Oct 7, 2013 | Carnets de route (Osmanlı lale), Dans la vapeur blanche des jours sans vent (Turquie) |
Épisode précédent : Dans la vapeur blanche des jours sans vent (Carnet de voyage en Turquie – 11 août) : Patara et Xanthos, les grandes cités lyciennes
Bulletin météo de la journée (dimanche) :
- 10h00 : 41.1°C / humidité : 61% / vent 9 km/h
- 14h00 : 42.2°C / humidité : 61% / vent 17 km/h
- 22h00 : 38.3°C / humidité : 72% / vent 9 km/h
C’est le jour du départ pour Antalya. dernière expédition pour retourner sur la route, direction la Cappadoce. Cette fois-ci, je ne prends pas l’avion, mais le car et j’avoue que je suis un peu angoissé. De toute façon, dès lors que je ne connais pas, je suis angoissé, il y a toujours quelque chose qui m’inquiète et qui me tord le ventre au point que je comprends mieux pourquoi je me sens parfois aussi épuisé lorsque je voyage. Bien loin de ne pas profiter, je suis toujours à l’affût, de peur de manquer quelque chose, de me dire que je ne pourrai jamais vivre le choses qu’une seule fois et que si je rate, c’est fichu. Les sens en éveil, je m’épuise vite.
Je fais ma valise et je vais prendre mon dernier petit déjeuner en compagnie des Allemands. Avec du recul, je n’étais pas très heureux d’être dans cet hôtel, même si je n’y ai passé que très peu de temps au final et je me rends compte que tout ceci n’a pas d’importance, malgré le fait que la nuitée n’était pas donnée. Je pars sans regret et je file vers Kalkan et Kaş, direction l’est pour retrouver Antalya. Je dois rendre la voiture au loueur et retourner ensuite à la gare routière (Otogar) et pour cela, j’ai pas mal de temps, rien ne presse, le car part à 21:00 et je dois rendre la voiture à 19:30. Une heure et demie pour rejoindre la gare routière, c’est plutôt confortable.
Je me perds avec la voiture dans Kalkan, dans les petites rues pentues et pavées qui descendent vers la mer sans arriver à la moindre plage ; il n’y a que des impasses et je me finis par me retrouver dans une rue que je n’arrive pas à remonter tellement elle monte. La voiture patine et ne veut plus avancer… Je sors et je regarde les pneus ; ils sont lisses ! Je fulmine contre le loueur, son tacot et ses pneus merdiques. J’ouvre le coffre, sors ma valise et redescends la rue en marche arrière. Ensuite je prends mon élan en faisant chauffer le moteur et je réussis à remonter la portion la plus dangereuse. Le moment le plus sympa, c’est quand je dois remonter la valise sur les pavés, sur une pente que même à pied j’ai du mal à gravir et en plein soleil… Une bonne suée dès le matin et je repars de Kalkan un peu en colère. Je m’arrête à Kaş pour le déjeuner, à l’heure du muezzin, dont le chant s’intensifie ou s’étouffe avec les rafales de vent. La mer (Akdeniz) est déchaînée, dans un mauvais jour ; le vent n’est pas en reste. Je trouve quand-même Kaş plus vivante que Patara, qui semble comme en léthargie, sur le point de s’éteindre. Un hôtel sur les hauteurs est complètement abandonné, c’est dire à quel point les beaux jours sont derrière. (more…)
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Sep 20, 2013 | Carnets de route (Osmanlı lale), Dans la vapeur blanche des jours sans vent (Turquie) |
Épisode précédent : Dans la vapeur blanche des jours sans vent (Carnet de voyage en Turquie – 10 août) : Les gözleme d’Esra, Fethiye, le tombeau d’Amyntas
Bulletin météo de la journée (samedi) :
- 10h00 : 37.8°C / humidité : 29% / vent 7 km/h
- 14h00 : 43.1°C / humidité : 55% / vent 17 km/h
- 22h00 : 42.2°C / humidité : 81% / vent 6 km/h
Encore une journée qui s’annonce calme sous un soleil écrasant. Les températures sont simplement affolantes et dépassent largement les 40°C. La raison voudrait que je reste enfermé dans ma chambre semi-climatisée ou à l’ombre d’un parasol au bord de la piscine, mais rien n’y fait, je n’arrive pas à rester en place, même si je lézarde un peu en somnolant après un petit déjeuner copieux, à base de fromage blanc et de tisane de sauge.
Je reste en admiration devant ce petit appendice qui dépasse de la cuvette des toilettes, où que je sois passé depuis mon arrivée ici, sur la partie antérieure et qui propulse un jet d’eau puissant destiné à se nettoyer. Évidemment, le sujet est un peu délicat à traiter, mais je suis admiratif de ce procédé utile et efficace qui ne me laisse plus aucun doute sur l’hygiène de ce peuple qui a l’habitude des bains publics et des ablutions liées à la prière. Je rêve qu’un jour en France, dans ce pays qu’on dit aseptisé et hygiéniste, on puisse prendre autant soin de son hygiène corporelle, ce qui est loin d’être le cas.
Le midi, je retourne déjeuner chez Ezra avant de refaire un tour par l’hôtel pour lire un peu Amin Maalouf au bord de la piscine et piquer une tête dès que la température devient intolérable.
Cet après-midi, j’ai décidé de me rendre à Patara. Après tout, c’est le site le plus proche d’ici et je ne suis même pas allé le voir. En fait, quand on suit la direction du site (les sites archéologiques sont signalés par des panneaux écrits en blanc sur fond marron qui font penser à ceux qu’on trouve au bord des autoroutes françaises) qui se trouve au bout de la route qui traverse le village, on arrive à ce qui ressemble à un poste frontière. Je crois que c’est la première fois que je vois un site aussi bien gardé. Il se trouve que c’est également l’entrée d’un site très connu car il passe pour être la plus belle plage de la côte turque. J’avoue sans honte que je n’y suis pas allé de tout mon séjour, trouvant certainement qu’il y avait bien d’autres choses à faire que d’aller se baigner dans la Méditerranée. Cela dit, avec du recul, je regrette un peu, mais je m’en remettrai. Après la barrière, on arrive donc sur le site qui s’étend tout au long de la route. Dès lors que je commence à vouloir prendre des photos, je me rends compte que quelque chose ne va pas, mon appareil reste obstinément éteint. Je commence à angoisser en me disant que si mon appareil me lâche maintenant, je ne vais plus pouvoir garder d’images de tout cela ; c’est simplement inconcevable pour moi. En tentant d’établir un diagnostic, je me rends compte que la batterie est absente de son compartiment et en une fraction de seconde, je la revois dans son chargeur, bien au frais sur la table de la chambre d’hôtel. Je n’ai plus qu’à prendre des photos avec mon téléphone.
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Sep 13, 2013 | Arts, Sur les portulans |
Si vous êtes déjà allés en Turquie, vous n’avez pas pu passer à côté de ce signe qu’on pourrait simplement croire être une belle calligraphie arabe, et qu’on voit sur tous les objets rappelant de près ou de loin que le pays, jusqu’en 1922, était gouverné par un Sultan. Sur les frontispices des mosquées immenses qu’on peut deviner avoir été conçues par Mimar Sinan, sur les rosaces qu’on voit martelées sur les plateaux en cuivre, sur les boîtes à savon des hammams, on retrouve partout ce signe qui n’est autre que la signature des sultans ; la Tuğra. Conçue comme un monogramme, c’est l’entrelacs de plusieurs mots désignant à la fois le nom mais aussi la lignée (en arabe : kunya) et le titre exact. Ainsi Soliman le Magnifique (Süleyman) porte-t-il le titre — non pas de magnifique mais — de Législateur (en turc : Kanuni). L’alphabet arabe est l’alphabet en vigueur dans l’Empire Ottoman jusqu’à la réforme linguistique opérée par Atatürk en 1928 et la Tuğra rédigée dans cet alphabet nait à l’époque des premiers échanges avec l’Occident. Les Italiens notamment, Vénitiens ou Génois, sont alors coutumiers de cette griffe qui termine les lettres et qui désigne également le rang. Les Ottomans ne seront pas en reste et emploieront à outrance cette marque distinctive des lettres et édits impériaux et native, semble-t-il des traditions Seldjoukides d’Anatolie. On trouve par exemple un exemple de cette belle signature sur une lettre adressée par Süleyman au Roi de France François Ier en 1536.
Tuğra de Süleyman Ier Kanuni
Photo © Tezhip Sanatı
La signification exacte de la Tuğra de Süleyman est : Suleyman shah bin Selim shah han el-muzaffer daima, Süleyman, sultan, fils du sultan Selim, toujours victorieux. L’écriture située dans la bulle sur la droite est le pseudonyme du Sultan, en l’occurrence Kanuni, le Législateur.
Pour en savoir plus, visitez le site Tugra.org pour découvrir les Tuğras de tous les sultans et leur mode de fabrication.
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Jul 13, 2013 | Carnets de route (Osmanlı lale), Dans la vapeur blanche des jours sans vent (Turquie) |
Épisode précédent : Dans la vapeur blanche des jours sans vent (Carnet de voyage en Turquie – 9 août) : Dans les gorges de Saklıkent (Kanyonu)
Bulletin météo de la journée (vendredi) :
- 10h00 : 38.7°C / humidité : 27% / vent 15 km/h
- 14h00 : 42.0°C / humidité : 23% / vent 11 km/h
- 22h00 : 40.0°C / humidité : 67% / vent 4 km/h
Réveillé ce matin par le chant des criquets dans l’atmosphère brûlante qui frappe au carreau. Mes nuits climatisés ressemblent à des cauchemars où j’oscille entre la nudité parfaite et l’engoncement dans les toiles blanc cassé, saucissonné comme une rosette de Lyon ou un foie gras cuit à cœur. Ils se sont répartis ente le jardin de la piscine et celui sur lequel donne la coursive, ce qui a le don de produire un son en stéréo passablement enivrant. Je dis criquet, mais je suis vraiment incapable de dire quel genre de coléoptère est capable de faire ce genre de bruit et je ne suis pas certain que si j’arrive à connaître le nom turc cela m’avance à grand chose.
Ce n’est pas parce que je suis en vacances que je ne lis pas. Je viens de finir le livre de Daniel Arasse, On n’y voit rien, que j’ai trouvé beaucoup moins fascinant qu’Histoires de peintures, beaucoup moins éclairant, plus égocentré et sur ma lancée je commence la lecture, dès le petit matin, de Les Croisades vues par les Arabes d’Amin Maalouf.
Je prends quelques notes sur la manière de tenir mes carnets, comment les ordonner, de les numéroter et de les indexer, de mettre des onglets, d’insérer du matériau à l’intérieur. Vœux pieux. Il me semble qu’en ce moment je mange beaucoup, peut-être l’effet de la chaleur, ou alors parce que les repas sont plus légers, ou alors parce que je ne ressens plus beaucoup la sensation de satiété.
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Jun 28, 2013 | Carnets de route (Osmanlı lale), Dans la vapeur blanche des jours sans vent (Turquie) |
Épisode précédent : Dans la vapeur blanche des jours sans vent (Carnet de voyage en Turquie – 8 août) : Arrivée à Patara, Gelemiş, Kumluova, le Lêtốon
Bulletin météo de la journée (jeudi) :
- 10h00 : 36.8°C / humidité : 26% / vent 20 km/h
- 14h00 : 40.5°C / humidité : 19% / vent 7 km/h
- 22h00 : 36.3°C / humidité : 44% / vent 6 km/h
Il reste encore dix jours de Turquie, j’en suis au jour 14. J’ai l’impression d’être ici depuis une éternité et l’angoisse qui m’étreignant avant d’arriver de me retrouver dans des lieux qui ne me conviendraient pas est loin derrière moi. Je suis ici dans mon élément, malgré cette chaleur, malgré cette impression de ne pas pouvoir respirer… Mais tout va bien.
Je prends mon petit déjeuner sur une terrasse recouverte d’une tonnelle très années 70, qui donne sur un paysage de collines et la mer au loin ; le vent rafraîchissant du matin souffle tandis que je me repais de fromage blanc et d’une infusion de sauge très délicate avant de plonger dans la piscine. Pendant tout ce séjour, je fais exprès de me gaver au petit déjeuner pour n’avoir pas à poser les pieds sous la table le midi et ainsi perdre le moins de temps possible. Finalement, je me demande si l’objectif initial des vacances qui est de se reposer n’a pas été oublié en cours de route. Mais est-ce si grave que ça ?
Aujourd’hui, direction Saklıkent pour aller se fondre dans les gorges (kanyonu). Il paraîtrait que le site est très fréquenté en cette saison et les guides conseillent de partir tôt. De plus, ce que j’en ai vu à mon retour de Pamukkale, de nuit, ne m’a pas beaucoup plu. Une enfilade de boutiques attrape-couillon-de-touriste s’étire sur près de 500 mètres avant d’arriver au parking. Mais il en faut plus pour me désarmer et sans le savoir, je prends une route le long d’une rivière large et caillouteuse qui me fait arriver de l’autre côté de ce lieu de perdition. J’arrive sur un parking où je me gare tranquillement et je me fais alpaguer par un rabatteur qui me demande de venir manger dans son restaurant ; il est à peine 11h00… Je lui dis peut-être après la visite, mais je me rends compte une fois que je me suis éloigné que je suis en fait garé sur le parking de son restaurant… (more…)
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