L’Île des Dieux. C’est ainsi que Bali se définit. La religion y est partout présente et nulle part ailleurs au monde on ne ressent si fort la présence des forces divines au travers de la nature. Bénie entre toute, la petite île à la végétation luxuriante bénéficie d’un climat tropical et océanique propice à la prolifération de multiples espèces, d’arbres gigantesques, de mousses qui n’hésitent pas à coloniser le moindre petit espace pourvu qu’il y ait du soleil, de la chaleur et de l’humidité, profitant des constructions en pierre volcanique pour s’accrocher et coloniser encore et encore. Un paradis pour le règne végétal, dont les Dieux se sont emparés pour s’y installer. Pas étonnant que dans cette enclave hindouiste dans un chapelet de plus de 17 000 îles où l’islam règne en maître sur 90% de la population, se soit vue attribuer cette appellation qui n’a pas besoin d’explication pour comprendre.
Voici un nouveau parcours sonore datant de février 2014, exclusivement réalisé à Bali, regroupant les ambiances sonores de la petite ville d’Ubud où j’étais installé, et les deux étapes sacrées aux yeux des Balinais : la sainte source du Pura Trita Empul de Tampak Siring et le temple de Gunung Kawi.
01 — Premier jour à Ubud (1′20″)
Arrivée à l’hôtel, au bout d’un chemin qu’on ne peut emprunter qu’à pied, au bout d’une rizière. Un bonheur indescriptible dans cette grande chambre toute simple où dès le premier soir, il pleut des trombes dans la touffeur d’une journée intense. Pluie, oiseaux, insectes, vent, la nuit indonésienne ne semble pas perturbée par les éléments, tout y chante dans un concert désordonné et majestueux.
[audio:indo/01_UBUD.mp3]02 — Les insectes et les oiseaux (1′00″)
Un concert improbable qu’on ne croirait possible qu’au cœur de la jungle. Mais non, nous sommes ici en pleine ville. Les chiens y aboient de temps en temps, histoire de donner le change et de ne pas trop dépayser. Parfois une moto, une voiture, le vent dans les larges feuilles des palmiers, et toujours cet arrière fond sonore, omniprésent.
[audio:indo/02_UBUD.mp3]03 — Bruits de la rue à Ubud (1′00″)
Il s’y passe à la fois tout et rien. On parle ici la langue unifiée Bahasa Indonesia. Dans la rue, lorsque vous avez l’audace de prononcer deux ou trois mots d’indonésien, il n’est pas rare qu’on vous demande en retour “do you speak bahasa ?”. Des bribes de conversations auxquelles on ne fait même plus attention et qu’il faut savoir capter comme de petites pépites ; voici l’âme d’Ubud.
[audio:indo/03_UBUD.mp3]04 — Des oiseaux et du vent dans les mobiles (0′42″)
On trouve partout ces petits mobiles en cannes de bambous qui se font chahuter par le vent et qui donnent à l’air une constante sonorité renouvelée. Les sons ne se ressemblent jamais. Chacun forme un ensemble qui se joue comme un symphonie à la fois complexe et d’une simplicité mystique.
[audio:indo/04_UBUD.mp3]05 — Des oiseaux partout (0′46″)
Si on ferme les yeux et qu’on ne sait pas qu’on est à Bali, on pourrait presque croire qu’on se trouve dans la campagne française avec ses tourterelles et ses petits bruits anodins. On est ici bien loin de Bali, peut-être à Chaumont-sur-Tharonne, en Sologne ou dans le Perche…
[audio:indo/05_UBUD.mp3]06 — Entrée dans la pharmacie (0′10″)
Inévitables coups de soleil sous un ciel d’une traîtrise incroyable. Le passage par la pharmacie pour calmer la morsure est obligé. Pas de Biafine ici, pas de crème apaisante, on traite ici la cuisante attaque par des baumes à l’Aloé Vera d’une redoutable efficacité.
[audio:indo/06_UBUD.mp3]07 — Grosse averse du matin (1′00″)
Le matin, parfois, le ciel déverse des tonnes d’eau sur la planète. Ce qui est vraiment sans conséquence tant que la température ne change pas et que le soleil revient dans la minute qui suit… Juste histoire de doucher la végétation…
[audio:indo/07_UBUD.mp3]08 — Clochette votive au Pura Tirta Empul, à Tampak Siring (1′20″)
Changement de décor. Nous sommes ici à Tampak Siring, un haut-lieu de la spiritualité balinaise. Pura Tirta Empul est un ensemble de temples et de fontaines sacrées construite autour d’un lieu parfaitement singulier. Autour d’une source bouillonnante sortant de terre au beau milieu d’un enclos, d’autres bassins déversent l’eau de la source sacrée dans une ambiance à la fois solennelle et joyeuse. Un peu en retrait, un homme jeune tout vêtu de blanc sous un petit temple en toit de branchages fait tinter une clochette dans une attitude méditative qui force le respect et l’admiration. Derrière lui, deux femmes se recueillent dans une posture d’offrandes. Un moment à la fois troublant et plein d’une sagesse confondante, à mille lieues de l’agitation d’Ubud. On peut presque sentir le souffle de Vishnu, maître de lieux.
[audio:indo/08_TAMPAKSIRING.mp3]09 — Mobiles d’eau au Pura Tirta Empul à Tampak Siring (1′50″)
A l’abri de la foule, toujours au Pura Tirta Empul, dans un jardin d’eau exploité par des paysans qui ont certainement en charge l’entretien du temple, à l’écart et loin des regards, on trouve une mare dans laquelle coule l’eau de la sainte source. Quelques mobiles en bambou se remplissent d’eau, se déversent à un autre étage et le mobile en remontant, fait un tac creux enchanteur et qui semble ne jamais s’arrêter. Encore une manière de faire confiance à la nature.
[audio:indo/09_TAMPAKSIRING.mp3]10 — Fontaine à Gunung Kawi (0′56″)
On change encore de décor. A quelques kilomètres du Pura Tirta Empul se trouve le mystérieux temple de Gunung Kawi, perdu au fond d’une vallée, au beau milieu des rizières. Huit énormes stupas creusés dans la falaise de chaque côté de la rivière se font face, dans une atmosphère hautement sereine, désertée des touristes, à tel point qu’un homme avait délié son sarong pour se baigner nu dans la rivière en contrebas.
[audio:indo/10_GUNUNGKAWI.mp3]11 — La rivière et le chant du coq à Gunung Kawi (0′47″)
Au pied de la rivière qui coule, on entend un coq chanter alors que le soir approche…
[audio:indo/11_GUNUNGKAWI.mp3]12 — La rivière et le mobile à vent (0′47″)
Le vent se lève et un mobile s’agite avec le bruit de la rivière à l’arrière. Frénétique, extatique, un petit personnage joue de la hache et le mécanisme de bambous s’agite…
[audio:indo/12_GUNUNGKAWI.mp3]13 — Jeune fille apprenant la musique à Gunung Kawi (0′23″)
En remontant jusqu’à la voiture, j’entends une musique légère tandis que dans la rue, une fumée épaisse se répand et pique le nez. On brûle les feuilles mortes et ses ordures de la journée juste sur le pas de sa maison. Le soleil passant au travers des frondaisons des arbres et de la fumée teinte la fin de journée d’une lumière irréelle. Je savoure ce doux instant en écoutant la petite jeune fille qui apprend à jouer sur un gambang sous l’œil inquisiteur de son maître… Magie d’un instant inoubliable.
[audio:indo/13_GUNUNGKAWI.mp3]14 — Jeune fille apprenant la musique à Gunung Kawi, un chien et une moto (1′14″)
Le paradis n’est pas immaculé. S’il n’y avait pas ces petits sons à côté, ces motos qui traversent le paysage, toutes ces choses qui sont autant de petites pollutions, le paradis serait un enfer de perfection…
[audio:indo/14_GUNUNGKAWI.mp3] Tags de cet article: Indonésie, voyage