Mar 29, 2013 | Carnets de route (Osmanlı lale), Dans la vapeur blanche des jours sans vent (Turquie) |
Épisode précédent : Dans la vapeur blanche des jours sans vent (Carnet de voyage en Turquie – 3 août) : Üçağız, Kekova, Dochiste (Apollonia), Geyikova Adası, Kaleköy (Simena)
Bulletin météo de la journée (samedi) :
- 10h00 : 39.4°C / humidité : 58% / vent 7 km/h
- 14h00 : 40.1°C / humidité : 58% / vent 22 km/h
- 22h00 : 39.2°C / humidité : 76% / vent 4 km/h
Aujourd’hui, je me lève fourbu, la peau rougie, douloureuse et la tête me tourne. J’ai l’impression d’avoir trop pris le soleil et le manque d’habitude m’indique qu’il faut que je me pose, que le calme sera le bienvenu. Je n’irai pas beaucoup plus loin que la zone ombragée de la piscine une partie de la journée, et en soirée j’improviserai.
Il flotte dans les couloirs de l’hôtel une odeur de détergent au citron qui me fait penser aux bungalows de Majorque où j’étais allé avec ma mère adolescent. Le bâtiment lui-même est un monument un peu daté, très années 50, qui commence à faire hors d’âge. C’est un bloc de béton accroché à la montagne, sur le bord de la route, desservi par un escalier très large donnant sur des coursives ; celle du premier étage donne sur une terrasse ouverte qui fait toute la largeur du bâtiment. Il y a du marbre partout dans les halls, les corridors et sur la terrasse, mais pas dans les chambres où l’on trouve un carrelage imitant (mal) un parquet en bois lui-même hors d’âge. Le mobilier est simple, lourd, mais relativement moderne, la literie est dure mais c’est un gage de bonne nuit sans courbatures.

Il fait encore très chaud ce matin, je devrais être habitué. D’après la météo, demain et après-demain, les températures devraient être plus élevées de quelques degrés, mais au point où j’en suis, je ne sais pas si je pourrais faire la différence. (more…)
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Mar 24, 2013 | Carnets de route (Osmanlı lale), Dans la vapeur blanche des jours sans vent (Turquie) |
Épisode précédent : Dans la vapeur blanche des jours sans vent (Carnet de voyage en Turquie – 2 août) : Kaş intime
Bulletin météo de la journée (vendredi) :
- 10h00 : 38.0°C / humidité : 43% / vent 4 km/h
- 14h00 : 41.7°C / humidité : 67% / vent 19 km/h
- 22h00 : 37.2°C / humidité : 77% / vent 2 km/h
Ce jour est un peu particulier. Tandis qu’hier je me promenais dans les rues de Kaş; je suis tombé sur un opérateur local qui propose des activités sportives dans la région, ainsi que des balades en bateau, en jeep, etc. J’ai donc poussé la porte de la petite échoppe et j’ai réservé ma place pour partir une journée dans la baie de Kekova. Ne sachant pas réellement ce qui m’attendait, je n’ai pas vraiment cherché à en savoir plus ; la seule chose que je savais, c’est que cette baie est le joyau de la côte lycienne. En regardant la carte, on voit tout d’abord que cette baie constitue l’extrémité sud de la pointe de la Lycie.

Kekova sur le Kitab‑ı Bahriye de Piri Reis
Afficher Le perroquet suédois sur une carte plus grande
Un coup d’œil rapide nous laisse voir une succession de deux baies encastrées l’une dans l’autre. La première, la plus petite, est celle d’Üçağız ; elle ouvre sur la baie de Kekova, une île tout en longueur qui a donné son nom à la baie. On voit tout de suite que les lieux sont vierges de toute construction, que le paysage est rocailleux, planté de quelques touffes d’herbes grasses qui poussent entre les cailloux. L’île elle-même est séparée en deux par une arête dorsale qui désolidarise les deux versants. En se rapprochant, on peut voir que certains hauts-fonds sont visibles à cause de leur couleur claire dans cette belle eau bleue.
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Mar 22, 2013 | Livres et carnets, Sur les portulans |

© Rene Burri/Magnum Photos
On fait le fier, forcément. Les voyages ne forment pas seulement l’entendement. Ils aiguisent, dit-on, le regard et vous raffermissent l’âme. Peut-être même qu’à la longue ils verrouillent en vous quelque chose. On ne peut arpenter tous les désastres sans protection intérieure ; on ne court pas les incendies du monde et les détresses sans se claquemurer, mine de rien, dans une dureté minimale. Sans elle, tiendrait-on longtemps debout sur le chemin ? Tous les vrais voyages — et certains plus que d’autres — se font en apnée.
Raymond Depardon et Jean-Claude Guillebaud, La colline des anges
Retour au Vietnam (1972–1992)
Editions Points 1993
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Mar 21, 2013 | Livres et carnets, Sur les portulans |

Mme D. tombe de haut.
Nous aussi.
Éberlués, le mot est assez juste pour qualifier nos premiers pas dans ce nouvel Hanoï du printemps 1992. En moins d’un an, la capitale du Vietnam a entamé, elle aussi, une mue d’autant plus surprenante qu’elle rompt ici avec trente-huit années — et non dix-sept — de stalinisme. Je songe à la réflexion d’un diplomate de Huê : « Les différences entre les deux Vietnam s’estompent, vous verrez. Mais c’est le nord qui fait tout le chemin. » Austère, cette ville ? Ah non ! C’est une grâce alanguie qui nous accueille, une fraîcheur intacte qui s’essaie à la liberté. Et peut-être au plaisir. Faut-il, à nouveau, compter les Honda, les Simson ou les Babetta (motos est-allemandes) dans les rues ? Photographier les élégantes trop maquillées dans les allées du parc Hoàn Kiêm ? Énumérer ce fourmillement de boutiques privées, d’étalages de terrasses où l’on joue au mah jong et au tô tom ; fourmillement qui, chaque jour davantage, rivalise avec celui de Saigon ? Parler des couleurs qui chatoient désormais sur les avenues ? De l’effronterie des marchandes de litchis qui commentent à voix haute le look de l’étranger ? Raconter tout ce que l’on vous propose — mais à voix basse cette fois — sur ces trottoirs du centre qui prennent, vers le soir, des allures de frairies ?

Raymond Depardon et Jean-Claude Guillebaud, La colline des anges
Retour au Vietnam (1972–1992)
Editions Points 1993
© Raymond Depardon/Magnum Photos
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Mar 17, 2013 | Livres et carnets |

Rivière Congo
Photo © CIFOR (Center for International Forestry Research)
Voici un récit journalistique écrit par Lieve Joris, une écrivaine belge de langue flamande dont le grand-oncle fut missionnaire au Zaïre. Lieve Joris et le Congo, c’est une vieille affaire, elle en a déjà tiré un livre en 1987 depuis qu’elle est partie sur les traces de cet oncle. Dans ce petit livre à l’écriture nerveuse, elle décrit son voyage sur les hauts plateaux du Congo, une partie du monde revêche et abandonnée, dans laquelle une umuzungu (une blanche) n’a rien pas grand-chose à faire, alors lorsque l’une d’elle traverse les villages, c’est une véritable attraction, on se presse autour d’elle, on veut la toucher, on veut la voir… C’est la raison pour laquelle elle ne pourra faire son voyage à pied qu’accompagnée de personnes proches des milices ou de l’armée. Obligée de mentir sur qui elle est, elle s’invente deux enfants et un mari, car une femme non mariée et sans enfants, ça n’existe tout simplement pas. On se rend compte alors du gouffre qui sépare les deux mondes, gouffre culturel, gouffre entre deux civilisations qui ne se connaissent ni ne peuvent s’interpénétrer tant les échanges dont elle parle ne se font que par interprète interposé. Les rencontres avec les notables des villages, les femmes, ses guides, tout ceci reste confronté à la barrière de la langue et manque d’authenticité, mais on ne pourra faire ce reproche à l’auteur qui a tenté de transpercer cette région difficile, dans laquelle elle se trouvera plusieurs fois placée face à des écueils. Arrivée près du lac Tanganyka, la situation va même faillir tourner en eau de boudin. On sent dans ce livre une tension incroyable entre les habitants, les militaires et la personne de Lieve Joris qui ne peut que livrer un témoignage de son passage, sans pouvoir outre mesure écrire sa propre page d’histoire au Congo. Elle dessine à sa manière une carte de cette région résistante à la manière des explorateurs du XIXème siècle.
Dehors, la lune pendait tel un ballon lumineux entre les cases. Dans quelques jours, elle serait pleine ; je pensai au curé Jorojoro qui avait été ravi de savoir qu’elle nous accompagnerait durant notre voyage. A Bijombo, j’avais reçu une lettre de lui. D’une belle écriture élégante, il me souhaitait bon courage et disait qu’à Minembwe tout le monde était en pensée avec moi.
Comme partout en Afrique, les enfants de Kagogo jouaient dehors les nuits de clair de lune. Ils se pressaient en riant devant les grandes ouvertures des fenêtres de la case et reniflaient bruyamment à cause de la fumée s’élevant du feu de bois. Ils portaient des tee-shirts déchirés et des blousons trop grands. Leurs yeux vifs, futés brillaient à la lueur du feu.
Lieve Joris, Les hauts plateaux
Actes Sud, 2009
traduit du flamand par Marie Hooghe
Ce livre a reçu le prix Nicolas Bouvier 2009
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