Car­nets de traverse

Voi­ci un site qui a le mérite de nous emme­ner voya­ger dans un écrin luxueux dans une sorte de joie entrai­nante. Pour un peu on sen­ti­rait presque l’o­deur de cuir d’une cou­chette de train ou l’o­deur des bulles d’une bière hol­lan­daise, un jour de pluie. D’Hel­sin­ki à Suma­tra en pas­sant par Amster­dam, voi­ci un car­net de voyage plein de charme. Car­nets de tra­verse.

Read more

Flo­rian Affler­bach, le perfectionniste

Éton­nam­ment, j’aime peu les artistes qui croquent des sujets vivants, les des­sins inva­ria­ble­ment mou­vants de ces artistes de la chair m’ennuient.
Flo­rian Affler­bach, lui, est un des­si­na­teur de lieux, de bâti­ments, il recense les styles, les trient par genre et par fonc­tion, va même jus­qu’à cro­quer des voi­tures, mais il le fait avec une telle maes­tria qu’on le lui par­don­ne­rait (presque)…

Via Arts­kills.

Read more

Mini­ma­liste du dimanche soir au rythme d’un kidung, à Pujung ou à Sawan #10

Dire que j’é­cris peu est un euphé­misme. Je n’é­cris pas du tout. L’autre jour, et l’autre encore, à deux reprises, mon jour­nal a resur­gi de mon havre­sac pour m’é­cou­ter parler.
Le pre­mier jour, je n’ai fait que bavas­ser et répé­ter encore et tou­jours les mêmes lita­nies. Le second jour, j’ai véri­ta­ble­ment écrit. J’ai écrit à pro­pos d’une femme qui se trou­vait dans le train, face à moi tan­dis que j’al­lais au tra­vail. Elle était blonde, avait de beaux yeux bleus, la peau hâlée et elle por­tait une veste en toile blanche sur un cache-cœur tur­quoise et cho­co­lat. Elle devait avoir mon âge et avait dans le regard suf­fi­sam­ment d’in­ten­si­té pour atti­rer mon atten­tion, et un je-ne-sais-quoi de désa­bu­sé qui m’a fait me détour­ner de ma lec­ture. Une seule bague assez grosse mais sobre. Il s’est pas­sé quelque chose.
Je pense que c’est à ce moment-là que j’ai com­pris qu’il fal­lait que je m’y remette. J’aime l’i­dée que cette phrase puisse être assez équi­voque pour faire sourire.
Alors, je suis par­ti du prin­cipe qu’il fal­lait que j’é­crive de manière sui­vie, rela­ti­ve­ment intense, qu’il fal­lait pour cela que je me plie à un exer­cice de dis­ci­pline, et cette his­toire pour­rait être le début d’une autre his­toire, à la manière des contes enchâs­sés des Mille et une nuits (écoute bien la sono­ri­té de ce titre en arabe: ألف ليلة وليلة, Elf laï­la wa laï­la). Alors je ne sais pas bien pour com­bien de temps ni pour­quoi, mais je sais qu’il faut que je recom­mence à écrire.
Le poi­son coule à nou­veau dans mes veines, et l’an­ti­dote est au bout de mes doigts.

[audio:gong.mp3]

Je crois que je me cherche encore, comme si mon iden­ti­té était en constante mou­vance, dans un flou que je n’ar­rive pas à cer­ner moi-même. La ques­tion du bon­heur est au centre de tout ceci, et consti­tue une quête dans laquelle on a des rêves à tuer, d’autres à faire naître et d’autres encore à entre­te­nir. Mais après tout, c’est cer­tai­ne­ment mieux que de ne pas savoir ce qu’on veut ou de res­ter atten­tiste, non ? Ce qui est plai­sant, c’est que le monde est rem­pli d’his­toires et lorsque soi-même on ne sait plus se les racon­ter, il y a tou­jours plein d’his­toires à dis­po­si­tion pour s’en satis­faire. Les his­toires, les racon­ter ou les écou­ter, le seul moyen de ne pas s’en­dor­mir en silence. Ce n’est pas pour rien que les enfants les attendent tous les soirs.

Demain sera un jour nou­veau, un énième jour dont je ne sau­rais peut-être pas quoi faire. J’é­cri­rai cer­tai­ne­ment quelques petites his­toires dans mon jour­nal et je com­men­ce­rai L’art du haut Moyen-Age de Pio­tr Sku­bis­zews­ki que je traine comme une âme en peine depuis que j’ai com­pris qu’il était épui­sé et qu’il fau­drait pour l’ins­tant me conten­ter de cette édi­tion que j’ai emprun­té à la bibliothèque.

Quand j’é­tais étu­diant, j’é­cou­tais jusque tard dans la nuit des sta­tions de radio impro­bables, et notam­ment une sur laquelle quelque fois on arri­vait à entendre les per­cus­sions bali­naises, des rythmes com­plè­te­ment étran­gers, des sono­ri­tés criardes et répé­ti­tives. C’est ce que je vou­lais retrou­ver pour ce billet qui est tout de même le deux-cen­tième de ma collection.

Read more

Mini­ma­liste du same­di matin #8

Per­du entre les insom­nies et les déserts que je tra­verse seul, bâton de pèle­rin à la main, quelques bou­quins dans l’autre main, je tente de recons­truire des pans d’his­toire effon­drés comme d’im­menses falaises, l’his­toire avec un petit “h”. Les mots reviennent sur mon jour­nal à un rythme dou­ce­reux, à pas de velours, je ne brusque rien, je suis en ter­rain miné. Chaque faux pas peut m’ar­ra­cher une jambe. Tous les jours, même lorsque je suis en dehors de ces murs, je viens faire un tour du côté de chez moi, je regarde mes mots, mes choix de pho­tos, mes notes et je les appré­cie. Il semble que j’ai fina­le­ment réus­si à créer ce que je vou­lais, une sorte de moles­kine en ligne, un car­net de note amé­lio­ré sur lequel on pour­rait sen­tir les traces de ma cal­li­gra­phie sous les mots.
[audio:grandcentralptii.xol]

Dj Sprinkles — Grand Cen­tral, Pt. II
Mid­town 120 Blues (Mule Musiq, 2009)

Depuis 2003,  je cher­chais une forme qui fasse office de car­net de notes en ligne ; le voi­ci. Voi­ci son for­mat, il tient dans la poche du monde, à l’ins­tar de ces war­logs qu’é­cri­vaient les mili­taires amé­ri­cains au début des années 2000 et qui ont don­né leur nom au blog, sinon ses lettres de noblesse. Rien n’est moins inté­res­sant que les diva­ga­tions d’un bidasse affa­mé envoyé à l’autre bout du monde. A l’op­po­sé de cela, je trouve Daniel Cor­dier, qu’on a pu voir sur France 5 ces der­niers temps (inter­view) et qu’on peut lire éga­le­ment dans les lignes du der­nier livre de Georges-Marc Ben­ha­mou. Cor­dier a 90 ans. Il porte sur son visage les traces du poids qu’il devait por­ter tan­dis qu’il était secré­taire de Jean Mou­lin, cet homme excep­tion­nel dont il raconte qu’il ne savait même pas le nom jus­qu’à ce qu’il se fasse arrê­ter par la Ges­ta­po. Cor­dier a tra­ver­sé les années et nous offre le récit poi­gnant et par­fois rigo­lard d’un ancien mau­ras­sien conver­ti à la Résis­tance, por­té par un Régis Debray (inter­view) à l’é­coute, silen­cieux, com­plice. Il laisse l’homme par­ler, s’ef­face, fait signe au camé­ra­man de cou­per quand la voix de Cor­dier s’é­touffe dans un san­glot, le sou­tient d’une main sur l’é­paule. Deux fois, j’ai regar­dé ce docu­men­taire. Deux fois j’ai pleu­ré parce que mon his­toire per­son­nelle, mais aus­si l’his­toire de mon pays et de ceux qui sont venus avant moi était encap­su­lée dans tout ceci.

Je suis épui­sé de cette semaine, éprou­vé, les nerfs à vif. Envie de dou­ceur, de calme, de bord de mer, de voyage, de départ, d’o­deurs salés d’herbes et de nature, de choses légères, d’un ciel trop haut, d’ap­prendre aus­si, encore, tou­jours, me confondre dans une tour­billon de toutes ces petites choses qui aujourd’­hui me construisent.

Read more

Pause déjeu­ner

(Glam Moles­kine n°42) Par­fois, le midi, quand les autres parlent bou­lot, je reste à mon bureau et je des­sine ce que je vois. Contrai­re­ment à pas mal d’autres acti­vi­tés, celle-ci prend du temps.

Rue Louis Rouquier

Read more