Émile Prisse d’A­vesnes — L’art arabe d’a­près les monu­ments du Kaire, depuis le VIIe siècle jus­qu’à la fin du XVIIe siècle, Paris, 1869–1877

Émile Prisse d’A­vesnes (ou Avennes) a pas­sé sa vie à faire connaître en France et plus lar­ge­ment dans l’Eu­rope du XIXè siècle l’art arabe et son prin­cipe d’or­ne­men­ta­tion à la fois com­plexe et d’une sim­pli­ci­té révol­tante. Immer­gé dans une Égypte mil­lé­naire durant deux longs séjours, il ramè­ne­ra en France pour conser­va­tion la fameuse « chambre des ancêtres » trou­vée sur les parois du temple de Thout­mô­sis III dédié à Amon-Rê à Kar­nak, aujourd’­hui expo­sée dans une petite salle du dépar­te­ment des anti­qui­tés égyp­tiennes du Louvre, et il s’ap­pli­que­ra à ordon­ner des rele­vés d’ornementation de toute beau­té, com­pi­lée dans la somme de L’art arabe, écrit et mis en page entre 1869 et 1877.

Liens :

  1. Listes royales égyptiennes
  2. L’Art arabe d’a­près les monu­ments du Kaire depuis le VIIe siècle jus­qu’à la fin du XVIIIe par Prisse d’A­venne, inté­gra­le­ment dis­po­nible sur le site de la NYPL digi­tal gallery.
  3. L’é­mis­sion d’Ab­del­wa­hab Med­deb (Cultures d’is­lam) sur Prisse d’A­vennes sur le site de France Culture, dont l’in­vi­tée est Mer­cedes Volait, direc­trice de recherche au CNRS.

 

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Choses gla­nées I

Ocean­dots

Ocean dots Atlantic Ocean  Navassa

Ocean dots est une ency­clo­pé­die des îles qui manque peut-être un peu de pro­fon­deur, mais qui per­met de faire de belles décou­vertes et sur­tout de fonc­tion­ner en réponse aux sys­tèmes glo­baux de posi­tion­ne­ment et notam­ment Google Earth ; une idée qui pour­rait don­ner des idées à cer­tains, his­toire d’é­tof­fer l’outil…

Codex xcix

Codex XCIX est un blog sur les arts visuels à tra­vers les âges. Les articles ne sont pas nom­breux, mais de bonne qua­li­té et sur­tout, diver­si­fiés. Pour les ama­teurs de belles choses à voir.

Le voyage de Lapérouse

Pré­sen­té par le très bon blog Biblio­dys­sey, on peut trou­ver le livre et les illus­tra­tions d’o­ri­gine sur le site de l’u­ni­ver­si­té de Har­vard(et télé­char­geable). Un superbe docu­ment issu d’une époque où la repré­sen­ta­tion pas­sait par de véri­tables artistes sou­vent éga­le­ment eth­no­logues ou géographes.

Dis­co­ver Isla­mic art

Dis­co­ver Isla­mic art est un site de musées sans fron­tières (MWNF), pré­sen­tant une immense base de don­nées d’œuvres dis­sé­mi­nées aux quatre coins de la pla­nète. On peut y faire des visites vir­tuelles de musées ou d’ex­po­si­tions, comme de monu­ments plus ou moins inac­ces­sibles, comme par exemple le palais Qasr al-Khayr al-Ghar­bi. (Existe aus­si en ver­sion dis­co­ver baroque art)

MWNF

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Der­rière les jalis du mau­so­lée d’Itimâd-ud-Daulâ

Dans la ville d’Agrâ, connue pour abri­ter sur son ter­ri­toire le superbe Taj Mahal, se trouve un élé­gant bâti­ment de marbre blanc flan­qué de quatre tours hexa­go­nales d’en­vi­ron treize mètres de haut, bâti sur un socle car­ré posé sur la rive gauche de la rivière Yamu­nâ. Ce mau­so­lée, construit par la fille de Mîrzâ Ghiyâs Beg (grand-père de Arju­mand Bânu Begam, plus connue sous le nom de Mum­tâz Mahal), qui avait pris le titre de pilier de l’é­tat (Iti­mâd-ud-Dau­lâ — اعتماد الدولہ کا مقبرہ) au dix-sep­tième siècle, est consi­dé­ré comme le pre­mier exemple d’ar­chi­tec­ture moghole(1). On estime sou­vent qu’il est le brouillon du Taj Mahal dans richesse orne­men­tale et la beau­té du bâti­ment est sou­te­nue par les jalis(2), des écrans de marbre fine­ment cise­lés confé­rant à l’in­té­rieur une ambiance fan­to­ma­tique lorsque la lumière y pénètre et par l’in­clu­sion de pierre semi-pré­cieuses dans les pan­neaux de marbre blanc à la finesse remarquable.

Itimad-ud-Daulah's Tomb - detail
Jali screen and decorated spandrels. IMG_7999
Itimad-ud-daulah's Tomb
Itimad Ud Daulah

Loca­li­sa­tion du mau­so­lée d’I­ti­mâd-ud-Dau­lâ sur Google Maps.

Notes:
1 — Le peuple moghol des­cend de Tamer­lan, de tra­di­tion tur­co-mon­gole et per­sa­ni­sé
2 — Le jali le plus célèbre est celui de la mos­quée Sid­di Saiyyed à Ahme­da­bad, au Guja­rat. C’est une ver­sion indienne du mou­cha­ra­bieh (maš­rabīya, مشربية) arabe.

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(Bis­mil­lah) يسم الله الرحمن الرحيم

Voi­ci le temps où je n’ai plus à me plaindre de n’a­voir rien à dire… Deux his­toires qui se pro­filent, des mots qui s’as­semblent, des bribes de sce­na­rii qui s’a­gencent comme un désir ful­gu­rant. Je ne pré­vois pas de dor­mir plus que de rai­son ces pro­chains temps. J’ai repris des forces ces der­niers jours, l’air de rien, l’air de ne pas y tou­cher, les touches me glissent sous les doigts et puis pour­quoi pas une seule his­toire après tout. Il faut que je recherche dans les tré­fonds de mon âme et de mon his­toire per­son­nelle pour retrou­ver une telle émo­tion, une telle envie de puis­sance, même si en appa­rence tout tend à démon­trer le contraire. Rien ne va très bien, mais d’ex­pé­rience, je sais que ce sont des moments de crise que sur­gissent les évé­ne­ments les plus impor­tants d’une his­toire. A moi de pro­vo­quer le destin.

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J’aime bien prendre la catas­trophe de la Tun­gus­ka comme une méta­phore de ce qui arrive par­fois dans un par­cours. Un évé­ne­ment sur­gi de nulle part dévaste tout, sans rai­son appa­rente et sans cause connue. La catas­trophe détruit tout dans un rayon de 20 kilo­mètres, occa­sionne des dégâts sur plus de 100 et se fait entendre sur plus de 1500… et tout le monde s’en contre­fout car il n’y a rien de connu au milieu de cette nature, rien qui ne soit cher à qui que ce soit. Tun­gus­ka, c’est un Hiro­shi­ma à l’en­vers ; une catas­trophe dont on se fout n’est plus une catas­trophe, c’est juste un évé­ne­ment isolé.
C’est la loi du témoi­gnage. Si per­sonne n’est là pour attes­ter d’un fait, le fait n’existe pas. Pour qu’il y ait un assas­si­nat, il faut être trois. Un assas­sin, une vic­time et un témoin. Sans témoin, ce n’est pas un assas­si­nat, c’est une dis­pa­ri­tion et il n’en reste plus qu’un. Qui était là pour attes­ter du meurtre d’A­bel par son frère ?


Abel et Cain par Tin­to­ret­to (Jaco­po Robusti)

La loi du témoi­gnage néces­site tou­jours d’a­voir quel­qu’un pour attes­ter. J’aime beau­coup ce mot, attes­ter. Il porte en lui une cer­taine solen­ni­té, un je-ne-sais-quoi d’à la fois pom­peux et de grave. De la même manière, on pour­rait dire éga­le­ment que l’a­mour n’existe pas à deux mais à trois. Un amant, une amante (ou un autre amant, ou deux amantes…) et un jaloux, ou écon­duit… Le troi­sième vient attes­ter du fait que les deux autres s’aiment et fonde leur amour en en étant exclu. L’ai­greur de l’a­mou­reux écon­duit est le témoi­gnage de l’a­mour uni­ver­sel. Existe-t-il en dehors de cela ?
Y aurait-il des malades s’il n’exis­tait pas de médecins ?
Y aurait-il la paix s’il n’y avait pas eu des guerres ?
Aurait-on des vacances si on ne tra­vaillait pas ?
Et sur­tout l’a­mour exis­te­rait-il réel­le­ment s’il ne conte­nait pas déjà en lui-même sa propre déception ?

Je crois éga­le­ment que l’ou­bli a un rôle à jour dans cette loi, l’ou­bli et le sou­ve­nir. Ce qui s’ou­blie par manque d’in­té­rêt peut très bien res­sur­gir lorsque la mémoire col­lec­tée refait sur­face. On croit que les his­toires d’un petit vil­lage l’ont plon­gé dans l’a­no­ny­mat, mais quel­qu’un sort de son car­ton de vieilles cartes pos­tales jau­nies, toutes droit sor­ties d’un autre temps, d’une autre réa­li­té. Les his­toires sont retrou­vées, les langues se délient, tout à coup on se sou­vient de Mr Machin qui était un sacré bon­homme et qui col­lec­tait les bou­teilles en verre consi­gnées et de cette petite place sur laquelle il y avait une fon­taine, et qu’on a rasé car elle mena­çait de s’ef­fon­drer. Mais le sou­ve­nir est là, dans sa latence et il n’at­tend qu’un petit déclen­che­ment pour sur­gir, comme un évé­ne­ment, comme dans la toun­dra, au beau milieu de nulle part.
J’ai trou­vé un peu par hasard ce blog : Les Abbesses de Gagny-Chelles. Le pre­mier billet que j’y trouve s’ap­pelle ain­si : Carte pos­tale rare du tabac de l’Ab­baye (Gagny Quar­tier du Ches­nay) alors for­cé­ment, je ne peux m’empêcher de sou­rire un peu, légè­re­ment iro­nique parce que comme tout le monde, je me dis mais qui cela peut-il donc inté­res­ser ?, et en dérou­lant le fil, la réponse devient évidente.

J’ai lu les his­toires de ces familles implan­tées dans ce quar­tier, la famille Bogast­sheff, la famille Gro­moff et son café, Féli­pa Munoz, la cen­te­naire, j’ai lu toutes ces his­toires, des his­toires com­munes, per­son­nelles, de famille qui ont tra­ver­sé notre his­toire contem­po­raine. La mémoire col­lec­tée et retrans­crite fonde leur ano­ny­mat comme une his­toire. Le témoi­gnage donne consis­tance à l’ou­bli et l’é­vé­ne­ment surgit…

La loi du témoi­gnage est éga­le­ment une loi qui a une forte valeur en art. L’ar­tiste est éga­le­ment témoin, il atteste d’une réa­li­té qui peut paraître incon­nue tant que celle-ci n’est pas attes­tée au tra­vers de son œuvre. C’est ain­si que le réa­li­té de cer­taines œuvres d’art paraît plus réelle que la réa­li­té elle-même. Le rôle de l’ar­tiste est d’ap­por­ter foi en ce que nous ne connais­sons pas encore. Étran­ge­ment, le Ste­tind de Peder Balke semble prendre plus de réa­li­té, plus de corps et d’é­pais­seur que la mon­tagne elle-même…

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Entre deux lumières

Au gré de mes recherches dans Paris, de ce temps que je mets à contri­bu­tion pour m’en­ri­chir et res­sor­tir de ces pro­me­nades aus­si émer­veillé qu’un gamin un len­de­main de Noël, je découvre ou plu­tôt redé­couvre ces lieux de mémoires oubliés. Par je ne sais quelle cir­con­vo­lu­tion ou cir­cu­mam­bu­la­tion, j’ar­pente des lieux au hasard de mes ren­contres. Tout d’a­bord, coin­cé entre les gyros et les petits res­tau­rants étri­qués de la rue Saint-Séve­rin, par­mi les odeurs d’é­pices et de pois­son qui, dès le matin, cha­touillent les sens, j’emprunte la rue Galande et me retrouve nez à nez avec le che­vet de l’é­glise Saint-Julien-le-Pauvre. Mal­heu­reu­se­ment, elle n’é­tait pas encore ouverte lorsque je suis pas­sé. Ce n’est pas un hasard si les Grecs et les moyen-orien­taux de Paris se retrouvent ici, car son culte est gre­co-mel­kite, un culte ortho­doxe dont la plu­part des fidèles sont ori­gi­naires de Syrie, de Jor­da­nie, du Liban et de Pales­tine. C’est éga­le­ment une des plus vieilles églises de Paris, car son aspect actuel date du XIIIè siècle ; on peut y voir sur le flanc sud ce qui reste de l’os­suaire, consti­tué d’une dizaine d’arches dans les­quelles on enter­rait les corps des défunts jus­qu’à il n’y a pas si long­temps que ça.

Saint Julien le pauvre

Ossuaire de Saint Julien le pauvre

En repre­nant ensuite le bou­le­vard Saint-Ger­main, je suis arri­vé au che­vet de l’é­glise Saint-Nico­las du Char­don­net qui m’a sou­vent intri­gué par son aspect très baroque. Elle n’a à mon sens que peu d’in­té­rêt à l’in­té­rieur, si ce n’est le superbe céno­taphe que Charles le Brun a conçu pour sa mère et la cha­pelle de la Vierge, construite dans un étrange style byzan­tin déton­nant un peu avec le reste du bâti­ment. A la sor­tie de l’é­glise, une fille assez grande au visage fer­mé, les che­veux en bataille, atten­dait en fumant une ciga­rette, don­nant au lieu un petit air de lieu de ren­contre clan­des­tin, un je-ne-sais-quoi de secret et un rien tentateur…

Institut du monde arabe

J’ai filé ensuite vers l’Ins­ti­tut du monde arabe en bifur­quant par la rue de Pois­sy et en remon­tant les quais de Seine, face à la Tour d’Argent, encore fer­mée à cette heure là. Tou­jours éton­nant ces res­tau­rants où le menu n’est pas affi­ché sur la devan­ture… Le ciel était cou­vert, sombre, lais­sant à peine pas­ser quelques rayons de soleil, une soleil brut et métal­lique qui don­nait un aspect froid à la façade déco­rée d’i­ris géo­mé­triques. Quelques gouttes sur le coin du nez… Un temps gris de Paris… Après avoir visi­té les col­lec­tions Kha­li­li avec mon fils émer­veillé, je me suis ren­du à la Mos­quée. Sans y avoir pen­sé au préa­lable, je suis arri­vé en pleine heure de prière. La caisse était fer­mée et je me suis retrou­vé fort dému­ni face à une porte ouverte, une caisse muette, et des gens qui affluaient de toutes les direc­tions. Un mon­sieur d’une soixan­taine d’an­nées m’a deman­dé ce que je cher­chais et lorsque je lui ai dit que je pré­pa­rais une visite pour des jeunes gens en réin­ser­tion pro­fes­sion­nelle… il m’a pris le bras et m’a fait visi­ter, en me lar­guant au milieu de la cour prin­ci­pale, car il devait aller prier. Je lui ai deman­dé s’il tra­vaillait ici. Non, me répon­dit-il, il n’é­tait qu’un simple fidèle par­mi les fidèles.

Brûle-parfum ou diffuseur en forme de lynx

Entre deux lumières, entre deux ombres, j’ai repris la route du retour avec dans la poche le secret de ces jours pen­dant les­quels la réa­li­té s’es­tompe pour dévoi­ler un pas­sé qu’on a du mal à s’ap­pro­prier. J’es­saie éga­le­ment de me répé­ter ces mots de la cha­ha­da que j’es­saie d’ap­prendre, mais que par manque de foi peut-être, je n’ar­rive pas à rete­nir car ils sont trop éloi­gnés de ma réalité:

اشهد ان لآ اِلَـهَ اِلا الله و أشهد ان محمدا رسول الله
Ach­ha­dou an lâ ilâ­ha illa-llâh, washa­dou ana muham­mad rasûlu-llâhi

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