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La réa­li­té colo­rée de Ser­gei Mikhai­lo­vich Prokudin-Gorskii

Chi­miste de for­ma­tion, Ser­gei Mikhai­lo­vich Pro­ku­din-Gors­kii a œuvré en met­tant au ser­vice de cette nou­velle forme d’art qu’est la pho­to­gra­phie nais­sante ses connais­sances et le déve­lop­pe­ment de la recherche dans ce sec­teur. Il fait par­tie de ces hommes qui songent à mettre eux-mêmes en pra­tique leur science au cœur d’un art et Pro­ku­din-Gors­kii a été un pho­to­graphe for­mi­dable en se ren­dant sur le ter­rain pour tes­ter et tes­ter encore les pré­mices de la pho­to­gra­phie en cou­leur. L’auto­chrome, ancêtre de la pho­to­gra­phie en cou­leur était obte­nu par com­bi­nai­son de plaques fil­trant cha­cune des couches sépa­rées et addi­tives de lumière. Inven­té par les frères Lumière, le pro­cé­dé a été lar­ge­ment amé­lio­ré par le chi­miste russe. Ses cli­chés, témoins d’une époque et de la diver­si­té d’un ter­ri­toire gigan­tesque qu’il put tra­ver­ser avec la béné­dic­tion de l’empereur qui lui fit affré­ter un train et un bateau à vapeur, sont d’une qua­li­té par­fois un peu médiocre mais témoignent de début hési­tants. D’autre cli­chés sont de véri­tables joyaux, témoins colo­rés d’une autre époque don­nant l’im­pres­sion que tout ceci n’é­tait qu’­hier… comme ce por­trait d’A­lim Khan, émir de Bou­kha­ra ou ces pay­sannes qui posent pour le photographe.

Peasant girls, 1909

The railroad bridge over the river Shuya, 1915

Sur ce site, presque 2000 pho­tos de Ser­gei Mikhai­lo­vich Prokudin-Gorskii

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Mémoires euro­péennes du goulag

C’est une époque dont on parle avec éloi­gne­ment car si peu de choses nous y ren­voient direc­te­ment, une frac­ture du temps aus­si dou­lou­reuse que la Shoah mais dont on témoigne moins car ceux qui en sont reve­nus n’en ont pas for­cé­ment fait état — il fal­lait bien oublier. Cette période fait par­tie des heures sombres de l’Eu­rope, entre 1939 et 1953 où l’en envoyait des inno­cents (ou dis­si­dents, mais quelle est la dif­fé­rence ?) “dans les mines de sel”, “en Sibé­rie”, à “Arkhan­gelsk”, des noms de lieux qui son­naient comme des châ­ti­ments du juge­ment der­nier. Russes, Polo­nais, res­sor­tis­sants des anciens pays baltes annexés par la Rus­sie Sovié­tique, Tad­jidks, Mol­daves, Bié­lo­russes ou Ukrai­niens, Ouz­beks ou Kaza­khs autre­fois tous réunis sous la même ban­nière rouge tachée d’une fau­cille et d’un mar­teau, sans dis­tinc­tion, étaient envoyés dans ces camps de la mort sta­li­niens dont on a été jus­qu’à nier l’exis­tence ; les gou­lags.

Jonas Žemai­tis-Vytau­tas, géné­ral des par­ti­sans avec ses com­pa­gnons d’armes,
autour de 1948.

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Nuit sur le mont chauve (Ночь на лысой горе)

Une nuit sur le Mont Chauve (Ночь на лысой горе) est cer­tai­ne­ment le chef d’œuvre de Modeste Mous­sorg­ski. Le com­po­si­teur, mort alcoo­lique, rui­né et soli­taire avait là, avec les Tableaux d’une expo­si­tion, joué son va-tout. Com­po­sé comme un poème en s’ins­pi­rant d’une nou­velle de Nico­las Gogol, Nuit de la Saint-Jean sur le mont Chauve (in Les soi­rées du hameau), cette pièce porte en elle une dimen­sion dra­ma­tique hal­lu­ci­nante. En quelques douze minutes, sont évo­quées suc­ces­si­ve­ment l’ap­pa­ri­tion d’es­prits des croyances païennes russes, des ado­ra­tions sus­pectes, le sab­bat des sor­cières et le retour au jour au son de la cloche du vil­lage. Une pièce sévère, majes­tueuse qui révèle à la fois l’âpreté de l’âme russe et sa grandeur.
La ver­sion la plus jouée est celle que le com­po­si­teur Niko­laï Andreïe­vitch Rim­ski-Kor­sa­kov a réor­ches­tré en 1908. Cer­tains auront décou­vert ce mor­ceau grâce au Fan­ta­sia de Walt Dis­ney, mais dans mon cas c’est sur la bande ori­gi­nale du film Satur­day Night Fever, où la reprise dis­co n’est pas sans charme…

[audio:chauve.xol]

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Trois ver­sions d’une même oeuvre : Tableaux d’une expo­si­tion (Modeste Moussorgski)

Tableaux d’une expo­si­tion (Картинки с выставки) est une des deux seules œuvres ins­tru­men­tales com­po­sées par le com­po­si­teur russe Modeste Mous­sorg­ski à par­tir d’une série de tableaux peints par son ami Vic­tor Hart­mann. A l’o­ri­gine com­po­sée pour pia­no en 1874, elle fut ensuite orches­trée par plu­sieurs musi­ciens, dont Mau­rice Ravel en 1922 qui la ren­dit célèbre, ver­sion que n’en­ten­dra jamais son com­po­si­teur, mort rui­né et alcoo­lique. Ces tableaux, au nombre de dix, plus une, Pro­me­nade, décli­née en quatre ou cinq pièces jouées avec des tona­li­tés dif­fé­rentes, sont avant tout des illus­tra­tions d’his­toires tra­di­tion­nelles ou des contes oraux de la Rus­sie ancienne. On y trouve par exemple l’his­toire de Samuel Gol­den­berg et Schmuyle ain­si que La cabane sur des pattes de poule qui n’est autre que la hutte de Baba Yaga, la méchante sorcière.

Voi­ci trois ver­sions dif­fé­rentes de cette même œuvre, sur les mêmes pièces, inter­pré­tées de trois manières différentes.
La pre­mière est une ver­sion au pia­no inter­pré­tée par Vla­di­mir Horo­witz enre­gis­trée en 1947 (d’où les petits cra­que­ments), le seconde a été orches­trée par Her­bert von Kara­jan à la Jesus-Chris­tus-Kirche de Ber­lin en 1966, et la der­nière est une inter­pré­ta­tion du groupe de rock pro­gres­sif Emer­son, Lake & Pal­mer en 1971. Voi­ci clas­sé dans l’ordre de leur publi­ca­tion les trois ver­sions dif­fé­rentes de trois mor­ceaux ; Pro­me­nade, Le gnome et Le vieux châ­teau. J’ai volon­tai­re­ment mis en pers­pec­tive l’al­bum d’E­mer­son, Lake & Pal­mer car il cho­que­ra cer­tai­ne­ment par son ton déca­lé et nova­teur, même s’il a été réa­li­sé il y a déjà qua­rante ans. Les trois musi­ciens, for­te­ment ins­pi­rés par l’in­ven­tion du mini­moog, ont ici trans­cen­dé l’œuvre, de manière par­fois très auda­cieuse, mais en conser­vant l’es­prit ori­gi­nal. A noter que la ver­sion orches­trée par Kara­jan a vrai­ment une bonne tête… Démonstration :

Pro­me­nade

Pro­me­nade par Vla­di­mir Horowitz

[audio:01promenadeVH.xol]

Pro­me­nade par Her­bert von Karajan

[audio:01promenadeHVK.xol]

Pro­me­nade par Emer­son, Lake & Palmer

[audio:01promenadeELP.xol]

Le Gnome

Le gnome par Vla­di­mir Horowitz

[audio:02gnomeVH.xol]

Le gnome par Her­bert von Karajan

[audio:02gnomeHVK.xol]

Le gnome par Emer­son, Lake & Palmer

[audio:02gnomeELP.xol]

Le vieux château

Le vieux châ­teau par Vla­di­mir Horowitz

[audio:03oldcastleVH.xol]

Le vieux châ­teau par Her­bert von Karajan

[audio:03oldcastleHVK.xol]

Le vieux châ­teau par Emer­son, Lake & Palmer

[audio:03oldcastleELP.xol]

Pochettes des albums pré­sen­tés ici :

Vla­di­mir Horo­witz joue Moussorgki

Her­bert von Kara­jan orchestre Moussorgski

Emer­son, Lake & Pal­mer, Pic­tures at an exhibition

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Vas­si­li Verechtchaguine

Vas­si­li Verecht­cha­guine est un peintre russe qui a sou­vent peint les aspects les plus rebu­tants de la guerre. Éton­nam­ment, il n’é­tait pas spé­cia­le­ment paci­fiste, mais condam­nait les hor­reurs et l’in­jus­tice de la guerre au tra­vers de ses toiles qu’il pei­gnait sur le ter­rain tan­dis qu’il sui­vait les troupes colo­nia­listes de la grande Rus­sie sur toute la lon­gueur de son ter­ri­toire. Ain­si, il aura fait décou­vrir à Mos­cou et à l’Eu­rope ces peuples bar­bares et pri­mi­tifs qu’é­taient les Ouz­beks, les Tad­jiks, les Turk­mènes et les Kaza­khs. En effet les scènes peintes sur ces pays de la route de la soie repré­sentent sou­vent ces contrées isla­mi­sées comme arrié­rées et sau­vages. Ces pein­tures figurent sou­vent des scènes de répres­sion ou de ven­geance et laissent une impres­sion de malaise colonialiste…

Un pano­ra­ma assez large de ses œuvres.

 

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