Hanoï, 1992

Hanoi - Raymond Depardon -1992 (1)

Mme D. tombe de haut.
Nous aussi.
Éber­lués, le mot est assez juste pour qua­li­fier nos pre­miers pas dans ce nou­vel Hanoï du prin­temps 1992. En moins d’un an, la capi­tale du Viet­nam a enta­mé, elle aus­si, une mue d’au­tant plus sur­pre­nante qu’elle rompt ici avec trente-huit années — et non dix-sept — de sta­li­nisme. Je songe à la réflexion d’un diplo­mate de Huê : « Les dif­fé­rences entre les deux Viet­nam s’es­tompent, vous ver­rez. Mais c’est le nord qui fait tout le che­min. » Aus­tère, cette ville ? Ah non ! C’est une grâce alan­guie qui nous accueille, une fraî­cheur intacte qui s’es­saie à la liber­té. Et peut-être au plai­sir. Faut-il, à nou­veau, comp­ter les Hon­da, les Sim­son ou les Babet­ta (motos est-alle­mandes) dans les rues ? Pho­to­gra­phier les élé­gantes trop maquillées dans les allées du parc Hoàn Kiêm ? Énu­mé­rer ce four­mille­ment de bou­tiques pri­vées, d’é­ta­lages de ter­rasses où l’on joue au mah jong et au tô tom ; four­mille­ment qui, chaque jour davan­tage, riva­lise avec celui de Sai­gon ? Par­ler des cou­leurs qui cha­toient désor­mais sur les ave­nues ? De l’ef­fron­te­rie des mar­chandes de lit­chis qui com­mentent à voix haute le look de l’é­tran­ger ? Racon­ter tout ce que l’on vous pro­pose — mais à voix basse cette fois — sur ces trot­toirs du centre qui prennent, vers le soir, des allures de frairies ?

Hanoi - Raymond Depardon - 1992 (2)

Ray­mond Depar­don et Jean-Claude Guille­baud, La col­line des anges
Retour au Viet­nam (1972–1992)
Edi­tions Points 1993

© Ray­mond Depardon/Magnum Photos

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Les nou­veaux arbres de Robert Voit

Les new trees de Robert Voit est un pro­jet qui a été récom­pen­sé par le Lead Award et l’ADC Award en 2006 et que l’on peut assi­mi­ler au genre de tra­vaux qu’ont mené pen­dant toute leur les époux Bernd et Hil­la Becher sur les monu­ments urbains. Pour­tant, à y regar­der de plus près, on se rend compte que ce ne sont pas de vrais arbres. Tota­le­ment inté­grés dans le pay­sage urbain, ces véné­rables arbres sont en réa­li­té des relais télé­pho­niques qui ont le mérite de mas­quer la lai­deur de ces taches urbaines. Le pho­to­graphe, lui, dénonce par ce moyen la lâche­té des pou­voirs publics qui tentent de mas­quer et de rendre inof­fen­sive la dan­ge­ro­si­té de ce genre d’installation.

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La réa­li­té colo­rée de Ser­gei Mikhai­lo­vich Prokudin-Gorskii

Chi­miste de for­ma­tion, Ser­gei Mikhai­lo­vich Pro­ku­din-Gors­kii a œuvré en met­tant au ser­vice de cette nou­velle forme d’art qu’est la pho­to­gra­phie nais­sante ses connais­sances et le déve­lop­pe­ment de la recherche dans ce sec­teur. Il fait par­tie de ces hommes qui songent à mettre eux-mêmes en pra­tique leur science au cœur d’un art et Pro­ku­din-Gors­kii a été un pho­to­graphe for­mi­dable en se ren­dant sur le ter­rain pour tes­ter et tes­ter encore les pré­mices de la pho­to­gra­phie en cou­leur. L’auto­chrome, ancêtre de la pho­to­gra­phie en cou­leur était obte­nu par com­bi­nai­son de plaques fil­trant cha­cune des couches sépa­rées et addi­tives de lumière. Inven­té par les frères Lumière, le pro­cé­dé a été lar­ge­ment amé­lio­ré par le chi­miste russe. Ses cli­chés, témoins d’une époque et de la diver­si­té d’un ter­ri­toire gigan­tesque qu’il put tra­ver­ser avec la béné­dic­tion de l’empereur qui lui fit affré­ter un train et un bateau à vapeur, sont d’une qua­li­té par­fois un peu médiocre mais témoignent de début hési­tants. D’autre cli­chés sont de véri­tables joyaux, témoins colo­rés d’une autre époque don­nant l’im­pres­sion que tout ceci n’é­tait qu’­hier… comme ce por­trait d’A­lim Khan, émir de Bou­kha­ra ou ces pay­sannes qui posent pour le photographe.

Peasant girls, 1909

The railroad bridge over the river Shuya, 1915

Sur ce site, presque 2000 pho­tos de Ser­gei Mikhai­lo­vich Prokudin-Gorskii

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