Nov 28, 2011 | Arts, Chambre acoustique |
Bartos est un nom qu’on n’oublie pas, surtout lorsqu’il vient se produire à deux pas de chez vous, au centre des arts d’Enghien-les-bains. Il ne fait pas partie du noyau fondateur de Kraftwerk, le groupe pionnier en matière de musique électronique créé par Ralf Hütter et Florian Schneider, mais il en est un des membres éminents des premiers temps.

A l’origine de certains de titres les plus connus, on considère souvent qu’il est le plus original de la bande et c’est d’ailleurs ce qui le fera quitter la troupe puisque ses visions de la musique était largement plus progressistes que celles de deux membres fondateurs. On le voit d’ailleurs bien dans son dernier spectacle puisque s’il y est souvent question de son compagnon de route Wolfgang Flür, les images concernant les deux autres sont soigneusement évitées, laissant présager d’un conflit dans lequel il préfère certainement se passer de cet encombrant héritage. Toutefois, il n’hésite pas à reprendre sur scène certains des plus grands titres de Kraftwerk — surtout lorsqu’il en est le principal instigateur.

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Le spectacle Live Cinema qu’a monté Bartos avec son acolyte Mathias Black au mixage est un réel travail de scénographie et de production d’image, car depuis la dissolution (même si Kraftwerk continue de se produire avec Hütter) du groupe, Bartos a continué de publier des albums de son côté, tout en montant un spectacle à partir des courts-métrages qu’il a réalisé ces dernières années. On y retrouve certains des titres phares du groupe (Trans Europe Express, Tour de France, Robots, Das Model, etc.) mais également les titres de son album Communication, dont The Camera, illustré superbement par les images de Blow up d’Antonioni et de Peeping Tom de Michael Powell.
Un spectacle superbe, réglé au millimètre, orchestré par un Bartos fringuant, souriant et dont la voix, toujours aussi claire est la véritable pâte de sa présence auprès du groupe allemand pendant toutes ces années de succès. Ses réorchestrations sont beaucoup plus rythmées, on sent le percussionniste dans son meilleur œuvre. Du début à la fin, tout glisse, rien n’accroche, jusqu’au final où les salutations, brèves, mettent un terme au spectacle sans rappel, un spectacle halluciné, hypnotique, pour ne pas dire chamanique.
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Nov 22, 2011 | Livres et carnets, Sur les portulans |

Je songe aux avertissements que formulait, dès 1618, Pierre Bertius, cosmographe du Roy Très Chrestien. « La froidure y est indomptable… et… en tue plusieurs. L’hiver y dure neuf mois sans plouvoir… Les plus riches se défendent… par le feu ; les autres par se frotter les pieds et les autres par la chaleur des cavernes de la Terre. Tout ce pais est plein d’ours cruels avec lesquels les habitants ont une guerre continuelle. Il y aussi… si ce qu’on dit est vray, des licornes. Tous tiennent qu’il y a des hommes pygmées… Les pygmées ont, paraît-il, une forme humaine, chevelus jusques au bout des doigts, barbus aux genous, mais brutes sans parole et sans raison, sifflant à la façon des oyes… »
Rapporté par Jean Malaurie, in Les derniers rois de Thulé
(édition de 1989)

Carte de Pierre Bertius, Terra Novae
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Nov 19, 2011 | Arts |
Avertissement: billet à haute teneur en mots rares et précieux, sauvés de l’oubli.
- 1er volet
- 2nd volet
- 3ème volet
- 4ème volet
- 5ème volet
- 6ème volet
- 7ème volet
- 8ème volet
- 9ème volet
- 10ème volet
Le grecquage est une des étapes du processus de la reliure. Elle consiste à entailler sur le dos du volume à l’aide d’une scie à main. Ces entailles recevront les nerfs qui ne seront dès lors plus saillants par rapport au dos des cahiers.
Après avoir ballotté le volume par le dos et par la tête, afin de bien égaliser les cahiers, le relieur le place entre deux membrures, qui sont des ais plus épais d’un côté que de l’autre, d’une façon telle que le volume sorte de 6 à 8 millimètres ; il le place dans la presse et le serre très légèrement. Comme les membrures sont plus épaisses du côté du dos que du côté de la tranche, elles serrent davantage le dos et tiennent le volume mieux assujetti. Ensuite il fait avec la scie les entailles nécessaires d’une profondeur égale au diamètre des nerfs. Au-dessus de la première grecque, et au-dessous de la dernière, il donne un léger coup de scie pour loger la chaînette.


Ornement constitué d’un rang ou d’un semis de petits grains en relief sur un fond. Dans l’art des médailles, le grènetis désigne plus particulièrement le rang de petits grains en relief situé au bord des monnaies, des médailles et des jetons ; le grènetis limite ainsi l’usure du métal sur les bords. Le grènetis (ou greneté), composé de grains hémisphériques en demi-relief ou en haut relief (à peu près trois quarts de sphère), est obtenu de plusieurs manières : soit en repoussant une feuille de métal avec un outil dont l’extrémité a la forme du grain que l’on veut obtenir, le métal ressortant ainsi de l’autre côté (dans ce cas le grain est creux) ; soit en fondant le fond et son décor de grains (préparé en creux dans le moule) ; soit encore en matriçant une plaque de métal épaisse avec une empreinte (ou matrice) où la forme du grain est en creux (dans les deux derniers cas le grènetis est plein). De tout temps, le grènetis a servi à orner non seulement des médailles, mais des pièces d’orfèvrerie ou de bijouterie.

Vient de l’italien, adjectif nudo, signifaint “nu”, pluriel ignudi. Ignudo est le mot inventé par Michelange pour décrire les vingt figures mâles assises qu’il a incorporées dans les fresques de la voûte de la chapelle Sixtine. Chacun d’entre eux représente la figure de l’homme de manière idéalisée, dans un mélange de classicisme antique et d’une représentation moderne du héros nu. Inutile de dire qu’aucune de ces représentations a quoi que ce soit à voir avec la Bible.

Dans la Grèce antique, un kylix (en grec ancien κύλιξ / kúlix) est un vase peu profond et évasé utilisé pour déguster du vin lors des symposia.
Manufacture typique des ustensiles de banquet, coupe de libations et objet de jeux de cottabe, il connaît une diffusion maximale à partir du VIe et jusqu’à la fin du IVe siècle avant notre ère, quand le canthare, l’élégant calice à volutes des rituels de Dionysos, reprit sa place comme coupe à vin la plus répandue.
Note: La racine indo-européenne du mot Calice est *K°lik- = coupe, vase. On la retrouve dans le sanskrit Kalásas (coupe, pot) et Kalika (bouton de fleur), en grec ancien Kúliks (coupe), en latin calix (coupe, vase à boire).

Œnochoé attique à figures rouges : scène de sacrifice
Vers 430 — 425 avant J.-C. Athènes
Argile, H. : 21,5 cm. ; D. : 17 cm.
Département des Antiquités grecques, étrusques et romaines. Musée du Louvre
Dans la Grèce antique, une œnochoé (prononciation correcte : /enɔkɔe/ ; courante et peu recommandée : /ø-/ ; du grec ancien οἰνοχόη / oinokhóê, d’οἶνος / oĩnos, le « vin », et χέω / khéô, « verser ») est un pichet à vin qui sert à puiser le vin dans le cratère — où il a été coupé à l’eau — avant de le servir.
Ce type de vase se caractérise par une anse unique et une taille allant de 20 à 40 cm. On distingue classiquement plusieurs types suivant la forme de l’embouchure et de la panse. Le plus courant (type 1) possède un bec tréflé. Le type 8 ressemble aux chopes modernes, avec un corps cylindrique et une embouchure à lèvre. L’apogée de l’œnochoé se situe à la période géométrique. Elle se fait plus rare pendant la figure noire. C’est cependant sur l’œnochoé à figures rouges archaïque que se fonde cette classification, élaborée par John Beazley.
L’autre type de vase à verser est l’olpè.
Asie Mineure, Xe — XIe siècle
Patène : Crucifixion, Bronze gravé, traces d’étamage
D. : 24 cm. ; H. : 35 cm.
Département des Objets d’art, Musée de Louvre.
La patène, du latin patena, plat, dérivant lui-même du grec patani, écuelle, est un objet liturgique de la religion chrétienne. Dans les Églises d’Orient, on l’appelle “discos” (disque).
Il s’agit d’une petite assiette en métal doré, sur laquelle le prêtre, lors de l’offertoire pendant la célébration eucharistique, pose l’hostie, c’est-à-dire le pain qu’il va consacrer et qui va devenir le Corps du Christ.
Avant et après la messe, la patène est posée sur le calice, si bien que patène et calice, désignés aussi vases sacrés, sont généralement fabriqués par un même artisan. Avant leur première utilisation, les vases sacrés sont consacrés avec le Saint chrême.
Autrefois très richement décorées, les patènes tendent, dans le catholicisme et depuis la réforme liturgique des années 1960–1971 à devenir beaucoup plus épurées. Ne pas confondre avec patère.
On peut voir une patène et un calice représentés sur deux mosaïques monumentales de la basilique Saint-Vital de Ravenne (VIe siècle). L’une est offerte à l’église par l’empereur Justinien et l’autre par l’impératrice Théodora. Ces offrandes solennelles célèbrent le retour à la communion orthodoxe et la libération de la ville après un épisode de domination arienne.

La phorminx (en grec ancien φόρμιγξ / phórminx) est un instrument de musique à cordes, ancêtre de la lyre, qui servait en Grèce antique à accompagner les chants des aèdes. Elle était réputée avoir été inventée par Hermès avec une carapace de tortue et des boyaux de bœuf.
Piriforme

Aiguière à tête de taureau
XIe — XIIe siècle, Iran, Khurasan
Alliage de cuivre martelé, décor gravé
Département des Arts de l’Islam, Musée du Louvre
Du latin pirus, poire et du suffixe ‑forme. Qui est en forme de poire.
En poésie, le spondée (du latin spondeus) est un pied, c’est-à-dire un élément métrique composé de deux syllabes longues.
En poésie latine, le spondée est d’usage fréquent.
Il peut facilement remplacer un dactyle ou un anapeste. En effet, la syllabe longue valant deux brèves, ces trois mètres comptent chacun quatre temps. Il n’y a donc pas de changement de longueur au final.
Il apparaît donc régulièrement à l’intérieur du très commun hexamètre dactylique où il remplace l’un ou l’autre dactyle, voire le trochée final.

Dans la Rome antique, le suovetaurile désignait un sacrifice de purification, où l’on immolait trois victimes mâles, un porc (sus), un mouton (ovis) et un taureau (taurus) à Mars afin de bénir et de purifier la terre.
C’était un des rites traditionnels les plus sacrés de la religion romaine : on conduisait en procession solennelle ces trois animaux autour de l’endroit ou de l’assemblée qu’il fallait purifier, puis on les égorgeait.
Le détail du rituel nous est parvenu grâce à Caton l’Ancien : la première étape consistait à mener les trois animaux autour des limites de la terre à bénir, en prononçant les paroles suivantes :
- Cum divis volentibus quodque bene eveniat, mando tibi, Mani, uti illace suovitaurilia fundum agrum terramque meam quota ex parte sive circumagi sive circumferenda censeas, uti cures lustrare.
- (« Je t’ordonne, Manius, de promener cette triste victime autour de mon domaine et de ma terre, soit en totalité, soit seulement sur la partie que tu jugeras à propos de purifier, afin qu’avec l’aide des dieux le succès couronne mes entreprises »)
Le sacrifice est alors affectué, et la prière à Mars doit être faite :
- Mars pater, te precor quaesoque uti sies volens propitius mihi domo familiaeque nostrae, quoius re ergo agrum terram fundumque meum suovitaurilia circumagi iussi, uti tu morbos visos invisosque, viduertatem vastitudinemque, calamitates intemperiasque prohibessis defendas averruncesque; utique tu fruges, frumenta, vineta virgultaque grandire beneque evenire siris, pastores pecuaque salva servassis duisque bonam salutem valetudinemque mihi domo familiaeque nostrae; harumce rerum ergo, fundi terrae agrique mei lustrandi lustrique faciendi ergo, sicuti dixi, macte hisce suovitaurilibus lactentibus inmolandis esto; Mars pater, eiusdem rei ergo macte hisce suovitaurilibus lactentibus esto
- « Mars notre père, je te conjure d’être propice à moi, à ma maison et à mes gens; c’est dans cette intention que j’ai fait promener une triple victime autour de mes champs, de mes terres et de mes biens, afin que tu en écartes, éloignes et détournes les maladies visibles et invisibles, la stérilité, la dévastation, les calamités et les intempéries : afin que tu fasses grandir et prospérer mes fruits, mes grains, mes vignes et mes arbres : afin que tu conserves la vigueur à mes bergers et à mes troupeaux, et que tu accordes santé et prospérité à moi, à ma maison et à mes gens. Aussi, pour purifier mes champs, mes terres et mes biens, et pour faire un sacrifice expiatoire, daigne agréer ces trois victimes à la mamelle que je vais immoler. Mars notre père, agréez dans ce but ces trois jeunes victimes. »
Du pain doit ensuite être offert, et les paroles dites simultanément :
- Eiusque rei ergo macte suovitaurilibus inmolandis esto.
- (« Sois glorifié par cette victime suovitaurilienne. »)
Si la divinité n’est pas apaisée, le propriétaire doit refaire le sacrifice en disant :
- Mars pater, siquid tibi in illisce suovitaurilibus lactentibus neque satisfactum est, te hisce suovitaurilibus piaculo.
- (« Mars notre père, si quelque chose t’a déplu dans ce sacrifice des trois jeunes victimes, accepte en expiation ces trois autres. »)
Les suovetaurilias peuvent avoir un caractère public ou privé : ainsi les fermes étaient bénites par des suovetauriles ruraux et privés lors de la fêtes des Ambarvales en mai. En revanche, des suovetauriles publics solennels étaient faits tous les cinq ans lors des cérémonies de lustration.
De même, lorsqu’un temple était détruit, le site devait en être purifié par un suovetaurile afin qu’il puisse être reconstruit.
Un suovetaurile était également offert pour bénir l’armée partant en campagne .
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