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La rose et la tulipe, car­net de voyage à Istan­bul 3 : le bas Sul­ta­nah­met et Küçük Aya­so­fya Camii (église des saints Serge et Bac­chus, ou petite Sainte-Sophie)

La rose et la tulipe, car­net de voyage à Istan­bul 3 : le bas Sul­ta­nah­met et Küçük Aya­so­fya Camii (église des saints Serge et Bac­chus, ou petite Sainte-Sophie)

La rose et la tulipe

Car­net de voyage à Istan­bul 3 : le bas Sul­ta­nah­met et Küçük Aya­so­fya Camii

(église des saints Serge et Bac­chus, ou petite Sainte-Sophie)

Tant qu’on n’en a pas fait l’ex­pé­rience, on ne sait pas. C’est un peu ce qui guide mes pas quand je suis dans un endroit que je ne connais pas et ça me pose d’au­tant plus ques­tion lorsque cer­tains lieux ne sont pas men­tion­nés sur les cartes, alors que géo­gra­phi­que­ment, on pour­rait pen­ser qu’il doit for­cé­ment y avoir quelque chose à y voir.

Pour reve­nir dans l’histoire, on pour­ra tou­jours retrou­ver trace de l’hippodrome, comme une évo­ca­tion, dans un qua­drige de che­vaux en bronze qui ornait autre­fois le Car­ceres, dans un lieu devant lequel on passe en se deman­dant ce qu’ils font là. Effec­ti­ve­ment, si vous êtes allés à Venise, vous les avez peut-être remar­qués au-des­sus de la porte prin­ci­pale de la Basi­lique Saint-Marc. Ce sont des copies, car la pol­lu­tion les aurait dété­rio­rées, les ori­gi­naux se trou­vant au musée de Saint-Marc. Si vous vous deman­dez pour­quoi ils sont là, c’est sim­ple­ment que les Croi­sés (menés par le Doge Enri­co Dan­do­lo qui est enter­ré quelque part dans Sainte-Sophie) les ont volés en 1204. Si vous vous deman­dez ce que font des che­vaux sur le fron­ton d’une basi­lique, je n’ai pas la réponse.

Le quar­tier que j’ai visi­té se trouve au sud de la Mos­quée Bleue, der­rière le Sphen­do­nè dont je par­lais pré­cé­dem­ment. Évi­dem­ment, il faut à un moment don­né se don­ner les moyens de sor­tir des che­mins tra­cés par les guides tou­ris­tiques. C’est ce que j’ai fait une fois que je suis sor­ti de la Mos­quée Bleue, du côté du grand por­tail à l’opposé de la grande place : on se retrouve pro­je­té dans un autre monde, le bazar Aras­ta. Ce bazar est en réa­li­té une rue bor­dée de com­mer­çants luxueux orga­ni­sés en guildes ven­dant à peu près les mêmes pro­duits qu’au grand bazar, mais avec l’œil atten­tion­né du pigeon­nier. Les prix (non affi­chés) y sont deux à trois fois supé­rieurs et si l’on en croit la répu­ta­tion faite sur les forums, mieux vaut ne pas y ache­ter de tapis. Dif­fi­cile de s’y pro­me­ner en pleine jour­née sans se faire tirer par la manche pour entrer dans les échoppes pro­prettes, où l’arnaque se fait sen­tir à des kilo­mètres sous cou­vert d’un sou­rire bien­veillant. Autant être hon­nête, on s’y sent quand même bien et le lieu ne manque pas de charme. Il faut savoir tout de même que lorsque vous vous pro­me­nez dans ce quar­tier, vous êtes exac­te­ment à l’endroit où se trou­vait le Grand Palais des Empe­reurs de Constan­ti­nople et que vous fou­lez, à quelques mètres au-des­sus, les lieux que tra­ver­saient Constan­tin, Théo­dose ou Justinien…

Der makam‑i Husey­ni Sema’i

by Hes­pe­rion XXI et Jor­di Savall | Can­te­mir Dimi­trie (1673–1723)

En des­cen­dant les petites rues qui se trouvent der­rière, on s’en­fonce dans un autre uni­vers, un dédale de mai­sons sombres et bran­lantes ; on y arrive en pas­sant sous la voie de che­min de fer et en conti­nuant en s’i­ma­gi­nant qu’on fini­ra par tom­ber sur le front de mer, mais on peut mar­cher long­temps sans la voir, si ce n’est au détour d’une façade, entre deux plaques de tôle. Une petite mos­quée (Akbıyık Cami) est enchâs­sée au milieu de ces rues étroites, où les gamins jouent au bal­lon au mépris des voi­tures qui rasent les murs. Un vieux mon­sieur sur le bord du trot­toir nous regarde pas­ser, l’air impas­sible. On joue au tav­la (back­gam­mon) au pied des fon­taines qui depuis long­temps ne donnent plus d’eau et on fume, assis sur de petits tabou­rets en osier tres­sé. La brou­ha­ha de la ville n’ar­rive pas jus­qu’i­ci et si l’on sent que les mai­sons sont plus modestes que près du centre tou­ris­tique, on y palpe un cer­tain art de vivre, une dou­ceur dans laquelle les Stam­bou­liotes semblent se com­plaire. On le com­prend, ce quar­tier a un charme fou, lié à la pré­sence de ces très belles mai­sons en bois de style pure­ment otto­man. Deux ou trois étages dont les supé­rieurs sont géné­ra­le­ment plus éten­dus grâce aux encor­bel­le­ments. Poutres ornées, peintes, fine­ment décou­pées ; on ima­gine à quel point les Turcs aiment que leurs petites mai­sons ait un aspect coquet. Jus­qu’au bout d’Oyun­cu Sokak, au moment où il faut retra­ver­ser le ligne de che­min de fer pour retour­ner dans la cir­cu­la­tion, les mai­sons sont en retrait et au vu des tra­vaux qui fleu­rissent un peu par­tout, on a vrai­ment l’im­pres­sion que la ten­dance est à l’embellissement. Je croise un homme aux che­veux blancs qui dis­tri­bue de la viande aux chats qui s’ag­glu­tinent autour de ses jambes, sans se sou­cier de ce qui se passe autour, puis je le croise à nou­veau dans l’autre sens, une fois arri­vé au bout de l’im­passe. Il parle aux chats, dans une langue que je connais bien : il est Fran­çais.
Le quar­tier est infes­té de chats, mais c’est plu­tôt bon signe. J’ai vu des rats tra­ver­ser les rues, furi­bards, cer­tai­ne­ment délo­gés de leur cache par des chats sur­ex­ci­tés. L’un deux, accu­lé contre une clô­ture sem­blait deman­der par­don à son bour­reau ; l’his­toire ne dit pas com­ment tout ça s’est terminé.

Dans une socié­té otto­mane qui a créé les « bains turcs », on ne s’é­ton­ne­ra pas de trou­ver des fon­taines par­tout. J’au­rais l’oc­ca­sion d’y reve­nir, mais vous ne ferez pas un pas dans une rue sans tom­ber sur un fon­taine, que ce soit un sabil, un şar­di­van ou une fon­taine de rue, l’eau est par­tout pré­sente ici et joue un véri­table rôle social ; il n’est pas rare de voir des femmes dis­cu­ter au pied de ces fon­taines. Beau­coup sont en marbre et cer­taines sont mani­fes­te­ment fabri­quées en rem­ploi d’autres maté­riaux. Je tombe en arrêt devant l’une d’elle qui m’intrigue ; les pan­neaux laté­raux pré­sentent des coupes de fruits pen­chées à 90°, du coup je me demande d’où peuvent pro­ve­nir ces plaques, de quel bâti­ment, de quel monu­ment. Il ne faut pas oublier non plus qu’Is­tan­bul est sur­nom­mée la ville des citernes. Dès sa fon­da­tion, pré­oc­cu­pée par le pro­blème de l’ab­duc­tion d’eau potable, Byzance se dote­ra d’un sys­tème com­plexe de citernes ali­men­tées par un aque­duc d’une ving­taine de kilo­mètres, pre­nant source dans la forêt de Bel­grad. Lorsque les Otto­mans prirent le contrôle de la ville, ils ne savaient pas que le sous-sol était lar­dé de ces cuves immenses et réin­ven­tèrent un sys­tème d’ab­duc­tion d’eau cou­rante d’é­tat, tou­jours en vigueur.

Tan­dis que je me rends compte que la mos­quée que je voyais depuis le bout de l’A­ras­ta Bazar était bien la petite Saint-Sophie, je com­prends que j’ai fait un immense détour. Tant pis, j’ai vu d’autres uni­vers, d’autres lieux, rafrai­chis par l’air de Mar­ma­ra. La petite Sainte-Sophie se trouve aujourd’­hui entou­rée d’un ilot de ver­dure, à quelques enca­blures de la mer alors qu’au­tre­fois elle se trou­vait qua­si­ment les pieds dans l’eau. Les rem­blais ont per­mis notam­ment de construire la voix de che­min de fer et l’a­ve­nue Ken­ne­dy qui enceint tout le sud de la pénin­sule et remonte jus­qu’à la gare de Sir­ke­ci. On peut aujourd’­hui voir (et sur­tout entendre) le train fri­ser les murs de l’an­tique église.

Cette curieuse petite église a por­té des noms dif­fé­rents. Ori­gi­nel­le­ment construite par Jus­ti­nien à la suite d’un rêve où lui appa­rurent les saints Serge et Bac­chus, elle est tout à fait contem­po­raine de Sainte-Sophie (527). Elle por­ta donc ori­gi­nel­le­ment le noms de deux saints, puis le sur­nom de petite Sainte-Sophie, en rai­son de sa forte res­sem­blance archi­tec­tu­rale, notam­ment à cause de ce très joli dôme sur pen­den­tifs sup­por­té par huit por­tions. Suite à la conquête otto­mane, elle a pris les atours d’une mos­quée et fut rebap­ti­sée en turc Küçuk Aya­so­fya Camıı, soit mos­quée petite Sainte-Sophie. A l’in­té­rieur, tout est beau­té et sim­pli­ci­té musul­mane ; les cha­pi­teaux des colonnes colo­rées ont été conser­vés, ain­si que toutes les gra­vures des lin­teaux, pré­sen­tant un texte en grec. La den­telle que repré­sente la pierre conserve encore des traces de poly­chro­mie. Sous le badi­geon blanc et propre recou­vrant le lieu, on essaie­ra d’i­ma­gi­ner un décor de mosaïques dorées repo­sant pai­si­ble­ment dans l’at­tente qu’on vienne le délivrer.

Le lieu est un véri­table havre de paix, encer­clé par les bâti­ments bas de la madra­sa au milieu duquel trône un şar­di­van. On y entend les oiseaux chan­ter et on peut s’as­seoir sur les marches de l’en­trée le temps de se lais­ser entê­ter par l’o­deur du tabac à Nar­gile pro­ve­nant de sous les arcades.

Album Pho­to

Istanbul - avril 2012 - jour 2 - 165 - Küçük Ayasofya Caddesi

Istanbul - avril 2012 - jour 2 - 173 - Quartier sud de Sultanahmet

Istanbul - avril 2012 - jour 2 - 178 - Quartier sud de Sultanahmet

Istanbul - avril 2012 - jour 2 - 179 - Quartier sud de Sultanahmet

Istanbul - avril 2012 - jour 2 - 179 - Quartier sud de Sultanahmet - Oyuncu Sokak

Istanbul - avril 2012 - jour 2 - 182 - Quartier sud de Sultanahmet - Oyuncu Sokak

Istanbul - avril 2012 - jour 2 - 183 - Quartier sud de Sultanahmet - Oyuncu Sokak

Istanbul - avril 2012 - jour 2 - 184 - Quartier sud de Sultanahmet - Oyuncu Sokak

Istanbul - avril 2012 - jour 2 - 186 - Küçük Ayasofya Camii (petite Sainte-Sophie)

Istanbul - avril 2012 - jour 2 - 188 - Küçük Ayasofya Camii (petite Sainte-Sophie)

Istanbul - avril 2012 - jour 2 - 189 - Küçük Ayasofya Camii (petite Sainte-Sophie)

Istanbul - avril 2012 - jour 2 - 190 - Küçük Ayasofya Camii (petite Sainte-Sophie)

Istanbul - avril 2012 - jour 2 - 192 - Küçük Ayasofya Camii (petite Sainte-Sophie)

Istanbul - avril 2012 - jour 2 - 194 - Küçük Ayasofya Camii (petite Sainte-Sophie)

Istanbul - avril 2012 - jour 2 - 196 - Küçük Ayasofya Camii (petite Sainte-Sophie)

Istanbul - avril 2012 - jour 2 - 198 - Küçük Ayasofya Camii (petite Sainte-Sophie)

Istanbul - avril 2012 - jour 2 - 200 - Küçük Ayasofya Camii (petite Sainte-Sophie)

Istanbul - avril 2012 - jour 2 - 202 - Küçük Ayasofya Camii (petite Sainte-Sophie)

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Mots d’un voca­bu­laire oublié V

Aver­tis­se­ment: billet à haute teneur en mots rares et pré­cieux, sau­vés de l’oubli.

  1. 1er volet
  2. 2nd volet
  3. 3ème volet
  4. 4ème volet
  5. 5ème volet
  6. 6ème volet
  7. 7ème volet
  8. 8ème volet
  9. 9ème volet
  10. 10ème volet

Douelle

C’est le pare­ment inté­rieur d’un arc, qu’on désigne aus­si sous le nom d’intra­dos. Dans une voûte, chaque cla­veau pos­sède sa douelle. A est la douelle du cla­veau repré­sen­té fig. 1.

Douelle.png

Empy­rée

Vient du grec empy­ros, έμπυριος (emby­rios) signi­fiant qui est enflam­mé, déri­vé de πυρ (feu)
Par­tie du ciel la plus éle­vée, que les anciens regar­daient comme le séjour des divi­ni­tés célestes.

Bosch Hie­ro­ny­mus, vers 1450–1516. “LES VISIONS DE L’AU-DELÀ: L’AS­CEN­SION VERS L’EMPYRÉE”,
détail. 1500–1504. Der­nier des 4 pan­neaux, 87x40 cm. Huile sur bois. Venise, Palaz­zo Ducale.

Enfeu

Déver­bal de enfouir. Un enfeu est une tombe encas­trée dans l’é­pais­seur du mur d’un édi­fice reli­gieux (église, cime­tière). Il était géné­ra­le­ment réser­vé aux nobles.

Il peut être super­po­sé. Des gisants peuvent figu­rer en des­sous ou au-des­sus. Plu­sieurs niches peuvent mon­trer le défunt à dif­fé­rents moments de sa vie. Des saints peuvent aus­si y figurer.

Enfeu dans un prieu­ré domi­ni­cain, Athen­ry, Coun­ty Gal­way, Edwin Rae

Esco­perche (ou écoperche)

Vieux fran­çais : escot : « rameau » et de perche.

  1. (Arts) Perche qui, dans un écha­fau­dage, sou­tient des perches ou planches horizontales.
  2. (Bâti­ment) Grande perche ver­ti­cale d’é­cha­fau­dage en bois ou en acier munie d’une pou­lie, ser­vant à éle­ver des maté­riaux de construction.

Perche ou bali­veau posé ver­ti­ca­le­ment pour sou­te­nir les bou­lins d’un écha­faud de maçon (voy. Écha­faud). L’escoperche est aus­si une pièce de bois munie d’une pou­lie à son extré­mi­té supé­rieure, et qu’on attache au som­met d’une chèvre pour en aug­men­ter la hau­teur ou lui don­ner plus de nez.

Imposte

Dans l’ar­chi­tec­ture clas­sique maçonnée :

  • Une imposte est une pierre saillante (géné­ra­le­ment dure) qui forme le cou­ron­ne­ment du pié­droit d’un arc (l’im­poste est au pié­droit ce que le cha­pi­teau est à la colonne). Cette pierre est géné­ra­le­ment mou­lu­rée selon les ordres architecturaux.
  • Le corps de mou­lure de l’arc (le châs­sis de tym­pan) se nomme éga­le­ment imposte .

Orant

Un orant (ou priant, du latin orare, prier) désigne, dans l’art reli­gieux, un per­son­nage repré­sen­té dans une atti­tude de prière, sou­vent age­nouillé. La réa­li­sa­tion est fré­quem­ment une sta­tue en ronde-bosse ou une sculp­ture en haut-relief.

Asso­cié au gisant, c’est l’un des élé­ments de déco­ra­tion d’un tom­beau ou d’un enfeu.

Tom­beau d’Hen­ri II et de Cathe­rine de Médi­cis dans la Rotonde des Valois,
Basi­lique de Saint-Denis — Gra­vure d’A­lexandre Lenoir (19e siècle)

Rem­ploi

Les spo­lia (terme latin neutre plu­riel, donc mas­cu­lin plu­riel en fran­çais) ou rem­plois ou réem­plois, dési­gnent la réuti­li­sa­tion, notam­ment sous l’empire romain tar­dif, de pièces et œuvres d’art de monu­ments romains anté­rieurs comme maté­riaux de construc­tion dans un nou­veau monu­ment (comme par exemple l’arc de Janus, l’arc de Constan­tin).
Il n’est pas éta­bli si cet usage est d’a­bord idéo­lo­gique (retour à une gloire pas­sée), esthé­tique (rem­ploi d’œuvres d’art appré­ciées et ain­si sau­ve­gar­dées) ou pra­tique (récu­pé­ra­tion d’un monu­ment en ruine, et coût de matière pre­mière réduite).
L’hy­po­thèse du recy­clage pour des rai­sons éco­no­miques et pra­tiques est la plus pro­bable, dans l’é­di­fi­ca­tion des rem­parts des cités romaines à par­tir de la fin du IIIe siècle, par la réuti­li­sa­tion de pierres de monu­ments, en par­ti­cu­lier funé­raires, bâtis à l’en­trée des villes et sou­vent à l’abandon.

Reused inscribed blocks

Arch of Constantine

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Entre deux lumières

Au gré de mes recherches dans Paris, de ce temps que je mets à contri­bu­tion pour m’en­ri­chir et res­sor­tir de ces pro­me­nades aus­si émer­veillé qu’un gamin un len­de­main de Noël, je découvre ou plu­tôt redé­couvre ces lieux de mémoires oubliés. Par je ne sais quelle cir­con­vo­lu­tion ou cir­cu­mam­bu­la­tion, j’ar­pente des lieux au hasard de mes ren­contres. Tout d’a­bord, coin­cé entre les gyros et les petits res­tau­rants étri­qués de la rue Saint-Séve­rin, par­mi les odeurs d’é­pices et de pois­son qui, dès le matin, cha­touillent les sens, j’emprunte la rue Galande et me retrouve nez à nez avec le che­vet de l’é­glise Saint-Julien-le-Pauvre. Mal­heu­reu­se­ment, elle n’é­tait pas encore ouverte lorsque je suis pas­sé. Ce n’est pas un hasard si les Grecs et les moyen-orien­taux de Paris se retrouvent ici, car son culte est gre­co-mel­kite, un culte ortho­doxe dont la plu­part des fidèles sont ori­gi­naires de Syrie, de Jor­da­nie, du Liban et de Pales­tine. C’est éga­le­ment une des plus vieilles églises de Paris, car son aspect actuel date du XIIIè siècle ; on peut y voir sur le flanc sud ce qui reste de l’os­suaire, consti­tué d’une dizaine d’arches dans les­quelles on enter­rait les corps des défunts jus­qu’à il n’y a pas si long­temps que ça.

Saint Julien le pauvre

Ossuaire de Saint Julien le pauvre

En repre­nant ensuite le bou­le­vard Saint-Ger­main, je suis arri­vé au che­vet de l’é­glise Saint-Nico­las du Char­don­net qui m’a sou­vent intri­gué par son aspect très baroque. Elle n’a à mon sens que peu d’in­té­rêt à l’in­té­rieur, si ce n’est le superbe céno­taphe que Charles le Brun a conçu pour sa mère et la cha­pelle de la Vierge, construite dans un étrange style byzan­tin déton­nant un peu avec le reste du bâti­ment. A la sor­tie de l’é­glise, une fille assez grande au visage fer­mé, les che­veux en bataille, atten­dait en fumant une ciga­rette, don­nant au lieu un petit air de lieu de ren­contre clan­des­tin, un je-ne-sais-quoi de secret et un rien tentateur…

Institut du monde arabe

J’ai filé ensuite vers l’Ins­ti­tut du monde arabe en bifur­quant par la rue de Pois­sy et en remon­tant les quais de Seine, face à la Tour d’Argent, encore fer­mée à cette heure là. Tou­jours éton­nant ces res­tau­rants où le menu n’est pas affi­ché sur la devan­ture… Le ciel était cou­vert, sombre, lais­sant à peine pas­ser quelques rayons de soleil, une soleil brut et métal­lique qui don­nait un aspect froid à la façade déco­rée d’i­ris géo­mé­triques. Quelques gouttes sur le coin du nez… Un temps gris de Paris… Après avoir visi­té les col­lec­tions Kha­li­li avec mon fils émer­veillé, je me suis ren­du à la Mos­quée. Sans y avoir pen­sé au préa­lable, je suis arri­vé en pleine heure de prière. La caisse était fer­mée et je me suis retrou­vé fort dému­ni face à une porte ouverte, une caisse muette, et des gens qui affluaient de toutes les direc­tions. Un mon­sieur d’une soixan­taine d’an­nées m’a deman­dé ce que je cher­chais et lorsque je lui ai dit que je pré­pa­rais une visite pour des jeunes gens en réin­ser­tion pro­fes­sion­nelle… il m’a pris le bras et m’a fait visi­ter, en me lar­guant au milieu de la cour prin­ci­pale, car il devait aller prier. Je lui ai deman­dé s’il tra­vaillait ici. Non, me répon­dit-il, il n’é­tait qu’un simple fidèle par­mi les fidèles.

Brûle-parfum ou diffuseur en forme de lynx

Entre deux lumières, entre deux ombres, j’ai repris la route du retour avec dans la poche le secret de ces jours pen­dant les­quels la réa­li­té s’es­tompe pour dévoi­ler un pas­sé qu’on a du mal à s’ap­pro­prier. J’es­saie éga­le­ment de me répé­ter ces mots de la cha­ha­da que j’es­saie d’ap­prendre, mais que par manque de foi peut-être, je n’ar­rive pas à rete­nir car ils sont trop éloi­gnés de ma réalité:

اشهد ان لآ اِلَـهَ اِلا الله و أشهد ان محمدا رسول الله
Ach­ha­dou an lâ ilâ­ha illa-llâh, washa­dou ana muham­mad rasûlu-llâhi

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Stav­kirkjes

Hopperstad stavkirke

Stav­kirke, c’est ain­si qu’on nomme les églises faites de bois qu’au­tre­fois on trou­vait par­tout en Europe du Nord, construites avec des futs de pin syl­vestre et qu’on appe­lait éga­le­ment par­fois « églises en bois debout » ; Les fon­da­tions du bâti­ment reposent sur des pieux (stav). Si elles sont riche­ment déco­rées de motifs fai­sant écho à la mytho­lo­gie odi­nique, elles sont la plu­part construites sur d’an­ciens lieux sym­bo­liques païens. Il n’en reste plus aujourd’­hui qu’en Norvège.

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Mère et tête de toutes les églises de la ville et du monde

L’Archi­ba­si­lique du Très-Saint-Sau­veur, plus connue sous le nom de basi­lique Saint-Jean-de-Latran est omnium urbis et orbis eccle­sia­rum mater et caput, Mère et tête de toutes les églises de la ville et du monde. Moins connue dans les esprits que la basi­lique Saint-Pierre, elle est pour­tant la pre­mière des églises dans l’ordre pro­to­co­laire, avant Saint-Pierre et fait par­tie des quatre basi­liques papales de Rome. Détruite à de mul­tiples reprises, elle est aujourd’­hui recons­truite dans un style majo­ri­tai­re­ment baroque ita­lien (c’est à dire à mon sens, pas tou­jours de très bon goût). On peut tou­te­fois encore admi­rer dans la cha­pelle du bap­tis­tère les restes de la basi­lique pri­mi­tive, com­men­cée en 315, avec une construc­tion d’ins­pi­ra­tion byzan­tine et des mosaïques dorées de toute beau­té qui font oublier la gran­di­lo­quence fas­tueuse de la basi­lique elle-même. Il est à noter que la mosaïque de l’ab­side date du IVème siècle, même si elle a été pro­fon­dé­ment res­tau­rée au XIIème siècle. On peut aujourd’­hui grâce au site du Vati­can visi­ter vir­tuel­le­ment (avec une musique tout ce qu’il y a de plus adap­tée) l’en­semble du bâti­ment comme vous ne le ver­rez cer­tai­ne­ment jamais, comme par exemple la cha­pelle Lan­cel­lot­ti ou la cha­pelle Cor­si­ni, qui ne sont pas ouvertes au public. Même si le lieu est impres­sion­nant de gran­diose et de faste, il reste une des mani­fes­ta­tions les plus flam­boyantes d’un art baroque qui ne s’est jamais embar­ras­sé de sim­pli­ci­té et qui n’hé­site pas à user d’une cer­taine théâ­tra­li­té qui sied mal à un lieu de recueille­ment, fût-il à la tête des autres…

Il est à noter que le Pré­sident de la Répu­blique Fran­çaise reçoit pour comme titre celui de Cha­noine d’Hon­neur de Saint-Pierre-de-Latran. Les deux seuls pré­si­dents de la cin­quième répu­blique à avoir refu­sé leur intro­ni­sa­tion sont Georges Pom­pi­dou et Fran­çois Mitterrand.

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