Un artiste de la lumière mécon­nu: Vasi­li Dimi­trie­vich Polenov

BAL152046Voi­ci un peintre tout à fait fas­ci­nant mais dont mal­heu­reu­se­ment le nom ne fait pas par­tie du Gotha : Vasi­li Dimi­trie­vich Pole­nov (1844 — 1927) — Поленов Василий Дмитриевич.
Élu membre de l’A­ca­dé­mie impé­riale des beaux-arts en 1883, il fai­sait par­tie aupa­ra­vant du mou­ve­ment des Ambu­lants, mou­ve­ment exac­te­ment en réac­tion avec l’ins­ti­tu­tion dans laquelle il pro­fes­sa par la suite. S’il s’ins­tal­la avec sa famille sur les rives de la rivière Oka (affluent de la Vol­ga la rejoi­gnant à Nij­ni Nov­go­rod), on trouve beau­coup de ses pein­tures ayant pour thèmes quelques scènes de la Bible, ain­si que des pay­sages de Pales­tine, d’Égypte, du Liban ou de la Grèce. On voit clai­re­ment au vu de son trai­te­ment de la lumière com­ment il a réus­si à cap­ter deux façons dif­fé­rentes dont la lumière s’é­tale sur les pay­sages. Le pan de son œuvre euro­péenne dénote clai­re­ment avec son œuvre orien­tale, ce qui en fait à mon sens un peintre par­ti­cu­liè­re­ment sen­sible, d’une grande expres­si­vi­té. La diver­si­té de ses sujets est pro­pre­ment incroyable, pas­sant de sujets très aca­dé­miques à des scènes de rues ou des scènes pay­sannes ; c’est là à mon sens une carac­té­ris­tique de la pein­ture russe de cette époque. On trou­ve­ra dans ces œuvres aus­si bien des aqua­relles fines que des huiles légères, vapo­reuses, dont le trai­te­ment de la lumière est tou­jours très sub­til. Voi­ci ci-des­sous 38 de ses œuvres. (more…)

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Voyage de Décou­vertes de L’As­tro­labe exé­cu­té par ordre du Roi pen­dant les années 1826–1827-1828–1829 sous le com­man­de­ment de M. J. Dumont d’Urville

Jules Dumont d'Urville par Jérôme CartellierJules Dumont d’Ur­ville est un per­son­nage qui a pas­sé toute sa vie sur son navire à cou­rir aux quatre vents sur toutes les mers du monde. Acces­soi­re­ment, c’est à lui qu’on doit la décou­verte de la Vénus de Milo.
Sur son navire l’Astro­labe, il sillon­na les mers d’O­céa­nie, des Ton­ga aux Moluques, de la Poly­né­sie à la Micro­né­sie d’où il rame­na une somme consi­dé­rable d’ob­jets, de planches d’illus­tra­tions pré­cieuses dans le domaine de la géo­gra­phie et la bota­nique qu’il col­lec­ta dans les treize tomes de ses Voyages de l’As­tro­labe. Pour quel­qu’un qui a pas­sé sur sa vie sur la mer, c’est presque désho­no­rant d’a­voir per­du la vie dans un acci­dent de che­min de fer. Lui et toute sa famille sont décé­dés dans la célèbre catas­trophe fer­ro­viaire de Meu­don.
Voi­ci ici quelques planches recen­sant quelques bêtes bizarres et colo­rées sur Voyage de découvertes de l’As­tro­labe, exécuté par ordre du roi, pen­dant les années 1826–1827-1828–1829, sous le com­man­de­ment de M. J. Dumont d’Ur­ville, capi­taine de vais­seau. Par A. Richard, dis­po­nible dans son inté­gra­li­té sur Bota­ni­cus.
Le texte du livre sur Gal­li­ca.

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Nouilles froides à Pyon­gyang — Jean-Luc Coatalem

Nouilles froides à Pyon­gyang — Jean-Luc Coatalem

Bien­ve­nue en terre coréenne (du nord). Jean-Luc Coa­ta­lem est jour­na­liste, écri­vain, et actuel­le­ment rédac­teur en chef adjoint du maga­zine Géo. Une étrange lubie s’empare de lui ; faire le tou­riste en Corée du Nord. Le pays est cer­tai­ne­ment le pays le plus fer­mé du monde, on peut s’y rendre pour affaire, rare­ment pour le tou­risme et encore moins lors­qu’on est jour­na­liste, alors il monte une cabane grosse comme la Corée elle-même, il se fait pas­ser pour un voya­giste, se fait faire de fausses cartes de visites, change le mes­sage de son répon­deur, met ses amis dans une confi­dence qui pour­rait lui coû­ter la geôle ou le camp de tra­vail, mais il part quand-même et arrive par-des­sus le mar­ché à emme­ner un ami qui n’a jamais voya­gé tel­le­ment plus loin que les contours du péri­phé­rique parisien.
Voi­là le décor ; la plus oppres­sante dic­ta­ture mon­diale, un pays pri­son vivant sous le joug d’un gros nour­ris­son jouf­flu, naïf et imper­ti­nent, fils et petit-fils de gros nour­ris­son jouf­flu et naïf, et pire que tout, fou, ren­du fou par l’illu­sion qu’il est l’a­ve­nir de cette huma­ni­té cor­rom­pue qui vit en-dehors de ses fron­tières et qui laisse son peuple mou­rir de faim, ses 25 mil­lions d’ha­bi­tants vivre avec des carences qu’on croi­rait sor­ties d’un livre sur le Moyen-âge. Le pays manque tel­le­ment de tout que lors­qu’un tou­riste pointe le bout de son nez ici, il est enca­dré, sur­veillé, on allume les lumières et les radia­teurs sur son pas­sage, on chauffe la pis­cine de l’hô­tel et on met les enfants au garde à vous pour qu’ils jouent une sonate de Bach quand vous ouvrez la porte et le son retombe dès lors que vous sor­tez. Pays fan­toche, une façade en car­ton-pâte qui com­mence à se fis­su­rer sur toute la lon­gueur mais qui main­tient tel­le­ment bien la tête sous l’eau à ses habi­tants que je com­prends qu’on pré­fère se noyer plu­tôt que vivre ça.

Toi qui entre ici oublie le dia­mètre de l’as­siette nor­male ! Mais aus­si celui de l’as­siette inter­mé­diaire comme celle dite à des­sert pour ne te sou­ve­nir que des plus petites, sous-tasses à café et sou­coupes. Car c’est ain­si que tout, désor­mais, te sera ser­vi : dans de la dînette. Avec peu à man­ger des­sus. Et encore, tu es pri­vi­lé­gié : le reste de la RPDC crève de faim.
En règle géné­rale, ni fruits frais, ni lai­tages, ni pain, ni vin, ni huile, ni condi­ments et encore moins de sel ou de poivre sur la table. Deux bières et une bou­teille d’eau de 500ml à se par­ta­ger. Quant au thé, pas plus d’une demi-tasse cha­cun, et rede­man­der ne serait pas « camarade ».

Corée du Nord - KCNA

Pho­to © KCNA

Der­rière le décor, il n’y a, mal­heu­reu­se­ment, rien de caché d’autre que la misère d’un pays enrô­lé pour exé­cu­ter chaque jour de l’an­née son plus beau rôle, tou­jours diri­gé en direc­tion de son maître, son domi­nus, dont on ne peut être que l’es­clave fidèle, cour­bant l’é­chine et mon­trant son cul pour qu’on le lui botte en remer­ciant tou­jours haut et fort. Inutile de dire à quel point tout est contrô­lé, minu­té, rien n’é­chappe aux sbires du régime qui sous le coup de la peur ne savent rien faire d’autre qu’o­béir. Toute rébel­lion serait mor­ti­fère sinon pour toi, au moins pour ta famille…

Pyongyang

Pho­to © Oldgoldandblack
(Je ne sais pas vous, mais je trouve cette débauche de jambes coréennes 
par­fai­te­ment érotique)

On repart. Ce matin, mes trois Kim sont d’hu­meur guille­rette mais ils ont les che­veux qui tirent. Ils ont abu­sé hier soir de l’al­cool de riz. Ils pro­fitent bien de ce périple, d’ailleurs le coffre contient quatre car­tons scot­chés qui n’é­taient pas là à l’al­ler. Coup de télé­phone avant de fran­chir la herse. A l’a­vant, M. Kim 2 par­le­mente puis, gêné, les choses le dépas­sant, refile l’ap­pa­reil à M. Kim. Celui-ci fait ran­ger le véhi­cule sur le bas-côté et se retourne. Sou­rire de tra­vers, mèche en berne, il demande :
— Chambre 124 ?
— Oui.
— Pour­quoi un livre dans la poubelle ?
— Il est tom­bé dans l’eau et n’est plus…
Ma chambre a été fouillée, l’in­for­ma­tion est remon­tée aus­si­tôt, de la femme d’é­tage jus­qu’au res­pon­sable, et de celui-ci à mes anges gar­diens, avant que nous ne quit­tions l’é­ta­blis­se­ment : l’un des deux Fran­çais a lais­sé (exprès ?) un livre de poèmes (peut-être codé, les vers rap­pe­lant des for­mules) dans la pou­belle de la salle de bains. Pour­quoi ? A leur yeux, c’est un geste aber­rant car n’im­porte quel ouvrage vaut une for­tune. Et il ne man­que­rait plus que ce titre ne soit pas auto­ri­sé par la cen­sure (y en a‑t-il qui le soient ?) pour que ça aille plus haut, ima­gi­nez un hôtel dévo­lu aux pontes du régime, et pré­ci­pite cha­cun, com­plice, dans les emmerdes.
— Vous ne le rap­por­tez pas, mon­sieur Jean ?
— Écou­tez, je ne peux plus le lire, les pages se sont…
— Alors ils vont le détruire.
Et, après avoir don­né son ordre sec, notre guide rac­croche et relance la voi­ture. Avec la satis­fac­tion d’a­voir fait son devoir et de m’a­voir pro­té­gé de moi-même.

Kim Jong-unUn vrai livre de voyage pour se faire une belle frayeur dans l’autre pays du matin calme, un livre effrayant où Coa­te­lem arrive à nous faire sou­rire, mal­gré la réa­li­té d’un pays gen­ti­ment ron­gé par un can­cer qui porte le nom de Kim Jong-un, bébé jouf­flu et suf­fi­sant qui s’il n’é­tait aus­si mal­sain pour­rait très bien dan­ser comme un che­val en chan­tant Oppan Gan­gnam style
Mal­heu­reu­se­ment, rien de tout ceci n’est vrai­ment drôle en soi, et le livre mérite un détour pour com­prendre un peu ce qui se passe là-bas.  A pré­sent, cou­rez ache­ter ce livre, car, de ma part, en dire plus ne serait pas… « camarade ».

Jean-Luc Coa­ta­lem, Nouilles froides à Pyongyang
Gras­set, 2013

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Dans la vapeur blanche des jours sans vent (Car­net de voyage en Tur­quie – 4 août) : Kapu­taş pla­ji, Mavi Mağa­ra, Kal­kan (Anta­lya Fethiye Yolu)

Dans la vapeur blanche des jours sans vent (Car­net de voyage en Tur­quie – 4 août) : Kapu­taş pla­ji, Mavi Mağa­ra, Kal­kan (Anta­lya Fethiye Yolu)

Épi­sode pré­cé­dent : Dans la vapeur blanche des jours sans vent (Car­net de voyage en Tur­quie – 3 août) : Üçağız, Keko­va, Dochiste (Apol­lo­nia), Geyi­ko­va Adası, Kaleköy (Sime­na)

Bul­le­tin météo de la jour­née (same­di) :

  • 10h00 : 39.4°C / humi­di­té : 58% / vent 7 km/h
  • 14h00 : 40.1°C / humi­di­té : 58% / vent 22 km/h
  • 22h00 : 39.2°C / humi­di­té : 76% / vent 4 km/h

Aujourd’­hui, je me lève four­bu, la peau rou­gie, dou­lou­reuse et la tête me tourne. J’ai l’im­pres­sion d’a­voir trop pris le soleil et le manque d’ha­bi­tude m’in­dique qu’il faut que je me pose, que le calme sera le bien­ve­nu. Je n’i­rai pas beau­coup plus loin que la zone ombra­gée de la pis­cine une par­tie de la jour­née, et en soi­rée j’improviserai.
Il flotte dans les cou­loirs de l’hô­tel une odeur de déter­gent au citron qui me fait pen­ser aux bun­ga­lows de Majorque où j’é­tais allé avec ma mère ado­les­cent. Le bâti­ment lui-même est un monu­ment un peu daté, très années 50, qui com­mence à faire hors d’âge. C’est un bloc de béton accro­ché à la mon­tagne, sur le bord de la route, des­ser­vi par un esca­lier très large don­nant sur des cour­sives ; celle du pre­mier étage donne sur une ter­rasse ouverte qui fait toute la lar­geur du bâti­ment. Il y a du marbre par­tout dans les halls, les cor­ri­dors et sur la ter­rasse, mais pas dans les chambres où l’on trouve un car­re­lage imi­tant (mal) un par­quet en bois lui-même hors d’âge. Le mobi­lier est simple, lourd, mais rela­ti­ve­ment moderne, la lite­rie est dure mais c’est un gage de bonne nuit sans courbatures.

Turquie - jour 9 - Antalya Fethiye Yolu - 02 - Kaputaş plaji

Il fait encore très chaud ce matin, je devrais être habi­tué. D’a­près la météo, demain et après-demain, les tem­pé­ra­tures devraient être plus éle­vées de quelques degrés, mais au point où j’en suis, je ne sais pas si je pour­rais faire la dif­fé­rence. (more…)

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Le don

Pline le jeune

Pour moi, j’es­time heu­reux ceux à qui les dieux ont accor­dé le don, ou de faire des choses dignes d’êtres écrites, ou d’en écrire des dignes d’êtres lues ; et plus heu­reux encore ceux qu’ils ont favo­ri­sés de ce double avantage.

Pline le Jeune, Lettres

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