Inven­taire rai­son­né des notions les plus indis­pen­sables à tous, pour une socié­té de savants et de gens de lettres

Inven­taire rai­son­né des notions les plus indis­pen­sables à tous, pour une socié­té de savants et de gens de lettres

Tout est dans le sous-titre de cette œuvre colos­sale dont le titre est très pré­ci­sé­ment : Dic­tion­naire de la conver­sa­tion et de la lec­ture. La socié­té a besoin de savants et de gens de lettres et elle ne sau­rait évo­luer dans le bon sens sans un solide cor­pus de lec­tures affrio­lantes. De l’a­veu du direc­teur de la publi­ca­tion, voi­ci une somme qui offre un bon com­plé­ment à la lec­ture du Dic­tion­naire de l’A­ca­dé­mie, si le cœur vous en dit pour l’un comme pour l’autre… En exergue, une cita­tion de Montesquieu :

Celui qui voit tout abrège tout…

Pas moins de seize volumes de plus de 800 pages vous attendent sur Gal­li­ca, prêts à ali­men­ter vos conver­sa­tions le soir entre amis, autour d’un verre et de sau­cisses cock­tail trem­pées dans la moutarde.

Extrait de l’in­tro­duc­tion que j’aime particulièrement :

Il est bon de pro­cu­rer aux conva­les­cents des dis­trac­tions morales au moyen de la conver­sa­tion, de la lec­ture et de la musique, en évi­tant de cau­ser de la fatigue.

On en fré­mit d’avance.

Dic­tion­naire de la conver­sa­tion et de la lec­ture : inven­taire rai­son­né des notions géné­rales les plus indis­pen­sables à tous, par une socié­té de savants et de gens de lettres. Sous la direc­tion de M. W. Duckett - Aux comp­toirs de la direc­tion (Paris) M. Lévy frères (Paris) [puis] Fir­min Didot, frères, fils (Paris)-1853–1860

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Le tekke d’Ha­ci Bektas

Au cœur de l’A­na­to­lie, un peu à l’é­cart de cette fabu­leuse région qu’on appelle la Cap­pa­doce, se trouve une ville qui se nomme Hacı­bek­taş et dans laquelle Jacques Lacar­rière situe l’in­trigue de son très beau roman, La pous­sière du monde. Le tekke dont il est ques­tion est une mai­son sou­fie de prière pour les der­viches, à l’in­té­rieur de laquelle se pra­tique la sema, la céré­mo­nie exta­tique au cours de laquelle ils tournent pour atteindre l’a­mour spirituel.

Cyprus - Hala Sultan Tekke

Chypre — Lar­na­ca — Hala Sul­tan Tekke — Pho­to © BrOw­ser

Mûrier, roses et colombes. Jar­din, fon­taine et mau­so­lée. Le tek­ké d’Ha­ci Bek­tas donne le sen­ti­ment d’un uni­vers en réduc­tion. Dans la salle où se dérou­laient prières et céré­mo­nies rôdent encore le par­fum du cuir — fra­grance du ber­ceau kho­ras­sien —, celui des fleurs et — l’ai-je ima­gi­né ? celui des femmes qui étaient accep­tées dans cette confré­rie à l’é­gal des hommes, chose unique en pays d’Is­lam. Deux grands arcs ouvra­gés d’a­ra­besques divisent la pièce en une aire de musique et, peut-être, de danse, et l’en­droit où se tenaient, assis, les der­viches et les audi­teurs. Ordre. Lumière. Séré­ni­té. Blan­cheur du Temps arrê­té en son tour­noie­ment. Dénue­ment du lieu. Aucun esprit sec­taire ne put se déployer ici où régna un dieu sans atours ni osten­ta­tion, n’ayant d’autre vêture que la bure des étoiles, d’autre lan­gage que les mélo­dies de ce monde. Sur les deux côtés de la cour prin­ci­pale se suc­cèdent les cel­lules où médi­taient les der­viches après les séances com­munes. Venir en ce tek­ké pour y res­ter des heures, y écou­ter les bruits fami­liers de l’eau, du vent, des visi­teurs. Y réflé­chir et se sen­tir deve­nir trans­pa­rent à soi-même.
Mûrier, roses et colombes.

Jacques Lacar­rièreLa pous­sière du monde
NiL Edi­tions, 1997

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Dans la vapeur blanche des jours sans vent (car­net de voyage en Tur­quie — 14 août) : Çavuşin, Ava­nos, Mus­ta­fa­paşa et en dehors des routes tracées

Dans la vapeur blanche des jours sans vent (car­net de voyage en Tur­quie — 14 août) : Çavuşin, Ava­nos, Mus­ta­fa­paşa et en dehors des routes tracées

Épi­sode pré­cé­dent : Dans la vapeur blanche des jours sans vent (car­net de voyage en Tur­quie — 13 août) : Üçhi­sar, Göreme et les églises rupestres

Bul­le­tin météo de la jour­née (mar­di) :

10h00 : 24°C / humi­di­té : 56% / vent 6 km/h
14h00 : 30°C / humi­di­té : 21% / vent 9 km/h
22h00 : 23°C / humi­di­té : 35% / vent 7 km/h

Au lever, je n’es­père qu’une seule chose, me remettre les pieds sous la table pour pro­fi­ter de ce petit déjeu­ner de prince, où l’on me pro­pose du mene­men et de l’omlet (comme ça se pro­nonce). Tan­dis que je suis en train de bâfrer, je fais la connais­sance d’Abdul­lah, le patron de l’hô­tel. Il se pré­sente ; Abdul­lah Şen ; c’est un grand bon­homme por­tant bésicles rondes, barbe de trois jours et che­veux poivre et sel. Son port et sa façon de s’ha­biller tra­hissent le bon vivant, une bonne culture et un cer­tain niveau de vie. J’ap­pren­drai par la suite qu’Ab­dul­lah est phar­ma­cien et qu’il dirige une liste élec­to­rale conser­va­trice laïque dans la ville d’Üçhi­sar. Au début, ses manières sont volu­biles, il parle fort et fait de grands gestes, ne manie que quelques mots d’an­glais et a l’in­tel­li­gence de m’ap­prendre quelques mots turcs puis­qu’il voit que je sai­sis bien. Dès le soir, lorsque je retourne à l’hô­tel, il me demande Nasılsın ? A quoi je réponds Iyiyim et à quoi je fini­rai par répondre à la fin du voyage Çok iyiyim. Je vois qu’il appré­cie et je compte sur lui pour apprendre quelques mots. Je dois avouer qu’au début, je pen­sais qu’Ab­dul­lah était un patron, un com­mer­cial, mais je me suis vite aper­çu qu’il avait sim­ple­ment le goût du ser­vice ren­du et que sa gen­tillesse avait un goût nature. Plu­sieurs fois je l’ai vu dans la jour­née assis avec ses employés devant la mai­son, sous la ton­nelle de vigne, en train de prendre du bon temps avec eux, de devi­ser sim­ple­ment comme on le fait dans ces pays où le temps n’a pas la même saveur. C’est ain­si que je me retrou­ve­rai aus­si assis avec lui en train de man­ger des fruits dont il m’ap­prend le nom en turc, abri­cots du jar­din (kayısı), noi­settes (fındık), rai­sin (üzüm). Jamais je n’ai quit­té l’hô­tel sans qu’il me donne une ou deux petites bou­teilles d’eau. Je me rends compte que je n’ai même pas pen­sé à prendre en pho­to les gens l’hô­tel, ni Abdul­lah, ni Bukem, ni Fatoş…

Le matin, je retourne à Göreme pour ter­mi­ner la visite du musée en plein-air. Il se trouve qu’à la sor­tie du musée se trouve une der­nière église, pour laquelle mon billet fonc­tionne encore et qui, paraît-il, vaut le coup d’œil. C’est la Tokalı Kilise, l’é­glise à la boucle, la plus grande de Göreme. Mal­heu­reu­se­ment (ou heu­reu­se­ment), elle est en pleine res­tau­ra­tion et des quatre pièces et de la crypte, je ne pour­rais voir que les par­ties les moins inté­res­santes. La voûte cou­leur lapis-lazu­li est presque entiè­re­ment invi­sible, mais ce que je vois est réel­le­ment impres­sion­nant. La hau­teur de cette voûte déjà, pas­sa­ble­ment plus haute que les autres, en font une église dont les dimen­sions se rap­prochent plus de bâti­ments exté­rieurs, et les cou­leurs, écla­tantes, des bleus puis­sants, des verts pro­fonds, des rouges san­guins. Il y aus­si ces colonnes puis­santes et hautes qu’on ne voit nulle part ailleurs. C’est un endroit à mi-che­min entre la beau­té d’une église tra­di­tion­nelle et le mys­tère d’une tombe égyptienne…

Tokalı Kilise - Photo Ker & Downey http://kerdowney.com

Tokalı Kilise — Pho­to © Ker & Downey

Je file ensuite vers le nord, vers la petite ville de Çavuşin, que je ne fais que frô­ler puisque je m’ar­rête sur le par­king de l’église de Nicé­phore Pho­cas, à deux pas de la route entre Göreme et Ava­nos. Nicé­phore II Pho­cas (Νικηφόρος Β΄ Φωκᾶς) est un géné­ral byzan­tin, né en 912 et mort en 969, qui fini­ra empe­reur de Byzance. Homme valeu­reux, on l’a­du­le­ra sur­tout pour avoir repous­sé à maintes reprises les Arabes dont les coups de bou­toir pour conqué­rir cette par­tie de l’A­na­to­lie furent mis à mal par sa téna­ci­té. C’est en par­tie dans cette atmo­sphère que les Chré­tiens se sont ter­rés dans les val­lées et les habi­ta­tions tro­glo­dy­tiques de la Cappadoce.

Turquie - jour 19 - De Çavusin à Mustafapasa - 004 - Çavuşin - Eglise de Nicéphore Phocas

Turquie - jour 19 - De Çavusin à Mustafapasa - 011 - Çavuşin - Eglise de Nicéphore Phocas

Turquie - jour 19 - De Çavusin à Mustafapasa - 017 - Çavuşin - Eglise de Nicéphore Phocas - Lézard

Turquie - jour 19 - De Çavusin à Mustafapasa - 028 - Çavuşin - Eglise de Nicéphore Phocas

L’é­glise de Nicé­phore Pho­cas est construite à flanc de falaise et fait par­tie d’un ensemble plus grand com­pre­nant un monas­tère et un réfec­toire qu’on peut encore visi­ter aujourd’­hui. Dans cette superbe église qu’on ne peut pho­to­gra­phier (j’ai tou­jours un peu de mal à com­prendre com­ment on arrive à retrou­ver sur inter­net des pho­tos de lieu qu’il est inter­dit de pho­to­gra­phier, sur­tout quand trois gardes-chiourmes mous­ta­chus vous regardent d’un air méfiant), les dimen­sions et le pro­gramme ico­no­gra­phique sont com­pa­rables à ce qu’on trouve dans la Tokalı Kilise, même si l’ar­chi­tec­ture en est moins impres­sion­nante. Les cou­leurs à domi­nantes vertes sont un peu endom­ma­gées, mais on peut lire encore ses fresques, où l’on peut voir le por­trait de l’empereur Pho­cas mais aus­si les por­traits de l’empereur Constan­tin et d’Hé­lène tenant la Vraie Croix.

Pho­to © Antoine Sipos

Ce qu’on peut voir à l’en­trée de l’é­glise, c’est le reste d’une par­tie de cette même église qui s’est effon­drée avec la falaise. C’est mal­heu­reu­se­ment le sort qui attend l’en­semble des églises de cette région si rien n’est fait à grande échelle. Si les cou­leurs sont encore si vives, c’est parce que l’ef­fon­dre­ment n’est pas si ancien que ça. Il reste tou­te­fois une grande par­tie du monas­tère, dans lequel on peut mon­ter et avoir une belle vue d’en­semble de la val­lée. De l’ex­té­rieur, on peut admi­rer les motifs d’ocre rouge ou terre de sienne des ouver­tures. A mi-che­min entre l’é­poque chré­tienne et la période musul­mane, on ne sait plus vrai­ment où se situent les motifs, car cer­tains ont été des­si­nés par ceux qui trans­for­mèrent ces églises en pigeon­niers, ou par­fois en ruches.

Turquie - jour 19 - De Çavusin à Mustafapasa - 034 - Çavuşin - Eglise de Nicéphore Phocas

Turquie - jour 19 - De Çavusin à Mustafapasa - 036 - Çavuşin - Cheminées de fées

Turquie - jour 19 - De Çavusin à Mustafapasa - 038 - Çavuşin - Eglise de Nicéphore Phocas

Je fais le tour de ce piton rocher pour aller voir les che­mi­nées de fée qu’on aper­çoit depuis la route. Le pay­sage est envoû­tant, soli­taire, pous­sié­reux. J’aime la cha­leur douce qui se dégage de ces pay­sages qui passent une par­tie de l’an­née ense­ve­lis sous la neige.

Turquie - jour 19 - De Çavusin à Mustafapasa - 042 - Avanos - Mosquée

Je reprends la route sans pas­ser dans le vil­lage de Çavuşin (qui ne pro­nonce tcha­vou­chine) et je file vers Ava­nos. La ville d’A­va­nos a l’air assez grande sur la carte, mais ce n’est en réa­li­té qu’un gros vil­lage, une ville moderne construite au pied d’un ancien vil­lage à flanc de col­line, sur­plom­bant le cours majes­tueux du fleuve nour­ri­cier, le Kızılır­mak (keu­zeu­leur­mak, lit­té­ra­le­ment : rivière rouge) dont le nom tra­hit le fait qu’il char­rie des tonnes de terre d’un rouge pro­fond, que les potiers de la région exploitent direc­te­ment pour leur pro­duc­tion. Trop peu pro­fond, il n’est pas navi­gable, mais c’est le plus long fleuve de Tur­quie, avec ses 1150km. J’ai mis un peu de temps à com­prendre qu’en turc, il y avait deux mots pour décrire la cou­leur rouge ; Kızıl et Kırmızı, et j’a­voue que la dif­fé­rence n’est pas évi­dente à per­ce­voir. Kızıl évoque ce qui est rouge par réfé­rence : le fleuve rouge, la mer rouge, l’ar­mée rouge, les bri­gades rouges. Kırmızı évoque ce qui est rouge par nature : un oiseau rouge, une peau rouge, un pois­son rouge.

Le plus gros de la ville s’é­tend au sud de la rivière, dans d’im­menses zones pavillon­naires très “classes moyennes” tan­dis que le centre est beau­coup plus authen­tique et tra­di­tio­na­liste. Autant dire que si les tou­ristes s’ar­rêtent ici pour appré­cier les pote­ries d’ins­pi­ra­tion hit­tite et les kilim, peu d’entre eux en pro­fitent pour prendre un repas. Lorsque je revien­drai un soir dîner ici, ce sera un peu com­pli­qué et cocasse. La mos­quée de la ville est toute récente, avec son toit de plomb tout neuf et brillant sous le soleil haut. Sur la place prin­ci­pale du vil­lage (je per­siste) s’é­grènent les échoppes des potiers et des bar­biers. Je gare la voi­ture ici, au milieu de la place. J’ai cru remar­quer qu’il fal­lait payer le sta­tion­ne­ment mais je ne vois per­sonne. Je remarque qu’un type assis devant le maga­sin de kilims en siffle un autre, qui lui-même en appelle un autre et arri­vant à suivre la scène, je com­prends que celui à qui je dois payer est celui qui s’a­vance vers moi.

Turquie - jour 19 - De Çavusin à Mustafapasa - 048 - Avanos -Mehmet Körükçü le potier

Turquie - jour 19 - De Çavusin à Mustafapasa - 050 - Avanos -Mehmet Körükçü le potier

Turquie - jour 19 - De Çavusin à Mustafapasa - 052 - Avanos -Mehmet Körükçü le potier

Turquie - jour 19 - De Çavusin à Mustafapasa - 053 - Avanos -Mehmet Körükçü le potier

Turquie - jour 19 - De Çavusin à Mustafapasa - 058 - Avanos -Mehmet Körükçü le potier et son fils Oğuz

Je monte jusque dans le vieux pays où l’on peut appré­cier les pote­ries de Meh­met Körük­çü dans sa petite échoppe humide. Meh­met est un homme déli­cieux qui parle quelques mots de fran­çais et adore racon­ter ce qu’il fait. Ce que je ne sais pas encore, c’est que Meh­met, parce que je suis reve­nu le voir au mois de mai sui­vant, devien­dra un ami avec qui j’ai pas­sé beau­coup de temps et grâce à qui j’ai pu connaître d’autres per­sonnes à Istan­bul, avec qui je suis encore en contact aujourd’­hui. Meh­met fait visi­ter son ate­lier, explique qu’il va cher­cher lui-même sa terre avec son trac­teur sur les hau­teurs d’A­va­nos, qu’il la fait sécher dans son ate­lier, qu’il la bou­dine tout seul et qu’il la fait cuire ici même, plu­sieurs fois par an. Il offre le thé, pose beau­coup de ques­tions, remonte ses lunettes, sou­rit de toutes ses dents du bon­heur, me regarde en me sou­riant, avec ses yeux en amande qui tra­hissent ses ori­gines d’A­sie Cen­trale. Meh­met est un des­cen­dant de guer­rier tur­co-mon­gol, ça se voit sur sa figure, ce n’est pas un Ana­to­lien, il parle un fran­çais haché, prend le temps d’ex­pli­quer com­ment on tourne ; je le prends en pho­to, nous rigo­lons tous les deux, il me parle de son frère à Istan­bul, Emin, de sa vie ici, me pré­sente son fils Oğuz (pro­non­cer o‑ouz) qui tra­vaille avec lui quand il n’est pas au lycée, qui découpe des pho­to­phores pour en faire de belles den­telles de terre. Je reste long­temps avec lui, le temps que plu­sieurs per­sonnes passent, le temps de plu­sieurs verres de thé qu’il fait chauf­fer sur une plaque élec­trique. Il se passe quelque chose entre nous et je lui pro­mets de reve­nir le voir avant de repar­tir, et dès que je revien­drai dans les parages.

Turquie - jour 19 - De Çavusin à Mustafapasa - 061 - Avanos - Yeni Kayseri Yolu

Turquie - jour 19 - De Çavusin à Mustafapasa - 063 - Avanos - Yeni Kayseri Yolu - Sarıhan Kervansaray

Turquie - jour 19 - De Çavusin à Mustafapasa - 064 - Avanos - Yeni Kayseri Yolu - Sarıhan Kervansaray

Turquie - jour 19 - De Çavusin à Mustafapasa - 068 - Avanos - Yeni Kayseri Yolu - Sarıhan Kervansaray

Turquie - jour 19 - De Çavusin à Mustafapasa - 072 - Avanos - Yeni Kayseri Yolu - Sarıhan Kervansaray

Turquie - jour 19 - De Çavusin à Mustafapasa - 075 - Avanos - Yeni Kayseri Yolu - Sarıhan Kervansaray

Turquie - jour 19 - De Çavusin à Mustafapasa - 077 - Avanos - Yeni Kayseri Yolu - Sarıhan Kervansaray

Ne sachant pas vrai­ment où je vais, je prends la route vers l’est, n’ayant pas vrai­ment de but. J’en­quille la D300 qui est cen­sée se diri­ger vers Kay­se­ri, et je tombe sur un grand bâti­ment aus­tère dont je recon­nais immé­dia­te­ment le style seld­jou­kide. Un bâti­ment de pierre jaune dans un décor de sable jaune. Les Sel­çuk­lu viennent du Tur­kes­tan et ont colo­ni­sé la Cap­pa­doce jus­qu’à Konya. Je m’ar­rête pour étu­dier les lignes pures des octa­èdres qui com­posent les tours d’angles ain­si que la tour cen­trale. Ce bâti­ment est un des der­niers cara­van­sé­rails (ker­van saray, litt. palais des cara­vanes) de la région, et même si l’on voit qu’il a été res­tau­ré récem­ment, il conserve toute sa superbe. La cou­leur de sa pierre lui a don­né son nom qui du coup sonne comme un pléo­nasme. Sarı han, c’est le cara­van­sé­rail jaune, han étant le nom qu’on donne aux cours inté­rieures qu’on peut trou­ver par­tout dans les vieux quar­tiers d’Is­tan­bul, qu’on peut tra­duire par auberge, car géné­ra­le­ment les com­mer­çants iti­né­rants pou­vaient s’y res­tau­rer et y dor­mir. Par exten­sion, le han est deve­nu cara­van­sé­rail. Sur ses murs, d’é­normes lézards se réchauffent au soleil, tan­dis qu’un gros chien à l’o­reille éti­que­tée comme celle d’une vache tente de trou­ver de l’ombre au pied de la muraille. Cer­tains de ces lézards ont la peau lar­dée de piquants, d’autres ont une queue verte déme­su­rée ; sur les murs dansent des dizaines de ces bes­tioles qui détalent dès que j’en approche. Dans ce cara­van­sé­rail, on peut voir aujourd’­hui la sema, la céré­mo­nie des der­viches tour­neurs. Je me suis juré que je retour­ne­rai ici un jour pour voir ce spectacle.

Turquie - jour 19 - De Çavusin à Mustafapasa - 079 - Ürgüp Yolu

Turquie - jour 19 - De Çavusin à Mustafapasa - 082 - Ürgüp Yolu

Turquie - jour 19 - De Çavusin à Mustafapasa - 087 - Ürgüp Yolu

Turquie - jour 19 - De Çavusin à Mustafapasa - 091 - Ürgüp Yolu

Turquie - jour 19 - De Çavusin à Mustafapasa - 092 - Ürgüp Yolu

La route conti­nue vers Kay­se­ri, mais je fais demi-tour pour retour­ner sur Ava­nos et j’en­quille une route qui des­cend retourne vers le sud, passe par un lieu-dit, une ancienne ville por­tait le nom évo­ca­teur d’Aktepe (litt. la col­line blanche). C’est un immense pla­teau où le soleil se réflé­chit, dans une lumière qui fait plis­ser les yeux et qui se pour­suit par une val­lée (Devrent vadi­si) assez étrange, faite de pics et de che­mi­nées de fée allant de l’ocre au blanc, en pas­sant par le rose, le vio­let et le vert, à perte de vue. Ici aus­si un jour je revien­drai regar­der le soleil se cou­cher sur cette Cap­pa­doce sau­vage. J’i­ma­gine aus­si qu’il serait indis­pen­sable de reve­nir ici en plein hiver, sous une neige épaisse et duveteuse.

J’ar­rive ensuite à Ürgüp, pour le coup est une ville énorme com­pa­rée à Ava­nos. En réa­li­té, elle n’est pas tel­le­ment plus éten­due, mais plus connue, et c’est un centre tou­ris­tique impor­tant (pour les Turcs sur­tout), une grande ville com­mer­çante, où on ne peut voir que quelques habi­ta­tions tro­glo­dytes, mais pas com­plè­te­ment dénuée de charme. Il y fait bon pas­ser en tout cas. Le temps de m’ar­rê­ter cinq minutes pour me ravi­tailler au super­mar­ché, quelques conne­ries, des tranches de pastır­ma et des pis­taches, et me voi­là déjà repar­ti pour rejoindre Mus­ta­fa­paşa.

Turquie - jour 19 - De Çavusin à Mustafapasa - 096 - Mustafapaşa

Turquie - jour 19 - De Çavusin à Mustafapasa - 099 - Mustafapaşa - Ayos Konstantin ve Helena Kilisesi

Turquie - jour 19 - De Çavusin à Mustafapasa - 101 - Mustafapaşa

Turquie - jour 19 - De Çavusin à Mustafapasa - 105 - Mustafapaşa

Turquie - jour 19 - De Çavusin à Mustafapasa - 113 - Mustafapaşa

Turquie - jour 19 - De Çavusin à Mustafapasa - 122 - Mustafapaşa - Medersa Şakir Mehmet Paşa

Cette petite ville, l’an­cienne Sina­sos, un vil­lage pour le coup, porte un nom qui ne laisse pas son­ger que jus­qu’aux échanges de popu­la­tion entre la Grèce et la Tur­quie (en 1924) vou­lus par Atatürk, que la ville était presque inté­gra­le­ment habi­tée par des Grecs orthodoxes.
Sur la place du vil­lage, on trouve une église basse, construite en contre­bas de la route, une église por­tant le patro­nyme de Constan­tin et Hélène (Ayos Kons­tan­tin ve Hele­na Kili­se­si), ornée de feuilles de vignes et de sym­boles paléochrétiens.

Turquie - jour 19 - De Çavusin à Mustafapasa - 129 - Mustafapaşa - Vallée de Sinassos

Turquie - jour 19 - De Çavusin à Mustafapasa - 128 - Mustafapaşa - Vallée de Sinassos

Turquie - jour 19 - De Çavusin à Mustafapasa - 133 - Monastère Ayios Nikolaos

Turquie - jour 19 - De Çavusin à Mustafapasa - 139 - Mustafapaşa - Vallée de Sinassos

Turquie - jour 19 - De Çavusin à Mustafapasa - 138 - Mustafapaşa - Vallée de Sinassos

Une route monte dans un recoin de la ville après une sorte de por­tail de pierre consti­tué de trois arches, de part et d’autre de laquelle se dressent des habi­ta­tions, pour nombre d’entre elles déser­tées, comme si quelque chose avait fait fuir les gens qui vivaient là, il y a long­temps appa­rem­ment. Beau­coup s’é­croulent, d’autres ont leur ouver­tures murées par de gros blocs mal dégros­sis. La route semble s’en­fon­cer dans la cam­pagne, par­mi les champs, mais un pan­neau attire mon atten­tion, indi­quant en anglais trois églises (Sinas­sos, St Nicho­las, St Ste­fa­nos), dont le nom me laisse croire en de nou­veaux tré­sors cachés, à l’a­bri des regards. La jour­née est bien avan­cée et tout est déjà fer­mé, mais si j’en crois mon guide tou­ris­tique, seule une d’entre elles est ouverte et gar­dée en temps nor­mal. Pour aller voir les autres, il faut en deman­der la clef au propriétaire.
Avant d’al­ler voir le monas­tère Saint Nico­las qui s’é­tend der­rière un enclos où l’en­trée est signa­lée par une ins­crip­tion en grec, je pro­fite du soleil bas pour admi­rer le pay­sage de tuf qui prend des teintes vio­la­cées, presque roses, sous un man­teau de terre jaune d’ocre virant en quelques endroits à un vert fadasse ; des cou­leurs qu’on croit d’or­di­naire impos­sible pour la terre. L’on­du­la­tion créée par la pluie fait pen­ser à des ani­maux, peut-être des cha­meaux, dont les bosses seraient enche­vê­trées, et donne aux lieux un je-ne-sais-quoi d’organique.

Turquie - jour 19 - De Çavusin à Mustafapasa - 146 - lieuMustafapaşa - Vallée de Sinassos

Turquie - jour 19 - De Çavusin à Mustafapasa - 134 - Monastère Ayios Nikolaos

Turquie - jour 19 - De Çavusin à Mustafapasa - 136 - Mustafapaşa - Vallée de Sinassos

Turquie - jour 19 - De Çavusin à Mustafapasa - 145 - Mustafapaşa - Vallée de Sinassos

Le monas­tère Saint Nico­las est construit autour d’un grand cône à l’in­té­rieur duquel se trouve l’é­glise, fer­mée en cette heure tar­dive. Flan­quée d’un fron­ton récent, où alors récem­ment res­tau­ré, l’en­clos est fer­mé par un bâti­ment qu’on pour­rait pen­ser être les salles conven­tuelles des moines ; le sol est jon­ché de tombes faites de dalles plates à la tête des­quelles poussent un rameau de plantes mai­gri­chonnes au feuillage tirant vers le pourpre. Je ne ver­rai pas plus aujourd’­hui de ce monu­ment qui me semble récent et qui tra­hit la pré­sence grecque jus­qu’à il y a peu.
A l’en­trée de la val­lée, l’é­glise de Saint Ste­fa­nos. Toute petite, fer­mée par une grille, on ne dis­cerne dans le cône de tuf dans lequel elle est dis­si­mu­lée que son arcade prin­ci­pale et le dôme décré­pi, les parois encore blanches recou­vertes des graf­fi­tis de ceux qui sont pas­sés par là.

Turquie - jour 19 - De Çavusin à Mustafapasa - 147 - Mustafapaşa - Vallée de Sinassos

Turquie - jour 19 - De Çavusin à Mustafapasa - 148 - Mustafapaşa

Le pay­sage tout autour est splen­dide et on a du mal à croire qu’il peut y avoir du monde qui vient jus­qu’i­ci admi­rer ces petites églises retran­chées. D’au­tant que le che­min ne mène nulle part et se perd dans les cir­con­vo­lu­tions qu’on pour­rait croire creu­sées par une rivière depuis long­temps assé­chée. Un âne brait tout seul, atta­ché à une corde courte autour d’un arbre, une grosse bourre de poils lui pen­dant sous le ventre.
Les mai­sons sur les flancs de la val­lée, toutes déser­tées, sont per­chées de manière impro­bable dans un triste fatras de tous per­cés dans la pierre et de murs mon­tés à la va-vite. On a du mal à ima­gi­ner des gens vivant ici, dans ces habi­ta­tions ouvertes aux quatre vents dans ces régions mon­ta­gneuses où les hivers peuvent se mon­trer rigou­reux et sou­vent ennei­gés. Par­tout dans la ville, ces motifs d’or­ne­ments accro­chés aux lin­teaux, sous les fenêtres, des formes de coquilles qui font par­fois pen­ser à un ersatz d’art isla­mique, mais qui vient en réa­li­té en droite ligne de l’hé­ri­tage grec.

Je m’ar­rête quelques ins­tants dans la ville pour ache­ter deux très belles nappes en tis­sus épais,  une rouge et une bleue, nappe ou jeté de cana­pé, c’est du pareil au même. Le vieil homme qui tient la bou­tique a la même tête que son fils, pas fran­che­ment turque… Le fils me dit que son père s’ap­pelle Cavit (dja­vit), et que c’est la trans­crip­tion turque de David, un pré­nom qui ne sonne pas fon­ciè­re­ment musulman…

Turquie - jour 19 - De Çavusin à Mustafapasa - 156 - Mustafapaşa - Eglises de Sarıca

Turquie - jour 19 - De Çavusin à Mustafapasa - 157 - Mustafapaşa - Eglises de Sarıca

Turquie - jour 19 - De Çavusin à Mustafapasa - 158 - Mustafapaşa - Eglises de Sarıca

Turquie - jour 19 - De Çavusin à Mustafapasa - 159 - Mustafapaşa - Eglises de Sarıca

La lumière décroit et je sais que dans ces régions de mon­tagne le soleil tombe brus­que­ment, la nuit encore plus et je suis loin de mon point d’at­tache, alors je reprends un peu à contre-cœur la route. Je remonte sur Ürgüp, seule route que je connais pour reve­nir sur mes pas, et par un heu­reux hasard, je tombe sur un pan­neau que je n’ai pas vu dans l’autre sens, pour la simple et bonne rai­son qu’il n’y en a pas quand on vient d’Ürgüp. Un simple pan­neau indique Pan­carlık Kili­se­si. J’a­voue être intri­gué par ce nom dont je sais qu’il signi­fie bet­te­rave. Il fait encore un peu jour, alors j’y vais. Un je-ne-sais-quoi de fris­son me par­court l’é­paule, quelque chose qui ne pour­rait me faire recu­ler pour rien au monde et qui me pousse en avant. Un vent ter­rible souffle dans cette val­lée. Je tombe sur un autre pan­neau, au pied d’une grosse pro­tu­bé­rance de tuf, por­tant le nom de Sarı­ca. Un petit par­king en contre­bas, un che­min qui par­court l’é­pine dor­sale sur un che­min de revê­te­ment qu’on sent récent et je tombe devant l’en­trée d’une église (fer­mée bien évi­dem­ment) mais dont je pressent qu’on a tout fait pour la main­te­nir en bon état. Un coup de lumière à l’in­té­rieur me révèle sur un sol propre et nive­lé, de très jolies cou­leurs, des rouges sang appli­qués sur les murs sous forme de motifs ornant des arcades nettes et des cha­pi­teaux fine­ment tra­vaillés. Un pan­neau annonce que la Sarı­ca kilise a été récem­ment réno­vée, un revê­te­ment imper­méable pro­té­geant le cône sous lequel elle se trouve des infil­tra­tions qui pour­raient conti­nuer à rava­ger l’église.
En contre­bas, un champ noir­ci. Quelque chose a brû­lé ici, sous l’ef­fet d’une volon­té ou par la grâce de la séche­resse. Au bout de quelques minutes je m’a­per­çois que les deux pro­émi­nences face à moi ne sont pas que de simple cônes de tuf, mais ce sont encore des églises, creu­sées, dont on peut voir les colonnes et les arcades ouvertes, lieux de culte éven­trés par le vent, rava­gés par le temps, c’est Byzance à ciel ouvert. Je prends un malin plai­sir à m’im­pré­gner du lieu sous une lumière rosée, un chape de char­bon à l’ho­ri­zon déco­rée d’une guir­lande de fes­tons oscil­lant entre le rose et le jaune dans une coton­nade de nuages moel­leux, cou­vrant le pay­sage d’une onde rou­geoyante tan­dis que le vent souffle de plus belle et finit par faire mal aux oreilles. Au loin, un champ brûle. Poli­tique de la terre brû­lée ? Je n’ar­rive pas à savoir si c’est une pra­tique cou­rante ici où si quelque chose déclenche ces incen­dies sur ces terres pous­sié­reuses et sèches.

Turquie - jour 19 - De Çavusin à Mustafapasa - 163 - Mustafapaşa - Eglises de Sarıca

Turquie - jour 19 - De Çavusin à Mustafapasa - 162 - Mustafapaşa - Eglises de Sarıca

Turquie - jour 19 - De Çavusin à Mustafapasa - 165 - Mustafapaşa - Eglises de Sarıca

Turquie - jour 19 - De Çavusin à Mustafapasa - 174 - Mustafapaşa - Eglises de Sarıca

Turquie - jour 19 - De Çavusin à Mustafapasa - 176 - Mustafapaşa - Eglises de Sarıca

Turquie - jour 19 - De Çavusin à Mustafapasa - 181 - Mustafapaşa - Eglises de Sarıca

Turquie - jour 19 - De Çavusin à Mustafapasa - 184 - Mustafapaşa - Eglises de Sarıca

Turquie - jour 19 - De Çavusin à Mustafapasa - 187 - Mustafapaşa - Eglises de Sarıca

Turquie - jour 19 - De Çavusin à Mustafapasa - 195 - Mustafapaşa - Eglises de Sarıca

Je visite les deux petites églises, dra­ma­ti­que­ment éro­dée par l’eau qui est venue dans les moindres inter­stices, ron­ger les parois et les poly­chro­mies lais­sées au vent ; autant dire qu’elles n’en ont plus pour long­temps. C’est à la fois le drame et la belle par­ti­cu­la­ri­té de ces églises… A l’a­bri de la lumière, les cou­leurs ont gar­dé tout leur mor­dant et leur fraî­cheur, mais la roche qui per­met ceci est aus­si friable et instable qu’elle accroche par­fai­te­ment le pig­ment. Dans quelques années, l’eau aura tout ron­gé, et à part quelques pièces dignes d’in­té­rêt, elles ne seront pas pro­té­gées et lais­sées dans cet état jus­qu’à ce qu’elles finissent dis­soutes comme un cachet d’as­pi­rine dans un verre d’eau…

Turquie - jour 19 - De Çavusin à Mustafapasa - 203 - Mustafapaşa - Pancarlık Vadisi ve Kilisesi

Turquie - jour 19 - De Çavusin à Mustafapasa - 207 - Mustafapaşa - Pancarlık Vadisi ve Kilisesi

Turquie - jour 19 - De Çavusin à Mustafapasa - 208 - Mustafapaşa - Pancarlık Vadisi ve Kilisesi

Turquie - jour 19 - De Çavusin à Mustafapasa - 210 - Mustafapaşa - Pancarlık Vadisi ve Kilisesi

Turquie - jour 19 - De Çavusin à Mustafapasa - 211 - Mustafapaşa - Pancarlık Vadisi ve Kilisesi

Je reprends la voi­ture et je conti­nue mon che­min un peu plus loin. je vois des pan­neaux indi­quant d’autres églises : Kepez, Kara­kuş… que je ne visi­te­rai pas. Je des­cends vers le lieu que poin­tait le pan­neau à l’en­trée de la val­lée, Pan­carlık. L’é­glise aux bet­te­raves est fer­mée à cette heure-ci, il fau­dra que je revienne un autre jour pour la voir. Je m’ex­ta­sie sur la petite cabane qui se trouve à l’en­trée et qui doit abri­ter le gar­dien pour ses jour­nées de visite. Un lieu char­mant. Un petit cana­pé devant une table, le tout orien­té vers le monas­tère dépen­dant de l’é­glise, sous un auvent de for­tune, un porte cartes pos­tales où se débattent au vent une dizaine de cartes dif­fé­rentes, aux cou­leurs pas­sés, lais­sées là. Der­rière, une cabane d’où dépasse un tuyau de poêle, des bon­bonnes d’eau, un petit pan­neau cloué sur la poutre indique le prix de l’en­trée : 4.00 TL, très pré­ci­sé­ment. A côté du cana­pé, une pelle qui a ser­vi à faire un tas de déchets, une âtre creu­sée dans la pierre porte une grille sous laquelle des paquets de ciga­rettes vides ser­vi­ront à amor­cer le feu pour pré­pa­rer le thé dans la théière qui, elle, attend sage­ment sur la grille. J’aime ces lieux vivants qui racontent la vie d’une jour­née, même lorsque les occu­pants ont tout lais­sé là et s’en sont allés chez eux, comp­tant sur la bien­veillance des visi­teurs éven­tuels pour ne rien van­da­li­ser. J’aime ces lieux qu’on peut tra­duire en gestes du quotidien.

Il est tard à pré­sent, les lumières des villes alen­tours com­mencent à poindre dans la soli­tude de cette val­lée iso­lée. Je prends une pho­to de la voi­ture dans ce pay­sage de rêve, qui achève cette jour­née fabu­leuse, pleine de sur­prises et de rebon­dis­se­ments, des jour­nées comme j’ai­me­rais en vivre des cen­taines par an, des jour­nées qui rem­plissent l’âme.

Je finis ma jour­née au Fırın Express à Göreme, d’un ada­na kebap (le plus épi­cé de tous) et d’un jus de cerise (vişne suyu). J’ai remar­qué que cer­taines per­sonnes qui vivent ici ne disent pas gueu­ré­mé, mais gueu­rèm. Peut-être l’in­fluence du fran­çais, seconde langue mater­nelle de la Cappadoce.

Ce soir, je me couche tôt, car demain, je me lève à 4h00…

Voir les 211 pho­tos de cette jour­née sur Fli­ckr.

Loca­li­sa­tion sur Google maps :

  1. Eglise de Nicé­phore Pho­cas à Çavuşin
  2. Ava­nos, ate­lier de Mehmet
  3. Sarı­han Kervansaray
  4. Aktepe
  5. Devrent vadi­si
  6. Mus­ta­fa­paşa
  7. Val­lée des églises à Mus­ta­fa­paşa (monas­tère Saint-Nicolas)
  8. Pan­carlık et Sarı­ca (l’emplacement n’est pas tout à fait exact, j’ai déjà eu du mal à retrou­ver le lieu sur place une deuxième fois, alors sur une carte satel­lite, hein…)

Liens :

  1. Vidéo (en turc, déso­lé) sur le Sarı­han Kervansaray
  2. Site sur la conser­va­tion de la Sarı­ca Kilise
  3. Site (en turc, encore) sur le patri­moine de la val­lée de Pancarlık

Épi­sode sui­vant : Dans la vapeur blanche des jours sans vent (car­net de voyage en Tur­quie — 15 août) : La Cap­pa­doce vue des airs et les cités sou­ter­raines de Tat­la­rin et Derinkuyu

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