Mar 12, 2014 | Livres et carnets |
Texte surgi du passé, qu’il faut se remémorer…
Photo © Eleleku
Siroco al campament sahraui d’Smara
Rachat des jours invertébrés…
Entré dans l’action, dans le cercle… dans l’acte même où tout est pur.
Me voici, l’ignorant, dans ces lentes années molles, bouillonnant tourmenté, me voici entré là où tout (le mouvement, l’arrêt qui n’est pas inutile, la bête immobilité sous un voile bleu, l’insipide vie entre quatre murs, les écorchures des pieds, la nourriture prise où le chameau a bu – où les femmes ont rincé leurs mains, – la barbe la plus longue, le petit fait de se raser – de ne pas –, la surveillance méticuleuse de la langue, de l’estomac, le soin aux orteils, les moustiques, les énervements quand moqué des femmes), où tout comme dans un organisme prêt la nourriture non choisie nourrit, améliore ; où tout m’est une nourriture comme jamais absorbée ; où chaque jour m’alourdit, nous alourdit. Car la joie est double. Soudés par la même volonté , la même énergie – ces multiples forces d’or me transfigurent, mon frère. Courant que, parti de notre mutuel acte de volonté, je cherche, dans une course vers le but, à maintenir et à transformer de l’encore précaire jusqu’au définitif.
Car c’est toi qu’il faut atteindre, le lieu qui, foulé, donne aux pas qui ont été vers lui une durable valeur. Toi seul confères à l’effort parce que nous pouvons imprimer notre nom dans ton sol, son autorité, son galbe définitif, le fais passer de l’informe encore à la forme, belle pour chacun. Non plus masse riche de ceci et cela – Dra, El Akhsas et mes notes – mais un nom seul qui résume, suffisant à lui-même, fait pour passer dans la bouche et l’oreille des hommes, Smara.
Michel Vieuchange,
Smara, carnets de route d’un fou du désert
Étrange texte de Michel Vieuchange, l’ange blond du désert déguisé en bédouine pour traverser les immensités de sable avec les hommes dressés sur leurs chameaux, remplissant ses carnets de notes de manière lapidaires à chaque heure du jour et de la nuit, parmi la vermine qui hante sa couche ou fiévreux en plein soleil de midi dans les vallées pierreuses. Un texte fragmenté comme autant de pierres sèches jalonnant sa route, des petites phrases parfois sans verbe, parfois juste deux mots sans sujet, texte dépersonnalisé à l’extrême malgré l’expérience personnelle forcément présente, ces quelques lignes certainement écrites dans un moment de ferveur lyrique que la solitude du désert ne peut que fortement inciter sont au beau milieu de son texte comme une borne en plein cœur de sa route. Tandis que je me sens secoué par une nouvelle envie de lire le fabuleux livre de Paul Bowles, un thé au Sahara (The Sheltering Sky), que j’ai pourtant achevé de lire au début de cette année, la lecture de Smara est faire pour durer sur la longueur, j’y remets les pieds quelques fois, parce que l’intrigue est légère, on sait que Vieuchange est en route pour Smara (سمارة), il n’est pas encore arrivé, chemine vers la cité mythique dont je ne sais encore rien – je fais durer, durer encore et je me réserve le droit à l’ignorance –, alors je prends mon temps pour faire durer le plaisir, au même titre que l’Usage du Monde de Nicolas Bouvier est un livre qui nécessite qu’on respecte d’autant plus le texte qu’on sait qu’il a été écrit de longues années après le voyage, dans la douleur extrême de l’accouchement, après que des pans entiers du manuscrit aient été jetés à la poubelle par un domestique peu scrupuleux, perdus à jamais dans les strates d’une décharge afghane.
Rachat des jours invertébrés… Quelle formule surgie du néant ! C’est le désert qui fait dire ça, et quelle idée de s’enfoncer ainsi dans le Maroc interdit, l’homme blond aux yeux bleus – vieille superstition – sous la djellaba blanche cachant des atours féminins qui n’existent pas et gardant près de lui appareil photo et carnets de notes, une petite pharmacie et quelques objets personnels. Comme de longues journées sans forme au milieu de nulle part, la pure étrangeté de l’homme dans l’écosystème le plus hostile qui soit, la plus pure incongruité au beau milieu des rochers et des scorpions. A mille lieues de Loti traversant le désert arabique avec sa cohorte de gardes qu’il rince à grand coups de pièces d’argent. Texte somptueux et décharné, météorique comme l’ont appelé certains comme Théodore Monod et Paul Claudel qui en a écrit la préface – Paul Bowles, lui, a écrit la préface du texte traduit en anglais et dit de cette épopée que c’est un « pèlerinage monstrueux au pays de Nulle Part ». Texte âpre et violent à l’extrême, autant pour celui qui l’a écrit que pour la langue elle-même. Le lecteur à son tour ne peut en sortir indemne.
Photo © Eleleku
Siroco al campament sahraui d’Smara
Photo d’en-tête © Rémi Bridot
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Jun 24, 2012 | Livres et carnets |
Voici une des plus belles lectures qui m’ait été donné de dévorer ces derniers temps. On vous promet un récit digne des mille et une nuits et on se retrouve dans un récit de voyage fantasque aux couleurs de l’orient magique et incertain, à mi-chemin entre les errances de T.E. Lawrence et les récits langoureux de Paul Bowles dans un décor irréel de vent et de sable, dans un monde d’hier qui n’existe plus et qu’on ne pourra retrouver. On retrouvera les figures mythiques de Fayçal et de Lawrence au beau milieu du désert, mais aussi des histoires de pierres fantômes et de statues cachées.
On repart donc tandis que, de leur côté, Samuel et ses vingt-cinq guerriers, depuis l’oasis de Badr, galopent en direction du levant. Au bout de trois jours, le doute s’installe en eux, ils s’arrêtent, tournent en rond et se mettent à explorer les diverses pistes qui s’offrent, celle de Mousbat, puis celle de Bir Fourawia, et aussi celle qui relie Gimr à Teiga jusqu’à ce que, un après-midi un groupe de cavalier reçoive en pleine rétine l’éclat de soleil renvoyé par un singulier tesson et découvre, au croisement des pistes de Qumqum et de Dar Tama, le miroir de bronze posé contre un acacia. Son tain de plus en plus glauque est encore capable de refléter la piste déserte, les bosquets verts et poussiéreux — et peut-être a‑t-il aussi reflété durant les journées précédentes l’image des gazelles passant au galop, de hyènes lentes et fureteuses et d’autruches guindées. Après cette découverte, Samuel et sa troupe n’ont plus qu’à pousser un peu vers le sud le long de cette piste et voilà qu’apparaît, couronnant un bosquet de genêts sauvages, l’une des portes sculptées du palais Abyad, puis, à une journée de marche, une partie de la fontaine au décor mauresque vert et turquoise, abandonnée sous un baobab. « Il s’est passé quelque chose » a déclaré Samuel. Lorsque se succèdent, toutes les demi-journées, les pierres de taille numéro 105 (« salle d’apparat »), puis numéro 72 (« appui de fenêtre divan des femmes »), puis 42 (« soubassement mur galerie »), il comprend la raison qui a pu pousser Chafic à réagir ainsi et presse le pas, passant désormais sans même s’arrêter devant les morceaux de plus en plus riches balancés dans la savane comme de vieux chiffons, et il rejoint la caravane au moment où elle vient de reprendre la route après les conciliabules et les disputes.
Photo © Hamed Saber
Samuel, un Libanais raffiné pris dans les tourments de la guerre, erre dans le désert et rencontre une caravane dont le chargement et la destination sont autant de fantaisies pour la raison dans cet univers inhospitalier. Celui qui mène cette caravane a démonté un palais pièce par pièce pour aller le vendre aux tribus nomades du désert… autant dire que le pari est perdu d’avance. C’est cette histoire colorée, truculente et sensuelle que nous raconte Majdalani avec un verbe rapide et enrobé, plein d’humour et de sensualité.
Il croit être sûr de son effet, mais Samuel le regarde dans les yeux en faisant remarquer que décidément, dans cette partie du désert, tout le monde connaît d’Argès, tout le monde l’a aidé et tout le monde a fini par le trahir. Et voilà Zeid qui éclate de rire, et qui clame que ça c’est sûr, que Darjis a été très respecté dans ces régions, que les chefs étaient à ses ordres, que partout les chemins et les oasis sont marqués de sa présence, que son nom est gravé sur bien des rochers et bien des troncs de palmiers, que les sculpteurs de l’ancien temps ont sculpté son portrait et frappé les pièces d’or à son effigie sans le savoir et que le désert l’aime tant que si, dans un endroit où il y a de l’écho on crie n’importe quel mot, l’écho renvoie le nom de Darjis (et il prononce lui aussi le mot en accentuant fortement la dernière syllabe). Samuel, ce fils des vieux poètes de la montagne libanaise, se dit que voilà sans doute la plus belle ode amoureuse que l’on ait prononcé dans ces contrées depuis longtemps, et il regarde Zeid avec une admiration certaine. Mais il n’en laisse rien paraître.
Caravansérail, Charif Majdalani
Editions Seuil
Collection Points Grands Romans
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Mar 31, 2012 | Histoires de gens, Sur les portulans |
Ruines des grottes aux mille Bouddhas de Bezeklik
Aurel Stein est un personnage tout à fait fascinant, qui n’aura eu de cesse d’arpenter le monde sur les traces de Marco Polo et de la Route de la soie ; il n’y a qu’à lire son étonnant parcours pour voir à quel point cela restait chez lui une idée fixe. Archéologue hongrois de naissance, naturalisé britannique, il part en 1900 sur les routes de sables et obtiendra au soir de sa vie le sésame dont il avait toujours rêvé : avoir enfin l’autorisation de se rendre en Afghanistan, le bout de la route et surtout l’extrémité orientale de l’empire d’Alexandre le Grand. Passé Peshawar puis arrivé à Kaboul, il s’éteint brusquement une semaine plus tard.
Arrivé à l’oasis de Hotan (ou Khotan) en 1901, dans cette petite oasis chinoise ouïghoure (petite oasis de 116 000 habitants tout de même) bordant le sud du désert du Taklamakan, il découvre de bien étranges statues dans un pays sans pierre. C’est ce que nous raconte Colin Thubron dans L’ombre de la route de la soie avec une certaine émotion. (more…)
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Sep 25, 2010 | Passerelle |
Oh oui bien évidemment, c’est toujours un peu excessif parce que quand on est dessous, ou pas loin, c’est toujours un peu effrayant et tout de suite, ça devient l’orage du siècle. Sauf que cette fois-ci de l’avis-même des spécialistes, c’était quand-même un peu l’orage du siècle. Huit heures de spectacle ininterrompu en bord de mer, le jour en pleine nuit, les oreilles qui bourdonnent à cause du tonnerre, les yeux qui restent ouverts parce qu’on se demande à quel moment ça va tomber juste à côté, sur un arbre, et puis les yeux qui se ferment parce qu’on aimerait quand même bien dormir bordel mais ce ne sera pas pour tout de suite, hein, on va attendre un peu et finalement, on s’écroule avec l’épuisement et puis l’angoisse, et on se réveille toutes les dix minutes quand l’orage revient et qu’on comprend enfin que c’est vraiment pas prêt de s’arrêter. Au petit matin, on se réveille avec des poches à glace sous les yeux, le regard hagard, le teint pâle et la bouche pâteuse et on ne peut que constater qu’on est toujours en vie dans ce paysage désolé, désordonné, la moindre aiguille de pin qui n’est plus à sa place et tout qui dégouline d’une pluie épaisse, un paysage ruisselant, une ambiance sous-marine à quelques mètres au-dessus de la mer.
Photo © Anaëlle Collet
Tout commence après un repas bien arrosé par une soirée chaude, les joues empourprées de la chaleur du soleil, si si, et en rentrant, je remarque que le ciel s’éclaire de temps à autre, très subrepticement, un léger grondement se pointe à l’horizon et roule comme une poignée de dés sur la table de craps. Je décide malgré l’heure tardive, il est plus d’une heure de la nuit de prendre mon vélo et d’aller voir ça au bord de l’eau parce que ça doit vraiment être quelque chose. Je parcours à toute vitesse la forêt infestée de moustiques dans le noir le plus total, la dynamo peine à suivre et finit par me lâcher en plein milieu du chemin alors je m’arrête pour lui laisser le temps et je repars dans la lumière. Deux voitures me croisent à toute vitesse et j’évite de justesse un connard qui tente de m’attraper, surgi de l’obscurité. J’arrive enfin sur la plage battue par le vent dans les oreilles, épuisé d’avoir mouliné comme Eddy Merckx, et je me rends compte qu’il y a plein de monde sur le sable, des jeunes qui font la fête à grand renfort d’alcool et de feux de joie, qui batifolent dans les blockhaus, mais le vent et l’obscurité projettent un voile entre cette réalité fugace et la perception que j’en ai. Je m’assieds sur le sable humide, face à un horizon estompé par la houle, qui se fond dans un savant mélange d’écume et d’essence de nuit. La lune ronde, éclatante, m’éclaire encore quelques instants avant le grand spectacle. (more…)
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Apr 7, 2010 | Livres et carnets, Sur les portulans |
L’aventure de Théodore Monod dans le Sahara, celle qui donne naissance au célèbre livre Méharées est avant tout une aventure scientifique. En cours de lecture, on se rend compte que l’intention n’est pas d’écrire un traité sur le désert, ni même un roman épique, et encore moins un livre qui serait le témoin d’une époque ou d’un exploit. C’est en fait un recueil de notes, une collection ordonnée d’une équipée scientifique dans un des milieux les plus hostiles qui soit sur Terre ; le style en est souvent enlevé, d’une précision et d’une rapidité absolument efficace.
3,11 m x 1,60 m, soit 5m² ; une cellule d’anachorète marin, à bord du Grimsby 877, en août 1923. Partout coquillages, étoiles de mer, bocaux, tubes, flacons, cuvette, tout un bric-à-brac océanographique, auquel viennent fraternellement se mêler, aux coups de roulis, quand on vient en travers pour filer ou virer le chalut, des livres mouillés, des paperasses gluantes, de l’eau de mer sale et des bottes en caoutchouc.
Canyon du Tassili — Photo © Josef Giral
Avec un langage d’une parfaite clarté, il dépeint ces paysages formant son quotidien, avec une certaine poésie confinant au mysticisme. Ses descriptions sont poignantes et plongent au cœur de ce milieu étonnant qui contrairement aux idées reçues n’est pas fait que de sables et n’est pas toujours écrasé par la chaleur implacable d’un soleil au zénith.
Sinistre pays. Le premier arbre — un petit acacia — est à quarante-cinq kilomètres d’ici. La terre nettoyée, décharnée jusqu’à l’os, pulvérisée au souffle des siècles, est morte. Le vent, qui siffle sur les dunes couronnées d’une légère buée de poussière, chante un cycle révolu et le repos définitif d’un sol qui ne connaîtra plus la pluie.
Mais lorsque le soleil est là, il est l’élément dominant, versant sans consistance face à l’autre problématique de la vie dans le désert ; le besoin d’eau. On en transpirerait presque à l’autre bout des pages.…
Au milieu du jour, la fournaise flamboie ; le ciel est tout décoloré tant il est lumineux ; la chaleur, torride, s’abat d’un soleil vertical en nappes brûlantes ; elle monte du sable incandescent et des pierrailles surchauffées. Impossible alors de poser le pied nu par terre, quand le sol peut atteindre 80°C. Ma gandoura sent le brûlé, le linge où vient de se promener le fer de la repasseuse. Nulle ombre sur l’horizon, invariablement plat et monotone, où l’air chaud palpite et où le mirage étale les flaques d’impossibles et décevantes lagunes.
Sahara — Photo © LOPE
Surtout, malgré une réputation d’homme austère et peu causant, l’archétype imbécile du protestant aride, il nous apparaît au travers de son texte suavement drôle et cabot, un tantinet sarcastique, mais toujours d’un esprit d’à-propos très bien amené.
Pas de lit, bien entendu. C’est un engin d’air non agité — celui de la chambre, ou de la tente — pas de plein vent. Je sais qu’il existe des lits pliants, dits de camp (“Modèle renforcé pour les Explorateurs”, spécifie le catalogue), mais ce sont de pauvres ferrailles : a‑t-on idée d’une affaire comme ça dressée sur un reg ?
Cas spéciaux : 1. Le sol inondé ? C’est bien rare et le lit-escalade, voire le lit flottant, ne sont pas d’usage courant. 2. Le cram-cram ? Oui à l’occasion, mais alors, ce n’est plus vraiment le Sahara. 3. Les bêtes ? — Quelles bêtes ? — Mais les “méchantes” (sic). — Inutile, depuis plus de sept mille ans qu’il y a des hommes, et qui dorment, ils le font au Sahara, à même le sol. Nous ferons comme eux.
Dans le sable, c’est délicieux, bien que la matière ne soit nullement compressible et qu’il faille prévoir le logement de la tête du fémur et de la tête iliaque. Dans le reg dur, ou dans les cailloux, c’est parfois moins voluptueux.
Dans ce livre, les références bibliques sont légions, comme autant de points d’orgues venant apportant un éclairage nouveau à l’expédition scientifique de la méharée, et colorent le texte d’informations qui se télescopent avec la réalité. Ça donnerait presque envie de plonger dans l’Ancien Testament.
L’Ahmet est chaud en été. Il est aussi aéré. Vents de sable, re-vents de sable, re-re-vents de sable et ainsi de suite. Cela manque décidément de fantaisie : un vent de sucre en poudre, d’écailles de harengs, de pépins de cornichons, à la bonne heure, mais toujours et seulement de grains de quartz à la longue, cela se fait monotone.
Fin du monde ou début ? Genèse ou Apocalypse ? La terre, radeau ivre, plonge dans un chaos décoloré.
De l’érudition à en perdre la tête, et de l’humour, toujours…
[…] Je viens de découvrir dans la falaise une vaste grotte aux parois abondamment illustrées par des artistes préhistoriques ; des silhouettes d’animaux, des corps féminins stéatopyges, comme disent les ethnologues, ou, pour parler avec Jean Temporal, “ayant les parties du derrière pleines et moufflètes” […]
Si le livre de Monod est une ode à la joie du désert né d’un fort esprit scientifique, c’est avant tout un livre qui réhabilite les longues étendues de sable et cherche à balayer les préjugés. S’il trouve des coprolithes de crocodiles et des hameçons dans les amas de ruines de certains oueds, c’est pour prouver que la constitution géologique de l’endroit a un jour été quasiment identique à certains lieux européens. S’il parle du sel en grande quantité que l’on trouve sur certaines plaines, c’est pour mieux réfuter l’idée que le Sahara a un jour été une mer et rappeler que c’est le sel qui va à la mer et non la mer qui apporte le sel. Enfin, il dit que le désert n’est pas toujours chaud, que le sable gèle et que ses pieds prennent l’onglée et ses talons se crevassent sous l’effet du froid… On y apprend également, que les noyades dans le désert ne sont pas choses rares car les pluies y sont violentes que les rares ravines ont tôt fait de se transformer en lit de torrents. Les sales bêtes ? Rares sont ceux qui meurent de morsures de serpent ou de piqûres de scorpion.
Au-delà de l’anecdote, la thématique qui soutient souvent le texte, c’est la seule chose avec laquelle il faut compter, c’est l’eau. L’eau, source de vie, élément indispensable, objet de tous les combats, mais aussi souvent source de mort. Les puits sont souvent faits d’eau sale, croupie, souillée, affublée de nombre de qualificatifs aussi bigarrés que plaisant, c’est sans parler de l’eau “piquante”, “pourrie”, des puits souillés par les déjections animales, quand ce n’est pas carrément de cadavres.
Méharées, un grand livre qu’il faut prendre le temps de lire à l’ombre d’un palmier, sur le sable chaud, ou froid, selon l’envie du moment…
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