May 28, 2013 | Livres et carnets |

Il y a longtemps que je voulais lire Typhon, un petit livre écrit par Joseph Conrad en 1900. Typhon, c’est un peu le Graal du roman maritime, mais contrairement à ce que pourrait penser, ce n’est pas un simple livre d’aventures maritimes, ni un livre catastrophe, mais bien plutôt un simple livre qui parle d’hommes sur un bateau. Le mauvais temps est à l’origine de cette ambiance poisseuse et les hommes qui cohabitent sur la nef chahutée par les flots et le vent vont se retrouver pris ensemble dans la tourmente.
Des lueurs pareilles à de longues flammes pâles tremblaient sur les surfaces polies du métal ; les énormes têtes des manivelles émergeaient tour à tour du parquet de chauffe en un éclair de cuivre et d’acier — et disparaissaient, tandis que les bielles aux jointures épaisses, pareil à des membres de squelette, semblaient les attirer, puis les rejeter avec une précision fatale. Et tout au fond, dans une demi-clarté, d’autres bielles allaient et venaient, s’esquivant délibérément, des traverses dodelinaient de la tête, des disques de métal glissaient sans frottement l’un contre l’autre, lents et calmes dans un tournoi de lueurs et d’ombres.
Le typhon, s’il est un des personnages principaux du livre, n’est même pas présent à l’extérieur du bateau mais bel et bien à l’intérieur, dans l’ambiance terriblement lourde entre les hommes d’équipage et les deux cents coolies qui y ont embarqué pour retourner au pays. Typhon est une pièce majeure, une des pièces maîtresses de l’œuvre de Conrad, trop court pour être un roman, trop long pour être une nouvelle, un pur joyau.
Une petite flamme brilla de nouveau sur le verre et le métal du baromètre au chef branlant. Les yeux de Mac Whirr s’y fixèrent. Il les fermait à demi pour concentrer son attention, comme épiant un signe imperceptible. Avec sa face grave, il ressemblait à un bonze difforme et botté en train de consulter un idole et lui brûlant au nez de l’encens. Il n’y avait pas d’erreur ; il n’avait jamais vu de sa vie le baromètre aussi bas.
Joseph Conrad, Typhon
Folio Gallimard
Traduction d’André Gide
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Mar 30, 2013 | Histoires de gens, Livres et carnets |
Jules Dumont d’Urville est un personnage qui a passé toute sa vie sur son navire à courir aux quatre vents sur toutes les mers du monde. Accessoirement, c’est à lui qu’on doit la découverte de la Vénus de Milo.
Sur son navire l’Astrolabe, il sillonna les mers d’Océanie, des Tonga aux Moluques, de la Polynésie à la Micronésie d’où il ramena une somme considérable d’objets, de planches d’illustrations précieuses dans le domaine de la géographie et la botanique qu’il collecta dans les treize tomes de ses Voyages de l’Astrolabe. Pour quelqu’un qui a passé sur sa vie sur la mer, c’est presque déshonorant d’avoir perdu la vie dans un accident de chemin de fer. Lui et toute sa famille sont décédés dans la célèbre catastrophe ferroviaire de Meudon.
Voici ici quelques planches recensant quelques bêtes bizarres et colorées sur Voyage de découvertes de l’Astrolabe, exécuté par ordre du roi, pendant les années 1826–1827-1828–1829, sous le commandement de M. J. Dumont d’Urville, capitaine de vaisseau. Par A. Richard, disponible dans son intégralité sur Botanicus.
Le texte du livre sur Gallica.
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Mar 29, 2013 | Carnets de route (Osmanlı lale), Dans la vapeur blanche des jours sans vent (Turquie) |
Épisode précédent : Dans la vapeur blanche des jours sans vent (Carnet de voyage en Turquie – 3 août) : Üçağız, Kekova, Dochiste (Apollonia), Geyikova Adası, Kaleköy (Simena)
Bulletin météo de la journée (samedi) :
- 10h00 : 39.4°C / humidité : 58% / vent 7 km/h
- 14h00 : 40.1°C / humidité : 58% / vent 22 km/h
- 22h00 : 39.2°C / humidité : 76% / vent 4 km/h
Aujourd’hui, je me lève fourbu, la peau rougie, douloureuse et la tête me tourne. J’ai l’impression d’avoir trop pris le soleil et le manque d’habitude m’indique qu’il faut que je me pose, que le calme sera le bienvenu. Je n’irai pas beaucoup plus loin que la zone ombragée de la piscine une partie de la journée, et en soirée j’improviserai.
Il flotte dans les couloirs de l’hôtel une odeur de détergent au citron qui me fait penser aux bungalows de Majorque où j’étais allé avec ma mère adolescent. Le bâtiment lui-même est un monument un peu daté, très années 50, qui commence à faire hors d’âge. C’est un bloc de béton accroché à la montagne, sur le bord de la route, desservi par un escalier très large donnant sur des coursives ; celle du premier étage donne sur une terrasse ouverte qui fait toute la largeur du bâtiment. Il y a du marbre partout dans les halls, les corridors et sur la terrasse, mais pas dans les chambres où l’on trouve un carrelage imitant (mal) un parquet en bois lui-même hors d’âge. Le mobilier est simple, lourd, mais relativement moderne, la literie est dure mais c’est un gage de bonne nuit sans courbatures.

Il fait encore très chaud ce matin, je devrais être habitué. D’après la météo, demain et après-demain, les températures devraient être plus élevées de quelques degrés, mais au point où j’en suis, je ne sais pas si je pourrais faire la différence. (more…)
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Mar 24, 2013 | Carnets de route (Osmanlı lale), Dans la vapeur blanche des jours sans vent (Turquie) |
Épisode précédent : Dans la vapeur blanche des jours sans vent (Carnet de voyage en Turquie – 2 août) : Kaş intime
Bulletin météo de la journée (vendredi) :
- 10h00 : 38.0°C / humidité : 43% / vent 4 km/h
- 14h00 : 41.7°C / humidité : 67% / vent 19 km/h
- 22h00 : 37.2°C / humidité : 77% / vent 2 km/h
Ce jour est un peu particulier. Tandis qu’hier je me promenais dans les rues de Kaş; je suis tombé sur un opérateur local qui propose des activités sportives dans la région, ainsi que des balades en bateau, en jeep, etc. J’ai donc poussé la porte de la petite échoppe et j’ai réservé ma place pour partir une journée dans la baie de Kekova. Ne sachant pas réellement ce qui m’attendait, je n’ai pas vraiment cherché à en savoir plus ; la seule chose que je savais, c’est que cette baie est le joyau de la côte lycienne. En regardant la carte, on voit tout d’abord que cette baie constitue l’extrémité sud de la pointe de la Lycie.

Kekova sur le Kitab‑ı Bahriye de Piri Reis
Afficher Le perroquet suédois sur une carte plus grande
Un coup d’œil rapide nous laisse voir une succession de deux baies encastrées l’une dans l’autre. La première, la plus petite, est celle d’Üçağız ; elle ouvre sur la baie de Kekova, une île tout en longueur qui a donné son nom à la baie. On voit tout de suite que les lieux sont vierges de toute construction, que le paysage est rocailleux, planté de quelques touffes d’herbes grasses qui poussent entre les cailloux. L’île elle-même est séparée en deux par une arête dorsale qui désolidarise les deux versants. En se rapprochant, on peut voir que certains hauts-fonds sont visibles à cause de leur couleur claire dans cette belle eau bleue.
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Mar 16, 2013 | Carnets de route (Osmanlı lale), Dans la vapeur blanche des jours sans vent (Turquie) |
Épisode précédent : Dans la vapeur blanche des jours sans vent (Carnet de voyage en Turquie – 1er août) : Istanbul – Antalya – Kumluca – Demre – Kaş
Bulletin météo de la journée (jeudi) :
- 10h00 : 38.9°C / humidité : 53% / vent 4 km/h
- 14h00 : 42.3°C / humidité : 64% / vent 22 km/h
- 22h00 : 37.6°C / humidité : 77% / vent 4 km/h
Ce jour-là, c’est jour de repos. Finie la course, je suis là pour profiter de l’air du temps et poser mes valises pendant une courte semaine avant de partir un peu plus loin, pas très loin, à une trentaine de kilomètres de là.

Il me faut un peu de temps pour reprendre pied, ne rien faire l’espace d’une journée, alors je profite de la piscine et je bouquine un peu sur le bord, même si rester sous le parasol avec cette température devient vite insupportable, même à l’ombre. Le petit déjeuner est loin d’être à la hauteur de ceux que je pouvais prendre à Istanbul et puis de toute façon, avec cette chaleur, je me sens peu en appétit, un peu las. Je m’enferme dans ma chambre avec la clim qui a du mal à démarrer et je dors tout mon saoul avant de sortir dans le milieu de l’après-midi pour aller manger un bout en ville. (more…)
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