Ce manus­crit grec (Gr. Vitr.26–2) sur par­che­min datant du XIè siècle est l’un des manus­crits les plus pré­cieux de la Biblio­thèque natio­nale d’Es­pagne, pré­cieux pour la richesse de son enlu­mi­nure. Le tra­vail réa­li­sé par Ioannes Scy­lit­za (Jean Sky­lit­zès, Ἰωάννης ὁ Σκυλίτζης), est l’his­toire des empe­reurs byzan­tins entre 811 et 1057, cou­vrant les évé­ne­ments du cou­ron­ne­ment de Michel Ier Rhan­ga­bé (Μιχαήλ Α΄ Ραγκαβέ) en 811 jus­qu’au règne de Michel VI en 1056–1057. Le manus­crit contient 577 minia­tures réa­li­sées par plu­sieurs artistes. La plu­part des scènes sont accom­pa­gnées d’une légende qui explique leur signi­fi­ca­tion et les minia­tures illus­trent les pas­sages dans le texte, et offrent une vision des for­te­resses, de scènes de guerre, de scènes de vie à la cour, des des­crip­tions des châ­ti­ments cor­po­rels (et Dieu sait que les Byzan­tins étaient raf­fi­nés dans ce domaine), ain­si que d’autres scènes plus élé­gantes de nature reli­gieuse, telles que les bap­têmes et l’or­di­na­tion des patriarches. Les pre­mières enlu­mi­nures, dans des tons clairs, se dis­tinguent par leur sim­pli­ci­té et leur réa­lisme. Elles sont sui­vies par des scènes plus com­plexes des­si­nés avec des lignes dures, par­fois avec les traits gro­tesques du natu­ra­lisme, puis par de grandes com­po­si­tions de concep­tion vigou­reuse et vivante, avec des cos­tumes simples, des corps bien mode­lés, et un réa­lisme popu­laire. Le manus­crit a pro­ba­ble­ment été écrit à Palerme, en Sicile. Il appar­te­nait au monas­tère de San Sal­va­dor de Faro de Mes­sine jus­qu’à la fin du XVIè siècle, puis a été dépla­cé à la cathé­drale de Mes­sine. En 1690, il devint la pro­prié­té des ducs de Uce­da, jus­qu’à ce que Phi­lippe V confisque le conte­nu de la riche biblio­thèque ducale, avant d’en­trer à Biblio­thèque natio­nale de Madrid.

Le texte en grec ancien, agré­men­té des 577 minia­tures de toute beau­té (même si cer­taines sont abî­mées et sou­vent vio­lentes dans les repré­sen­ta­tions), est dis­po­nible en ligne sur World Digi­tal Libra­ry ou sur le site de la BNE (Biblio­te­ca Digi­tal Hispá­ni­ca). Outre sa grande valeur, c’est un docu­ment ines­ti­mable concer­nant la vie à Byzance à cette époque. C’est géné­ra­le­ment cette réfé­rence que l’on uti­lise pour illus­trer le feu gré­geois, ce mélange incen­diaire qui fit trem­bler toux ceux qui dai­gnaient appro­cher Constan­ti­nople par voie de mer, notam­ment pen­dant les guerres arabo-byzantines.

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