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Istanbul est une grande ville. Même si l’on se contente de ne visiter que la vieille ville, il faut bien à un moment donné, histoire de ne pas toujours tourner autour des mêmes lieux, prendre les transports en commun, ou même le taxi. Je n’ai pas essayé le métro parce que je n’avais besoin de le prendre, mais j’ai pris le tramway plusieurs fois, une ligne qui transperce la vieille ville et ébranle les pavés de son tremblement maladif, à Eminönü, qui passe devant la gare de Sirkeci, remonte une rue très commerçante jusqu’à Gülhane, le jardin de Topkapi et poursuit devant Sultanahmet, Çemberlitaş, passe devant l’Université, Laleli, puis s’engouffre dans les profondeurs d’une ville inconnue. De l’autre côté de la Mosquée Nouvelle, le tramway fait trembler le pont de Galata, passe à Karaköy puis remonte jusqu’à Kabataş au bord du Bosphore en s’étant frayé un chemin entre quelques mosquées d’un intérêt assez vague. Le tramway est moderne, climatisé et confortable. Par tous, il est couru et fonctionne jusqu’aux environs d’une heure du matin.
De Kabataş, on peut rejoindre Taksim, le célèbre Taksim, une immense place d’où part Istiklal Caddesi, l’avenue convoitée par la jeunesse pour ses magasins tendance, où l’on trouve un petit tramway rouge aux allures montmartroises que les touristes trouveront certainement du plus bel effet, tellement pittoresque. De Kabataş à Taksim on peut prendre le funiculaire (füniküler) dont le temps d’attente est plus long que le temps de trajet et comme il est souterrain, il n’offre qu’une courte visite aveugle dans les entrailles de la ville. Il vous entraînera dans un dédale de couloirs proprets et surveillés par des gardiens à chaque tourniquet. C’est finalement assez sain. Personne ne fraude car un garde-chiourme vous en empêche. On paie une personne pour ça, mais du coup, on ne voit pas de contrôleurs… ça donne des idées. Pourquoi réprimer quand on peut prévenir ?
Comme dans tous les transports en commun, on utilise des jetons en plastique qu’on achète au Jetonmatik avec des pièces de 1TL. Pour s’affranchir de cette corvée, une Istanbulkart permet de la charger et de ne plus avoir les rondelles de plastiques qui s’éparpillent dans les poches. De plus, on fait une économie de 0,25 kuruş (kou-rouch) par trajet.
Les taxis sont tous jaunes, presque tous de la même marque, Fiat, et un sur cent est climatisé. Seuls les taxis de la compagnie qui est habilitée à embarquer depuis l’aéroport sont jaunes d’or. Ils conduisent à peu près tous comme des dingues et n’ont pas tous un compteur à l’intérieur. Lorsqu’on est seul, on monte devant à côté du chauffeur, et même quand on est six ou sept, ça finit par rentrer… Certains sont bavards et curieux, d’autres sont maussades, voire désagréables, mais c’est comme ça partout non ?
Les voitures, elles, klaxonnent dans tous les sens, mais ce n’est pas un klaxon qui dit “pousse-toi de là connard” mais plutôt “attention, je suis dans le coin, c’est juste pour te dire que je suis là, alors regarde partout autour de toi”. Pas d’engueulade au volant, pas d’insultes et de bagarres, si un quidam prend une priorité qu’il n’a pas… eh bien tant pis… on va pas en faire une quiche… la vie continue, de toute façon la priorité n’existe que dans les livres, pas quand on roule. Les Stambouliotes sont courtois et débonnaires sur la route comme dans la vie…
Les voitures des particuliers sont souvent d’un autre âge. Pas de problème si les portes ne ferment plus et si l’intérieur ressemble à une cabane de chantier. Pourvu que ça roule à peu près. On voit des voitures qui ne sont plus produites en France depuis 1980. Ça peut porter à sourire, mais en réalité, ça démontre que l’économie de marché n’a pas encore totalement gangréné la Turquie et en second lieu, que les gens prennent soin de ce qu’ils ont. On voit beaucoup de Renault 12, voiture que mon père a possédé dans les années 1980, mais jusqu’à aujourd’hui il en a possédé quatre ou cinq autres au destin plus ou moins heureux et pourtant mon père n’est pas du genre à se séparer facilement de son véhicule. Pendant ce temps, des Turcs conservent cette voiture qu’ils ont dû payer une fortune à l’époque et en voir rouler encore et en très bon état me rend admiratif.
Un peu partout dans la ville on voit aussi déambuler des camions aux bennes colorées. Ce sont les camions des Gitans qui récupère à peu près tout ce qu’on peut trouver dans les rues, cartons, bouteilles de verre ou en plastiques, canettes, etc. et qui retournent le soir venu dans le quartier des Blachernes (Ayvansaray) et qui créent ainsi une véritable économie parallèle du recyclage.
Enfin, lorsqu’on sort de la vieille ville, on peut voir des minibus qui font une véritable concurrence aux bus, qu’ils soient de compagnies privées ou d’état. D’ailleurs, pas la peine de chercher un plan des bus de la ville, ça n’existe pas. Mieux vaut savoir où l’on va, repérer sur le site Internet le nom de la station la plus proche et demander directement son chemin aux chauffeurs qui attendent à la gare routière d’Eminönü. Ces minibus, ce sont les dolmuş (dol-mouch), qu’on voit surtout à Üsküdar ou dans d’autres quartiers que la centre de la vieille ville. Vu de l’extérieur, impossible de dire d’où ils partent et où ils vont, et comme on ne sait pas non plus par où ils passent, ni où ils s’arrêtent, c’est un moyen de transport somme toute assez difficile à appréhender. J’ai souvent vu des gens attendre on ne sait quoi sur le bord de la route et l’idée m’est venue qu’ils attendaient certainement le dolmuş puisqu’apparemment c’est ainsi qu’on l’attrape, en restant là et en lui faisant un signe de la main lorsqu’il passe… un exercice qui nécessite une attention soutenue.
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C’est vrai qu’avec l’usage ultra agressif que l’on fait du klaxon sous nos latitudes doit déconcerter plus d’un Turc (et peut-être encore plus les Indiens) alors qu’ils sont fraîchement arrivés en France !!
En fait, à Istanbul, si t’as pas de klaxon, autant laisser ta voiture au garage sinon tu risques fort de passer pour un chauffard qui n’a même pas la bienséance de signaler son arrivée !
Ce qui pose aussi la question de la location de voiture. Par deux fois j’ai loué une voiture en Cappadoce et une fois dans le sud vers Antalya et crois-moi, le meilleur moyen de survivre, c’est de conduire “à la turque” ! 🙂