Britain from Above
Read moreBritain from Above — unique collection of 16000+ aerial photographs from 1919 to 1953 now online http://t.co/0kewT7Qq (via @HodderHistory)
— Institute of Historical Research (@ihr_history) June 25, 2012
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Épisode précédent : La rose et la tulipe, carnet de voyage à Istanbul 13 : une mosquée au-dessus du monde, Rüstem Paşa Camii
Voici un des quartiers les plus animés d’Istanbul. Loin de Sultanahmet et ses restaurants chers, loin de l’Istanbul calme face à la mer de Marmara, Eminönü est un carrefour où se bousculent ceux qui traversent le pont de Galata pour aller à Beyoğlu, ceux prennent le tram pour s’engouffrer dans les petites rues au pied de la Süleymaniye, ceux qui prennent le bateau ou le car pour Eyüp et ceux qui prennent le ferry pour la rive asiatique et qui peuvent se targuer de dire qu’il vont travailler en Asie la journée et retournent le soir en Europe. (more…)
Read moreVoici une des plus belles lectures qui m’ait été donné de dévorer ces derniers temps. On vous promet un récit digne des mille et une nuits et on se retrouve dans un récit de voyage fantasque aux couleurs de l’orient magique et incertain, à mi-chemin entre les errances de T.E. Lawrence et les récits langoureux de Paul Bowles dans un décor irréel de vent et de sable, dans un monde d’hier qui n’existe plus et qu’on ne pourra retrouver. On retrouvera les figures mythiques de Fayçal et de Lawrence au beau milieu du désert, mais aussi des histoires de pierres fantômes et de statues cachées.
On repart donc tandis que, de leur côté, Samuel et ses vingt-cinq guerriers, depuis l’oasis de Badr, galopent en direction du levant. Au bout de trois jours, le doute s’installe en eux, ils s’arrêtent, tournent en rond et se mettent à explorer les diverses pistes qui s’offrent, celle de Mousbat, puis celle de Bir Fourawia, et aussi celle qui relie Gimr à Teiga jusqu’à ce que, un après-midi un groupe de cavalier reçoive en pleine rétine l’éclat de soleil renvoyé par un singulier tesson et découvre, au croisement des pistes de Qumqum et de Dar Tama, le miroir de bronze posé contre un acacia. Son tain de plus en plus glauque est encore capable de refléter la piste déserte, les bosquets verts et poussiéreux — et peut-être a‑t-il aussi reflété durant les journées précédentes l’image des gazelles passant au galop, de hyènes lentes et fureteuses et d’autruches guindées. Après cette découverte, Samuel et sa troupe n’ont plus qu’à pousser un peu vers le sud le long de cette piste et voilà qu’apparaît, couronnant un bosquet de genêts sauvages, l’une des portes sculptées du palais Abyad, puis, à une journée de marche, une partie de la fontaine au décor mauresque vert et turquoise, abandonnée sous un baobab. « Il s’est passé quelque chose » a déclaré Samuel. Lorsque se succèdent, toutes les demi-journées, les pierres de taille numéro 105 (« salle d’apparat »), puis numéro 72 (« appui de fenêtre divan des femmes »), puis 42 (« soubassement mur galerie »), il comprend la raison qui a pu pousser Chafic à réagir ainsi et presse le pas, passant désormais sans même s’arrêter devant les morceaux de plus en plus riches balancés dans la savane comme de vieux chiffons, et il rejoint la caravane au moment où elle vient de reprendre la route après les conciliabules et les disputes.
Photo © Hamed Saber
Samuel, un Libanais raffiné pris dans les tourments de la guerre, erre dans le désert et rencontre une caravane dont le chargement et la destination sont autant de fantaisies pour la raison dans cet univers inhospitalier. Celui qui mène cette caravane a démonté un palais pièce par pièce pour aller le vendre aux tribus nomades du désert… autant dire que le pari est perdu d’avance. C’est cette histoire colorée, truculente et sensuelle que nous raconte Majdalani avec un verbe rapide et enrobé, plein d’humour et de sensualité.
Il croit être sûr de son effet, mais Samuel le regarde dans les yeux en faisant remarquer que décidément, dans cette partie du désert, tout le monde connaît d’Argès, tout le monde l’a aidé et tout le monde a fini par le trahir. Et voilà Zeid qui éclate de rire, et qui clame que ça c’est sûr, que Darjis a été très respecté dans ces régions, que les chefs étaient à ses ordres, que partout les chemins et les oasis sont marqués de sa présence, que son nom est gravé sur bien des rochers et bien des troncs de palmiers, que les sculpteurs de l’ancien temps ont sculpté son portrait et frappé les pièces d’or à son effigie sans le savoir et que le désert l’aime tant que si, dans un endroit où il y a de l’écho on crie n’importe quel mot, l’écho renvoie le nom de Darjis (et il prononce lui aussi le mot en accentuant fortement la dernière syllabe). Samuel, ce fils des vieux poètes de la montagne libanaise, se dit que voilà sans doute la plus belle ode amoureuse que l’on ait prononcé dans ces contrées depuis longtemps, et il regarde Zeid avec une admiration certaine. Mais il n’en laisse rien paraître.
Caravansérail, Charif Majdalani
Editions Seuil
Collection Points Grands Romans
Voici un très beau tableau d’un peintre du XVème siècle italien qui toute sa vie resta dans sa ville natale de Messine. Antonello da Messina est un peintre majeure, à l’origine de certaines des plus belles peintures de la Renaissance comme Le Condottière ou une Annonciation datant de 1475. Le portrait d’homme, connu également sous le nom de l’homme qui rit, datant de 1470, a cette particularité d’être le tout premier portrait depuis l’antiquité sur lequel le sujet est clairement en train de sourire ; une audace folle dans une société où la religion condamne ce genre de pratiques dans les représentations commanditées. (more…)
Read moreEn train d’attendre mon fils qui tente avec difficulté de trainer l’archet de crin sur les cordes de son violoncelle, un vieux monsieur assis à côté de moi me demande avec un léger accent du sud-ouest si j’ai suffisamment de lumière pour lire. Il a la peau tannée, ridée, le nez rose de soleil et de beaux cheveux blancs bien propres, de grandes jambes fines que son short découvre. Son fils le rejoint. Tout aussi grand, élégant. L’un attend son fils, l’autre son petit fils. Le grand-père a une gâterie dans sa poche pour le petit mais le père ne le sait pas, il me montre le sachet de bonbons en me faisant un clin d’œil complice. Je lui souris tendrement. C’est toujours gentil les pépés. Sinon ils n’auraient pas de petits enfants. A l’étage du dessous joue Isabelle. Elle me confie qu’aujourd’hui elle n’a personne, ses élèves ne sont pas venus, mais les musiciens ça ne perd pas son temps le nez en l’air à regarder les mouches, alors elle joue du vieux flamenco espagnol, si vieux qu’on le croirait arabo-andalou, une main leste et précise qui frappe le corps de la guitare et caresse les cordes à toute vitesse. C’est une dame d’un certain âge que j’ai souvent vue trainer au bistrot, des manières de bonhomme et quelques kilos en trop. Elle a le cou raide, des cheveux roux frisés et un regard vif qui voit par en-dessous. Elle me parle de son grand-père qui était médecin et musicien, du flamenco qu’elle jouait près de la frontière au nez et à la barbe de son professeur, de formation plus classique qui lui disait qu’elle lui faisait des infidélités avec sa guitare espagnole, mais elle me dit que la musique est un plaisir alors vaya con dios… Elle parle du luth comme personne et me dit qu’elle se fout de tout, elle a de l’argent, un appartement, une résidence secondaire et qu’elle fait ce qu’elle veut sans rendre de comptes à personne. Tout ce qu’elle aime c’est partager son goût de la guitare, alors elle ne fait que ça, donner des cours. Alors moi, moi qui ai fait de la guitare, je me dis ben tiens, quoi de mieux que de reprendre. Autant partir avec quelqu’un de passionné dans cette nouvelle aventure. Les cours du Louvre s’arrêtent, je m’en vais de ce pas m’acheter une flamenca, et c’est reparti…
Là haut, John McLaughlin, Paco de Lucia, Al di Meola, Mediterranean Sundance / Rio Ancho sur l’album Friday night in San Francisco, 1980
Et puis bon, quand on voit les trois loulous jouer ensemble…