Pura Tirta Empul
Ubud stories #10
23 février 2014 : Pura Tirta Empul, un temple aux eaux sacrées
Il faut environ une demi-heure pour relier Goa Gajah à la ville de Tampaksiring où se trouve le lieu le plus emblématique et certainement le plus connu de Bali. Nous sommes ici dans le village de Manukaya où l’on trouve ce lieu étrange et envoûtant que sont les sources sacrées du Pura Tirta Empul (littéralement, temple des eaux sacrées). Sa renommée internationale vient surtout du fait que c’est un des lieux que l’on peut découvrir dans le film Eat, Pray, Love avec Julia Roberts, mais que l’on se rassure, il y a bien longtemps qu’elle ne s’y trouve plus. On peut donc visiter tranquillement le temple qui, même s’il attire beaucoup de touristes, reste un lieu de prière hautement sacré pour les Balinais et relativement calme.
Impossible d’entrer ici sans sarong, sauf si l’on s’appelle Barack ou Michelle Obama et si toutefois vous aviez l’outrecuidance de ne pas en avoir, on vous en prête un dès l’entrée du temple contre une petite donation pour l’entretien du temple.
Sur les hauteurs du complexe, on peut voir une des 6 résidences présidentielles, Istana Tampaksiring, construite sur les ordres du président Soekarno. Le temple lui-même prend son origine au Xè siècle sous la dynastie Warmadewa autour d’un bassin destiné à contenir les eaux cristallines d’une source souterraine qui jaillit à petit bouillon du pied de la montagne. C’est autour de ce bassin qu’ont été construit une série d’autres bassins en contrebas où l’eau se déverse par pression.
On entre dans le temple par la cour extérieure, le Jaba Pura, et le Candi Bentar, le grand portail sculpté protégé, comme tous les temples balinais, par les Dwarapala, ces figures monstrueuses, grimaçantes et armées qui ne sont là que pour empêcher les mauvais esprits d’entrer dans le sanctuaire. Le bassin le plus impressionnant de la cour intérieure est le Jaba Tengah, ce bassin dont l’eau jaillit au travers de trente trompes ornées de svastika où les Balinais viennent se purifier en se laissant couler l’eau sur la tête selon le rituel du melukat, tout en donnant en offrandes de la nourriture et des fleurs dans des petits paniers carrés tressés en feuilles de lamier. Les croyants commencent à se purifier, tout habillés et de l’eau jusqu’à la taille, sous le premier jet situé à gauche et défilent sous les vingt-neuf autres trompes (sauf sous les deux qui sont réservés à la purification des morts et donc, interdits aux vivants), ce qui peut prendre un certain temps, mais le temps ici n’a pas la même valeur pour tous. Les Balinais qui viennent ici y passent généralement la journée en famille. La dernière du temple, le Jeroan, la plus sacrée, est un ensemble de petits temples abrités construits autour du bassin de la source, dans lequel il est interdit de pénétrer.
Un peu en retrait, dans le Jeroan, un homme jeune tout vêtu de blanc sous un petit temple en toit de branchages fait tinter une clochette dans une attitude méditative qui force le respect et l’admiration. Derrière lui, deux femmes se recueillent dans une posture d’offrandes. Un moment à la fois troublant et plein d’une sagesse confondante, à mille lieues de l’agitation d’Ubud. On peut presque sentir le souffle de Vishnu, maître de lieux.
Dans le bassin de la source sacrée, on peut voir l’eau d’une clarté aveuglante jaillir de terre, agitant les herbes et les algues qui poussent tout autour dans un silence assourdissant.
Clochette votive
Ce temple est un endroit magique, qui permet autant de goûter au calme de l’endroit que de rencontrer les Balinais endimanchés, en famille, l’occasion de voir des visages sereins, des femmes vêtues de leurs plus beaux atours, mais aussi des enfants par dizaines, habillés comme un jour de fête, comme cette grand-mère avec ses petits-enfants, cette homme au visage concentré et cette petite fille qui pose près de la gueule d’un monstre, qui fait la fierté de ses parents en ce jour particulier.
A l’arrière du temple haut, j’observe depuis mon promontoire les sarongs sécher à l’ombre des grands arbres ; un mobile à eau fait résonner les bambous qui s’entrechoquent. Un moment de calme incroyable dans une relative fraîcheur, à l’abri du tumulte, un endroit qu’on n’a pas vraiment envie de quitter.
Voir l’ensemble des photos sur Flickr.
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