May 16, 2010 | Histoires de gens |

Stèle : la princesse Néfertiabet devant son repas. Ancien Empire, 4e dynastie, règne de Khéops (2590–2565 av. J.-C.). Musée du Louvre
La pyramide était entourée de plusieurs petites, dont les bases subsistent encore. On y reconnait aisément la situation de celle qu’Hérodote dit avoir été bâtie par la fille de Chéops, au frais de ses amants, qui payaient chacune de ses faveurs d’un bloc de pierre d’Éthiopie. Cette pyramide n’avait, selon notre auteur, qu’un phletre de base, c’est-à-dire soixante-sept pieds et demi ; elle était donc beaucoup plus petite que celle dont nous venons de parler ; mais je me suis convaincu que c’était parce que les pierres en étaient moindres, et non pas parce qu’il y en avait moins. Cependant en ne prenant que la moitié du nombre marqué ci-dessus, nous aurons cent-soixante sept mille trois cents quatre-vingt trois faveurs et demie, somme qui, pour une jeune princesse, paraîtra toujours assez considérable.
Jean-François Champollion
Un esprit chagrin serait en droit de se demander qui est le pingre qui y est allé d’une seule demi-faveur (et l’esprit encore plus chagrin répondra certainement : “tous”)
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Mar 18, 2010 | Livres et carnets, Sur les portulans |

Source BNF
De la nuit cairote, je ressens encore les odeurs et les couleurs, la poussière du désert sur les trottoirs, je revois les murs de terre sèche, le Nil majestueux reflétant à l’infini un soleil écrasant. Visite guidée parmi les rayonnages de la bibliothèque.
Avec Gaston Maspero et son Guide du visiteur au Musée du Caire (1902). Une visite virtuelle dans le célèbre musée par un égyptologue de renom.

Cinq mois au Caire et dans la Basse Égypte / par Gabriel Charmes, 1880, un texte suave et moderne. (more…)
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Mar 17, 2010 | Histoires de gens |

Louis VIII par Henri Lehmann,
château de Versailles
Le roi de France Louis VIII, dit Le Lion, fils de Philippe-Auguste, mari de Blanche de Castille et père du futur Louis IX, plus connu sous le nom de Saint-Louis, était un homme d’une piété exemplaire. Son histoire est tragique. Parti en croisade contre les Albigeois soutenus par Raymond VII, comte de Toulouse (gravement suspecté de ne pas avoir voulu cautionner le massacre des hérétiques Cathares), il mène ses troupes aux portes d’Avignon qui finira par tomber puis aux portes de Toulouse. Mais l’hiver, ses maladies et les désertions auront raison de son armée. Le Roi de France Louis VIII sera frappé par la dysenterie.
Il lui aurait pourtant suffi de prendre le traitement qu’on recommandait à l’époque pour chasser le mal : coucher avec une jeune vierge, mais le Roi était pieux et refusa. Il mourut en 1226 dans d’atroces souffrances (près de la nationale 9), à Montpensier. Entre la dysenterie et coucher avec la vierge, mon cœur balance.
En parlant de pieux, voici une petite anecdote qui appartient également à l’Histoire.
Mamelouk (مملوك) est un terme arabe qui signifie possédé. Les mamelouks n’étaient ni plus ni moins que d’anciens esclaves qui se constituaient en milices au service d’un calife ottoman. Ils envahirent l’Égypte à partir de 1250 et malgré le fait qu’ils étaient de grands bâtisseurs (et pilleurs également) et des artistes hors-pair, laissant leur trace dans tous les plus beaux monuments de l’Égypte ayyubide, ils n’étaient pas spécialement réputés pour leur délicatesse comme en témoigne l’origine de leur nom. Leurs occupations consistaient surtout à passer à peu près tout le monde au fil de leur lame recourbée. Leurs supplices préférés étaient al-tawsit et al-khazuq.
Al-khazuq consiste à empaler les corps, tandis que al-tawsit consiste à les découper en deux à partir de l’abdomen. Une raffinement suprême.
Je ne me lasse jamais de ces petits faits qui font la grande histoire…
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Mar 12, 2010 | Arts, Sur les portulans |
Imaginez-vous marcher dans les rues d’Alexandrie en 1900 derrière un âne. L’âne marche d’un air débonnaire et soudain disparait de l’horizon, englouti par un trou béant qui s’est ouvert sous son poids. C’est apparemment le scénario qui s’est déroulé le jour où ont été découvertes les catacombes de Kom ash-Shuqqafa (Kom-el-Chouqafa — la colline aux tessons), non loin du canal el Mahmoudiya. Cet immense hypogée est le plus grand site archéologique mis à jour à Alexandrie et demeure le dernier vestige de la religion égyptienne, même si le style en est clairement romain, et la décoration dans un style typiquement gréco-romain caractéristique d’Alexandrie. Construit à la fin du Ier siècle, il a été utilisé pendant près de trois siècles. Ce sont en tout 300 tombes qui ont été mises à jour, réparties sur trois niveaux dont le plus bas est aujourd’hui inondé et impraticable, à 35 mètres sous terre, le tout entièrement creusé dans la roche. Le lieu est organisé autour d’une grande rotonde qui dessert toutes les pièces, tombes principales comme d’autres plus récentes. L’ensemble est composé d’un puits par lequel on passait les corps, la rotonde, la salle principale, toute un bordée de loculi (niches) et un triclinium, une salle de banquet destinée aux invités. Les premiers archéologues à y entrer trouvèrent de la vaisselle et des amphores encore pleines de vins.
L’époque de construction de cet hypogée correspond avec le moment où la ville d’Alexandrie ne sait pas quelle religion adopter, tiraillée entre les prémisses d’un christianisme hésitant, le panthéisme de Rome ou d’Athènes et les anciennes croyances égyptiennes. On voit mêlé dans la tombe disques solaires, statues d’Anubis (dieu dévoué au passage vers le pays des mort) affublée de la queue de serpent d’Agathos (Agathodaemon, αγαθος δαιμων) et vêtu comme un légionnaire romain. On y voit également des peintures représentant l’enlèvement de Perséphone par Hadès et la momification d’Osiris. La confrontation des différents styles a toujours quelque chose d’un peu étrange parfois, pour ne pas dire ridicule. Le haut-relief d’Anubis stylisé “à la grecque”, avec muscles saillants et pose maniérée, le tout mêlé à la représentation dans laquelle s’exprime le refus de tourner le corps est singulièrement inappropriée, mais c’est un témoignage des temps troublés, entre deux eaux.
- The Catacombs of Kom el-Shuqafa, the “Mound of Shards,” Part I: An Introduction and the First Level by Zahraa Adel Awed
- The Catacombs of Kom el-Shuqafa, the “Mound of Shards,” Part II: The Second Level and the Main Tomb by Zahraa Adel Awed
- The Catacombs of Kom el-Shuqafa, the “Mound of Shards,” Part III: The Hall of Caracalla (Nebengrab) by Zahraa Adel Awed
Message perso : page 453
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Mar 10, 2010 | Livres et carnets |

Photo © Andy Hares
Quelqu’un de très cher m’a offert un guide touristique de l’Égypte. Le guide Geo pour ne pas le nommer. Pendant longtemps, j’ai évité le rayon tourisme des librairies, dédaigneux, me disant que la seule littérature valable pour voyager était celle des écrivains voyageurs, leurs trop nombreux ouvrages d’expérience, mais j’ai laissé ces idées au rencart et je pense à présent que rien ne vaut un guide de voyage pour plonger directement au cœur du sujet.
Aussi, à la fin du premier paragraphe de la page 413 concernant l’oasis de Siouah, je relève quelques mots qui piquent ma curiosité comme l’aiguillon d’une vive en plein mois d’août.
Depuis un siècle, l’histoire de l’oasis serait consignée dans le mystérieux Manuscrit de Sioua, compilation de récits parfois ancestraux, gardé secret.

Photo © Walid Hassanein
Selon toute vraisemblance, on m’a toujours caché l’existence de ce document et je trouve ça vexant. Du coup, j’ai cherché par moi-même sur Internet, mais rien ne m’est apparu pertinent. En outre, je me vite trouvé dévié par le courant et j’ai atterri sur le site de Gallica que je n’avais pas consulté depuis des lustres. Beaucoup de choses ont changé et surtout, le fonds s’en trouve considérablement augmenté. J’ai trouvé ce livre au titre interminable : Nouvelles annales des voyages, de la géographie et de l’histoire : ou Recueil des relations originales inédites, communiquées par des voyageurs français et étrangers ; des voyages nouveaux, traduits de toutes les langues européennes ; et des mémoires historiques sur l’origine, la langue, les mœurs et les arts des peuples, ainsi que sur les productions et le commerce des pays peu ou mal connus : accompagnées d’un bulletin où l’on annonce toutes les découvertes, recherches et entreprises qui tendent à accélérer les progrès des sciences historiques, spécialement de la géographie / publiées par MM. J. B. Eyriès et Malte-Brun dont le premier tome date de 1819.

J’ai également trouvé cette petite perle: Algérie et Tunisie : récits de voyage et études, par Alfred Baraudon.

Un peu plus loin, le Journal des voyages et des aventures de terre et de mer publié entre 1877 et 1929.

Et pour finir, Études de mythologie et d’archéologie égyptiennes. Vol. 6, par Gaston Maspero (1912).

Des trésors comme ça, il y a en a partout sur le web et toute une vie ne suffira pas à satisfaire les plus curieux, mais il faut que ça reste entre nous, hein ? Et puis avec tout, je n’ai toujours rien trouvé sur ce précieux manuscrit de Siouah…
Localisation de l’oasis de Siouah (ou Siwa) sur Google Maps.
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