Le Tré­sor de l’hô­tel de Cluny

Même si lors­qu’au­jourd’­hui on tra­verse le dépar­te­ment de la Saône-et-Loire, on s’i­ma­gine être tom­bé dans un de coins les plus recu­lés de France, il faut avoir à l’es­prit que c’est un des dépar­te­ments fran­çais dans lequel on trouve le plus d’ou­vrages d’art roman et par­mi les villes de ce dépar­te­ment, on trouve Tour­nus, Mâcon, Paray-le-Monial, Autun et sur­tout Clu­ny qui fut le siège d’un puis­sant ordre béné­dic­tin et le lieu de construc­tion de la plus grande cathé­drale romane jamais construite (190 mètres de long, 59 et 73 mètres au tran­sept, 30 mètres sous les voûtes éta­blies sur trois niveaux et enfin une cou­pole qui domine à 40 mètres à la croi­sée du grand tran­sept) dont il ne reste aujourd’­hui presque plus rien, l’Abba­tiale de Clu­ny III.

Au Moyen-Âge, tous les ordres monas­tiques, dont on sait que la plu­part d’entre eux étaient suf­fi­sam­ment à l’aise finan­ciè­re­ment pour acqué­rir la plu­part des biens fon­ciers du Royaume, pos­sé­daient à Paris un « hôtel », sorte de pied-à-terre per­met­tant d’a­voir toute lati­tude pour appro­cher le siège du pou­voir sans faire des allers et retours avec l’autre bout de la France. Le Musée natio­nal du Moyen-Âge tel qu’il existe aujourd’­hui et que je connais­sais autre­fois sous le nom de Musée de Clu­ny est en fait l’hô­tel des abbés de Clu­ny (le plus ancien hôtel par­ti­cu­lier de Paris), construit au XIIIè siècle contre les ves­tiges du plus ancien témoi­gnage du pas­sé gal­lo-romain de la capi­tale, les Thermes de Lutèce, dont on peut voir encore à ce jour les murs en façade et les col­lec­tions expo­sées dans ce qui était autre­fois le fri­gi­da­rium. Si ce bâti­ment est deve­nu le musée du moyen-âge, c’est parce qu’Alexandre Du Som­me­rard, grand col­lec­tion­neur du XIXè siècle s’y éta­blit afin de conser­ver ses col­lec­tions d’œuvres de cette époque. L’É­tat a acquis ses biens et les conserve depuis sa mort.

Visi­ter le musée de Clu­ny, c’est se plon­ger dans un monde colo­ré et loin­tain, dans une riche col­lec­tion d’or­fè­vre­rie dont on peut admi­rer les pièces dans une salle rec­tan­gu­laire confi­née, dans une col­lec­tion de vitraux superbes et récem­ment res­tau­rée, au beau milieu des anciennes sta­tues des rois de Juda et d’Is­raël qui ornaient autre­fois la façade de Notre-Dame de Paris, détruites par les Com­mu­nards en 1873 (prises pour les sta­tues de Rois de France), et qui ont été retrou­vées en 1977 sous terre lors du per­ce­ment du par­king de la Chaus­sée d’An­tin, mais éga­le­ment les tapis­se­ries de la Dame à la Licorne, les ron­dels (petits vitraux blanc et jaune d’or) de Jean Fou­quet et des par­ti­tions anciennes…

L’in­té­gra­li­té des pho­tos prises en mai der­nier sur Fli­ckr (je le pré­cise tout de même, à toutes fins utiles, toutes les pho­tos sont de moi).
Loca­li­sa­tion sur Google Maps.

Le trésor de Cluny

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Cette ville est un autre monde, dedans, un monde flo­ris­sant (4ème partie)

En étu­diant les visages de Paris à tra­vers l’his­toire, depuis les pré­misses de son exis­tence, avant même que Paris ne soit Lutèce(1), lorsque le Pari­sis, bas­sin limo­neux fer­tile de la val­lée séqua­nienne était exploi­té par les Pari­sii(2) pour sa pierre, son cal­caire blanc que l’on trouve jusque dans les murs du châ­teau de Ver­sailles, et cela jus­qu’à nos jours, on voit tout à coup se des­si­ner l’or­ga­ni­sa­tion d’une ville autour de son centre, éta­bli autour des anciens thermes de Clu­ny et de l’île de la Cité. Il en aura fal­lu de l’au­dace pour s’ins­tal­ler sur cette grande île au milieu du fleuve, à une époque où le génie civil n’é­tait pas vrai­ment au faîte de sa gloire et où le fleuve était régu­liè­re­ment pris dans les glaces qui en fon­dant détrui­saient avec une impres­sion­nante constance les ponts de bois, et cela jus­qu’au XVIè siècle. Mais le lieu revê­tait un carac­tère stra­té­gique par­ti­cu­lier et bien vite l’en­droit fut construit, for­ti­fié et pla­cé au centre de la vie de cette nou­velle ville. Son empla­ce­ment sur le fleuve en fit vite un lieu de pas­sage pri­vi­lé­gié tout d’a­bord pour le com­merce flu­vial. De riches mar­chands trouvent leur compte dans cette acti­vi­té et les indus­triels tirent par­ti du flux de la Bièvre pour éta­blir mégis­se­ries, tan­ne­ries et autres acti­vi­tés tex­tiles. Les ponts sont mis à pro­fit pour la construc­tion de mou­lins qui four­ni­ront la farine néces­saire à la cuis­son du pain au four banal (le four est à l’é­poque cen­tra­li­sé pour des ques­tions d’im­po­si­tion, et le plus connu se trou­vait alors… rue du Four). Éga­le­ment, la pré­sence des ponts per­met de ren­for­cer les échanges entre le nord et le sud et hos­tel­le­ries et auberges font leur beurre avec les com­mer­çants et les voya­geurs de pas­sage. La vie prend forme et très vite Paris devient la plus grande ville du monde occidental.

Île de la Cité — Frères Lim­bourg — Mois de Juin — Les Très Riches Heures du Duc de Berry

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Fai­seurs de lumière I

Au creux des reins de cette période sen­suelle qu’est le Moyen-Âge se nichent des hommes qui avaient le don des belles choses et qui ont pas­sé leur vie à employer leur don excep­tion­nel pour le des­sin et la pein­ture afin d’illus­trer la vie de leur époque, les évé­ne­ments qui ont mar­qué l’his­toire et les récits et les hauts-faits des Grands Hommes. Concré­tion des arts gra­phiques de cette période qu’on appelle la Pre­mière Renais­sance, l’En­lu­mi­nure recèle toutes les splen­deurs et les plus belles tech­niques d’une période plus roman­tique qu’il n’y paraît. Les ins­tru­ments et les cou­leurs eux-mêmes sont por­teurs de noms fan­tas­ma­tiques ; calame, vélin, let­trine, sépia, azu­rite et orpiment…
Voi­ci un tour d’ho­ri­zon des plus belles œuvres et des plus grands fai­seurs de lumière de cette forme d’art gra­phi­que­ment et natu­rel­le­ment haute en couleurs.

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Cette ville est un autre monde, dedans, un monde flo­ris­sant (3ème partie)

J’ai décou­vert dans l’At­las de Paris au Moyen-Âge une petite gra­vure repré­sen­tant l’hô­tel de Vau­vert au cœur de Paris, à l’emplacement de ce qui est aujourd’­hui le Jar­din du Luxem­bourg. Vau­vert est une autre forme de « Val Vert », indi­quant clai­re­ment un endroit boi­sé et plu­tôt agréable. L’ex­pres­sion « aller au Diable Vau­vert » remet cette image idyl­lique en cause. En cher­chant l’o­ri­gine de cette expres­sion, j’ai trou­vé autant d’ex­pli­ca­tions que de sources, toutes dif­fé­rentes quand à sa signi­fi­ca­tion et son ori­gine, un grand n’im­porte quoi auquel je ne veux pas don­ner cau­tion. Tou­te­fois, si la lin­guis­tique nous emmène sur des che­mins hasar­deux, l’his­toire, elle, semble être d’ac­cord avec les faits et nous raconte une his­toire qui si elle ne nous laisse aucune cer­ti­tude, nous donne une idée de l’o­ri­gine des mots.

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