Oct 19, 2012 | Arts, Photo |
Les new trees de Robert Voit est un projet qui a été récompensé par le Lead Award et l’ADC Award en 2006 et que l’on peut assimiler au genre de travaux qu’ont mené pendant toute leur les époux Bernd et Hilla Becher sur les monuments urbains. Pourtant, à y regarder de plus près, on se rend compte que ce ne sont pas de vrais arbres. Totalement intégrés dans le paysage urbain, ces vénérables arbres sont en réalité des relais téléphoniques qui ont le mérite de masquer la laideur de ces taches urbaines. Le photographe, lui, dénonce par ce moyen la lâcheté des pouvoirs publics qui tentent de masquer et de rendre inoffensive la dangerosité de ce genre d’installation.
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Oct 19, 2012 | Arts, Livres et carnets |
Antonio Canal, dit Canaletto
Vue de l’entrée de l’Arsenal — 1732
Charles-Louis de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu, plus connu sous le nom de Montesquieu, au cœur de ses Lettres Persanes (1721) brossa un tableau de Venise qui en dit long sur son rapport avec la mer et son étonnante situation :
On peut avoir vu toutes les villes du monde et être surpris en arrivant à Venise.
On sera toujours étonné de voir une ville, des tours et des mosquées sortir de dessous de l’eau et de trouver un peuple innombrable dans un endroit où il ne devrait y avoir que des poissons.
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Oct 14, 2012 | Arts |
Sur la célèbre chaire du non moins célèbre baptistère de Pise (Battistero di San Giovanni) se trouve un panneau en particulier dont l’existence est un véritable palier dans l’histoire de la sculpture et de l’art en général. A trois bons mètres du sol sur cet édifice hexagonal posé sur sept colonnes chacune terminée par une des vertus théologales (sauf la colonne centrale) se trouve une scène condensée où l’on peut voir regroupées sur le même panneau la nativité du Christ à Bethléem et l’annonce faite aux bergers. La nativité est concentrée sur le bas du panneau, où deux femmes sont en train de laver l’enfant tandis que Joseph, l’homme sans descendance, regarde attentivement l’enfant avec dans les yeux la tendresse d’un père aimant. Remarquez le mouvement dynamique des deux femmes entourant la vasque, elles sont comme figée dans un mouvement très réaliste. Sur le haut du tableau, on voit la cohorte des anges allant de gauche à droite pour annoncer aux bergers endormis la nouvelle de la naissance. Selon la légende, le Sauveur de l’humanité est né dans une grotte, ce qui est bien représenté par la forme convexe au-dessus de Marie. Pendant ce temps, les bergers arrivent là où se trouvent l’enfant avec sa mère, soit… dans une étable, raison pour laquelle on voit un âne et un bœuf émerger du fond de la scène. Marie, personnage central est représentée dans une position identique à celle d’une déesse antique ; l’inspiration en est clairement grecque ou romaine. Elle est d’ailleurs vêtue dans un robe à revers et d’un foulard bordé, des attributs qui ne sont pas les siens d’ordinaire. La composition est d’une intelligence exemplaire, prenant une forme d’arbre dont le tronc prendrait son essor entre le dos de la servante et les moutons qui pour le coup sont dos à dos et dont la forme entière est soutenue par l’arche de la grotte. Le drapé de Marie est d’une finesse et d’une délicatesse qui portent l’ensemble avec grâce et en font une œuvre magnifique.
La grande originalité de ce panneau, c’est qu’il est d’une nouveauté totale pour l’époque où il a été exécuté, car il a été réalisé entre 1302 et 1311, époque à laquelle le seule modèle utilisé est le modèle byzantin. Ici, clairement, l’inspiration n’est plus byzantine, mais française, on est ici en présence de l’art statuaire et sculptural des cathédrales françaises et de celui qu’on trouve également sur les parois des sarcophages romains. Voici certainement le premier ouvrage strictement renaissant en matière de sculpture.
Note de bas de page : pour contrecarrer toutes les bêtises que j’ai pu lire sur internet, ce panneau n’a pas été sculpté par Nicola Pisano, mais par Giovanni, son fils. La père, lui, a sculpté les autres panneaux.
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Oct 14, 2012 | Arts, Chambre acoustique |
Juan Bautista Otero par © Carlos Pericás
Voici un compositeur dont vous n’entendrez pas parler tous les jours, car dans la multitude de compositeurs italiens, français ou allemands qui émaillent la période baroque de la musique, ils s’en trouvent peu qui, comme lui, sont catalans. Domènec Terradellas est né à Barcelone, mais très vite, à l’âge de 19 ans, il part à Naples pour étudier la musique et autant dire que cet événement bouleversera sa vie mais aussi sa vision de la musique. Artaserse est une œuvre majeure, profonde, composée sur un livret de Pietro Metastasio, jouée pour la première le 26 décembre 1744 au Théâtre San Giovanni Grisostomo de Venise. Si Terradellas n’a pas l’inventivité décapante de Haendel, il signe là une orchestration audacieuse avec un orchestre complet et fébrile, d’après l’histoire du roi achéménide Artaxerxès Ier.
[audio:artaserse.xol]
Atto II — Aria di Arbace: Per Quel Pater Amplesso
Domènec Terradellas – Artaserse – Direction : Juan Bautista Otero
Artaserse: Ana Maria Panzarella (soprano) — Arbace : Céline Ricci (soprano) — Mandane : Marina Comparato (mezzosoprano) — Semira: Sunhae Im (soprano) — Artabano: Agustín Prunell-Friend (ténor) — Megabise: Mariví Blasco (soprano)
RCOC Records, 2008
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Oct 14, 2012 | Arts, Chambre acoustique |
Partenope au © New-York City Opera
Partenope est un opéra (dramma per musica) de Georg Friedrich Haendel datant de 1730, en trois actes. Le personnage en est Partenope (ou Parthénope), une sirène que l’on vénérait dans l’antique ville de Néapolis (aujourd’hui Naples) et l’histoire de cet opéra est compliquée, une histoire d’amour tordue comme on n’en voit que dans la mythologie grecque et comme seul Haendel pouvait s’en emparer. La particularité de cet opéra est que les personnages masculins principaux sont tous des contraltos (falsetto). On peut imaginer que Haendel a écrit cet opéra en l’honneur du vice-roi de Naples qui l’accueillit tandis qu’à Rome gonflaient les rumeurs de guerre, mais aussi peut-être en raison d’une idylle cachée. Il en reste une ode très lyrique, fleurie, à l’issue heureuse…
[audio:partenope.xol]
Atto primo — Scena 9 — Aria — Dimmi piestoso ciel
Krisztina Laki : Partenope (soprano) — Helga Müller Molinari — Rosmira (contralto) — René Jacobs : Arsace (contralto). La petite bande, dirigée par Sigiswald Kuijken, en 1979. Sony.
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