Les nou­veaux arbres de Robert Voit

Les new trees de Robert Voit est un pro­jet qui a été récom­pen­sé par le Lead Award et l’ADC Award en 2006 et que l’on peut assi­mi­ler au genre de tra­vaux qu’ont mené pen­dant toute leur les époux Bernd et Hil­la Becher sur les monu­ments urbains. Pour­tant, à y regar­der de plus près, on se rend compte que ce ne sont pas de vrais arbres. Tota­le­ment inté­grés dans le pay­sage urbain, ces véné­rables arbres sont en réa­li­té des relais télé­pho­niques qui ont le mérite de mas­quer la lai­deur de ces taches urbaines. Le pho­to­graphe, lui, dénonce par ce moyen la lâche­té des pou­voirs publics qui tentent de mas­quer et de rendre inof­fen­sive la dan­ge­ro­si­té de ce genre d’installation.

Read more

Mon­tes­quieu à Venise

Anto­nio Canal, dit Cana­let­to
Vue de l’en­trée de l’Ar­se­nal — 1732

Charles-Louis de Secon­dat, baron de La Brède et de Mon­tes­quieu, plus connu sous le nom de Mon­tes­quieu, au cœur de ses Lettres Per­sanes (1721) bros­sa un tableau de Venise qui en dit long sur son rap­port avec la mer et son éton­nante situation :

On peut avoir vu toutes les villes du monde et être sur­pris en arri­vant à Venise.
On sera tou­jours éton­né de voir une ville, des tours et des mos­quées sor­tir de des­sous de l’eau et de trou­ver un peuple innom­brable dans un endroit où il ne devrait y avoir que des poissons.

Read more

La nati­vi­té et l’an­nonce aux ber­gers de Gio­van­ni Pisano

Sur la célèbre chaire du non moins célèbre bap­tis­tère de Pise (Bat­tis­te­ro di San Gio­van­ni) se trouve un pan­neau en par­ti­cu­lier dont l’exis­tence est un véri­table palier dans l’his­toire de la sculp­ture et de l’art en géné­ral. A trois bons mètres du sol sur cet édi­fice hexa­go­nal posé sur sept colonnes cha­cune ter­mi­née par une des ver­tus théo­lo­gales (sauf la colonne cen­trale) se trouve une scène conden­sée où l’on peut voir regrou­pées sur le même pan­neau la nati­vi­té du Christ à Beth­léem et l’an­nonce faite aux ber­gers. La nati­vi­té est concen­trée sur le bas du pan­neau, où deux femmes sont en train de laver l’en­fant tan­dis que Joseph, l’homme sans des­cen­dance, regarde atten­ti­ve­ment l’en­fant avec dans les yeux la ten­dresse d’un père aimant. Remar­quez le mou­ve­ment dyna­mique des deux femmes entou­rant la vasque, elles sont comme figée dans un mou­ve­ment très réa­liste. Sur le haut du tableau, on voit la cohorte des anges allant de gauche à droite pour annon­cer aux ber­gers endor­mis la nou­velle de la nais­sance. Selon la légende, le Sau­veur de l’hu­ma­ni­té est né dans une grotte, ce qui est bien repré­sen­té par la forme convexe au-des­sus de Marie. Pen­dant ce temps, les ber­gers arrivent là où se trouvent l’en­fant avec sa mère, soit… dans une étable, rai­son pour laquelle on voit un âne et un bœuf émer­ger du fond de la scène. Marie, per­son­nage cen­tral est repré­sen­tée dans une posi­tion iden­tique à celle d’une déesse antique ; l’ins­pi­ra­tion en est clai­re­ment grecque ou romaine. Elle est d’ailleurs vêtue dans un robe à revers et d’un fou­lard bor­dé, des attri­buts qui ne sont pas les siens d’or­di­naire. La com­po­si­tion est d’une intel­li­gence exem­plaire, pre­nant une forme d’arbre dont le tronc pren­drait son essor entre le dos de la ser­vante et les mou­tons qui pour le coup sont dos à dos et dont la forme entière est sou­te­nue par l’arche de la grotte. Le dra­pé de Marie est d’une finesse et d’une déli­ca­tesse qui portent l’en­semble avec grâce et en font une œuvre magnifique.
La grande ori­gi­na­li­té de ce pan­neau, c’est qu’il est d’une nou­veau­té totale pour l’é­poque où il a été exé­cu­té, car il a été réa­li­sé entre 1302 et 1311, époque à laquelle le seule modèle uti­li­sé est le modèle byzan­tin. Ici, clai­re­ment, l’ins­pi­ra­tion n’est plus byzan­tine, mais fran­çaise, on est ici en pré­sence de l’art sta­tuaire et sculp­tu­ral des cathé­drales fran­çaises et de celui qu’on trouve éga­le­ment sur les parois des sar­co­phages romains. Voi­ci cer­tai­ne­ment le pre­mier ouvrage stric­te­ment renais­sant en matière de sculpture.

Note de bas de page : pour contre­car­rer toutes les bêtises que j’ai pu lire sur inter­net, ce pan­neau n’a pas été sculp­té par Nico­la Pisa­no, mais par Gio­van­ni, son fils. La père, lui, a sculp­té les autres panneaux.

Read more

Arta­serse, par Domè­nec Terradellas

Juan Bau­tis­ta Ote­ro par © Car­los Pericás

Voi­ci un com­po­si­teur dont vous n’en­ten­drez pas par­ler tous les jours, car dans la mul­ti­tude de com­po­si­teurs ita­liens, fran­çais ou alle­mands qui émaillent la période baroque de la musique, ils s’en trouvent peu qui, comme lui, sont cata­lans. Domè­nec Ter­ra­del­las est né à Bar­ce­lone, mais très vite, à l’âge de 19 ans, il part à Naples pour étu­dier la musique et autant dire que cet évé­ne­ment bou­le­ver­se­ra sa vie mais aus­si sa vision de la musique. Arta­serse est une œuvre majeure, pro­fonde, com­po­sée sur un livret de Pie­tro Metas­ta­sio, jouée pour la pre­mière le 26 décembre 1744 au Théâtre San Gio­van­ni Gri­so­sto­mo de Venise. Si Ter­ra­del­las n’a pas l’in­ven­ti­vi­té déca­pante de Haen­del, il signe là une orches­tra­tion auda­cieuse avec un orchestre com­plet et fébrile, d’a­près l’his­toire du roi aché­mé­nide Artaxerxès Ier.

[audio:artaserse.xol]

Atto II — Aria di Arbace: Per Quel Pater Amplesso

Domè­nec Ter­ra­del­las – Arta­serse – Direc­tion : Juan Bau­tis­ta Otero
Arta­serse: Ana Maria Pan­za­rel­la (sopra­no) — Arbace : Céline Ric­ci (sopra­no) — Man­dane : Mari­na Com­pa­ra­to (mez­zo­so­pra­no) — Semi­ra: Sun­hae Im (sopra­no) — Arta­ba­no: Agustín Pru­nell-Friend (ténor) — Mega­bise: Mariví Blas­co (sopra­no)
RCOC Records, 2008

Read more

Par­te­nope (HWV 27)

Par­te­nope au © New-York City Opera

Par­te­nope est un opé­ra (dram­ma per musi­ca) de Georg Frie­drich Haen­del datant de 1730, en trois actes. Le per­son­nage en est Par­te­nope (ou Par­thé­nope), une sirène que l’on véné­rait dans l’an­tique ville de Néa­po­lis (aujourd’­hui Naples) et l’his­toire de cet opé­ra est com­pli­quée, une his­toire d’a­mour tor­due comme on n’en voit que dans la mytho­lo­gie grecque et comme seul Haen­del pou­vait s’en empa­rer. La par­ti­cu­la­ri­té de cet opé­ra est que les per­son­nages mas­cu­lins prin­ci­paux sont tous des contral­tos (fal­set­to). On peut ima­gi­ner que Haen­del a écrit cet opé­ra en l’hon­neur du vice-roi de Naples qui l’ac­cueillit tan­dis qu’à Rome gon­flaient les rumeurs de guerre, mais aus­si peut-être en rai­son d’une idylle cachée. Il en reste une ode très lyrique, fleu­rie, à l’is­sue heureuse…

[audio:partenope.xol]

Atto pri­mo — Sce­na 9 — Aria — Dim­mi pies­to­so ciel

Krisz­ti­na Laki : Par­te­nope (sopra­no) — Hel­ga Mül­ler Moli­na­ri — Ros­mi­ra (contral­to) — René Jacobs : Arsace (contral­to). La petite bande, diri­gée par Sigis­wald Kuij­ken, en 1979. Sony.

Read more