jour­née ou peut-être à une prière en par­ti­cu­lier, mais je vais me renseigner.

[audio:thai/04-CM.mp3]

(5) Prière à Wat Umong­ma­ha­te­ra­chan (2′30″)

Dans le jar­din du très joli temple Wat Umong­ma­ha­te­ra­chan, je me suis posé pour écou­ter le chant lan­ci­nant de ce moine qui tous­sait dans le micro en réci­tant sa prière. On entend par­fois au fond le chant des fidèles. Musi­cale et envoû­tante, enton­née d’une voie rauque, cette petite ritour­nelle dont je ne com­prends aucun mot se ter­mine dans la réci­ta­tion de quelques mots qui tombent, comme si plus per­sonne ne l’écoutait.

[audio:thai/05-CM.mp3]

(6) Prêche du midi à Wat Umong­ma­ha­te­ra­chan (2′32″)

Retour dans le même temple le len­de­main midi où un homme prê­chait dans un haut-par­leur alors qu’il n’é­tait pas dans le temple. Dans le même haut-par­leur, je pou­vais entendre un coq chan­ter. Un endroit bien agréable où s’as­seoir pour médi­ter par­mi les briques mous­sues et les sta­tuettes de Boud­dha recou­vertes de cou­lures de bou­gies oranges.

[audio:thai/06-CM.mp3]

(7) Prière  à Wat Chom­pu (1′17″)

Petit temple hors-les-murs de la vieille ville, sur les che­mins de tra­verse, Wat Chom­pu se trouve près de Tha­non Tha Phae. Doté d’un Boud­dha immense, le temple dis­cret est acces­sible par une petite porte en pierre hors d’âge. Décou­vert par hasard, c’est un lieu au milieu d’une vie calme, sur la route qui mène vers Chi­na­town et le mar­ché de Waro­rot, où je suis arri­vé à l’heure de la prière, ras­sem­blant un grand nombre de fidèles, dont des Occidentaux.

[audio:thai/07-CM.mp3]

(8) Clo­chettes au vent à Wat Phra That Lam­pang Luang (0′52″)

Mal­heu­reu­se­ment, quand on n’a qu’un maté­riel très rudi­men­taire, le résul­tat est par­fois un peu déce­vant, ce qui est dom­mage pour cette ambiance. Le temple de Wat Phra That Lam­pang Luang est un des plus beaux que j’ai vus en Thaï­lande, com­plè­te­ment per­du entre deux villes de moyenne impor­tance. Le lieu est magique, d’une beau­té simple et téné­breuse et lorsque le vent s’est levé juste avant que ne tombe une pluie inces­sante qui mar­que­ra cette jour­née, les clo­chettes accro­chées au che­di se sont mises à tin­ter dans le vent, lais­sant ima­gi­ner une cohorte de fan­tômes qui enva­his­sait les lieux silen­cieux. Le vent fait aus­si un peu cra­cher le micro, ce qui rompt mal­heu­reu­se­ment la magie du moment.

[audio:thai/08-CM.mp3]

(9) Conver­sa­tion entre deux per­sonnes à Lam­pang (1′05″)

A la fin de cette très belle jour­née, même si elle fut abon­dam­ment plu­vieuse, je suis allé à Lam­pang, ville que j’ai mal­heu­reu­se­ment trou­vée sans beau­coup d’in­té­rêt, et les deux temples que j’y ai visi­té intra-muros n’a­vaient vrai­ment pas beau­coup d’in­té­rêt. J’ai réus­si à inter­cep­ter une dis­cus­sion dans la rue entre mon chauf­feur de taxi et le conduc­teur d’une petite calèche tirée par un âne.

[audio:thai/09-CM.mp3]

(10) Voi­ture publi­ci­taire dans le centre de Chiang Mai (0′12″)

Sou­vent dans les rues passent des voi­tures arbo­rant de grandes affiches publi­ci­taires, soit pour van­ter les mérites de l’ac­tion d’un homme poli­tique local (hum), soit pour annon­cer le pro­chain show de Muai-thaï (มวยไทย), ce qu’on connaît sous le nom de boxe thaï. C’est le cas ici ; je n’ai pu attra­per qu’une dizaine de secondes. La par­ti­cu­la­ri­té de ces réclames réside dans le fait que le volume est beau­coup, mais alors beau­coup trop fort.

[audio:thai/10-CM.mp3]

(11) Répé­ti­tion du défi­lé pour l’an­ni­ver­saire de la reine Siri­kit au temple Wat Pa Pao (1′05″)

Wat Pa Pao est un tout petit temple situé juste à la sor­tie de l’en­ceinte de la vieille ville. Repré­sen­ta­tif du style chan, c’est un tout petit temple dont la cour plan­tée d’arbres est comme un îlot de ver­dure ombra­gée dans la ville. Le 12 août, c’est l’an­ni­ver­saire de la reine Siri­kit et avant ces fes­ti­vi­tés sur­di­men­sion­nées, tous les enfants du pays sont réqui­si­tion­nés pour répé­ter pour le défi­lé de ce jour par­ti­cu­lier pour les Thaïs. C’est à une de ces répé­ti­tions que j’ai assis­té dis­crè­te­ment, tan­dis que de l’autre main je fil­mais une petite fille qui sau­tait à la corde et qui, puis­qu’elle m’a­vait sur­pris, s’est par­ti­cu­liè­re­ment bien appli­quée. Si vous ne le saviez pas, vous vous aper­ce­vrez que les Thaïs répètent sou­vent deux fois la même chose.

[audio:thai/11-CM.mp3]

(12) Der­nier jour : dans la rue à Chiang Mai (2′02″)

Tan­dis que déjà je regrette de devoir par­tir de cette ville qui me fas­cine, je grave quelques sons pris dans la rue : voi­tures, scoo­ters, camions, taxis, vélos, klaxons et sur­tout l’inénarrable tuk-tuk 400cc de marque Dai­hat­su avec son bruit recon­nais­sable entre tous. Chiang Mai, der­nier volet, der­nières impres­sions, et l’en­vie d’y revenir.…

[audio:thai/12-CM.mp3]

La suite : Thaï­lande, sous une lumière d’ocre (2) – Ambiances sonores à Bangkok

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Retour au pays de mille Bouddhas

Cette année, le moins que l’on puisse dire, aura été riche en voyages. Après être par­ti une dou­zaine de jours en Thaï­lande au mois de mars, une dizaine de jours en Tur­quie (Istan­bul et la Cap­pa­doce) au mois de mai, quelques jours en Bre­tagne (ah ben si, ça compte quand-même), voi­là que je suis à quelques jours de repar­tir en Thaïlande.

Long tail boat - Haad Salad - Ko Phangan

Long tail boat — Baie de Haad Salad — Ko Pha Ngan
Thaï­lande — Mars 2013

Si je suis par­ti en mars avec la ferme inten­tion de me repo­ser, je n’ai pas résis­té à mon envie de battre la cam­pagne, même si les limites natu­relles de l’île de Ko Phan­gan m’ont assez tôt empê­ché d’al­ler voir trop loin ; il aurait été dom­mage de res­ter le cul sur la plage à attendre que ça passe. J’ai trou­vé de quoi faire dans cette petite baie, à obser­ver les gens vivre, à regar­der par la lucarne ce qui se passe à l’in­té­rieur et même là où tout a été gan­gré­né par le tou­risme de masse, on arrive encore à trou­ver de quoi se satis­faire en frap­pant au car­reau et en deman­dant si l’in­tru­sion est per­mise… Évi­dem­ment, cela m’au­ra été plus com­pli­qué en Thaï­lande que dans cette Tur­quie qui me devient fami­lière et pour laquelle je com­mence à avoir une cer­taine appé­tence au regard de la langue. Le thaï me rebute par son alpha­bet et ses diph­tongues. Le voca­bu­laire me semble com­plexe et de toute façon, les Thaïs visibles parlent presque tous anglais et n’in­citent pas à ce que vous ren­triez dans leur langue. Il fau­dra que j’ap­prenne à débus­quer les invi­sibles.

Par­mi les moments forts de ce der­nier voyage, l’es­cale à Dubaï où je me suis sur­pris à par­ler à l’agent de sécu­ri­té qui contrô­lait les bagages à main — une belle grande femme toute voi­lée de noir, aux grands yeux per­çants. Mon sac pré­sente une ano­ma­lie, une masse com­pacte au fond ; des livres. Je l’en­tends par­ler en arabe à l’un de ces col­lègues et j’at­trape dans la conver­sa­tion le mot كتاب (kitab) que je recon­nais grâce au turc (kitap). Je répète le mot. Elle me dit en sou­riant kitab = one book, kutub = seve­ral books. Et là je recon­nais le plu­riel interne qu’on retrouve aus­si en turc (je fonc­tionne par asso­cia­tion, kütü­pha­ne­si = biblio­thèque). Nous échan­geons un sou­rire complice…

Wat Pho — Bangkok
Thaï­lande — Mars 2013

Un autre moment fort pour moi aura été cette pres­qu’a­mi­tié avec un chien que je m’é­tais amu­sé à sur­nom­mer trois pattes pour les rai­sons qu’on ima­gine. Dès que je des­cen­dais sur la plage, quelle que fût l’heure, il était là et me sui­vait en trot­ti­nant quand il n’é­tait pour­sui­vi par les autres chiens qui ne sup­por­taient appa­rem­ment pas sa différence.
Par­mi les moments de doute, je me suis retrou­vé sur un bateau brin­que­ba­lant à l’heure du renard sur la mer hou­leuse du Golfe de Thaï­lande entre le Mu Ko Ang Thong Natio­nal Marine Park et l’île de Phan­gan. Tan­dis que les bri­sants frap­paient sur la coque fra­gile de l’embarcation, je m’i­ma­gi­nais déjà cou­ler à pic tan­dis que la struc­ture entière du bateau cra­quait dès qu’une vague était un peu trop forte. Je me suis juré qu’on ne m’y repren­drait pas, mal­gré une très belle jour­née pas­sée dans les îles, en com­pa­gnie de petits singes sau­vages et à me bai­gner dans une eau aus­si chaude que ma douche… J’ai aimé aus­si la ville de Thong Sala avec sa grande artère et le mar­ché de nuit où l’on peut man­ger un pad thaï sur le bord du trot­toir… Cha­lok­lum sous une pluie bat­tante, ville dis­crète où se des­sèchent au soleil au bord de la route des mil­liers de seiches dont l’o­deur âcre finit par prendre à la gorge. A Bang­kok, je me plai­rai à nou­veau à errer du coté du Wat Pho, de ses entre­pôts cachés ou sur les quais du côté du Tha The­wet Pier, où grouillent des pois­sons-chat énormes dans l’eau grise et puante de la Chao Phraya, ou dans le quar­tier des ven­deurs de Boud­dhas que j’ai tra­ver­sé en tuk-tuk au soleil cou­chant, ou encore le soir au Wat Suthat où j’ai dis­cu­té avec un moine qui m’a appris la dif­fé­rence entre les moines the­ravā­da et les moines mahāyā­na. Je retrou­ve­rai aus­si l’am­biance anxieuse de l’at­tente dans les aéro­ports, une ambiance unique, fié­vreuse, faite uni­que­ment de pas­sages, de tran­sits, de cou­loirs tra­ver­sés et de par­cours flé­chés. Des énormes comme Rois­sy ou Bang­kok, de tout petits comme Ko Samui, d’où décollent les ATR 72 vrom­bis­sant dans la nuit chaude.

Je pars ven­dre­di soir, le 3, pour rejoindre Bang­kok (BKK) où je pas­se­rai la nuit près de l’aé­ro­port. Je pour­rai ain­si voir la lumière étrange du matin pla­ner aux abords des pistes avant de repar­tir pour Chiang Mai (CNX) jus­qu’au 8. Retour à Bang­kok (BKK), jus­qu’au 12, puis départ pour Ko Pha Ngan où j’ar­ri­ve­rai en bateau en pas­sant par Ko Samui (USM), jus­qu’au 22. Retour à Bang­kok pour 5 jours, d’où je pars le 27 pour Paris (CDG). Si tout va bien, vous aurez quelques nou­velles de moi si vous pas­sez par Routes Croi­sées.

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Dans la vapeur blanche des jours sans vent (Car­net de voyage en Tur­quie – 10 août) : Les göz­leme d’Es­ra, Fethiye, le tom­beau d’Amyntas

Dans la vapeur blanche des jours sans vent (Car­net de voyage en Tur­quie – 10 août) : Les göz­leme d’Es­ra, Fethiye, le tom­beau d’Amyntas

Épi­sode pré­cé­dent : Dans la vapeur blanche des jours sans vent (Car­net de voyage en Tur­quie – 9 août) : Dans les gorges de Saklıkent (Kanyo­nu)

Bul­le­tin météo de la jour­née (ven­dre­di) :

  • 10h00 : 38.7°C / humi­di­té : 27% / vent 15 km/h
  • 14h00 : 42.0°C / humi­di­té : 23% / vent 11 km/h
  • 22h00 : 40.0°C / humi­di­té : 67% / vent 4 km/h

Réveillé ce matin par le chant des cri­quets dans l’at­mo­sphère brû­lante qui frappe au car­reau. Mes nuits cli­ma­ti­sés res­semblent à des cau­che­mars où j’os­cille entre la nudi­té par­faite et l’en­gon­ce­ment dans les toiles blanc cas­sé, sau­cis­son­né comme une rosette de Lyon ou un foie gras cuit à cœur. Ils se sont répar­tis ente le jar­din de la pis­cine et celui sur lequel donne la cour­sive, ce qui a le don de pro­duire un son en sté­réo pas­sa­ble­ment enivrant. Je dis cri­quet, mais je suis vrai­ment inca­pable de dire quel genre de coléo­ptère est capable de faire ce genre de bruit et je ne suis pas cer­tain que si j’ar­rive à connaître le nom turc cela m’a­vance à grand chose.

Ce n’est pas parce que je suis en vacances que je ne lis pas. Je viens de finir le livre de Daniel Arasse, On n’y voit rien, que j’ai trou­vé beau­coup moins fas­ci­nant qu’His­toires de pein­tures, beau­coup moins éclai­rant, plus égo­cen­tré et sur ma lan­cée je com­mence la lec­ture, dès le petit matin, de Les Croi­sades vues par les Arabes d’Amin Maa­louf.

Je prends quelques notes sur la manière de tenir mes car­nets, com­ment les ordon­ner, de les numé­ro­ter et de les indexer, de mettre des onglets, d’in­sé­rer du maté­riau à l’in­té­rieur. Vœux pieux. Il me semble qu’en ce moment je mange beau­coup, peut-être l’ef­fet de la cha­leur, ou alors parce que les repas sont plus légers, ou alors parce que je ne res­sens plus beau­coup la sen­sa­tion de satiété.

Turquie - jour 15 - Fethiye - 006 - Patara gözleme evi

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Dans la vapeur blanche des jours sans vent (Car­net de voyage en Tur­quie – 9 août) : Dans les gorges de Saklıkent (Kanyo­nu)

Dans la vapeur blanche des jours sans vent (Car­net de voyage en Tur­quie – 9 août) : Dans les gorges de Saklıkent (Kanyo­nu)

Épi­sode pré­cé­dent : Dans la vapeur blanche des jours sans vent (Car­net de voyage en Tur­quie – 8 août) : Arri­vée à Pata­ra, Gele­miş, Kum­luo­va, le Lêtốon

Bul­le­tin météo de la jour­née (jeu­di) :

  • 10h00 : 36.8°C / humi­di­té : 26% / vent 20 km/h
  • 14h00 : 40.5°C / humi­di­té : 19% / vent 7 km/h
  • 22h00 : 36.3°C / humi­di­té : 44% / vent 6 km/h

Il reste encore dix jours de Tur­quie, j’en suis au jour 14. J’ai l’im­pres­sion d’être ici depuis une éter­ni­té et l’an­goisse qui m’é­trei­gnant avant d’ar­ri­ver de me retrou­ver dans des lieux qui ne me convien­draient pas est loin der­rière moi. Je suis ici dans mon élé­ment, mal­gré cette cha­leur, mal­gré cette impres­sion de ne pas pou­voir res­pi­rer… Mais tout va bien.
Je prends mon petit déjeu­ner sur une ter­rasse recou­verte d’une ton­nelle très années 70, qui donne sur un pay­sage de col­lines et la mer au loin ; le vent rafraî­chis­sant du matin souffle tan­dis que je me repais de fro­mage blanc et d’une infu­sion de sauge très déli­cate avant de plon­ger dans la pis­cine. Pen­dant tout ce séjour, je fais exprès de me gaver au petit déjeu­ner pour n’a­voir pas à poser les pieds sous la table le midi et ain­si perdre le moins de temps pos­sible. Fina­le­ment, je me demande si l’ob­jec­tif ini­tial des vacances qui est de se repo­ser n’a pas été oublié en cours de route. Mais est-ce si grave que ça ?

Turquie - jour 14 - Saklikent Kanyonu - 004

Aujourd’­hui, direc­tion Saklıkent pour aller se fondre dans les gorges (kanyo­nu). Il paraî­trait que le site est très fré­quen­té en cette sai­son et les guides conseillent de par­tir tôt. De plus, ce que j’en ai vu à mon retour de Pamuk­kale, de nuit, ne m’a pas beau­coup plu. Une enfi­lade de bou­tiques attrape-couillon-de-tou­riste s’é­tire sur près de 500 mètres avant d’ar­ri­ver au par­king. Mais il en faut plus pour me désar­mer et sans le savoir, je prends une route le long d’une rivière large et caillou­teuse qui me fait arri­ver de l’autre côté de ce lieu de per­di­tion. J’ar­rive sur un par­king où je me gare tran­quille­ment et je me fais alpa­guer par un rabat­teur qui me demande de venir man­ger dans son res­tau­rant ; il est à peine 11h00… Je lui dis peut-être après la visite, mais je me rends compte une fois que je me suis éloi­gné que je suis en fait garé sur le par­king de son res­tau­rant… (more…)

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Dans les sables du Tak­la­ma­kan, Sven Hedin

Dans les sables du Tak­la­ma­kan, Sven Hedin

Sven Hedin est un per­son­nage qui a beau­coup fait pour la décou­verte de cer­tains ter­ri­toires, comme le désert du Tak­la­ma­kan ou le Pamir que son métier de géo­graphe lui a per­mis de car­to­gra­phier avec détail. Ses explo­ra­tions ont été pour la plu­part périlleuses et la pre­mière qu’il a menée dans le désert du Tak­la­ma­kan aurait pu vrai­ment mal tour­ner et finir de manière tra­gique si lui-même et ses guides n’a­vaient pas eu la volon­té de s’en sor­tir jus­qu’au bout.

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Brus­que­ment le soleil se voi­la et dis­pa­rut dans une obs­cu­ri­té profonde.
… Une sen­sa­tion de cata­clysme immi­nent nous enve­loppe. Au loin on entend un cré­pi­te­ment ; de minute en minute il se rap­proche… Un coup de vent, puis une rafale ter­rible. Les arbres tor­dus par l’ou­ra­gan se brisent avec des cra­que­ments épou­van­tables. Pen­dant quelques ins­tants c’est un fra­cas ter­rible. En même temps, des tour­billons de pous­sière nous aveuglent nous étouffent. Fouet­té par le souffle irré­sis­tible de la tour­mente, le sable fuit sous nos pas ; on a comme une impres­sion d’engloutissement.
La tem­pête ne dure que quelques heures ; le len­de­main le ciel était cepen­dant encore tel­le­ment char­gé de pous­sière, que tout vue était mas­quée dans un faible rayon.

La seconde expé­di­tion, plus calme, n’a pas non plus été une siné­cure, car pris dans les tem­pé­ra­tures gla­ciales de la nuit déser­tique, les hommes ont quand même souf­fert de condi­tions extrêmes.

Dans cette région l’eau se ren­contre à une faible pro­fon­deur (2,40 m ; 1,81 m ; 1,67 m) ; néan­moins, le sol était gelé sur une épais­seur de 22 cm, le creu­se­ment d’un puits exige un long tra­vail. Par­tout la posi­tion de la nappe sou­ter­raine est indi­quée soit par la pré­sence d’un tama­ris ou d’un peu­plier (Popu­lus diver­si­fo­lia), soit par des traces d’hu­mi­di­té dans la couche de sable super­fi­cielle. Ici, comme dans les val­lées du Yar­kand-Daria ou de l’Oug­huen-Daria, sa sali­ni­té dimi­nue à mesure que l’on s’é­loigne du fleuve, contrai­re­ment à ce que l’on pour­rait croire.

Sven Hedin - expédition

Si l’ex­pé­di­tion de Hedin relève de l’ex­ploit et faillit tour­ner à la catas­trophe, les contacts avec les popu­la­tions sont pour le moins sur­pre­nants et relève d’un véri­table soin à ne pas rompre l’é­tat de fra­gile équi­libre dans lequel vivent des popu­la­tions éloi­gnées des centres de pouvoir.

Nous appe­lons, nous crions, aucune réponse. Les guides partent fouiller le bois dans dif­fé­rentes direc­tions ; une demi-heure après, l’un d’eux ramène un natu­rel et une femme. Sur­pris par notre arri­vée, ces pauvres gens s’é­taient enfuis, dans la crainte de mau­vais trai­te­ments. Une fois remis de leur ter­reur, ils me donnent des ren­sei­gne­ments très impor­tants. J’ap­prends ain­si que jus­qu’au point où le fleuve se perd dans les sables, la forêt est habi­tée par des ber­gers qui gardent des mou­tons appar­te­nant à des mar­chands de Keria. Chaque trou­peau compte de trois cents à deux mille têtes, et chaque pro­prié­taire a l’u­sage exclu­sif d’une zone déter­mi­née de pâtu­rage. L’ef­fec­tif de cette petite tri­bu de pas­teurs ne dépasse pas 150 individus.
Per­dus dans des forêts vierges, enve­lop­pés d’im­menses déserts, ces indi­gènes demeurent com­plè­te­ment sépa­rés du reste du monde. Jamais pour ain­si dire ils ne quittent ces bois, et à part leurs voi­sins et de loin en loin les pro­prié­taires des trou­peaux, jamais ils ne voient un être humain. Les fonc­tion­naires chi­nois ignorent même l’exis­tence de ces clans de ber­gers. Pour ne pas atti­rer sur ces pri­mi­tifs les exi­gences d’un fisc sans pitié, je me suis gar­dé à mon retour de les ren­sei­gner à cet égard.

Sven Hedin - expédition 2

La vie de Sven Hedin, si elle fut pas­sion­nante sur le plan de l’ex­plo­ra­tion et des décou­vertes géo­gra­phiques dont il est res­pon­sable, ne fut pas exem­plaire à tout point de vue. Il se com­pro­mit gra­ve­ment avec le régime nazi du Troi­sième Reich. Même s’il fit beau­coup pour évi­ter la mort à cer­tains de ses com­pa­triotes nor­vé­giens, il ne renia jamais ses affi­ni­tés pour le régime et paya cher de sa per­sonne ses erre­ments en finis­sant sa vie dans la disgrâce.

Sven Hedin, Dans les sables du Taklamakan
Édi­tions Nico­las Chau­dun, 2011

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