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Une pho­to mys­tère venue de Guyane

Une pho­to mys­tère venue de Guyane

Une pho­to mys­tère, une pho­to mys­té­rieuse. Au beau milieu des albums pho­tos de mon grand-père, des cli­chés qu’il a pris en Guyane lors de l’u­nique dépla­ce­ment qu’il a effec­tué sur ce petit bout de terre fran­çaise à l’autre bout du monde, se trouve cette pho­to. Au beau milieu des pho­tos de pay­sages, des abords de la base de lan­ce­ment de Kou­rou, des pho­tos de fleurs exo­tiques aux allures de vulves impro­ba­ble­ment ouvertes, se trouve ce cli­ché repré­sen­tant un homme et une femme à la peau noire, au devant d’une scène qui repré­sente cer­tai­ne­ment un vil­lage fores­tier au beau milieu de la forêt guya­naise. Peu d’in­dices, somme toute. Le voyage de mon grand-père remonte à 1983, j’a­vais neuf ans. Il en rap­por­té plein de sou­ve­nirs, des bou­teilles de rhum guya­nais, des fleurs en plumes d’i­bis pour ma grand-mère, cer­tai­ne­ment aus­si des fruits qu’il rame­nait par kilos entiers, des choses aux formes impos­sibles à décrire et qui fai­sait mon bon­heur de petit gar­çon. Pre­mier contact par pro­cu­ra­tion avec un monde que ne soup­çon­nais même pas.

Il me semble que je suis tom­bé plu­sieurs fois sur cette pho­to en feuille­tant les dizaines d’al­bums pho­tos qu’il y a chez mes grands-parents, et même si j’ai déjà dû poser la ques­tion à mon grand père, je n’ai pas le sou­ve­nir du pour­quoi de cette pho­to. Je sais qu’il a pas­sé quelques jours dans la forêt guya­naise, qu’il a dor­mi à la belle étoile et il m’a racon­té plu­sieurs fois com­bien il avait mal dor­mi sous ces gigan­tesques mous­ti­quaires, dans une atmo­sphère satu­rée d’hu­mi­di­té et pois­seuse, avec tous ces bruits inquié­tants, les tou­cans avec leur cris de bête qu’on égorge et sur­tout les singes qui se bat­taient dans les hautes branches d’arbres mas­to­dontes… sans par­ler des nuées d’in­sectes géants cris­sant pen­dant qu’il essayait de trou­ver le sommeil.

Cet homme est-il leur guide ? Est-il un chef de vil­lage qu’ils ont tra­ver­sé pen­dant leur esca­pade le long du Maro­ni ? Je n’en sais plus rien, mais connais­sant mon grand-père, c’est for­cé­ment une de ces rai­sons. Il a vou­lu fixer sur la pel­li­cule le visage d’un homme qu’il a côtoyé, for­cé­ment. Si l’on regarde atten­ti­ve­ment la pho­to, l’homme porte un de ces maillots de bain tels qu’on pou­vait en por­ter dans les années 70 ou 80. Est-ce l’é­ti­quette qui res­sort sur le côté droit ? La ficelle qui pend sur le devant ? Une che­va­lière est visible sur son annu­laire gauche. Il a le che­veu pas trop court, et porte des pattes, une mous­tache fine. Tout semble dire que l’homme est bien de son époque, mais rien n’in­dique son iden­ti­té, ni son sta­tut… Seule sa pos­ture tra­duit une cer­taine assu­rance. Ce mys­tère res­te­ra un mys­tère, rien ne pour­ra plus désor­mais lever le voile.

La pho­to est pas­sée, jau­nie, elle vire au rouge, mais j’aime bien son cadrage, l’ins­tan­ta­né de la situa­tion et sur­tout son mys­tère inson­dable. Je viens de la scan­ner pour la faire bas­cu­ler du côté de l’é­ter­ni­té. A pré­sent, je peux la remettre à sa place, dans son album, celui qui porte le numé­ro 07 et dont l’ins­crip­tion à l’in­té­rieur indique : Guyane, 1983. Je referme l’al­bum, jus­qu’à la pro­chaine photo.

Guyane

Guyane, 1983

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Trèves (Trier) sur la Moselle, la plus ancienne ville d’Allemagne

Trèves (Trier) sur la Moselle, la plus ancienne ville d’Allemagne

En sor­tant de Vian­den, je vou­lais reve­nir en Alle­magne, pro­fi­ter d’être dans les parages pour nager sur cette fron­tière incer­taine que je n’ai pas arrê­té de tra­ver­ser toute la jour­née. C’est sur la fron­tière et non pas de chaque côté qu’il se passe réel­le­ment quelque chose, que les iden­ti­tés se brouillent et se dépar­tagent pour refon­der quelque chose de nou­veau, que les cer­ti­tudes que l’on a d’être soi se dépar­tissent de leur ori­peaux. Je vou­lais res­sen­tir cette sen­sa­tion étrange encore une fois, alors j’ai pris les che­mins de tra­verse, les petites routes pas­sant dans des vil­lages insi­gni­fiants pour celui qui est en mal de sen­sa­tions mais où l’âme est cer­tai­ne­ment la plus pure de tout pré­ju­gé. J’ai l’ha­bi­tude de dire que c’est lors­qu’il ne se passe rien que les révo­lu­tions sont en marche. C’est la même chose pour les lieux ; c’est là où il ne se passe rien que j’aime musar­der, parce que je suis cer­tain d’y trou­ver quelque chose.

A la découverte de Trier (Allemagne) - 001 - Route de Trier

A la découverte de Trier (Allemagne) - 028 - Porta Nigra

En arri­vant aux portes de Trèves, je des­cends une grand côte qui me donne une vue spec­ta­cu­laire sur ce qu’est la ville ; quelques flèches annoncent de grandes églises au clo­cher poin­tu, noyées dans un urba­nisme dense et com­plexe. Je ne sais pas ce que je vais décou­vrir là, mais je fais plu­sieurs fois le tour du centre sans arri­ver à m’en rap­pro­cher. Des rues pié­tonnes en entravent l’ac­cès, appa­rem­ment dans une volon­té d’en vider la cir­cu­la­tion. Quelques places modernes où trônent un ciné­ma, un centre com­mer­cial, rien de très typique, rien de très exci­tant, à part peut-être une jeu­nesse désin­volte qui arpente les petites rues et pro­fite de la tem­pé­ra­ture encore clé­mente. Je finis par trou­ver de quoi me garer sur une grand artère où l’on trouve quelques hôtels un peu cos­sus, Chris­tophs­traße. Inévi­ta­ble­ment, je tombe sur ce superbe monu­ment qui devait autre­fois fer­mer la ville et qui remonte à l’é­poque romaine tar­dive ; la Por­ta Nigra. Son nom fait réfé­rence à la cou­leur de sa pierre, qui sans être véri­ta­ble­ment noire est recou­verte d’une patine fon­cée pré­sente depuis quelques cen­taines d’an­nées. Il paraît que le moine Siméon (un ermite ayant trou­vé refuge à Beth­léem et sur le Mont Sinaï) s’y fit enfer­mer jus­qu’à sa mort en 1035. Drôle d’i­dée que de quit­ter les cha­leurs de la Judée pour venir se faire enfer­mer dans un monu­ment romain, en pleine val­lée mosel­lane où la neige doit tom­ber drue l’hi­ver. Une église fut construite pour célé­brer le saint, puis détruite par Napo­léon pour lui rendre son aspect romain. Ce qui attire mon atten­tion immé­dia­te­ment, c’est la taille gigan­tesque des pierres qui com­posent l’é­di­fice ; on n’est pas face à de la bri­quette, ni même à de la belle pierre de taille, mais face à des blocs énormes taillés de manière grossière.

A la découverte de Trier (Allemagne) - 007 - Hauptmarkt

A la découverte de Trier (Allemagne) - 011 - Hauptmarkt

A la découverte de Trier (Allemagne) - 014 - Hauptmarkt

La nuit a fini par tom­ber et c’est dans un semi-soir rosé que je des­cends l’ar­tère de Simeons­traße, une longue rue com­mer­çante des­cen­dant jus­qu’à la place du mar­ché, la Haupt­markt qui paraît être le vrai centre névral­gique de la ville. Avec ses belles mai­sons hautes à fron­ton baroque, res­sem­blant fort aux aus­tères mai­sons fla­mandes, c’est une place magni­fique que la lumière rend irréelle. Ici un carillon sonne l’heure, accro­ché à la façade d’un café, ici une église se cache dans un recoin, sous un por­tique où vous atten­dant trois las­cars titu­bant, prêts à vous deman­der l’au­mône, gen­til chré­tien. Une magni­fique fon­taine trône sur le côté de la place, sur­mon­tée d’un saint que je ne prends pas la peine de détailler, peut-être Saint Siméon, peut-être pas. Les saints me sortent par les yeux et ne sont que les signes d’un temps révo­lu dont je veux m’ex­traire. Je ne regarde plus que les cou­leurs de pein­tures, les dorures, les courbes des mai­sons hautes et ce pavé gros­sier qui ondule sous les pas. Je détourne le regard de ces vitrines flam­boyantes où les marques s’af­fichent comme dans tous les centres-villes désor­mais. La fla­gor­ne­rie du monde moderne.

A la découverte de Trier (Allemagne) - 018 - Dom Trier

A la découverte de Trier (Allemagne) - 020 - Dom Trier

A la découverte de Trier (Allemagne) - 022 - Dom Trier

A la découverte de Trier (Allemagne) - 024 - Dom Trier

A la découverte de Trier (Allemagne) - 025 - Dom Trier

En contour­nant la place, mon regard est atti­ré par une flèche qui dépasse du pay­sage. Une petite rue part sur ma gauche et rejoint une autre place, de belles dimen­sions. Je trouve ici deux églises col­lées l’une à l’autre, deux grosses églises, impo­santes, de dimen­sions telles qu’on pour­rait les croire cathé­drales… La plus grande, avec sa façade aus­tère, son évident style roman, ses deux beaux gros clo­chers et ses étranges tou­relles d’angles est assu­ré­ment un monu­ment puis­sant et ancien. Une chose m’é­tonne tout de suite. On est mani­fes­te­ment du côté de l’en­trée de l’é­glise, du côté ouest, mais un ren­fle­ment dans la struc­ture indique qu’il y a comme un chœur de ce côté-ci, ce qui est vrai­ment inha­bi­tuel. Les arcades en façade et les arcs en pierre de dif­fé­rentes cou­leurs donnent l’im­pres­sion d’être face à un monu­ment roman du sud de la France. La com­pa­rai­son me vient immé­dia­te­ment avec l’é­glise de Saint-Nec­taire. Je n’y m’y suis pas trom­pé, c’est bien une cathé­drale, la cathé­drale Saint-Pierre de Trèves. Le nom de son patron indique une auto­ri­té supé­rieure, mais son petit nom, celui qu’on lui donne ici est tout sim­ple­ment Dom Trier. Je m’ex­ta­sie éga­le­ment sur le por­tail his­to­rié de sa voi­sine, l’église Notre-Dame-de-Trèves, qu’on appelle plu­tôt Lieb­frauen­kirche. Plus élan­cée, moins large, moins mas­sive, tout indique qu’elle est tout de même ancienne. C’est une illu­sion, elles ont été construite à la même période, à la moi­tié du XIIIè siècle. L’ef­fet est sai­sis­sant car ces deux églises dont la date de début des tra­vaux est 1235 sont en réa­li­té dans deux styles dif­fé­rents ; la pre­mière en style roman, la seconde dans un gothique pri­mi­tif. Ma frus­tra­tion est énorme car il est tard et les deux églises sont fer­mées depuis plus d’une demi-heure ; je rêve d’un monde où les églises seraient ouvertes la nuit, comme au Moyen-âge où l’on pou­vait y entrer à n’im­porte quelle heure, ouvertes aux quatre vents et dénuées de ces hor­ribles bancs en bois qui brisent la pers­pec­tive et en feraient oublier cer­tains pavages par­fois plus inté­res­sants que les pla­fonds. A part reve­nir demain, je ne vois pas com­ment faire. Reve­nir dans une autre vie ? Ce serait trop idiot. On en sait jamais si on revien­dra dans ses pas, à moins de le dési­rer très fort.

Je retourne vers la Por­ta Nigra car mon esto­mac me fait vio­lence et je me mets en quête d’un res­tau­rant. Une gar­gote un tan­ti­net bour­geoise me fait de l’œil, mais les prix pra­ti­qués me cou­pe­raient presque l’ap­pé­tit. J’ai fina­le­ment trou­vé, dans un endroit tota­le­ment impro­bable, une bras­se­rie moderne, à deux pas de la Por­ta Nigra, mais com­plè­te­ment cachée, cette enseigne qu’on peut trou­ver en entrant dans la cour du cloître qui porte le nom de Simeons­tift­platz. La bras­se­rie Brun­nen­hof pro­pose des plats copieux et fins pour une dizaine d’eu­ros, à l’a­bri du vent mau­vais qui souffle le soir, dans un lieu cap­ti­vant, un ancien cloître illu­mi­né et d’un calme ines­pé­ré au beau milieu de la ville. J’y ai man­gé une fine tranche de sau­mon cuite en papillote, avec des zestes de citron et une poê­lée de légumes, accom­pa­gnée d’une pinte de la bière locale, la Bit­bur­ger (Bitte ein bit ! dit le slo­gan). Je ne cache pas que mes trois mots d’al­le­mand ne m’ont pas beau­coup ser­vi pour tra­duire le menu et pas­ser la com­mande auprès du gar­çon. On m’a­vait pour­tant juré qu’a­vec la proxi­mi­té de la fron­tière fran­çaise et luxem­bour­geoise, les gens par­laient for­cé­ment quelques mots de fran­çais. Tu parles… Une bonne dose de bonne volon­té de sa part et une ten­ta­tive de la mienne à par­ler anglais sont venus à bout de la com­mande. Pas­sée l’é­mo­tion, je me suis vau­tré dans mon fau­teuil pour pro­fi­ter de l’air frais de cette belle soi­rée d’oc­tobre, en siro­tant ma bière gla­cée sous l’ombre impo­sante de la Por­ta Nigra, légè­re­ment ivre de fatigue, ivre de vivre cet ins­tant déli­cat et somptueux.

A la découverte de Trier (Allemagne) - 034 - Dom Trier

A la découverte de Trier (Allemagne) - 035 - Dom Trier

Je ne pou­vais tout sim­ple­ment pas en res­ter là. Après être ren­tré tard sur une route que j’ai eu du mal à appri­voi­ser, je me suis levé avec une seule idée en tête… déjeu­ner au beau milieu de ces visages sans âme de l’hô­tel Double Tree, ces couples muets et bla­fards, ces retrai­tés gouailleurs, pour repar­tir vite fait vers Trier. Sous un ciel bileux qui s’est décou­vert au fur et à mesure, j’ai décou­vert l’autre ver­sant du Dom Trier ; son che­vet baroque, tout en ron­deur et que j’al­lais décou­vrir de l’in­té­rieur, le tré­sor qui s’y cache, et son impo­sante sta­ture, avec ses angles nets, et deux autres clo­chers mas­sifs et carrés.

A la découverte de Trier (Allemagne) - 039 - Dom Trier

A la découverte de Trier (Allemagne) - 042 - Dom Trier

J’ai décou­vert à l’in­té­rieur un autre monde, la rudesse et la fan­tai­sie alle­mande, le contre-poids entre la Réforme et la Contre-Réforme, la séche­resse et la gau­driole. Dans ce qui me parais­sait être une chœur à l’en­trée en est peut-être un, je n’en sais rien, mais son pla­fond en demi-cou­pole est ornée d’une superbe déco­ra­tion de plâtres fine­ment exé­cu­tés, sur un fond bleu roi, don­nant au tout une étrange impres­sion de camée, appor­tant une lumière écla­tante de crème Chan­tilly tout juste battue.

A la découverte de Trier (Allemagne) - 037 - Dom Trier

A la découverte de Trier (Allemagne) - 047 - Dom Trier

Au beau milieu de la nef trône dans les airs les plus belles des orgues, sus­pen­dues en l’air ; on appelle ça des orgues en nid d’hi­ron­delle. Celles-ci ont la par­ti­cu­la­ri­té d’en avoir éga­le­ment la cou­leur. D’une beau­té épous­tou­flante, d’une har­mo­nie gra­cieuse et presque hau­taine, c’est de loin le plus beau buf­fet d’orgues que j’ai jamais vu.

La crypte, comme sou­vent les cryptes, n’a pas grand inté­rêt, si ce n’est que j’y découvre des cuves en étain conte­nant cer­tai­ne­ment de l’eau bénite et dont je n’ar­rive presque pas à lire les éti­quettes. C’est trop peu évident pour moi et je ne cherche pas à com­prendre ce que cela peut vou­loir dire. Je m’en éton­ne­rai plus tard.

A la découverte de Trier (Allemagne) - 057 - Dom Trier

La véri­table sur­prise de cette jour­née, c’est l’ab­side, celle que j’ai vue de l’ex­té­rieur, car elle contient quelque chose d’u­nique. On y trouve, enfer­mée, enchâs­sée dans une gangue de verre, hors de por­tée de mains, et de fidèles, la très sainte et très véri­table tunique du Christ. Enfin une des véri­tables. Car il en existe plu­sieurs. Les mau­vaises langues diront que le fait qu’il en existent plu­sieurs est le déter­mi­nant même du fait qu’elles sont toutes fausses, c’est ce qu’on appelle la délé­gi­ti­ma­tion mutuelle. Mais c’est sans comp­ter que le Christ avait peut-être un dres­sing avec plu­sieurs tuniques, qu’on a toutes retrou­vées. Plus sérieu­se­ment, les deux tuniques “sérieuses” sont ici, et à… Argen­teuil, à deux pas de mon lieu de tra­vail, dans la Basi­lique. J’y suis allé un midi, mais je ne l’ai jamais trouvée…

A la découverte de Trier (Allemagne) - 062 - Cloître du Dom Trier

A l’ex­té­rieur, un cloître magni­fique entoure un jar­di­net dans lequel sont enter­rés des pré­lats qu’on ima­gine impor­tants et d’où l’on peut voir l’im­po­sante église sous un autre angle. Dans une des ailes, une plaque en cuivre ajou­rée annonce qu’i­ci se trouve un ossuaire… De quoi faire trot­ter l’imagination.

A la découverte de Trier (Allemagne) - 069 - Liebfrauenkirche

A la découverte de Trier (Allemagne) - 071 - Liebfrauenkirche

On entre ensuite dans la Lieb­frauen­kirche, étrange église construite sur un plan de croix grecque, ce qui est pas­sa­ble­ment éton­nant pour une église gothique, alors que les églises romanes étaient déjà construite sur un plan de croix latine. Ses vitraux lumi­neux et son pla­fond fleu­ri sont du plus bel effet et son plan ramas­sé lui donne une impres­sion de légè­re­té et d’é­troi­tesse que sa hau­teur élève vers… le Très-Haut ?… Je n’ai rien trou­vé d’autre à dire. Sans me sen­tir écra­sé par la puis­sance mys­tique des deux églises, je sens quand-même que le lieu dégage une cer­taine aura, peut-être un peu accen­tuée par la pré­sence de nom­breuses per­sonnes venues visi­ter ces deux églises, en pleine période automnale…

A la découverte de Trier (Allemagne) - 075 - Konstantin Basilika

A la découverte de Trier (Allemagne) - 078 - Konstantin Basilika

A la découverte de Trier (Allemagne) - 081 - Konstantin Basilika

Dans les rues, de grandes mai­sons ornées de por­tails impo­sants, sur­mon­tés d’é­cus­sons tenus par des lions debout donnent une impres­sion de richesse à la ville. Je marche jus­qu’à un autre monu­ment que je ne pour­rais mal­heu­reu­se­ment pas visi­ter, car fer­mé pour tra­vaux. C’est la Kons­tan­tin­ba­si­li­ka, une ancienne aula romaine ayant de ser­vi de salle du trône à Constan­tin, recon­ver­tie en église pro­tes­tante et dont la forme est stric­te­ment byzan­tine. On se croi­rait dans un fau­bourg d’Is­tan­bul. D’une rigueur extrême, impo­sant avec ses 67 mètres de long, ce bâti­ment nous vient tout droit de l’An­ti­qui­té et demeure le plus grand monu­ment encore intact qui nous soit par­ve­nu de cette époque. Son aspect dépouillé paraît conve­nir par­fai­te­ment à ses nou­velles fonc­tions de temple pro­tes­tant, mais la proxi­mi­té d’un palais baroque rose bon­bon col­lé sur son flanc, construit par Lothaire de Met­ter­nich au XVIè siècle, gâche un peu l’en­semble. Aus­si bien les Alle­mands sont capables du meilleur goût que par­fois leurs choix esthé­tiques sont hasar­deux. En l’oc­cur­rence, com­ment s’en sen­tir res­pon­sable lorsque ledit bâti­ment a 400 ans ?

A la découverte de Trier (Allemagne) - 088 - Hauptmarkt

A la découverte de Trier (Allemagne) - 091 - Hauptmarkt

A la découverte de Trier (Allemagne) - 093 - Hauptmarkt

A la découverte de Trier (Allemagne) - 094 - Hauptmarkt

A la découverte de Trier (Allemagne) - 095 - Hauptmarkt

Je n’ai plus beau­coup de temps à pas­ser ici. Je dois ren­trer ce soir, pas trop tard de pré­fé­rence, et pour l’heure, je dois aller dépla­cer la voi­ture si je ne veux pas me prendre une amende. Sur le che­min, j’ef­fleure à nou­veau les murs du Dom, je repasse par la Haupt­markt enva­hie de monde, fié­vreuse, entre dans Fleischs­traße (rue de la viande) et m’a­ven­ture jus­qu’à une bou­lan­ge­rie où j’a­chète bret­zels encore tout chauds, mar­zi­pans­tol­len et apfel­stru­del à empor­ter, mais je mets tel­le­ment de temps à choi­sir que j’ai l’im­pres­sion que son flegme alle­mand com­mence à bouillir sous son tablier bava­rois de pacotille.

Il fait encore beau pour un mois d’oc­tobre, le temps est même excep­tion­nel­le­ment doux pour la sai­son. Dans quelques semaines à peine, la région sera recou­verte par la neige et res­sem­ble­ra peut-être un peu à l’i­mage tra­di­tion­nelle qu’on se fait de l’Al­le­magne. Je n’ai pas vrai­ment pris le temps de par­ler avec les gens mais je res­sens plus la bar­rière de la langue qu’à Istan­bul, étran­ge­ment. Ce n’est cer­tai­ne­ment qu’une impres­sion, parce que les heures sont comp­tées, parce que le temps file à une vitesse incroyable. Il est temps pour moi de repar­tir. Je quitte la Haupt­markt et m’en­gouffre dans la der­nière rue dont je retiens le nom ; Wind­straße, la rue du vent qui longe le Dom, comme si on m’in­di­quait la sor­tie, ou peut-être ce qui me pousse à ne jamais res­ter en place, comme une méta­phore du pas­sage incer­tain dans les lieux qui m’ha­bitent et dans les­quels je n’ar­rive jamais à res­ter autant que je le souhaiterais…

A la découverte de Trier (Allemagne) - 098 - Windstraße

Voir les 98 pho­tos de cette jour­née à Trèves sur Fli­ckr.

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La terre rouge et les arbres égorgés

La terre rouge et les arbres égorgés

Paul Morand revient de Tom­bouc­tou, dans une France des colo­nies où l’ouest de l’A­frique n’est plus qu’une annexe fran­çaise, rava­gée par les mala­dies et la pire d’entre toutes : l’ex­ploi­ta­tion à tous les niveaux… Qu’il s’en désole ou pas, Morand pro­fite de ces trois mois de voyage sou­vent incon­for­table — on s’ha­bille tout de même tout de blanc pour les soi­rées chaudes chez les admi­nis­tra­teurs des régions fran­çaises —, il revient en pas­sant par la Côte-d’I­voire aux pré­misses de mars et s’é­mer­veille de la végé­ta­tion, pour­tant vic­time de ce qui res­semble à une catas­trophe éco­lo­gique. Il y a presque cent ans… Témoi­gnage d’un autre temps, tout en prose enlevée :

L’eau et le feu sont ce que j’aime le mieux au monde. Rivières noires, lourdes d’un liquide fon­cé, cou­leur de révé­la­teur pho­to­gra­phique et, en tra­vers, des cadavres d’arbres noyés. Bar­rages de jonc, filets d’herbes tres­sées pour prendre les pois­sons. Feux. Les indi­gènes ne défrichent pas à la hache comme nous, ni à la dyna­mite, comme les Cana­diens, mais sur­tout au feu. Au pied des arbres, ils allument des feux et bien­tôt la moelle brûle à l’in­té­rieur, et les fro­ma­gers, les aca­jous de vingt mètres se trans­forment en hauts four­neaux. On voit la fumée sor­tir par le faîte, comme d’une che­mi­née. Pour élar­gir la route, on en a abat­tu beau­coup. Beau­coup trop. Quelle dif­fé­rence avec les étroites per­cées de la forêt cam­bod­gienne ! Quels décombres végé­taux ! On dirait une catas­trophe de che­min de fer, des camions ren­ver­sés dans un fos­sé, des crânes de dino­saures, des ruines antiques (car beau­coup de racines étant aériennes, les troncs sont cou­pés à quatre ou cinq mètres au-des­sus du sol). Feuilles brû­lées, bana­niers cal­ci­nés et les feuilles jau­nies, retom­bées autour d’eux comme des robes à volants défraî­chis. Arbres égor­gés, abat­tus dans les bras d’autres arbres qui les retiennent, sus­pen­dus au-des­sus du vide. Par­fois avec toutes leurs racines en l’air et une tonne de terre rouge qui pend comme de la chair. On voit dans le sol les grandes cica­trices qu’ils ont lais­sés, en s’en arrachant.

Paul Morand, in Paris-Tom­bouc­tou, 1928.
Robert Laf­font, col­lec­tion Bouquins.

Pho­to d’en tête ©

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Indo­né­sie sonore #3 Bruits de la nuit et de la route

Indo­né­sie sonore #3 Bruits de la nuit et de la route

De mes esca­pades noc­turnes sur l’île de Bali, j’ai rame­né l’âme de la nuit et de la nature. Si les cam­pagnes sous nos lati­tudes sont loin d’être silen­cieuses, les nuits bali­naises sont de véri­tables concerts para­di­siaques et inquié­tants, où la voix des insectes se mélangent à celle des cra­pauds en plein ébats amou­reux, où l’eau est omni­pré­sente, ruis­se­lante, suin­tante, dégou­li­nante, rem­plis­sant des vasques servent à ali­men­ter des rizières sur­char­gées. Il suf­fit de croi­ser au détour d’un che­min le masque gri­ma­çant d’un dieu sau­vage à tête de singe ou de dra­gon, ou une fon­taine repré­sen­tant Gane­sha, le Sei­gneur des Caté­go­ries, au mieux de sa forme, puis­sant et débon­naire, assis sur une fleur de lotus ruis­se­lante, pour savoir qu’i­ci la nuit a des ver­tus hal­lu­ci­no­gènes. Un léger coup de fatigue vous tour­men­te­ra bien plus que la plus puis­sante des drogues et vous vous retrou­vez bien vite plon­gé dans le mys­ti­cisme de l’hin­douisme, en pleine forêt tropicale.

Appre­nons à écou­ter la pluie qui tombe drue, les cra­pauds qui s’a­dressent des com­pli­ments d’une rizière à l’autre, des coléo­ptères impos­sibles à iden­ti­fier stri­du­lant au point par­fois d’in­com­mo­der le pro­me­neur noc­turne tel­le­ment le son est puis­sant. Écou­tons aus­si, le temps d’une jour­née grise et chaude, les conver­sa­tions des deux chauf­feurs de taxi qui ne connaissent leur île qu’ap­proxi­ma­ti­ve­ment et qui, j’en suis per­sua­dé, se paient votre tête alors que vous vous deman­dez dans quelle embus­cade vous allez encore tom­ber, lorsque tout à coup, on fait un demi-tour spor­tif en plein milieu d’une route étroite entou­rée de ravines pleines d’eau. On s’en­tend dire dans un anglais approxi­ma­tif qu’il y a un bar­rage poli­cier sur la route et qu’on fait un long détour pour vous pro­té­ger de la police cor­rom­pue, alors qu’en réa­li­té c’est sur­tout leur peau tan­née qu’il essaie de sau­ver (pro­blème de licence ?).

Il faut savoir qu’U­bud est un vil­lage, très éten­du, que les dis­tances, si sur la carte ne paraissent pas si éloi­gnées, sont en fait très grandes. Mais pour évi­ter les routes — per­sonne ne songe vrai­ment ici à aller d’un point à un autre autre­ment que moto­ri­sé — il existe des petits che­mins qui tra­versent par­fois les jar­dins des hôtels, longent les rizières dans une nuit noire, par­fois s’ar­rêtent puis reprennent. C’est dans ces moments noc­turnes (on se couche tôt à Bali, le soleil aus­si) que je me suis per­du dans la nuit pour cap­tu­rer tous ces petits sons qui sont autant de sou­ve­nirs bien plus vivants par­fois que de simples photos.

Ganesh

Singe dans la forêt des singes

Petit singe

Palais d'Ubud

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Indo­né­sie sonore #2 Des monstres avec une fleur à l’oreille

Indo­né­sie sonore #2 Des monstres avec une fleur à l’oreille

L’Île des Dieux. C’est ain­si que Bali se défi­nit. La reli­gion y est par­tout pré­sente et nulle part ailleurs au monde on ne res­sent si fort la pré­sence des forces divines au tra­vers de la nature. Bénie entre toute, la petite île à la végé­ta­tion luxu­riante béné­fi­cie d’un cli­mat tro­pi­cal et océa­nique pro­pice à la pro­li­fé­ra­tion de mul­tiples espèces, d’arbres gigan­tesques, de mousses qui n’hé­sitent pas à colo­ni­ser le moindre petit espace pour­vu qu’il y ait du soleil, de la cha­leur et de l’hu­mi­di­té, pro­fi­tant des construc­tions en pierre vol­ca­nique pour s’ac­cro­cher et colo­ni­ser encore et encore. Un para­dis pour le règne végé­tal, dont les Dieux se sont empa­rés pour s’y ins­tal­ler. Pas éton­nant que dans cette enclave hin­douiste dans un cha­pe­let de plus de 17 000 îles où l’is­lam règne en maître sur 90% de la popu­la­tion, se soit vue attri­buer cette appel­la­tion qui n’a pas besoin d’ex­pli­ca­tion pour comprendre.

Monstre grimaçant à Ubud

Voi­ci un nou­veau par­cours sonore datant de février 2014, exclu­si­ve­ment réa­li­sé à Bali, regrou­pant les ambiances sonores de la petite ville d’U­bud où j’é­tais ins­tal­lé, et les deux étapes sacrées aux yeux des Bali­nais : la sainte source du Pura Tri­ta Empul de Tam­pak Siring et le temple de Gunung Kawi.

01 — Pre­mier jour à Ubud (1′20″)

Arri­vée à l’hô­tel, au bout d’un che­min qu’on ne peut emprun­ter qu’à pied, au bout d’une rizière. Un bon­heur indes­crip­tible dans cette grande chambre toute simple où dès le pre­mier soir, il pleut des trombes dans la touf­feur d’une jour­née intense. Pluie, oiseaux, insectes, vent, la nuit indo­né­sienne ne semble pas per­tur­bée par les élé­ments, tout y chante dans un concert désor­don­né et majestueux.

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02 — Les insectes et les oiseaux (1′00″)

Un concert impro­bable qu’on ne croi­rait pos­sible qu’au cœur de la jungle. Mais non, nous sommes ici en pleine ville. Les chiens y aboient de temps en temps, his­toire de don­ner le change et de ne pas trop dépay­ser. Par­fois une moto, une voi­ture, le vent dans les larges feuilles des pal­miers, et tou­jours cet arrière fond sonore, omniprésent.

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03 — Bruits de la rue à Ubud (1′00″)

Il s’y passe à la fois tout et rien. On parle ici la langue uni­fiée Baha­sa Indo­ne­sia. Dans la rue, lorsque vous avez l’au­dace de pro­non­cer deux ou trois mots d’in­do­né­sien, il n’est pas rare qu’on vous demande en retour “do you speak baha­sa ?”. Des bribes de conver­sa­tions aux­quelles on ne fait même plus atten­tion et qu’il faut savoir cap­ter comme de petites pépites ; voi­ci l’âme d’Ubud.

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04 — Des oiseaux et du vent dans les mobiles (0′42″)

On trouve par­tout ces petits mobiles en cannes de bam­bous qui se font cha­hu­ter par le vent et qui donnent à l’air une constante sono­ri­té renou­ve­lée. Les sons ne se res­semblent jamais. Cha­cun forme un ensemble qui se joue comme un sym­pho­nie à la fois com­plexe et d’une sim­pli­ci­té mystique.

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05 — Des oiseaux par­tout (0′46″)

Si on ferme les yeux et qu’on ne sait pas qu’on est à Bali, on pour­rait presque croire qu’on se trouve dans la cam­pagne fran­çaise avec ses tour­te­relles et ses petits bruits ano­dins. On est ici bien loin de Bali, peut-être à Chau­mont-sur-Tha­ronne, en Sologne ou dans le Perche…

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06 — Entrée dans la phar­ma­cie (0′10″)

Inévi­tables coups de soleil sous un ciel d’une traî­trise incroyable. Le pas­sage par la phar­ma­cie pour cal­mer la mor­sure est obli­gé. Pas de Bia­fine ici, pas de crème apai­sante, on traite ici la cui­sante attaque par des baumes à l’A­loé Vera d’une redou­table efficacité.

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07 — Grosse averse du matin (1′00″)

Le matin, par­fois, le ciel déverse des tonnes d’eau sur la pla­nète. Ce qui est vrai­ment sans consé­quence tant que la tem­pé­ra­ture ne change pas et que le soleil revient dans la minute qui suit… Juste his­toire de dou­cher la végétation…

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08 — Clo­chette votive au Pura Tir­ta Empul, à Tam­pak Siring (1′20″)

Chan­ge­ment de décor. Nous sommes ici à Tam­pak Siring, un haut-lieu de la spi­ri­tua­li­té bali­naise. Pura Tir­ta Empul est un ensemble de temples et de fon­taines sacrées construite autour d’un lieu par­fai­te­ment sin­gu­lier. Autour d’une source bouillon­nante sor­tant de terre au beau milieu d’un enclos, d’autres bas­sins déversent l’eau de la source sacrée dans une ambiance à la fois solen­nelle et joyeuse. Un peu en retrait, un homme jeune tout vêtu de blanc sous un petit temple en toit de bran­chages fait tin­ter une clo­chette dans une atti­tude médi­ta­tive qui force le res­pect et l’ad­mi­ra­tion. Der­rière lui, deux femmes se recueillent dans une pos­ture d’of­frandes. Un moment à la fois trou­blant et plein d’une sagesse confon­dante, à mille lieues de l’a­gi­ta­tion d’U­bud. On peut presque sen­tir le souffle de Vish­nu, maître de lieux.

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Clochette votive à Tampak Siring

Clo­chette votive à Tam­pak Siring

Pura Tirta Empul

Pura Tir­ta Empul

09 — Mobiles d’eau au Pura Tir­ta Empul à Tam­pak Siring (1′50″)

A l’a­bri de la foule, tou­jours au Pura Tir­ta Empul, dans un jar­din d’eau exploi­té par des pay­sans qui ont cer­tai­ne­ment en charge l’en­tre­tien du temple, à l’é­cart et loin des regards, on trouve une mare dans laquelle coule l’eau de la sainte source. Quelques mobiles en bam­bou se rem­plissent d’eau, se déversent à un autre étage et le mobile en remon­tant, fait un tac creux enchan­teur et qui semble ne jamais s’ar­rê­ter. Encore une manière de faire confiance à la nature.

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10 — Fon­taine à Gunung Kawi (0′56″)

Gunung Kawi

Gunung Kawi

On change encore de décor. A quelques kilo­mètres du Pura Tir­ta Empul se trouve le mys­té­rieux temple de Gunung Kawi, per­du au fond d’une val­lée, au beau milieu des rizières. Huit énormes stu­pas creu­sés dans la falaise de chaque côté de la rivière se font face, dans une atmo­sphère hau­te­ment sereine, déser­tée des tou­ristes, à tel point qu’un homme avait délié son sarong pour se bai­gner nu dans la rivière en contrebas.

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11 — La rivière et le chant du coq à Gunung Kawi (0′47″)

Au pied de la rivière qui coule, on entend un coq chan­ter alors que le soir approche…

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12 — La rivière et le mobile à vent (0′47″)

Le vent se lève et un mobile s’a­gite avec le bruit de la rivière à l’ar­rière. Fré­né­tique, exta­tique, un petit per­son­nage joue de la hache et le méca­nisme de bam­bous s’agite…

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13 — Jeune fille appre­nant la musique à Gunung Kawi (0′23″)

Rue enfumée de Gunung Kawi

En remon­tant jus­qu’à la voi­ture, j’en­tends une musique légère tan­dis que dans la rue, une fumée épaisse se répand et pique le nez. On brûle les feuilles mortes et ses ordures de la jour­née juste sur le pas de sa mai­son.  Le soleil pas­sant au tra­vers des fron­dai­sons des arbres et de la fumée teinte la fin de jour­née d’une lumière irréelle. Je savoure ce doux ins­tant en écou­tant la petite jeune fille qui apprend à jouer sur un gam­bang sous l’œil inqui­si­teur de son maître… Magie d’un ins­tant inoubliable.

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14 — Jeune fille appre­nant la musique à Gunung Kawi, un chien et une moto (1′14″)

Rue enfumée de Gunung Kawi (moto)

Le para­dis n’est pas imma­cu­lé. S’il n’y avait pas ces petits sons à côté, ces motos qui tra­versent le pay­sage, toutes ces choses qui sont autant de petites pol­lu­tions, le para­dis serait un enfer de perfection…

[audio:indo/14_GUNUNGKAWI.mp3] Read more