What power art thou…

What power art thou…

What power art thou

Hen­ry Pur­cell et Klaus Nomi

Qui se souvient ?

Qui se sou­vient d’Hen­ry Pur­cell et de son King Arthur, un opé­ra pour le moins ori­gi­nal puisque les per­son­nages prin­ci­paux n’y sont repré­sen­tés qu’en toile de fond, les per­son­nages secon­daires étant les seuls à chan­ter. C’est un semi-opé­ra, une œuvre pro­fonde et magis­trale dont le prin­ci­pal aria est What power art thou (acte III, scène 2), un air lugubre chan­té par le génie du froid (the cold genius).

Mais qui sou­vient aussi ?

Que celui qui a fait connaître cet air dans la sphère de la musique pop est un chan­teur alle­mand qui fut quelques temps cho­riste de David Bowie, un chan­teur dis­po­sant d’une voix hors norme, s’é­ten­dant du bary­ton-basse au contre-ténor et dont la car­rière fut aus­si brillante que brève, fau­chée par le HIV.

Klaus Sper­ber, né en Autriche, plus connu sous le nom de Klaus Nomi, fut celui qui émer­veilla de sa voix haut per­chée l’a­ria de Pur­cell avec une ver­sion qu’on pour­rait qua­li­fier de baroque post­mo­derne.
En 1981, sur l’al­bum nom­mé sim­ple­ment… Klaus Nomi… The Cold Song est une ver­sion libre­ment ins­pi­rée de King Arthur, réor­ches­trée, toute per­son­nelle et par­fai­te­ment mémo­rable, lugubre à sou­hait et pla­cée au millimètre.

Per­son­nage un peu figé dans le temps (figé tout court), hau­te­ment impro­bable et sur­tout ico­nique, il aura eu une car­rière ful­gu­rante mais qui reste dans la mémoire de ceux qui ont connu les années 80 et la vague new-wave.

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Fune­ral sen­tences for death of Queen Mary II Z.860 — March — Hen­ry Purcell

Fune­ral sen­tences for death of Queen Mary II Z.860 — March — Hen­ry Purcell

C’est un mor­ceau d’une com­po­si­tion assez simple, avec un nombre limi­té d’ins­tru­ments et d’une cer­taine len­teur indi­quant bien la fonc­tion qu’il occupe. Hen­ry Pur­cell com­po­sa ce mor­ceau en hom­mage à la reine Mary II d’An­gle­terre qui fit un bref pas­sage dans le pay­sage de la royau­té anglaise puis­qu’elle ne régna que de 1689 à 1694. La grande reine, par la taille, puis­qu’elle mesu­rait 1,80m, suc­com­ba à 32 ans à une épi­dé­mie de variole à la fin du mois de décembre 1694, lors d’un hiver rigou­reux où la Tamise fut prise dans les glaces. Mariée à Guillaume III d’O­range-Nas­sau, celui-ci conti­nua de régner jus­qu’en 1702.

Mar­quée par une sombre puis­sance liée à l’u­ti­li­sa­tion de caisses pro­fondes de deux tona­li­tés dif­fé­rentes et de cuivres (en réa­li­té des flatt trum­pet, ancêtres baroques du trom­bone) jouant une simple et triste mélo­pée, j’ai per­son­nel­le­ment décou­vert ce mor­ceau dans mes années d’en­fance lorsque je me pas­sais en boucle le 33 tours de la bande ori­gi­nale du film A clo­ck­work orange (Orange Méca­nique) de Stan­ley Kubrick. Ambiance recueille­ment et solen­ni­té pour ce qu’on ima­gine par­fai­te­ment être joué en église, avec toute la pompe néces­saire pour ces événements.

Triste his­toire que celle de ce mor­ceau qui fut non seule­ment joué aux funé­railles de la Reine Mary, mais éga­le­ment aux propres funé­railles de Pur­cell qui s’é­tei­gnit à son tour en 1695, un peu moins d’un an après la reine.

[audio:queenmary.xol]

Fune­ral sen­tences for death of Queen Mary II — March
Music for Queen Mary, Sir John Eliot Gar­di­ner, Equale Brass Ensemble, Mon­te­ver­di Choir and Orches­tra (2004)

[audio:queenmary2.xol]

Fune­ral sen­tences for death of Queen Mary II — The man is born
Music for Queen Mary, Sir John Eliot Gar­di­ner, Equale Brass Ensemble, Mon­te­ver­di Choir and Orches­tra (2004)

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Cités-jar­dins : de la cam­pagne anglaise à la ban­lieue de Paris

Cités-jar­dins : de la cam­pagne anglaise à la ban­lieue de Paris

Ebenezer Howard

Ebe­ne­zer Howard

Le concept de cité-jar­din nous vient de l’imagination fer­tile et de l’observation de la dif­fi­cul­té de mettre en place une poli­tique sociale de l’urbaniste bri­tan­nique Ebe­ne­zer Howard. L’homme part s’installer aux États-Unis et se confronte au milieu rural et agri­cole en tra­vaillant dans les champs, puis à Chi­ca­go juste après le grand incen­die de 1871, où il assiste à la recons­truc­tion de l’espace urbain et où il fait la connais­sance de Fre­de­rick Law Olm­sted, un archi­tecte pay­sa­giste qui sera à l’origine de Cen­tral Park en plein cœur de New-York. Le véri­table tour­nant de son his­toire prend forme à son retour au Royaume-Uni ; en trou­vant un emploi de rédac­teur des rap­ports offi­ciels du Par­le­ment, il passe une grande par­tie de son temps à rédi­ger des rap­ports sur les comi­tés et les com­mis­sions. Dans une Angle­terre peu habi­tuée à trai­ter la ques­tion du loge­ment aus­si bien que la ques­tion sociale, il se rend bien compte, depuis sa posi­tion, que le pays est bien mal en point pour trai­ter ces ques­tions. (more…)

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Beo­wulf le guerrier

Beo­wulf est un monu­ment de la lit­té­ra­ture anglaise. Venu du fond des âges, c’est un des plus anciens témoi­gnages de la poé­sie anglo-saxonne, d’une époque téné­breuse à che­val entre la tra­di­tion scan­di­nave et les pre­mières heures du chris­tia­nisme outre-manche. Le drame de cette œuvre est qu’il n’en reste plus qu’un témoi­gnage remon­tant à ses ori­gines, aux envi­rons du Xème siècle, mais qui est for­te­ment endom­ma­gé suite à l’in­cen­die en 1731 de la biblio­thèque de son pro­prié­taire, Sir Robert Bruce Cot­ton ; il ne reste plus aujourd’­hui que quatre feuillets, dont la pre­mière page du Cot­ton MS Vitel­lius A XV. On trou­ve­ra ici une tra­duc­tion en fran­çais, pas la meilleure mal­heu­reu­se­ment, par Léon Bot­kine en 1877. Beo­wulf a par ailleurs été lon­gue­ment étu­dié par J.R.R. Tol­kien qui n’a pas hési­té à s’en ser­vir pour écrire Le Sei­gneur des Anneaux. J’ai trou­vé une par­tie de la très belle ver­sion illus­trée de Beo­wulf par le des­si­na­teur belge Mark Seve­rin en 1954, que je repro­duis ici.

Beowulf (1) - illustration par Severin - 1954 (more…)

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Le pre­mier écri­vain social

Une devise qui résonne comme un bour­don, et sur­tout qui empêche de se com­plaire dans la paresse de l’esprit.

Gar­dez-vous de l’i­gno­rance et de la misère et de toute leur des­cen­dance, mais sur­tout de la pre­mière. […] Hâte-toi, Baby­lone, […] d’ef­fa­cer son nom qui te condamne plus que lui, toi à ta ruine, comme lui au mal­heur. Ose dire que tu n’es pas coupable ?

Charles Dickens, A Christ­mas carol

Charles Dickens

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