Sorting by

×
La val­lée des rubis #1

La val­lée des rubis #1

Je fer­mai un ins­tant les yeux pour mieux ima­gi­ner, mieux voir ce que sug­gé­raient ces paroles. Les cata­ractes cre­vaient le ciel, noyaient l’ho­ri­zon et, sous les trombes d’eau, les petits hommes jaunes cher­chaient dans la boue les mor­ceaux de mine­rai pré­cieux… Quand je regar­dais à nou­veau autour de moi, la verte val­lée s’é­ten­dait jus­qu’aux toits de Mogok.

Joseph Kes­sel

La val­lée des rubis, Gal­li­mard, 1955

Read more
Thaï­lande, sous une lumière d’ocre (2) – Ambiances sonores à Bangkok

Thaï­lande, sous une lumière d’ocre (2) – Ambiances sonores à Bangkok

Après les ambiances sonores de Chiang Mai et son charme désuet, arri­vée dans la capi­tale bruyante et étouf­fante, pol­luée et four­millante, mais tout de même atti­rante. Bang­kok fait par­tie de ces villes qui divisent, qu’on aime à la folie ou qu’on déteste, parce que dans un sens comme dans l’autre, tout semble très facile.

Bang­kok

Cloche du Wat Pho - Bangkok - Thaïlande - mars 2013

Cloche du Wat Pho — mars 2013
Bang­kok

(1) Chao Phraya Express
(0’58”)

Je peux dif­fi­ci­le­ment ne pas emprun­ter les voies d’eau quand elles existent. J’aime sen­tir un ville depuis le fleuve qui la tra­verse ou depuis les canaux qui la qua­drillent. Le Chao Phraya, très large à Bang­kok puis­qu’il se jette dans le Golfe de Thaï­lande à quelques kilo­mètres de là, est un monde en soi, sillon­né par toute une arma­da de péniches, navettes, long tail boats péta­ra­dants qui l’a­niment du soir au matin, regar­dant pas­ser les lai­tues d’eau char­riées par le cou­rant. Le Chao Phraya Express est une véri­table ins­ti­tu­tion et si vous vou­lez pro­fi­ter plei­ne­ment du fleuve, emprun­tez ceux qui arborent le dra­peau orange. Pour seule­ment 15 baths (0,30€) vous pour­rez relier Non­tha­bu­ri au nord à Wat Raj­sing­korn au sud, soit envi­ron 25km. Évi­dem­ment, il faut faire atten­tion aux horaires car tout s’ar­rête à 19:00…

[audio:thai/01-BKK.mp3]

(2 et 3) Conver­sa­tions au mar­ché de Chatuchak
(0’36” et 1′52″)

Le mar­ché de Cha­tu­chak est, paraît-il un endroit incon­tour­nable de la ville. Situé bien loin du centre tou­ris­tique, très au nord et uni­que­ment attei­gnable par la ligne de métro aérien, c’est un endroit hal­lu­ci­nant. Moi­tié bazar à tou­ristes, moi­tié bazar à Thaïs, c’est un joyeux fou­toir où l’on peut aus­si bien ache­ter une paire de jeans, un kimo­no japo­nais, une coque de télé­phone ou alors un chien… Tout dépend de ce que l’on y cherche. Les prix sont déri­soires, même s’ils demeurent plus chers qu’en dehors des cir­cuits touristiques.
Je me suis arrê­té dans un petit maga­sin qui ven­dait des vête­ments et j’ai écou­té ce qui se disait. Un homme en train de fumer, deux femmes qui cou­raient après les clients et des éclats de rire par­fois, des bribes de conver­sa­tions, dans la cha­leur étouf­fante sous les toits de tôle. Si je me suis arrê­té là, c’est que j’é­tais en plein dans le champ d’ac­tion d’un énorme ventilateur.

[audio:thai/02-BKK.mp3]

Si la Thaï­lande est le pays du sou­rire, on y rit aus­si beaucoup…

[audio:thai/03-BKK.mp3]

(4) Ambiance au mar­ché de Chatuchak
(1′17″)

Je suis res­té long­temps dans la mar­ché ; c’est tout sim­ple­ment immense, une vraie ville dans la ville. A l’en­trée sont affi­chées les trom­bines des pick­po­ckets qui se sont fait ser­rer la main dans le sac. De la musique y est dif­fu­sée toute la jour­née, sans dis­con­ti­nuer, tou­jours la même, ce qui fait qu’en res­tant un peu sur place on entend sou­vent la même chan­son reve­nir, comme celle-ci qui, si on l’im­por­tait ici, pour­rait rem­por­ter un vif suc­cès, je n’en doute pas.

[audio:thai/04-BKK.mp3]

(5) Cir­cu­la­tion à la sor­tie du mar­ché de Chatuchak
(0′56″)

A la fin de la jour­née, sor­tir de Cha­tu­chak pour rejoindre le BTS (métro aérien) n’est pas une mince affaire. Les trot­toirs sont noirs de monde, les agents font la cir­cu­la­tion en sif­flant dans tous les sens, les tuk-tuk péta­radent et inter­pellent les tou­ristes, les men­diants men­dient et moi je mange une crêpe à la banane arro­sée de lait de coco pré­pa­rée par une musul­mane qui louche avant de prendre le BTS (dans lequel il est inter­dit de manger).

[audio:thai/05-BKK.mp3]

(6) Bang­kok depuis le 18ème étage
(0′59″)

Retour à Bang­kok après l’in­ter­rup­tion dans les îles, j’ar­rive à l’hô­tel en pleine nuit, les­si­vé. Dès le len­de­main matin, à l’aube, je vole ces pre­miers sons depuis le 18ème étage du très bel hôtel Cha­trium, d’où l’on entend les pre­miers bateaux s’é­brouer sur le fleuve char­riant des tonnes de sable et de lai­tues d’eau. On entend sif­fler le bos­co de la vedette et les moteurs diesel…

[audio:thai/06-BKK.mp3]

(7) Attendre sur le pon­ton de Sathorn pier
(1′42″)

Quand on prend le par­ti de prendre le bateau pour se dépla­cer sur le fleuve, on passe for­cé­ment pas mal de temps à l’at­tendre, ce qui est somme toute plus agréable que de traî­ner dans les rues, prendre le bus ou le tuk-tuk et qui sur­tout donne un peu l’im­pres­sion de res­pi­rer… Sathorn pier est un des arrêts les plus impor­tants, c’est ici que la navette du Cha­trium s’ar­rête pour les cor­res­pon­dances, et c’est ici aus­si que passe le BTS. Une femme fait une annonce dans un micro, les gens attendent en se pas­sant devant les uns les autres, pas d’ordre, pas de dis­ci­pline, puis le bateau finit par arriver.

[audio:thai/07-BKK.mp3]

(8) A bord du Chao Phraya Express
(2′00″)

C’est repar­ti avec le bateau, moteur vrom­bis­sant, sif­flet du bos­co, le conduc­teur, un ancien mili­taire qui arbore avec fier­té une pho­to de jeu­nesse au-des­sus de la barre, manie la coque de noix effi­lée avec non­cha­lance, pieds nus, tan­dis que l’eau claque contre la proue. En face de moi, un moine bedon­nant s’en­dort à moi­tié au rythme du fleuve…

[audio:thai/08-BKK.mp3]

(9) A bord du Chao Phraya Express à Wang Tang pier
(2′00″)

Dans l’autre sens, en retour­nant vers le centre depuis The­wet pier, un arrêt à Wang Tang pier où il se passe quelque chose mais je ne sais pas vrai­ment quoi. Peut-être trop de cou­rant, le bateau a du mal à appro­cher du quai, une femme avec un porte-voix jette des ins­truc­tions que per­sonne ne semble vou­loir suivre, c’est le bazar, des gens montent et d’autres des­cendent dans la cohue, puis le bateau repart.

[audio:thai/09-BKK.mp3]

(10) Ambiance près du Chao Phraya, après l’orage
(0′45″)

Après avoir pris un gros bouillon en sor­tant de Chi­na­town, une averse comme on ne peut en voir qu’i­ci, trem­pé comme une soupe, je pro­fite de quelque ins­tants de répit sous le hall du quai avant de reprendre le bateau, avant de me retrou­ver gelé par le vent dans la vedette.

[audio:thai/10-BKK.mp3]

 

Read more
L’al­cool et la nostalgie

L’al­cool et la nostalgie

Quand je l’ai ren­con­trée à Paris nous avions dix huit ans à peine, je débar­quais de ma pro­vince et j’a­vais l’im­pres­sion de sor­tir de pri­son, de ren­trer du Gou­lag, de Maga­dan ou d’ailleurs et de retrou­ver une liber­té qu’en réa­li­té je n’a­vais jamais connue, à part dans les livres, dans les livres qui sont bien plus dan­ge­reux pour un ado­les­cent que les armes, puis­qu’ils avaient creu­sé en moi des dési­rs impos­sibles à com­bler, Kerouac, Cen­drars ou Conrad me don­naient envie d’un infi­ni départ, d’a­mi­tiés à la vie à la mort au fil de la route et de sub­stances inter­dites pour nous y mener, pour par­ta­ger ces ins­tants extra­or­di­naires sur le che­min, pour brû­ler dans le monde, nous n’a­vions plus de révo­lu­tion, il nous res­tait l’illu­sion du voyage, de l’é­cri­ture et de la drogue.

Mathias Enard

L’al­cool et la nos­tal­gie, Édi­tions Inculte, 2011

Read more
Ang­kor #1

Ang­kor #1

De retour, dix ans plus tard, dans son musée d’en­fant, il sent la même odeur de mort. Même les rêves d’en­fant ne sont pas immor­tels et se couvrent de pous­sière. Cette triste décou­verte donne à Loti le sens du voyage d’Ang­kor comme d’une leçon de sagesse que le cré­pus­cule de la vie seul devait rendre lisible. Le voya­geur est deve­nu pèle­rin en accé­dant enfin à lui-même et au sen­ti­ment reli­gieux qui per­met de contem­pler la mort : la « Pitié suprême ».

Émi­lie Cappella

Le cré­pus­cule à Ang­kor, in Pierre Loti, Ang­kor, Édi­tions Magellan

Read more
Dans la vapeur blanche des jours sans vent (Car­net de voyage en Tur­quie – 12 août) : Retour à Anta­lya, en pas­sant par le Mont Chi­mère (Yanar­taş) et l’arrivée à Nevşehir

Dans la vapeur blanche des jours sans vent (Car­net de voyage en Tur­quie – 12 août) : Retour à Anta­lya, en pas­sant par le Mont Chi­mère (Yanar­taş) et l’arrivée à Nevşehir

Épi­sode pré­cé­dent : Dans la vapeur blanche des jours sans vent (Car­net de voyage en Tur­quie – 11 août) : Pata­ra et Xan­thos, les grandes cités lyciennes

Bul­le­tin météo de la jour­née (dimanche) :

  • 10h00 : 41.1°C / humi­di­té : 61% / vent 9 km/h
  • 14h00 : 42.2°C / humi­di­té : 61% / vent 17 km/h
  • 22h00 : 38.3°C / humi­di­té : 72% / vent 9 km/h

C’est le jour du départ pour Anta­lya. der­nière expé­di­tion pour retour­ner sur la route, direc­tion la Cap­pa­doce. Cette fois-ci, je ne prends pas l’a­vion, mais le car et j’a­voue que je suis un peu angois­sé. De toute façon, dès lors que je ne connais pas, je suis angois­sé, il y a tou­jours quelque chose qui m’in­quiète et qui me tord le ventre au point que je com­prends mieux pour­quoi je me sens par­fois aus­si épui­sé lorsque je voyage. Bien loin de ne pas pro­fi­ter, je suis tou­jours à l’af­fût, de peur de man­quer quelque chose, de me dire que je ne pour­rai jamais vivre le choses qu’une seule fois et que si je rate, c’est fichu. Les sens en éveil, je m’é­puise vite.

Je fais ma valise et je vais prendre mon der­nier petit déjeu­ner en com­pa­gnie des Alle­mands. Avec du recul, je n’é­tais pas très heu­reux d’être dans cet hôtel, même si je n’y ai pas­sé que très peu de temps au final et je me rends compte que tout ceci n’a pas d’im­por­tance, mal­gré le fait que la nui­tée n’é­tait pas don­née. Je pars sans regret et je file vers Kal­kan et Kaş, direc­tion l’est pour retrou­ver Anta­lya. Je dois rendre la voi­ture au loueur et retour­ner ensuite à la gare rou­tière (Oto­gar) et pour cela, j’ai pas mal de temps, rien ne presse, le car part à 21:00 et je dois rendre la voi­ture à 19:30. Une heure et demie pour rejoindre la gare rou­tière, c’est plu­tôt confortable.

Turquie - jour 17 - Route de Patara à Antalya et Mont Chimère - 01

Je me perds avec la voi­ture dans Kal­kan, dans les petites rues pen­tues et pavées qui des­cendent vers la mer sans arri­ver à la moindre plage ; il n’y a que des impasses et je me finis par me retrou­ver dans une rue que je n’ar­rive pas à remon­ter tel­le­ment elle monte. La voi­ture patine et ne veut plus avan­cer… Je sors et je regarde les pneus ; ils sont lisses ! Je ful­mine contre le loueur, son tacot et ses pneus mer­diques. J’ouvre le coffre, sors ma valise et redes­cends la rue en marche arrière. Ensuite je prends mon élan en fai­sant chauf­fer le moteur et je réus­sis à remon­ter la por­tion la plus dan­ge­reuse. Le moment le plus sym­pa, c’est quand je dois remon­ter la valise sur les pavés, sur une pente que même à pied j’ai du mal à gra­vir et en plein soleil… Une bonne suée dès le matin et je repars de Kal­kan un peu en colère. Je m’ar­rête à Kaş pour le déjeu­ner, à l’heure du muez­zin, dont le chant s’in­ten­si­fie ou s’é­touffe avec les rafales de vent. La mer (Akde­niz) est déchaî­née, dans un mau­vais jour ; le vent n’est pas en reste. Je trouve quand-même Kaş plus vivante que Pata­ra, qui semble comme en léthar­gie, sur le point de s’é­teindre. Un hôtel sur les hau­teurs est com­plè­te­ment aban­don­né, c’est dire à quel point les beaux jours sont der­rière. (more…)

Read more