L’art italien de la Renaissance prend son envol à partir des vergetures du passé exhumé de la terre, là où les Antiques ont prospéré jusqu’à la chute de l’empire romain. On a presque tendance à oublier que Rome a décliné bien avant la chute de l’empire romain et que la capitale de l’empire change deux fois avant que la civilisation romaine soit rasée de près par les hordes de barbares qui ravagent l’occident connu en quelques années. Rome est abandonnée comme résidence impériale et le pouvoir éclate entre plusieurs villes comme Milan, Nicomédie ou Trèves. Constantin déplacera la capitale de l’empire à Byzance et ainsi Rome finira secouée par les tremblement de terre, enfouie sous la terre, la végétation et les détritus, démantelée pierre après pierre, saccagée, profanée jusqu’à sa redécouverte. Les cours italiennes partiront à la recherche de ce passé prestigieux oublié en amorçant les premières fouilles archéologiques in situ. C’est d’ailleurs à la fin du XVème siècle qu’on retrouve les vestiges de la Maison Dorée (domus aurea) de Néron dans des circonstances rocambolesques.
Un jeune Romain tomba dans un trou sur les pentes de l’Oppius et se retrouva dans une sorte de grotte couverte de peintures surprenantes. D’autres jeunes artistes explorèrent à leur tour ces salles étonnantes. Les fresques ainsi découvertes inspirèrent un nouveau style de décoration plein de fantaisie, que l’on baptisa «grotesques». Les célèbres artistes Domenico Ghirlandaio, Raphaël et Michel-Ange descendus à leur tour eurent la révélation de ce qu’était l’art antique oublié. On pense que Raphaël en tira une partie de son inspiration pour la décoration des fameuses Loges du Vatican. (Wikipedia)
Toute la Renaissance Italienne se nourrira intensément de ce passé glorifié, magnifié à l’extrême dans toutes les expressions de l’art, notamment grâce à l’invention de la perspective par Filippo Brunelleschi et c’est dans ce contexte qu’en 1570 à Venise, Andrea Palladio, architecte exceptionnel transformant la moindre grange à foin en spectacle architectural colossal (Villa Barbaro) décidera de porter aux nues l’art antique et de l’inscrire comme prolégomènes à toute architecture future dans la somme des Quatre Livres de l’Architecture, écrits en italien, comme le ferait tout bon humaniste de l’époque.
Illustrés de ses propres dessins d’œuvres réalisées ou simplement projetées, ces livres resteront dans les mémoires comme le fondement de l’art classique italien, une bible de référence illustrée magnifiquement, un traité incontournable, encore utilisé aujourd’hui pour comprendre comment s’est déroulée l’élévation des bâtiments de la Renaissance.
L’intégralité du livre est disponible à la consultation et au téléchargement sur le site des Bibliothèques Virtuelles Humanistes — Éditions A Paris : De l’Imprimerie d’Edme Martin, ruë S. Jacques, au soleil d’or. 1650. Sur ce site également.
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