Je ne m’en lasse pas. Monsieur le Consul Auguste François a toujours un bon mot à l’attention de ses amis. Le 13 avril 1900, il est question de cigare, un cigare qu’on traite d’une drôle de manière, un cigare qui lui sert d’embarcation.
Lettre d’Auguste François à Jean-Baptiste Beau, Wou-Tchéou-Fou, 2 janvier 1899
Mon cher ami,
Je suis bien convaincu que vous n’avez pas manqué de vous demander aujourd’hui : « Que fait cet animal de François en ce saint jour du Vendredi anniversaire de la mort du Seigneur ? » Alors je réponds à votre question, et voici.
Imaginez un cigare, un peu long et plutôt blond : évidez-le par la pensée, de façon à ne lui conserver que ses feuilles d’enveloppe ; celles-ci, au lieu de tabac de la Havane, proviennent de latoniers (Palma latonia, en latin). Mettez ce cigare à l’eau, ce qui est une singulière manière de traiter un cigare, mais c’est ainsi, vous n’y pouvez rien, ni moi non plus. Hé bien c’est là-dedans que je vis. On ne s’y tient pas debout, la station assise et tolérable, si on n’en abuse pas ; la position normale y est l’horizontale. Avec le soleil qui tape là-dessus, on y jouit, à l’intérieur, d’une température qui n’est pas de beaucoup inférieure à celle d’un bon cigare allumé et grâce à la cuisine qui se pratique à l’un des bouts, on y est aussi complètement enfumé qu’on peut le désirer. […]
Personnellement, j’aurais bien aimé connaître cet homme…
Tags de cet article: Chine, exploration, humour, littérature, voyage
quel personnage pour pratiquer cette expérience !et encore,en 1900!
quelle liberté d’esprit et force de caractère, que j’envie…
de quel ouvrage est extrait ce texte?
Elisabeth S
L’ouvrage est celui dont je parle dans le billet précédent, c’est Aventuriers du monde. Les archives des explorateurs français — 1827–1914, un très beau livre pas vraiment tendre avec la période colonialiste des explorations françaises de cette période trouble, inspirée notamment par Jules Ferry.