Oct 14, 2012 | Arts |

Sur la célèbre chaire du non moins célèbre baptistère de Pise (Battistero di San Giovanni) se trouve un panneau en particulier dont l’existence est un véritable palier dans l’histoire de la sculpture et de l’art en général. A trois bons mètres du sol sur cet édifice hexagonal posé sur sept colonnes chacune terminée par une des vertus théologales (sauf la colonne centrale) se trouve une scène condensée où l’on peut voir regroupées sur le même panneau la nativité du Christ à Bethléem et l’annonce faite aux bergers. La nativité est concentrée sur le bas du panneau, où deux femmes sont en train de laver l’enfant tandis que Joseph, l’homme sans descendance, regarde attentivement l’enfant avec dans les yeux la tendresse d’un père aimant. Remarquez le mouvement dynamique des deux femmes entourant la vasque, elles sont comme figée dans un mouvement très réaliste. Sur le haut du tableau, on voit la cohorte des anges allant de gauche à droite pour annoncer aux bergers endormis la nouvelle de la naissance. Selon la légende, le Sauveur de l’humanité est né dans une grotte, ce qui est bien représenté par la forme convexe au-dessus de Marie. Pendant ce temps, les bergers arrivent là où se trouvent l’enfant avec sa mère, soit… dans une étable, raison pour laquelle on voit un âne et un bœuf émerger du fond de la scène. Marie, personnage central est représentée dans une position identique à celle d’une déesse antique ; l’inspiration en est clairement grecque ou romaine. Elle est d’ailleurs vêtue dans un robe à revers et d’un foulard bordé, des attributs qui ne sont pas les siens d’ordinaire. La composition est d’une intelligence exemplaire, prenant une forme d’arbre dont le tronc prendrait son essor entre le dos de la servante et les moutons qui pour le coup sont dos à dos et dont la forme entière est soutenue par l’arche de la grotte. Le drapé de Marie est d’une finesse et d’une délicatesse qui portent l’ensemble avec grâce et en font une œuvre magnifique.
La grande originalité de ce panneau, c’est qu’il est d’une nouveauté totale pour l’époque où il a été exécuté, car il a été réalisé entre 1302 et 1311, époque à laquelle le seule modèle utilisé est le modèle byzantin. Ici, clairement, l’inspiration n’est plus byzantine, mais française, on est ici en présence de l’art statuaire et sculptural des cathédrales françaises et de celui qu’on trouve également sur les parois des sarcophages romains. Voici certainement le premier ouvrage strictement renaissant en matière de sculpture.

Note de bas de page : pour contrecarrer toutes les bêtises que j’ai pu lire sur internet, ce panneau n’a pas été sculpté par Nicola Pisano, mais par Giovanni, son fils. La père, lui, a sculpté les autres panneaux.
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Oct 6, 2012 | Arts, Histoires de gens |

Le portrait de Baldassare Castiglione peint par Raphaël est considéré, à juste titre, comme un des plus beaux tableaux de la Renaissance. Pourquoi ? Plusieurs raisons à cela que nous allons étudier : d’abord parce que c’est le tableau d’une époque, mais parce que c’est aussi un tableau qui raconte une très belle histoire d’amitié, entre autres choses… Sans rentrer dans le détail et au premier coup d’œil, il est évident qu’on est en présence d’un tableau tout à fait exceptionnel, simplement parce qu’il fait appel à notre sens de l’esthétique. (more…)
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Oct 4, 2012 | Arts, Histoires de gens |

Voici un tableau qui a fait couler beaucoup d’encre. J’ai lu beaucoup de choses à peu près toutes en opposition sur ce tableau. Ce qui est certain, c’est que c’est un autoportrait de Raphaël (Raffaello Sanzio) qu’on trouve sur la gauche du tableau. L’identité de l’autre personnage prête à caution et sur ce sujet, entres autres, on trouve plusieurs hypothèses. Je ne vais pas m’amuser à tout lister, mais il semblerait que les deux hypothèses les plus probables soient d’un côté son ami Giulio Romano (Giulio Pippi de’ Jannuzzi), peintre affilié à son atelier et ami proche, de l’autre son maître d’arme ou alors son exécuteur testamentaire.
Peu importe à vrai dire qui est l’autre personnage. A mon sens. J’en reparlerai.
Le tableau est exécuté sur toile, contrairement à la plupart de ses œuvres commanditées qui sont peintes sur des panneaux de bois, ce qui est une marque de noblesse étant donné le coût occasionné par un tel support. Les spécialistes de Raphaël disent que c’est le tableau le plus vénitien du peintre, car peint à la fin de sa vie, il fait partie des œuvres les plus dynamique et les plus dansantes. Ceux qui connaissent le peintre reconnaîtront que le reste de son œuvre est passablement plus lourd. (more…)
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Jun 21, 2012 | Arts |

Voici un très beau tableau d’un peintre du XVème siècle italien qui toute sa vie resta dans sa ville natale de Messine. Antonello da Messina est un peintre majeure, à l’origine de certaines des plus belles peintures de la Renaissance comme Le Condottière ou une Annonciation datant de 1475. Le portrait d’homme, connu également sous le nom de l’homme qui rit, datant de 1470, a cette particularité d’être le tout premier portrait depuis l’antiquité sur lequel le sujet est clairement en train de sourire ; une audace folle dans une société où la religion condamne ce genre de pratiques dans les représentations commanditées. (more…)
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Jun 15, 2012 | Arts |
Jésus vit en passant, assis au bureau des taxes, un homme qui s’appelait Mathieu. Il lui dit “Suis-moi”.
La vocation de Saint-Matthieu est un des plus beaux tableaux, peint entre 1599 et 1600, du peintre Michelangelo Merisi da Caravaggio, plus connu sous le nom de Le Caravage. Première commande officielle du peintre par le Cardinal Matthieu Contarelli, le tableau est aujourd’hui exposé à son emplacement d’origine, dans la chapelle Contarelli de l’église Saint-Louis-des-Français de Rome et fait partie des toiles monumentales de l’artiste par ses dimensions (322 x 340 cm). La toile est la première d’une série de trois illustrant la vie de l’apôtre Matthieu, suivie de Saint-Matthieu et l’ange et du Martyre de Saint-Matthieu et raconte en extension l’appel de Matthieu par le Christ, décrit dans l’évangile éponyme(1), scène qu’on nomme vocation (latin vocare, appeler).

La toile décrit une situation dans laquelle on voit le Christ désignant le publicain (percepteur d’impôts) Matthieu(2) Levi assis à la table de son bureau de percepteur. Le Christ est accompagné de son compagnon de la première heure, Pierre. Matthieu, lui, est entouré de quatre personnages ; deux sont tournés vers les protagonistes qui viennent d’entrer et deux autres restent occupés à leurs affaires comptant des pièces de monnaie. Celui qui se trouve le plus à gauche est directement inspiré d’une scène que le peintre Hans Holbein a gravé à Bâle en 1522 au cœur de sa danse macabre et que l’on retrouve copiée par nombre d’autres peintres. Clin d’œil du peintre italien ; sur l’original de Holbein se trouve cité un passage de l’évangile de… Matthieu. (more…)
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