Jun 17, 2012 | Arts, Photo |

Chimiste de formation, Sergei Mikhailovich Prokudin-Gorskii a œuvré en mettant au service de cette nouvelle forme d’art qu’est la photographie naissante ses connaissances et le développement de la recherche dans ce secteur. Il fait partie de ces hommes qui songent à mettre eux-mêmes en pratique leur science au cœur d’un art et Prokudin-Gorskii a été un photographe formidable en se rendant sur le terrain pour tester et tester encore les prémices de la photographie en couleur. L’autochrome, ancêtre de la photographie en couleur était obtenu par combinaison de plaques filtrant chacune des couches séparées et additives de lumière. Inventé par les frères Lumière, le procédé a été largement amélioré par le chimiste russe. Ses clichés, témoins d’une époque et de la diversité d’un territoire gigantesque qu’il put traverser avec la bénédiction de l’empereur qui lui fit affréter un train et un bateau à vapeur, sont d’une qualité parfois un peu médiocre mais témoignent de début hésitants. D’autre clichés sont de véritables joyaux, témoins colorés d’une autre époque donnant l’impression que tout ceci n’était qu’hier… comme ce portrait d’Alim Khan, émir de Boukhara ou ces paysannes qui posent pour le photographe.


Sur ce site, presque 2000 photos de Sergei Mikhailovich Prokudin-Gorskii
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Mar 17, 2012 | Histoires de gens |
C’est une époque dont on parle avec éloignement car si peu de choses nous y renvoient directement, une fracture du temps aussi douloureuse que la Shoah mais dont on témoigne moins car ceux qui en sont revenus n’en ont pas forcément fait état — il fallait bien oublier. Cette période fait partie des heures sombres de l’Europe, entre 1939 et 1953 où l’en envoyait des innocents (ou dissidents, mais quelle est la différence ?) “dans les mines de sel”, “en Sibérie”, à “Arkhangelsk”, des noms de lieux qui sonnaient comme des châtiments du jugement dernier. Russes, Polonais, ressortissants des anciens pays baltes annexés par la Russie Soviétique, Tadjidks, Moldaves, Biélorusses ou Ukrainiens, Ouzbeks ou Kazakhs autrefois tous réunis sous la même bannière rouge tachée d’une faucille et d’un marteau, sans distinction, étaient envoyés dans ces camps de la mort staliniens dont on a été jusqu’à nier l’existence ; les goulags.

Jonas Žemaitis-Vytautas, général des partisans avec ses compagnons d’armes,
autour de 1948.
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Mar 13, 2012 | Arts, Chambre acoustique |
Une nuit sur le Mont Chauve (Ночь на лысой горе) est certainement le chef d’œuvre de Modeste Moussorgski. Le compositeur, mort alcoolique, ruiné et solitaire avait là, avec les Tableaux d’une exposition, joué son va-tout. Composé comme un poème en s’inspirant d’une nouvelle de Nicolas Gogol, Nuit de la Saint-Jean sur le mont Chauve (in Les soirées du hameau), cette pièce porte en elle une dimension dramatique hallucinante. En quelques douze minutes, sont évoquées successivement l’apparition d’esprits des croyances païennes russes, des adorations suspectes, le sabbat des sorcières et le retour au jour au son de la cloche du village. Une pièce sévère, majestueuse qui révèle à la fois l’âpreté de l’âme russe et sa grandeur.
La version la plus jouée est celle que le compositeur Nikolaï Andreïevitch Rimski-Korsakov a réorchestré en 1908. Certains auront découvert ce morceau grâce au Fantasia de Walt Disney, mais dans mon cas c’est sur la bande originale du film Saturday Night Fever, où la reprise disco n’est pas sans charme…
[audio:chauve.xol]

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Dec 18, 2011 | Arts, Chambre acoustique |

Tableaux d’une exposition (Картинки с выставки) est une des deux seules œuvres instrumentales composées par le compositeur russe Modeste Moussorgski à partir d’une série de tableaux peints par son ami Victor Hartmann. A l’origine composée pour piano en 1874, elle fut ensuite orchestrée par plusieurs musiciens, dont Maurice Ravel en 1922 qui la rendit célèbre, version que n’entendra jamais son compositeur, mort ruiné et alcoolique. Ces tableaux, au nombre de dix, plus une, Promenade, déclinée en quatre ou cinq pièces jouées avec des tonalités différentes, sont avant tout des illustrations d’histoires traditionnelles ou des contes oraux de la Russie ancienne. On y trouve par exemple l’histoire de Samuel Goldenberg et Schmuyle ainsi que La cabane sur des pattes de poule qui n’est autre que la hutte de Baba Yaga, la méchante sorcière.

Voici trois versions différentes de cette même œuvre, sur les mêmes pièces, interprétées de trois manières différentes.
La première est une version au piano interprétée par Vladimir Horowitz enregistrée en 1947 (d’où les petits craquements), le seconde a été orchestrée par Herbert von Karajan à la Jesus-Christus-Kirche de Berlin en 1966, et la dernière est une interprétation du groupe de rock progressif Emerson, Lake & Palmer en 1971. Voici classé dans l’ordre de leur publication les trois versions différentes de trois morceaux ; Promenade, Le gnome et Le vieux château. J’ai volontairement mis en perspective l’album d’Emerson, Lake & Palmer car il choquera certainement par son ton décalé et novateur, même s’il a été réalisé il y a déjà quarante ans. Les trois musiciens, fortement inspirés par l’invention du minimoog, ont ici transcendé l’œuvre, de manière parfois très audacieuse, mais en conservant l’esprit original. A noter que la version orchestrée par Karajan a vraiment une bonne tête… Démonstration :
Promenade
Promenade par Vladimir Horowitz
[audio:01promenadeVH.xol]
Promenade par Herbert von Karajan
[audio:01promenadeHVK.xol]
Promenade par Emerson, Lake & Palmer
[audio:01promenadeELP.xol]
Le Gnome
Le gnome par Vladimir Horowitz
[audio:02gnomeVH.xol]
Le gnome par Herbert von Karajan
[audio:02gnomeHVK.xol]
Le gnome par Emerson, Lake & Palmer
[audio:02gnomeELP.xol]
Le vieux château
Le vieux château par Vladimir Horowitz
[audio:03oldcastleVH.xol]
Le vieux château par Herbert von Karajan
[audio:03oldcastleHVK.xol]
Le vieux château par Emerson, Lake & Palmer
[audio:03oldcastleELP.xol]
Pochettes des albums présentés ici :
Vladimir Horowitz joue Moussorgki

Herbert von Karajan orchestre Moussorgski

Emerson, Lake & Palmer, Pictures at an exhibition

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May 28, 2011 | Arts, Sur les portulans |
Vassili Verechtchaguine est un peintre russe qui a souvent peint les aspects les plus rebutants de la guerre. Étonnamment, il n’était pas spécialement pacifiste, mais condamnait les horreurs et l’injustice de la guerre au travers de ses toiles qu’il peignait sur le terrain tandis qu’il suivait les troupes colonialistes de la grande Russie sur toute la longueur de son territoire. Ainsi, il aura fait découvrir à Moscou et à l’Europe ces peuples barbares et primitifs qu’étaient les Ouzbeks, les Tadjiks, les Turkmènes et les Kazakhs. En effet les scènes peintes sur ces pays de la route de la soie représentent souvent ces contrées islamisées comme arriérées et sauvages. Ces peintures figurent souvent des scènes de répression ou de vengeance et laissent une impression de malaise colonialiste…
Un panorama assez large de ses œuvres.




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