Aurel Stein, les sta­tues de pous­sière de l’oa­sis de Hotan et les cher­cheurs de Jade

Ruines des grottes aux mille Boud­dhas de Bezeklik

Aurel Stein est un per­son­nage tout à fait fas­ci­nant, qui n’au­ra eu de cesse d’ar­pen­ter le monde sur les traces de Mar­co Polo et de la Route de la soie ; il n’y a qu’à lire son éton­nant par­cours pour voir à quel point cela res­tait chez lui une idée fixe. Archéo­logue hon­grois de nais­sance, natu­ra­li­sé bri­tan­nique, il part en 1900 sur les routes de sables et obtien­dra au soir de sa vie le sésame dont il avait tou­jours rêvé : avoir enfin l’au­to­ri­sa­tion de se rendre en Afgha­nis­tan, le bout de la route et sur­tout l’ex­tré­mi­té orien­tale de l’empire d’Alexandre le Grand. Pas­sé Pesha­war puis arri­vé à Kaboul, il s’é­teint brus­que­ment une semaine plus tard.

Arri­vé à l’oa­sis de Hotan (ou Kho­tan) en 1901, dans cette petite oasis chi­noise ouï­ghoure (petite oasis de 116 000 habi­tants tout de même) bor­dant le sud du désert du Tak­la­ma­kan, il découvre de bien étranges sta­tues dans un pays sans pierre. C’est ce que nous raconte Colin Thu­bron dans L’ombre de la route de la soie avec une cer­taine émo­tion. (more…)

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Bar­na­ba da Mode­na — La vierge et l’enfant

C’est un magni­fique tableau de 109 cm de haut sur 72 peint vers 1370, dans cette période qu’on appelle le Tre­cen­to ita­lien, ou pré-Renais­sance, par un homme dont il ne reste que peu d’œuvres à tra­vers le monde, Bar­na­ba Agoc­chia­ri, plus connu sous le nom de Bar­na­ba da Mode­na. Cette vierge allai­tant tout à fait auda­cieuse marque le tour­nant entre les restes d’une forte tech­nique byzan­tine et la Renais­sance. On y voit un dra­pé marial bleu sou­li­gné dans ses plis par des fils d’or (tech­nique de la chry­so­gra­phie) et toutes les règles de la com­po­si­tion de l’art byzan­tin ; cadre en ogive, auréole et fond dorés, para­pet rouge pour sou­li­gner la charge, lignes en tri­angle d’un clas­si­cisme for­mel. En outre, le cadre montre les traces de colonnes autre­fois pré­sentes et qui laissent pen­ser que le tableau est en réa­li­té l’élé­ment cen­tral d’un triptyque.

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Mots d’un voca­bu­laire oublié X

Aver­tis­se­ment: billet à haute teneur en mots rares et pré­cieux, sau­vés de l’oubli.

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Plectre

Un plectre est un dis­po­si­tif per­met­tant de pin­cer ou grat­ter les cordes d’un ins­tru­ment. Il est géné­ra­le­ment appe­lé média­tor (« onglet » en Bel­gique, « pic » ou « pick » au Qué­bec, « pick » en anglais) dans le domaine de la gui­tare, de la man­do­line et des ins­tru­ments sem­blables : il s’a­git alors d’un petit acces­soire que l’on tient entre le pouce et l’in­dex. On appelle onglet le type de plectre uti­li­sé aus­si pour les ins­tru­ments ou les styles requé­rant l’u­ti­li­sa­tion indi­vi­duelle de plu­sieurs doigts pour grat­ter les cordes (ex : « fin­ger­pi­cking coun­try », cithare, kânun, etc.). Celui-ci s’en­file sur le bout du doigt.

Pein­ture murale de la nécro­pole thé­baine, vers 1420 — 1411

Put­to

Put­to (put­ti au plu­riel) est un terme archi­tec­tu­ral ita­lien dési­gnant sur une façade la sta­tue d’un nour­ris­son jouf­flu et moqueur. Il s’a­git presque tou­jours d’un gar­çon et par­fois d’un ange. Les put­ti peuvent se trou­ver essen­tiel­le­ment sur les monu­ments de la Renais­sance ita­lienne, en par­ti­cu­lier sur tous les bâti­ments rele­vant du baroque sici­lien, dont ils consti­tuent l’une des carac­té­ris­tiques prin­ci­pales. Le per­son­nage du put­to est ins­pi­ré de l’art de la Grèce antique, mais fut redé­cou­vert et réuti­li­sé au début du Quat­tro­cen­to. Ce sont des anges sym­bo­li­sant l’amour.

Put­ti peints par Raphaël dans la Cha­pelle Six­tine (1513)

Ruden­ture

Orne­ment en forme de câble ou de bâton uni ou sculp­té dont on gar­nit les can­ne­lures d’une colonne ou d’un pilastre dans leur par­tie inférieure.

Sar­doine

La sar­doine (du grec ancien σάρδιον / sár­dion, pro­ba­ble­ment « de la ville de Sardes ») est une pierre de cou­leur rouge-brun, plus ou moins trans­lu­cide. Il s’a­git en fait d’une varié­té de calcédoine.
On en trouve un usage dans l’art isla­mique et dans l’art byzan­tin. En outre, les artistes du Moyen Âge ont beau­coup appré­cié la reprise d’ob­jets orien­taux en sar­doine, et leur ont ajou­té une mon­ture d’or­fè­vre­rie : le vase d’A­lié­nor du tré­sor de la basi­lique de Saint-Denis, actuel­le­ment conser­vé au musée du Louvre, en est un exemple.

Coupe des Pto­lé­mées, 1er siècle avant ou après J.C.
Cabi­net des Médailles

Eton­nant vase-camée. Cette somp­tueuse pièce du tré­sor de Saint-Denis aurait été offerte éga­le­ment à l’abbaye par le roi Charles le Chauve. Elle est taillée dans un seul bloc de sar­doine et frappe par sa vir­tuo­si­té tech­nique, l’équilibre de la forme dans l’espace, le jeu sur les dif­fé­rentes cou­leurs de la pierre. Sait-on encore de nos jours façon­ner la sar­doine ? La tra­di­tion rap­porte qu’elle ser­vait lors du sacre des reines de France. Elle fai­sait donc par­tie de ce qu’on appelle les rega­lia. Le décor en haut-relief évoque les pré­pa­ra­tifs d’une céré­mo­nie dio­ny­siaque. Sur cha­cune des faces, une table char­gée de vases et les branches d’un arbre aux­quelles sont étran­ge­ment sus­pen­dus des masques bachiques. Datant du 1er siècle avant ou après J.C., ce can­thare antique pour­rait être l’œuvre d’un ate­lier d’Alexandrie. Il fut trans­for­mé en calice par une riche mon­ture d’orfèvrerie, à l’époque de Charles le Chauve, fon­due lors d’un vol en 1804.
Cercle Her­na­ni

Sca­phé

Le sca­phé (ou skaphe, sca­phium ou sca­phion) est un objet de type cadran solaire dont on dit qu’il a été inven­té par Aris­tarque de Samos (IIIè siècle avant J.-C.). Il consiste en une boule hémi­sphé­rique por­tant une gno­mon à l’in­té­rieur, dont le som­met ne dépasse pas la forme de l’hé­mi­sphère. Douze ins­crip­tions gra­vées à la per­pen­di­cu­laire de l’hé­mi­sphère indiquent les heures du jour. C’est à l’aide de cet ins­tru­ment qu’Era­tos­thène de Cyrène mesu­ra la lon­gueur de l’arc méri­dien com­pris entre les deux tropiques.

Sca­phé réa­li­sé par Georg Hart­mann en 1539 à Nurem­berg, lai­ton doré
Musée d’his­toire des sciences, Oxford

Sty­lo­bate

Sty­lo­bate en archi­tec­ture désigne :

  • Un pié­des­tal sup­por­tant une colon­nade, com­por­tant mou­lure, base et cor­niche régnant sur le pour­tour d’un édifice.
  • Le degré supé­rieur consti­tuant l’emmarchement dans cer­tains cas d’ar­chi­tec­ture grecque avec péri­style ou faux-péri­style de pilastres.
  • Un sou­bas­se­ment déco­ré de mou­lure et for­mant un avant-corps sui­vant les res­sauts d’une façade. Cer­tains sou­bas­se­ments réunis et conti­nus sont dénom­més stéréobate.

sty­lo­bate incur­vé du Par­thé­non d’Athènes

Tran­si

Contrai­re­ment au gisant repré­sen­tant un per­son­nage cou­ché et endor­mi, dans une atti­tude béate ou sou­riante, le tran­si est une sculp­ture funé­raire qui figure un per­son­nage éga­le­ment cou­ché, mais ici dans le réa­lisme de la putré­fac­tion. De façon excep­tion­nelle, ce tran­si, comme celui du duc René dans l’église Saint-Étienne à Bar-le-Duc, sculp­té par Ligier Richier, est debout, son écu lis­sé, et ten­dant son cœur à pleine main vers le ciel.

Appa­ru dans ce XIVe siècle où guerre (celle de Cent Ans), peste et famine ont empor­té la moi­tié de la popu­la­tion, le tran­si marque une cas­sure dans l’art funé­raire du Moyen Âge. L’hor­reur et les vers, la putré­fac­tion et les cra­pauds rem­placent — bru­ta­le­ment — sou­rires, heaume ou hen­nin. Guillaume de Har­ci­gny ne joint pas les mains dévo­te­ment, mais tente, de ses pha­langes sèches, de cacher un sexe pour­ri depuis long­temps. Le car­di­nal Lagrange exhorte le pas­sant non à prier pour lui, mais à faire preuve d’hu­mi­li­té, car tu seras bien­tôt comme moi, un cadavre hideux, pâture des vers.
Le terme tran­si appa­raît au XIIe siècle dans l’ac­cep­tion de « tran­si de vie », c’est-à-dire « tré­pas­sé ». La reli­gion popu­laire, empreinte de magie, en fait un saint à invo­quer dans les cas déses­pé­rés. On trouve un bon exemple de ce culte à Gana­go­bie dans les Alpes-de-Haute-Provence.
Seules cer­taines régions sont tou­chées par le rem­pla­ce­ment des gisants par des tran­sis. Ain­si en est-il de l’Est de la France et de l’Al­le­magne occi­den­tale. En revanche, le tran­si demeure excep­tion­nel en Ita­lie ou en Espagne.

Tran­sis de Louis XII et d’Anne de Bretagne,
à Saint-Denis, par Gio­van­ni di Gius­to Betti

Ortho­state

Un ortho­state ou ortho­stat (nom mas­cu­lin) désigne, dans l’ar­chi­tec­ture gré­co-romaine, cha­cun des blocs de pierre dres­sés de chant, en une ou plu­sieurs ran­gées, à la base des murs.
Dans le cadre de l’ar­chi­tec­ture antique, les ortho­states sont des blocs de pierre paral­lé­lé­pi­pé­diques beau­coup plus hauts que pro­fonds, habi­tuel­le­ment éta­blis au-des­sous de l’é­lé­va­tion d’as­sise de parpaings.
L’u­sage du terme a été géné­ra­li­sé dans la des­crip­tion archi­tec­tu­rale de beau­coup de cultures. Par­fois entou­ré d’un simple filet, l’or­tho­stat est géné­ra­le­ment dépour­vu de décor sculp­té, à part dans quelques palais assy­riens, comme à Khorsabad.
Le terme est éga­le­ment employé pour dési­gner des pierres dres­sées, plan­tées ver­ti­ca­le­ment, comme les men­hirs méga­li­thiques, ou plus géné­ra­le­ment, les pierres indi­vi­duelles qui font par­tie d’une struc­ture méga­li­thique plus grande, comme les murs des allées cou­vertes ou les com­po­sants ver­ti­caux des tri­lithes, comme à Stonehenge.

Scène de chasse au lion, ortho­state du palais de Ninive repré­sen­tant Assurbanipal,
conser­vée au Bri­tish Museum

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Les Quatre Livres de l’Ar­chi­tec­ture d’An­drea Palladio

L’art ita­lien de la Renais­sance prend son envol à par­tir des ver­ge­tures du pas­sé exhu­mé de la terre, là où les Antiques ont pros­pé­ré jus­qu’à la chute de l’empire romain. On a presque ten­dance à oublier que Rome a décli­né bien avant la chute de l’empire romain et que la capi­tale de l’empire change deux fois avant que la civi­li­sa­tion romaine soit rasée de près par les hordes de bar­bares qui ravagent l’oc­ci­dent connu en quelques années. Rome est aban­don­née comme rési­dence impé­riale et le pou­voir éclate entre plu­sieurs villes comme Milan, Nico­mé­die ou Trèves. Constan­tin dépla­ce­ra la capi­tale de l’empire à Byzance et ain­si Rome fini­ra secouée par les trem­ble­ment de terre, enfouie sous la terre, la végé­ta­tion et les détri­tus, déman­te­lée pierre après pierre, sac­ca­gée, pro­fa­née jus­qu’à sa redé­cou­verte. Les cours ita­liennes par­ti­ront à la recherche de ce pas­sé pres­ti­gieux oublié en amor­çant les pre­mières fouilles archéo­lo­giques in situ. C’est d’ailleurs à la fin du XVème siècle qu’on retrouve les ves­tiges de la Mai­son Dorée (domus aurea) de Néron dans des cir­cons­tances rocambolesques.

Un jeune Romain tom­ba dans un trou sur les pentes de l’Oppius et se retrou­va dans une sorte de grotte cou­verte de pein­tures sur­pre­nantes. D’autres jeunes artistes explo­rèrent à leur tour ces salles éton­nantes. Les fresques ain­si décou­vertes ins­pi­rèrent un nou­veau style de déco­ra­tion plein de fan­tai­sie, que l’on bap­ti­sa «gro­tesques». Les célèbres artistes Dome­ni­co Ghir­lan­daio, Raphaël et Michel-Ange des­cen­dus à leur tour eurent la révé­la­tion de ce qu’était l’art antique oublié. On pense que Raphaël en tira une par­tie de son ins­pi­ra­tion pour la déco­ra­tion des fameuses Loges du Vati­can. (Wiki­pe­dia)

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Pic­nic in Tcher­no­byl (Yom and the won­der rabbis)

[audio:yom.xol]

Pic­nic in Tcher­no­byl, With Love

Si vous ne connais­sez pas encore le klez­mer, il est lar­ge­ment temps de vous y mettre. Ori­gi­naire d’Eu­rope de l’est, aux confluences de la tra­di­tion yid­dish, des musiques orien­tales ash­ké­nazes et sau­pou­dré de quelques accords tzi­ganes, le klez­mer est un style musi­cal enjoué qui évo­lue avec de nou­veaux artistes tels que Yom and the Won­der Rab­bis. Guillaume Hume­ry de son vrai nom est un fan de musique klez­mer et sort sa cla­ri­nette pour magni­fier le genre. Avec un album radi­ca­le­ment moderne que de son propre aveu il n’i­ma­gi­nait pas comme ça (il voyait au début un pur hymne à la cla­ri­nette clas­sique et au fur et à mesure d’a­jouts se retrouve avec un album jazz rock très puis­sant), Yom exerce un charme attrac­tif indé­niable grâce à une musique tan­tôt calme et joyeuse, tan­tôt élec­trique et sac­ca­dée. En dehors de ces deux extraits, on écou­te­ra aus­si la dou­ceur de High­way to Constan­ti­nople, la lon­gueur de Kadish for Super­man et d’autres titres encore, tous plus entrai­nants les uns que les autres sur l’al­bum With Love.

[audio:saving.xol]

Saving the world is easy, With Love

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