Feb 16, 2011 | Arts |
Ce soir, à la radio, chantait la voix d’André Gide, vieux monsieur vénérable de quatre-vingt ans s’insurgeant contre la colonisation du Congo par la France et ses compagnies de transformation du caoutchouc qui n’hésitaient pas à massacrer les populations pour préserver leurs intérêts. Il y avait dans sa voix une majesté, un je-ne-sais-quoi de profondément plaisant, ce ton qui fait qu’on pourrait l’écouter parler pendant des heures, quel que soit le sujet. Il y avait cette façon de dire les choses également dans les voix de Sacha Guitry ou de Louis Jouvet, avec emphase, ou neutralité mais la langue était belle et chantante.

Parmi ces messieurs avec des voix, des mots, une diction, il y avait également Noël Roquevert ou Raymond Bussières le gouailleur…
Aujourd’hui, qui peut se targuer d’avoir cette langue, à part quelques uns comme Alain Badiou… Je n’ai même pas d’autres exemples sous la main.
Mais en parlant de voix, avez-vous remarqué cette voix de tueuse et ce regard terriblement sensuel d’Anna Calvi, découverte au Grand Journal ? On ne sort pas indemne de cette Moulinette qui n’est pas sans rappeler Chris Isaac ou Nick Cave.
[audio:Moulinette.xol]

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Dec 11, 2010 | Chambre acoustique |
Voix cristalline légèrement abimée par les blocs de glace charriés par la rivière au retour du printemps, tendre regard bleuté comme l’acier de l’hameçon d’un pêcheur des Lofoten, des allures de jeune fille de bonne famille scandinave, Agnes Obél est Danoise, vit à Berlin et chante en anglais avec un accent venu des fjords et enchante l’air de ses arias de piano légers comme le vol d’une plume.

[audio:riverside.xol]
When by the water we drink to the dregs
Look at the stones on the river bed
I can tell from your eyes
You’ve never been by the riverside
Down by the water the riverbed
Somebody calls you somebody says
swim with the current and float away
Down by the river everyday
Télérama s’est même permis de la faire jouer dans un parking souterrain… à voir absolument.
- Over the hill
- On powdered ground
- Riverside
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Nov 1, 2010 | Eclairs de génie |
Un vrai show gospélien de la part de Tom Waits.
Way down in the hole…
http://www.youtube.com/watch?v=Xw2MjRcVO4g
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Oct 7, 2010 | Arts, Chambre acoustique |
Je ne dors pas alors voilà, je livre ça, découvert tout à l’heure sur Canal +, Mark Ronson, un Anglais insolemment beau et talentueux qui se teint les cheveux en blanc, auteur d’Amy Winehouse, qui nous sort un groupe très classieux, The Business Intl, de son chapeau, avec un Andrew Wyatt superbe, rayonnant, fraichement débarqué de Miike Snow, un D’Angelo surpuissant, une Rose Elinor Dougall pimpante et superbement provocante et surtout Boy George un peu bouffi mais avec une voix impeccable, trente ans après… L’album s’appelle Record Collection et vient de sortir.

[audio:love.xol]
Pop teintée électro savamment aromatisée au 80’s, c’est une explosion de sons acidulés inattendus qui secouent et restent dans la tête. A essayer les fenêtres ouvertes, Glass Mountain Trust entre autres et surtout Somebody to love me avec Wyatt et sa voix cristalline, et le Boy tout en subtilité. Ce Mark Ronson s’impose comme un incontournable d’une pop rétro fascinante… (entendez-vous les steel-drums ?)
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Sep 22, 2010 | Histoires de gens, Passerelle |

Il y avait ce soir-là un air de provocation, une température déraisonnable, un je-ne-sais-quoi dans l’air qui annonce un été qui n’est jamais vraiment arrivé. Pendant que mon fils prenait son cours de musique, je me suis assis à califourchon sur le banc en pierre dans le parc, ma bouteille d’eau et mon magazine posés devant moi. Les enfants criaient et jouaient sur l’herbe pendant que les mères avec leur petit engoncé dans leur poussette, dans un ballet dégoulinant de rires et de paraître, déblatéraient sur telle ou telle mère de famille, absente évidemment. Les hautes branches commençaient à jaunir sérieusement alors qu’il faisait encore chaud.
Je n’ai pu m’empêcher de sourire à la lecture de ces mots d’Alain Badiou.
Les rencontres sont si faciles, si nombreuses, que l’intensité du changement qu’on peut accepter à partir d’elles n’est plus la même. On introduit un système de précaution : je prends quelqu’un de suffisamment semblable à moi pour espérer faire un chemin avec cette personne en restant exactement ce que je suis. C’est une tendance du monde contemporain d’introduire une fausse variété à l’intérieur d’une grande permanence.
De la salle de danse sortait le martellement disharmonieux du piano que je sais être désaccordé où une femme jouait avec une énergie obscène la danse des chevaliers extraite de Romeo et Juliette, de Prokofiev. Sur les marches de la salle s’ébrouaient des adolescents que le jeu des amours naissantes fait se comporter comme de réels idiots qu’ils ont la chance d’être encore. L’une d’entre eux portait un short en jean provocant laissant voir la naissance de ses fesses. A l’étage, Joséphine, jeune adulte fringante et voluptueuse, à la peau brune et lisse, recoiffait ses cheveux raides maintenus en queue de cheval, quelques uns, indisciplinés, repassés derrière l’oreille, derrière la branche de ses lunettes de marque. Sa poitrine indécente ne cessait de respirer fort dans un mouvement qui attire mon regard sous les toits brûlants.
L’été est encore là, mais plus pour longtemps.
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