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L’es­prit de Noël

christmas

Ça ne tient pas à grand-chose, ou plu­tôt ça tient à l’a­bon­dance de choses. Des lumières pour lut­ter sym­bo­li­que­ment contre les forces des ténèbres qui nous englou­tissent à cette période de l’an­née ; beau­coup de nour­ri­ture pour faire bom­bance une fois l’an, comme une sorte de car­na­val qui aurait voca­tion à exor­ci­ser quelque chose ; du cham­pagne, des bulles, plus qu’il ne fau­drait ; et puis une débauche de cadeaux pour ceux qu’on aime ; des cou­leurs, des chan­sons, des déco­ra­tions. Noël c’est avant tout l’a­bon­dance, pour soi et pour les autres. (more…)

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Maes­tà #2 : La Maes­tà di San­ta Tri­ni­ta par Cima­bue (Gio­van­ni Cen­ni di Pepe)

Maes­tà #2 : La Maes­tà di San­ta Tri­ni­ta par Cima­bue (Gio­van­ni Cen­ni di Pepe)

Cette très belle Maes­tà de Gio­van­ni Cen­ni di Pepe, plus connu sous le nom de Cima­bue (dont nous ne connais­sons d’ailleurs pas le visage puisque l’illus­tra­tion de son entrée — la pre­mière — des Vite de Gior­gio Vasa­ri n’a été com­po­sée que d’a­près une gra­vure d’é­poque) est conser­vée dans la même salle (la n°2) du Musée des Offices que la Maes­tà de Duc­cio, pré­cé­dem­ment étu­diée. La pré­sence des deux tableaux (plus un autre que nous étu­die­rons plus tard) n’est pas for­tuite puisque ce sont des “tableaux de réfé­rence”. Réfé­rence car à la fois modèle issu des canons de la pein­ture byzan­tine et paran­gon de pein­ture pré-Renais­sance ; elles sont révé­la­trices d’une vision momen­ta­née de l’art, aus­si bien que la réfé­rence de ce qui vien­dra après et qui le permettra.
Je reste per­sua­dé qu’a­fin d’a­voir une bonne vision des œuvres qu’on étu­die, il faut avoir un mini­mum de connais­sances sur plu­sieurs envi­ron­ne­ments ; d’a­bord la vie des artistes, ensuite l’his­toire de la reli­gion et l’his­toire tout court, puis éga­le­ment s’in­té­res­ser aux com­man­di­taires, et nous entrons ain­si dans une sys­tème éco­no­mique dont la sur­face du bois peint n’est plus que l’ex­pres­sion ultime. Dres­sons le décor. Trois hommes nés à quelques années d’é­cart vont créer une dyna­mique pic­tu­rale qui va faire bas­cu­ler l’his­toire de l’art du conser­va­tisme byzan­tin à la moder­ni­té de la Renaissance.

  1. Cima­bue (1240–1305)
  2. Duc­cio di Buo­nin­se­gna (1255–1319)
  3. Giot­to di Bon­done (1267–1337)

On le voit à leurs dates de nais­sance et mort, ils naissent tous les trois à plus ou moins dix ans d’é­cart et ce n’est pas un hasard qu’ils aient joué sur une telle scène et soient aus­si déter­mi­nants car les trois hommes se connais­saient très bien ; en effet, les deux der­niers ont été les élèves du pre­mier. Cima­bue occupe donc une place cen­trale qu’on a sou­vent du mal à lui res­ti­tuer. Sur les trois, c’est Giot­to qui rem­porte tou­jours les faveurs du plus grands nombres, mais j’ai tou­jours un peu de tris­tesse lorsque je constate à quel point on ne prend pas en compte l’in­fluence des ainés, même si l’é­lève dépasse le maître. On devrait tou­jours dire Giot­to, élève de Cima­bue, comme un épi­thète indis­so­ciable. Donc après avoir par­lé de Duc­cio et avant d’en venir à Giot­to, il me semble nor­mal, dans cette fresque sur les plus belles Maes­tà de l’his­toire de la pein­ture, de faire un grand détour par Cima­bue, que nous étu­die­rons d’ailleurs à deux reprises au moins. Fai­sons fi de la chro­no­lo­gie pour aller où bon nous semble.

Maestà di Santa Trinita - Cimabue - 1280-90 - Galleria degli Uffizi - Florence

Voi­ci donc une Maes­tà peinte aux alen­tours de 1280, mesu­rant 385 × 223 cm, légè­re­ment plus petite donc, que celle de Duc­cio, mais immense tout de même. Lorsque l’on songe que ces tableaux étaient peints en tem­pe­ra (c’est-à-dire avec cette tech­nique immé­mo­riale qui ser­vait à peindre les icônes byzan­tines) sur des pan­neaux de bois, c’est-à-dire un maté­riau cher (le pas­sage à la toile est impli­ci­te­ment un sou­ci d’é­co­no­mie), et dont les par­ties les plus nobles étaient recou­vertes de feuilles d’or, on a peine à ima­gi­ner à quel point ces œuvres sont avant tout œuvres de richesse avant d’être œuvres de reli­gion. La tableau est donc peint, sur la com­mande de l’ab­baye de Val­lom­bro­sa, pour l’é­glise dont elle porte le nom, la petite basi­lique San­ta Tri­ni­ta de Flo­rence (à deux pas du pont San­ta Tri­ni­ta et face à la Colon­na del­la Gius­ti­zia, colonne mono­li­thique en gra­nit pro­ve­nant des termes de Cara­cal­la). Après une par­cours dégra­dant, elle finit dans la salle n°2 de la Gale­rie des Offices. (more…)

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Maes­tà #1 : La Madone Rucel­lai par Duc­cio di Buoninsegna

Maes­tà #1 : La Madone Rucel­lai par Duc­cio di Buoninsegna

Nous voi­ci face à une œuvre d’une force consi­dé­rable. La Maes­tà (Vierge en majes­té) por­tant le nom de la cha­pelle de San­ta Maria Novel­la de Flo­rence dans laquelle elle a long­temps été expo­sée, jus­qu’en 1937, est en tout point conforme aux canons de la pein­ture byzan­tine. Le grand Sien­nois Duc­cio di Buo­nin­se­gna, Duc­cio pour les intimes, a réa­li­sé là ce que la reli­gion d’a­lors exi­geait d’un peintre en matière d’art, ni plus, ni moins. C’est en tout cas ce qu’on cer­tai­ne­ment crû les com­man­di­taires de ce tableau aux dimen­sions colos­sales (290x450 cm) puisque le tableau est long­temps res­té accro­ché dans l’église.

Duccio di Buoninsegna -  Madonne Rucellai - 1285 -  Galleria degli Uffizi - Florence

Fond doré, taille et posi­tion des deux per­son­nages prin­ci­paux, prin­cipe iso­mé­trique de la pers­pec­tive du trône, tout y est ; c’est une œuvre qui a voix au cha­pitre. Mais Duc­cio avait du génie et si l’on regarde ce tableau d’un peu plus près, on voit que le peintre n’a pas fait l’é­co­no­mie du par­ti pris esthé­tique. Évi­dem­ment, la Vierge est la plus belle des femmes, rien à redire là-des­sus, mais la Vierge de Duc­cio a le regard de biais, le regard tendre et atten­dri, elle n’a en aucun cas ce regard froid de bour­geoise qui toise le monde, et ses joues sont légè­re­ment rosies, son teint n’a rien à voir avec le teint cada­vé­rique des pein­tures d’an­tan… Voi­là enfin une Vierge à échelle humaine, même si ses dimen­sions la placent bien au-des­sus du com­mun des mor­tels. La Vierge est donc une femme, une vraie, avec des émo­tions, de la ten­dresse, sur­tout, elle est capable d’é­mo­tion, ce n’est pas qu’une pleu­reuse qui s’ef­fondre au pied de son fils cru­ci­fié. En voi­là une sacrée nou­velle ! Pour faire bonne mesure et ne pas trop en dire, Duc­cio a éga­le­ment légè­re­ment rosi les joues du pote­lé bam­bin futur Roi du Monde ain­si que celles des anges. Après tout, ce sont aus­si des per­son­nages d’es­sence divine… (more…)

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Dans la vapeur blanche des jours sans vent (car­net de voyage en Tur­quie — 13 août) : Üçhi­sar, Göreme et les églises rupestres

Dans la vapeur blanche des jours sans vent (car­net de voyage en Tur­quie — 13 août) : Üçhi­sar, Göreme et les églises rupestres

Épi­sode pré­cé­dent : Dans la vapeur blanche des jours sans vent (Car­net de voyage en Tur­quie – 12 août) : Retour à Anta­lya, en pas­sant par le Mont Chi­mère (Yanar­taş) et l’arrivée à Nevşehir

Bul­le­tin météo de la jour­née (lun­di) :

10h00 : 24°C / humi­di­té : 46% / vent 9 km/h
14h00 : 29°C / humi­di­té : 22% / vent 6 km/h
22h00 : 22°C / humi­di­té : 8% / vent 2 km/h

Turquie - jour 18 - Üchisar et Göreme - 003 - Üçhisar

Der­niers kilo­mètres sur la route qui mène à la Cap­pa­doce. Je viens de dépas­ser Aksa­ray (Saray : palais ; Ak : blanc) et je me dis que je n’ai fina­le­ment qu’une très vague idée de ce que je vais pou­voir décou­vrir ici. L’ar­ri­vée d’in­ter­net a ceci de confor­table qu’on peut com­men­cer à voya­ger avant même de par­tir, mais je dois confes­ser que je ne suis pas du tout dans cette optique. Je n’ai que quelques images floues de ce qu’est la Cap­pa­doce, des images que je ne tente pas de faire dur­cir plus que ça, tant j’ai envie de me lais­ser sur­prendre par l’é­cart entre le fan­tasme et la réa­li­té. Je ne fan­tasme qu’a­vec ce que j’en ai lu sur le Guide Bleu, mon com­pa­gnon de route et une fois encore, ce que donne à voir ou à ima­gi­ner ces guides ne sont qu’une vision très frag­men­taire et très éloi­gnée des émo­tions qui peuvent nous assaillir sur le ter­rain. J’a­voue être angois­sé, de la même manière que j’é­tais angois­sé lorsque je suis arri­vé à Anta­lya, pétri de doutes, apeu­ré par l’in­con­nu qui s’ouvre devant moi, sur la réserve lorsque je ne suis plus en ter­rain connu, prêt à me lais­ser vio­len­ter par ce qui m’at­tend. (more…)

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En pré­lude à la val­lée des rubis de Joseph Kes­sel… Le temple des mendiants

En pré­lude à la val­lée des rubis de Joseph Kes­sel… Le temple des mendiants

On peut com­men­cer à lire Joseph Kes­sel en pas­sant par la grande porte, avec Le Lion et les livres qui ont été por­tés à l’é­cran et que l’on connaît plus pour leur suc­cès propre que par le nom de celui qui en a écrit l’his­toire, comme La pas­sante du sans-sou­ci ou L’ar­mée des ombres. Ou alors on peut entrer par la petite porte avec ses romans de jeu­nesse ou tar­difs, ou ses repor­tages magni­fiques. Il y a de toute façon beau­coup de matière, beau­coup à lire, et c’est ce que j’ai com­men­cé à faire, sans trop crier gare. Une réédi­tion récente de La val­lée des rubis m’a per­mis de décou­vrir un texte pas­sion­nant sur un des lieux les plus étranges de ce monde ; Mogok. Mogok est une ville bir­mane située dans la région de l’an­cienne capi­tale royale Man­da­lay. Répu­tée pour ses mines de pierres pré­cieuses et semi-pré­cieuses, les étran­gers ne peuvent s’y rendre qu’a­vec un per­mis spé­cial et à condi­tion qu’ils béné­fi­cient d’une licence leur per­met­tant d’ex­ploi­ter le com­merce des pierres. On sait aus­si que les ouvriers des mines sont sou­vent dro­gués afin de sup­por­ter les condi­tions de tra­vail abo­mi­nables dans les­quelles sont extraites les gemmes, et que les auto­ri­tés font tout pour que cela ne soit pas connu. Pas assez appa­rem­ment, mais cela n’empêche pas l’ex­ploi­ta­tion de continuer.
L’his­toire de Kes­sel se déroule depuis Paris jus­qu’à Mogok, où le nar­ra­teur et son ami Jean se rendent pour retrou­ver les traces d’un tré­sor de rubis « sang-de-pigeon » per­du de manière mys­té­rieuse. Avant d’ar­ri­ver sur les terres bir­manes, ils passent par Bom­bay, ce qui sera pour eux une expé­rience gla­çante… Je livre ici deux pages de ce grand livre, à lire avec pré­cau­tions. Âmes sen­sibles… s’abs­te­nir… (more…)

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