Apr 4, 2012 | Arts, Livres et carnets |
Émile Prisse d’Avesnes (ou Avennes) a passé sa vie à faire connaître en France et plus largement dans l’Europe du XIXè siècle l’art arabe et son principe d’ornementation à la fois complexe et d’une simplicité révoltante. Immergé dans une Égypte millénaire durant deux longs séjours, il ramènera en France pour conservation la fameuse « chambre des ancêtres » trouvée sur les parois du temple de Thoutmôsis III dédié à Amon-Rê à Karnak, aujourd’hui exposée dans une petite salle du département des antiquités égyptiennes du Louvre, et il s’appliquera à ordonner des relevés d’ornementation de toute beauté, compilée dans la somme de L’art arabe, écrit et mis en page entre 1869 et 1877.
Liens :
- Listes royales égyptiennes
- L’Art arabe d’après les monuments du Kaire depuis le VIIe siècle jusqu’à la fin du XVIIIe par Prisse d’Avenne, intégralement disponible sur le site de la NYPL digital gallery.
- L’émission d’Abdelwahab Meddeb (Cultures d’islam) sur Prisse d’Avennes sur le site de France Culture, dont l’invitée est Mercedes Volait, directrice de recherche au CNRS.
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Apr 25, 2011 | Passerelle |
Oceandots
Ocean dots est une encyclopédie des îles qui manque peut-être un peu de profondeur, mais qui permet de faire de belles découvertes et surtout de fonctionner en réponse aux systèmes globaux de positionnement et notamment Google Earth ; une idée qui pourrait donner des idées à certains, histoire d’étoffer l’outil…
Codex XCIX est un blog sur les arts visuels à travers les âges. Les articles ne sont pas nombreux, mais de bonne qualité et surtout, diversifiés. Pour les amateurs de belles choses à voir.
Le voyage de Lapérouse
Présenté par le très bon blog Bibliodyssey, on peut trouver le livre et les illustrations d’origine sur le site de l’université de Harvard(et téléchargeable). Un superbe document issu d’une époque où la représentation passait par de véritables artistes souvent également ethnologues ou géographes.
Discover Islamic art
Discover Islamic art est un site de musées sans frontières (MWNF), présentant une immense base de données d’œuvres disséminées aux quatre coins de la planète. On peut y faire des visites virtuelles de musées ou d’expositions, comme de monuments plus ou moins inaccessibles, comme par exemple le palais Qasr al-Khayr al-Gharbi. (Existe aussi en version discover baroque art)
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Mar 13, 2011 | Architectures, Arts |
Dans la ville d’Agrâ, connue pour abriter sur son territoire le superbe Taj Mahal, se trouve un élégant bâtiment de marbre blanc flanqué de quatre tours hexagonales d’environ treize mètres de haut, bâti sur un socle carré posé sur la rive gauche de la rivière Yamunâ. Ce mausolée, construit par la fille de Mîrzâ Ghiyâs Beg (grand-père de Arjumand Bânu Begam, plus connue sous le nom de Mumtâz Mahal), qui avait pris le titre de pilier de l’état (Itimâd-ud-Daulâ — اعتماد الدولہ کا مقبرہ) au dix-septième siècle, est considéré comme le premier exemple d’architecture moghole(1). On estime souvent qu’il est le brouillon du Taj Mahal dans richesse ornementale et la beauté du bâtiment est soutenue par les jalis(2), des écrans de marbre finement ciselés conférant à l’intérieur une ambiance fantomatique lorsque la lumière y pénètre et par l’inclusion de pierre semi-précieuses dans les panneaux de marbre blanc à la finesse remarquable.
Localisation du mausolée d’Itimâd-ud-Daulâ sur Google Maps.
Notes:
1 — Le peuple moghol descend de Tamerlan, de tradition turco-mongole et persanisé
2 — Le jali le plus célèbre est celui de la mosquée Siddi Saiyyed à Ahmedabad, au Gujarat. C’est une version indienne du moucharabieh (mašrabīya, مشربية) arabe.
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Mar 5, 2011 | Histoires de gens |
Voici le temps où je n’ai plus à me plaindre de n’avoir rien à dire… Deux histoires qui se profilent, des mots qui s’assemblent, des bribes de scenarii qui s’agencent comme un désir fulgurant. Je ne prévois pas de dormir plus que de raison ces prochains temps. J’ai repris des forces ces derniers jours, l’air de rien, l’air de ne pas y toucher, les touches me glissent sous les doigts et puis pourquoi pas une seule histoire après tout. Il faut que je recherche dans les tréfonds de mon âme et de mon histoire personnelle pour retrouver une telle émotion, une telle envie de puissance, même si en apparence tout tend à démontrer le contraire. Rien ne va très bien, mais d’expérience, je sais que ce sont des moments de crise que surgissent les événements les plus importants d’une histoire. A moi de provoquer le destin.
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J’aime bien prendre la catastrophe de la Tunguska comme une métaphore de ce qui arrive parfois dans un parcours. Un événement surgi de nulle part dévaste tout, sans raison apparente et sans cause connue. La catastrophe détruit tout dans un rayon de 20 kilomètres, occasionne des dégâts sur plus de 100 et se fait entendre sur plus de 1500… et tout le monde s’en contrefout car il n’y a rien de connu au milieu de cette nature, rien qui ne soit cher à qui que ce soit. Tunguska, c’est un Hiroshima à l’envers ; une catastrophe dont on se fout n’est plus une catastrophe, c’est juste un événement isolé.
C’est la loi du témoignage. Si personne n’est là pour attester d’un fait, le fait n’existe pas. Pour qu’il y ait un assassinat, il faut être trois. Un assassin, une victime et un témoin. Sans témoin, ce n’est pas un assassinat, c’est une disparition et il n’en reste plus qu’un. Qui était là pour attester du meurtre d’Abel par son frère ?
Abel et Cain par Tintoretto (Jacopo Robusti)
La loi du témoignage nécessite toujours d’avoir quelqu’un pour attester. J’aime beaucoup ce mot, attester. Il porte en lui une certaine solennité, un je-ne-sais-quoi d’à la fois pompeux et de grave. De la même manière, on pourrait dire également que l’amour n’existe pas à deux mais à trois. Un amant, une amante (ou un autre amant, ou deux amantes…) et un jaloux, ou éconduit… Le troisième vient attester du fait que les deux autres s’aiment et fonde leur amour en en étant exclu. L’aigreur de l’amoureux éconduit est le témoignage de l’amour universel. Existe-t-il en dehors de cela ?
Y aurait-il des malades s’il n’existait pas de médecins ?
Y aurait-il la paix s’il n’y avait pas eu des guerres ?
Aurait-on des vacances si on ne travaillait pas ?
Et surtout l’amour existerait-il réellement s’il ne contenait pas déjà en lui-même sa propre déception ?
…
Je crois également que l’oubli a un rôle à jour dans cette loi, l’oubli et le souvenir. Ce qui s’oublie par manque d’intérêt peut très bien ressurgir lorsque la mémoire collectée refait surface. On croit que les histoires d’un petit village l’ont plongé dans l’anonymat, mais quelqu’un sort de son carton de vieilles cartes postales jaunies, toutes droit sorties d’un autre temps, d’une autre réalité. Les histoires sont retrouvées, les langues se délient, tout à coup on se souvient de Mr Machin qui était un sacré bonhomme et qui collectait les bouteilles en verre consignées et de cette petite place sur laquelle il y avait une fontaine, et qu’on a rasé car elle menaçait de s’effondrer. Mais le souvenir est là, dans sa latence et il n’attend qu’un petit déclenchement pour surgir, comme un événement, comme dans la toundra, au beau milieu de nulle part.
J’ai trouvé un peu par hasard ce blog : Les Abbesses de Gagny-Chelles. Le premier billet que j’y trouve s’appelle ainsi : Carte postale rare du tabac de l’Abbaye (Gagny Quartier du Chesnay) alors forcément, je ne peux m’empêcher de sourire un peu, légèrement ironique parce que comme tout le monde, je me dis mais qui cela peut-il donc intéresser ?, et en déroulant le fil, la réponse devient évidente.
J’ai lu les histoires de ces familles implantées dans ce quartier, la famille Bogastsheff, la famille Gromoff et son café, Félipa Munoz, la centenaire, j’ai lu toutes ces histoires, des histoires communes, personnelles, de famille qui ont traversé notre histoire contemporaine. La mémoire collectée et retranscrite fonde leur anonymat comme une histoire. Le témoignage donne consistance à l’oubli et l’événement surgit…
La loi du témoignage est également une loi qui a une forte valeur en art. L’artiste est également témoin, il atteste d’une réalité qui peut paraître inconnue tant que celle-ci n’est pas attestée au travers de son œuvre. C’est ainsi que le réalité de certaines œuvres d’art paraît plus réelle que la réalité elle-même. Le rôle de l’artiste est d’apporter foi en ce que nous ne connaissons pas encore. Étrangement, le Stetind de Peder Balke semble prendre plus de réalité, plus de corps et d’épaisseur que la montagne elle-même…
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Feb 27, 2011 | Arts, Sur les portulans |
Au gré de mes recherches dans Paris, de ce temps que je mets à contribution pour m’enrichir et ressortir de ces promenades aussi émerveillé qu’un gamin un lendemain de Noël, je découvre ou plutôt redécouvre ces lieux de mémoires oubliés. Par je ne sais quelle circonvolution ou circumambulation, j’arpente des lieux au hasard de mes rencontres. Tout d’abord, coincé entre les gyros et les petits restaurants étriqués de la rue Saint-Séverin, parmi les odeurs d’épices et de poisson qui, dès le matin, chatouillent les sens, j’emprunte la rue Galande et me retrouve nez à nez avec le chevet de l’église Saint-Julien-le-Pauvre. Malheureusement, elle n’était pas encore ouverte lorsque je suis passé. Ce n’est pas un hasard si les Grecs et les moyen-orientaux de Paris se retrouvent ici, car son culte est greco-melkite, un culte orthodoxe dont la plupart des fidèles sont originaires de Syrie, de Jordanie, du Liban et de Palestine. C’est également une des plus vieilles églises de Paris, car son aspect actuel date du XIIIè siècle ; on peut y voir sur le flanc sud ce qui reste de l’ossuaire, constitué d’une dizaine d’arches dans lesquelles on enterrait les corps des défunts jusqu’à il n’y a pas si longtemps que ça.
En reprenant ensuite le boulevard Saint-Germain, je suis arrivé au chevet de l’église Saint-Nicolas du Chardonnet qui m’a souvent intrigué par son aspect très baroque. Elle n’a à mon sens que peu d’intérêt à l’intérieur, si ce n’est le superbe cénotaphe que Charles le Brun a conçu pour sa mère et la chapelle de la Vierge, construite dans un étrange style byzantin détonnant un peu avec le reste du bâtiment. A la sortie de l’église, une fille assez grande au visage fermé, les cheveux en bataille, attendait en fumant une cigarette, donnant au lieu un petit air de lieu de rencontre clandestin, un je-ne-sais-quoi de secret et un rien tentateur…
J’ai filé ensuite vers l’Institut du monde arabe en bifurquant par la rue de Poissy et en remontant les quais de Seine, face à la Tour d’Argent, encore fermée à cette heure là. Toujours étonnant ces restaurants où le menu n’est pas affiché sur la devanture… Le ciel était couvert, sombre, laissant à peine passer quelques rayons de soleil, une soleil brut et métallique qui donnait un aspect froid à la façade décorée d’iris géométriques. Quelques gouttes sur le coin du nez… Un temps gris de Paris… Après avoir visité les collections Khalili avec mon fils émerveillé, je me suis rendu à la Mosquée. Sans y avoir pensé au préalable, je suis arrivé en pleine heure de prière. La caisse était fermée et je me suis retrouvé fort démuni face à une porte ouverte, une caisse muette, et des gens qui affluaient de toutes les directions. Un monsieur d’une soixantaine d’années m’a demandé ce que je cherchais et lorsque je lui ai dit que je préparais une visite pour des jeunes gens en réinsertion professionnelle… il m’a pris le bras et m’a fait visiter, en me larguant au milieu de la cour principale, car il devait aller prier. Je lui ai demandé s’il travaillait ici. Non, me répondit-il, il n’était qu’un simple fidèle parmi les fidèles.
Entre deux lumières, entre deux ombres, j’ai repris la route du retour avec dans la poche le secret de ces jours pendant lesquels la réalité s’estompe pour dévoiler un passé qu’on a du mal à s’approprier. J’essaie également de me répéter ces mots de la chahada que j’essaie d’apprendre, mais que par manque de foi peut-être, je n’arrive pas à retenir car ils sont trop éloignés de ma réalité:
اشهد ان لآ اِلَـهَ اِلا الله و أشهد ان محمدا رسول الله
Achhadou an lâ ilâha illa-llâh, washadou ana muhammad rasûlu-llâhi
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