Moka au bar, comme un soir d’été

Plateau de La Godivelle - 05-05-2007 - 13h22

Pho­to © Etienne Cazin

Je com­prends ce que j’ai. Mes jour­nées passent len­te­ment, je n’étais plus habitué.

Regar­der pas­ser une péniche fes­ton­née de lou­piotes de toutes les cou­leurs sous les fron­dai­sons des saules, dont les innom­brables doigts viennent frô­ler l’onde, assis au bord de la route, le front plon­gé dans mes pensées.
Au loin un oiseau lance ses trilles par-des­sus les cha­peaux d’un couple qui fait du vélo sur les bords de la Seine, et je me reprends dou­ce­ment. Je retombe sur les lignes de Ger­main-Tho­mas, avec les oiseaux qui piaillent dans un arbre au loin :

Je com­prends ce que j’ai. Mes jour­nées passent len­te­ment, je n’étais plus habitué.
Je suis seul. Je n’étais plus habitué.
Je suis soli­taire, comme toujours.
Et ce qui me ronge est que j’ai déjà com­men­cé mon voyage tan­dis que je reste ici, inca­pable de rompre les amarres, enfer­mé autant dans l’espace que dans mon esprit.
Je souffre sans vrai­ment m’en rendre compte, une vio­lence sourde et handicapante.
Je vais mou­rir d’être ici.
Le contraire de ce que dit Depar­don : « Bien seul, mais bien libre »

Ah oui, pas d’autres bruits que celui des jours qui ne se plaignent pas, la nature beu­glant son silence aux oreilles écar­lates. Les natures les plus élo­quentes sont celles qui ne font pas de bruit super­flus et les villes les plus belles sont celles qui n’ont aucunes pré­ten­tions. Il fau­dra se rap­pe­ler l’heure tout de même, on n’est pas éter­nel, il fau­dra se rap­pe­ler l’heure et prendre à bras le corps nos frus­tra­tions et les dépo­ser au loin. J’a­vais l’i­dée de m’en­dor­mir un peu au chaud sous les arbres, mais le temps m’a rat­tra­pé, c’é­tait bon comme un soir d’é­té, avant qu’il ne pleuve.

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La rose et la tulipe, car­net de voyage à Istan­bul 9 : Yere­ba­tan Sarnıcı, domaine de Méduse

La rose et la tulipe, car­net de voyage à Istan­bul 9 : Yere­ba­tan Sarnıcı, domaine de Méduse

Épi­sode pré­cé­dent : La rose et la tulipe, car­net de voyage à Istan­bul 8 : Kedi ve köpek (Chats et chiens)

Istanbul - avril 2012 - jour 5 - 030 - Citerne basilique (Yerebatan Sarnıcı)

Voi­ci un lieu que j’a­vais déjà visi­té dans mes rêves et dans lequel je me suis enfoui, trente six pieds sous terre. La citerne enfouie sous terre est une des innom­brables réserves d’eau que les Romains ont lais­sé comme patri­moine à une Constan­ti­nople otto­mane et la plus grande de toutes. Un peu plus loin se trouve Bir­bin direk ou citerne de Phi­loxe­nos, la citerne aux mille colonnes (224 en fait), aujourd’­hui à sec et ouverte à la visite quand ils ont le temps, et plus bas, au pied de l’an­cien hôtel de ville, celle de Théo­dose. On pense que la ville en comp­tait envi­ron 80 dans ce genre et on se rend bien compte avec la géo­gra­phie de la ville que leur emploi était essen­tiel notam­ment en cas de rup­ture des aque­ducs lors des sièges.
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La rose et la tulipe, car­net de voyage à Istan­bul 8 : Kedi ve köpek (Chats et chiens)

La rose et la tulipe, car­net de voyage à Istan­bul 8 : Kedi ve köpek (Chats et chiens)

Épi­sode pré­cé­dent : La rose et la tulipe, car­net de voyage à Istan­bul 7 : Le Grand Bazar (Kapalı­çarşı) et la mos­quée Baye­zid II (Beyazıt Camıı)

Istanbul - avril 2012 - jour 5 - 075 - Sainte-Sophie (Ayasofya Cami Müzesi) - Chat

Le chat au pied du min­bar de Sainte-Sophie

S’il est une chose qui sur­prend à Istan­bul, c’est l’om­ni­pré­sence des chats. Véri­tables rois des rues, ils se fau­filent par­tout sous les palis­sades, par les van­taux des caves et inves­tissent les pou­belles qu’ils retournent avec une cer­taine dex­té­ri­té, habitent cer­tai­ne­ment en colo­ca­tion dans les mai­sons aban­don­nées qu’on trouve à tous les coins de rue. Les seuls chiens que j’ai vus se trou­vaient sur la rive asia­tique, à Üskü­dar. Les uns ou les autres sont les rois du pavé, et ce n’est pas rare de les voir éten­dus sur le pas­sage des badauds, pas inquié­tés pour un sou par la pré­sence des humains. Mon fils a même sym­pa­thi­sé avec un jeune chat qui tous les soirs nous atten­dait près du café des sports sur la place de Kadır­ga Mey­danı et qu’il avait sur­nom­mé… Constan­ti­nople.
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Denkmä­ler aus Ägyp­ten und Äthio­pien (Karl Richard Lepsius)

Entre 1842 et 1845, l’ar­chéo­logue Karl Richard Lep­sius sera char­gé direc­te­ment par l’empereur Fré­dé­ric-Guillaume IV de conduire une expé­di­tion en Égypte et au Sou­dan des­ti­née à pro­duire des rele­vés pré­cis des plus grands sites, ain­si qu’à rame­ner le plus d’ob­jets pos­sibles, comme c’est sou­vent le cas. Du pla­teau de Gizah au com­plexe funé­raire de Saq­qa­rah, du Fayoum à Thèbes en pas­sant par Der el-Baha­ri jus­qu’à Philæ, l’ex­pé­di­tion s’est ren­due jus­qu’au sud de la Nubie égyp­tienne, en Éthio­pie et jus­qu’aux confins de Méroé, la cité aux pyra­mides poin­tues. La somme de connais­sances rap­por­tée sera consi­dé­rable au tra­vers d’une œuvre majes­tueuse en 13 volumes : Monu­ments d’É­gypte et d’É­thio­pie d’a­près les des­sins rap­por­tés de l’ex­pé­di­tion scien­ti­fique orga­ni­sée dans les années 1842–1845 dans ces deux pays sur ordre de sa majes­té, le roi de Prusse, Fré­dé­ric Guillaume IV [« Denkmä­ler aus Ägyp­ten und Äthio­pien nach den Zeich­nun­gen der von Sei­ner Majestät dem Könige von Preußen, Frie­drich Wil­helm IV., nach die­sen Län­dern gesen­de­ten, und in den Jah­ren 1842–1845 aus­geführ­ten wis­sen­schaft­li­chen Expe­di­tion auf Befehl Sei­ner Majestät, 13 vol. »], Ber­lin, Nico­laische Buch­hand­lung, 1849 (réim­pr. Réédi­tion Genève : Édi­tions de Belles-Lettres, 1972).

Illus­tra­tions, copies topo­gra­phiques, cartes, repro­duc­tions, rele­vés de ter­rain et sur­tout, un extra­or­di­naire compte-ren­du entiè­re­ment manus­crit ; tout est dis­po­nible sur le site de la Mar­tin-Luther-Uni­ver­sität de Halle-Wit­ten­berg sous le nom de Lep­sius-Pro­jekt. Une œuvre fas­ci­nante, qui même si elle est inté­gra­le­ment écrite en alle­mand, pro­duit une somme docu­men­taire inestimable.

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