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Les reliques de Boud­dha du stū­pa de Piprahwa

Les reliques de Boud­dha du stū­pa de Piprahwa

L’his­toire des reliques du Boud­dha du stū­pa de Piprah­wa est une his­toire folle à laquelle on a du mal à appor­ter du cré­dit, mais tout y est authen­tique mal­gré une accu­mu­la­tion de faits abso­lu­ment improbables.
Tout com­mence dans la ban­lieue de Londres, dans une petite mai­son modeste d’un quar­tier tout aus­si modeste, à la porte de laquelle on trouve une ins­crip­tion dans une langue qu’on ne parle qu’à des mil­liers de kilo­mètres de là, dans ce qui reste des Indes… Sous un esca­lier, une boîte en bois, une can­tine mili­taire en réa­li­té, une vieille can­tine pro­ve­nant d’un héri­tage… Ce n’est pas l’his­toire d’Har­ry Pot­ter, mais ça com­mence presque pareil. L’homme qui garde ce tré­sor s’ap­pelle Neil Pep­pé (même le nom de cet homme est impro­bable…), il est le petit-fils d’un cer­tain William Clax­ton Pep­pé, un ingé­nieur et régis­seur bri­tan­nique vivant aux Indes, dans l’ac­tuelle pro­vince de l’Ut­tar Pra­desh (उत्तर प्रदेश), à la suite de son père et de son grand-père qui a fait construire la demeure fami­liale de Bird­pore (actuelle Bird­pur), un minus­cule état créé par le Gou­ver­ne­ment Britannique.

Neil Pep­pé avec les joyaux trou­vés par son grand-père dans le stu­pa de Piprahwa

Charles Allen exa­mi­nant les joyaux de Piprahwa

Dans cette can­tine, des pho­tos de son grand-père, mais ce n’est pas réel­le­ment cela qui nous inté­resse. Dans cette petite mai­son se trouve en réa­li­té un tré­sor ines­ti­mable ; cer­tai­ne­ment un des plus petits musées du monde abrite, enchâs­sés dans de petits cadres vitrés, des perles, des fleurs en or, des restes de joyaux dis­sé­mi­nés, des ver­ro­te­ries, de petites fleurs taillées dans des mor­ceaux de pierres semi-pré­cieuses, le tout pro­ve­nant d’une exca­va­tion réa­li­sées par le grand-père de Neil en 1897 dans le stū­pa de Piprah­wa, à quelques kilo­mètres de Bird­pore. L’homme, qui n’est pas exac­te­ment archéo­logue, décide avec quelques uns de ses ouvriers, de per­cer un tumu­lus iso­lé en son point le plus haut. Ce qu’il découvre là, c’est une construc­tion en pierre qui se révèle être un stū­pa, ce qui était bien son intui­tion pre­mière. Après avoir déga­gé les pierres de la construc­tion, il tombe sur ce qui res­semble à un caveau, dans lequel il trouve un sar­co­phage qu’il se décide à ouvrir. Son intui­tion, la même que celle qui l’a pous­sé à entre­prendre ces tra­vaux, lui dit qu’il est en pré­sence d’un tré­sor fabu­leux. Dans le cer­cueil de pierre, il trouve cinq petits vases, cinq urnes comme on en trouve d’or­di­naire dans la litur­gie hin­douiste, cinq objets façon­nés modes­te­ment, et dis­sé­mi­nées tout autour de ces objets, les perles et les ver­ro­te­ries que Neil exhibe fiè­re­ment dans ses cadres en verre. Il trouve éga­le­ment de la pous­sière dans laquelle sont épar­pillés des mor­ceaux d’os. Étrange découverte.

Stupa de Piprahwa

Stu­pa de Piprahwa

Reliques de Boud­dha trou­vées dans le stu­pa de Piprahwa

William Clax­ton Pep­pé est per­sua­dé d’a­voir trou­vé un vrai tré­sor et pour se faire confir­mer sa décou­verte, il décide d’en infor­mer deux archéo­logues tra­vaillant à une tren­taine de kilo­mètres de là. Le pre­mier, Alois Anton Füh­rer, se déplace immé­dia­te­ment après avoir posé une ques­tion à Pep­pé. Ce qu’on ne sait pas encore, c’est que Füh­rer, cet Alle­mand tra­vaillant à la solde du Gou­ver­ne­ment Bri­tan­nique, est en réa­li­té tout sauf archéo­logue. Même s’il a décou­vert de nom­breux sites d’im­por­tance, c’est en réa­li­té un escroc qui a fal­si­fié cer­taines pièces ayant moins d’in­té­rêt qu’elle n’en avaient après son pas­sage. Si Füh­rer se décide à se dépla­cer si rapi­de­ment, c’est parce qu’il a deman­dé à Pep­pé s’il y avait une ins­crip­tion sur un des objets. Pep­pé ne s’é­tait même pas posé la ques­tion, mais il remarque alors qu’un des petits vases porte une ins­crip­tion dans une langue qu’il ne connaît pas. Il en repro­duit fidè­le­ment l’ins­crip­tion. S’en­suit alors une période trouble pen­dant laquelle on accuse Füh­rer d’a­voir lui-même écrit sur le vase et d’a­voir fal­si­fié une fois de plus ces pièces. Mais l’homme est un piètre sans­kri­tiste et l’ins­crip­tion est suf­fi­sam­ment ancienne pour que l’homme ne connaisse pas cette langue. L’ins­crip­tion est un peu mal­adroite, son auteur n’a pas eu assez de place pour tout noter et une par­tie de la phrase conti­nue en tour­nant sur le haut de la ligne. Il y est dit : « Ce reli­quaire conte­nant les reliques de l’au­guste Boud­dha (est un don) des frères Sakya-Suki­ti, asso­ciés à leurs sœurs, enfants et épouses. » Ce qui fait dire aux spé­cia­listes que ces reliques sont authen­tiques, c’est que le mot sans­krit uti­li­sé pour dési­gner le mot reli­quaire n’est uti­li­sé nulle part ailleurs sur le même genre d’ob­jets. Ce qui est cer­tain, c’est que Füh­rer n’au­rait lui-même jamais pu connaître ce mot.

Mais alors, si ces reliques sont authen­tiques, qu’est-ce qui per­met aux scien­ti­fiques d’af­fir­mer que ces objets ont bien été ense­ve­lis avec les restes du Boud­dha ? Dans la tra­di­tion, le Boud­dha Sha­kya­mu­ni (« sage des Śākyas, sa famille et son clan ») a été inci­né­ré et ses cendres répar­ties dans huit stu­pas. Afin de prendre un rac­cour­ci bien com­mode qui nous per­met­tra de mieux com­prendre l’ins­crip­tion, voi­ci l’his­toire (source Wiki­pe­dia) :

Le Boud­dha mou­rut, selon la tra­di­tion, à quatre-vingts ans près de la loca­li­té de Kusi­nâ­gar. Il expi­ra en médi­tant, cou­ché sur le côté droit, sou­riant : on consi­dé­ra qu’il avait atteint le pari­nirvāṇa, la volon­taire extinc­tion du soi com­plète et défi­ni­tive. Le Boud­dha n’au­rait pas sou­hai­té fon­der une reli­gion. Après sa mort s’ex­pri­mèrent des diver­gences d’o­pi­nions qui, en l’es­pace de huit siècles, abou­tirent à des écoles très dif­fé­rentes. Selon le Mahā­pa­ri­nibbāṇa Sut­ta, les der­niers mots du Boud­dha furent : « À pré­sent, moines, je vous exhorte : il est dans la nature de toute chose condi­tion­née de se désa­gré­ger — alors, faites tout votre pos­sible, inlas­sa­ble­ment, en étant à tout moment plei­ne­ment atten­tifs, pré­sents et conscients. » Selon ce même sutra, son corps fut inci­né­ré mais huit des princes les plus puis­sants se dis­pu­tèrent la pos­ses­sion des sari­ra, ses reliques saintes. Une solu­tion de com­pro­mis fut trou­vée : les cendres furent répar­ties en huit tas égaux et rame­nées par ces huit sei­gneurs dans leurs royaumes où ils firent construire huit stū­pas pour abri­ter ces reliques. Une légende ulté­rieure veut que l’empereur Asho­ka retrou­va ces stū­pas et répar­tit les cendres dans 84 000 reliquaires.

Nous voi­là à peine plus avan­cés. Seule­ment, en y regar­dant de plus près, les data­tions du stu­pa révèlent que celui-ci a été construit entre 200 et 300 ans après la mort du Boud­dha, située entre 543 et 423 av. J.-C., ce qui cor­res­pond à l’é­poque à laquelle vécut le roi Asho­ka (अशोक). L’ins­crip­tion du vase elle-même cor­res­pond à une langue qui n’é­tait pas encore uti­li­sée à l’é­poque de la mort de Boud­dha. Il y a donc un creux qu’il faut expli­quer. Entre 1971 et 1973, un archéo­logue indien du nom de K.M. Sri­vas­ta­va a repris les fouilles dans le stu­pa et y a trou­vé une autre chambre, dans laquelle se trou­vait un autre vase, de concep­tion simi­laire à celle du vase sur lequel se trouve l’ins­crip­tion. Dans ce vase, des restes d’os datés de la période de la mort du Boud­dha… Le fais­ceau de preuves est là. Le stu­pa est un des huit stu­pa conte­nant bien les restes du Boud­dha, retrou­vé par le roi Asho­ka et modi­fié ; il a recons­truit un stu­pa par-des­sus en conser­vant la construc­tion ini­tiale ; le sar­co­phage dans les­quels ont été retrou­vés les cendres et les bijoux dépo­sés en offrande est carac­té­ris­tique des construc­tions de l’é­poque du grand roi.

Une ques­tion demeure. Pour­quoi ces lieux de cultes ont-ils dis­pa­rus de la mémoire des hommes alors que le boud­dhisme a connu une réelle expan­sion depuis le nord de l’Inde ? Sim­ple­ment parce que la doc­trine du Boud­dha a long­temps été consi­dé­rée comme une héré­sie par les hin­douistes qui se sont livrés par vagues suc­ces­sives à des expé­di­tions ico­no­clastes, sui­vis par les musulmans.

L’his­toire ne s’ar­rête pas là. Les auto­ri­tés bri­tan­niques, affo­lées par l’his­toire pas très relui­sante d’An­ton Füh­rer et de ses fal­si­fi­ca­tions archéo­lo­giques, ont eu peur que l’af­faire des reliques du Boud­dha ne sus­cite des sou­lè­ve­ments de popu­la­tions et ont offert en secret une par­tie de ces reliques (l’autre par­tie a été lais­sée à William Clax­ton Pep­pé) en guise de cadeau diplo­ma­tique au roi de Siam Rama V (Chu­la­long­korn), qui les fit inclure dans la construc­tion du che­di du temple de la Mon­tagne d’or à Bang­kok (Wat Saket Rat­cha Wora Maha Wihan, วัดสระเกศราชวรมหาวิหาร). Cent onze ans après ce don, les reliques du Boud­dha ont été confiées à la France en 2009, les­quelles ont été dépo­sées à l’in­té­rieur de la pagode boud­dhiste du bois de Vincennes.

Afin de com­prendre l’his­toire dans son inté­gra­li­té, on peut revoir le docu­men­taire racon­tant l’en­quête de l’é­cri­vain Charles Allen, dif­fu­sé il y a quelques temps sur Arte.

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Dans la jungle de Bang­kok #1 : Wat Intharawihan

Dans la jungle de Bang­kok #1 : Wat Intharawihan

Bang­kok m’a accueillie en plein milieu de la nuit, avec les cris avi­nés des Russes qui bar­bo­taient dans la pis­cine trop grande pour eux. Pre­mière sen­sa­tion dans cette ville ten­ta­cu­laire ; une impres­sion de fatras incon­trô­lé, des blocs de quar­tiers noc­turnes pla­cés les uns à côté des autres et n’ayant aucun autre rap­port entre eux que leurs racines, l’i­dée peut-être loin­taine que quelque chose les relie par le sang ou la reli­gion, quelque chose comme ça, d’aus­si vague et impré­cis qu’une croyance en un Dieu éteint depuis long­temps, je ne sau­rais com­ment dire. Peut-être cette impres­sion m’est elle don­née par l’om­ni­pré­sence des icônes de ces vieux rois qu’on trouve sur des pho­tos jau­nies, por­tant tous à peu près le même pré­nom et ne dis­tin­guant que par un numé­ro… la dynas­tie Cha­kri s’est dotée d’un seul et même pré­nom, Rama. Rama Ier, Rama III, Rama V, Rama VIII, Rama IX, l’ac­tuel roi Bhu­mi­bol Adu­lya­dej, dont les petites lunettes et l’air un peu absent lui confèrent une image pas très solen­nelle, un peu… (chut, insul­ter le roi est un crime de lèse-majes­té). Il règne depuis 1950, étant ain­si un des plus anciens monarques du monde.

7 - Dans la jungle de Bangkok - 01 - Wisut Kasat

7 - Dans la jungle de Bangkok - 04 - Wisut Kasat

7 - Dans la jungle de Bangkok - 05 - Wisut Kasat

Au petit matin, je sors de l’hô­tel pour aller à la ren­contre de ce quar­tier qui m’a été conseillé par une per­sonne qui connaît bien Bang­kok. J’ai l’im­pres­sion qu’i­ci rien n’est vrai­ment cen­tral, ni vrai­ment ordon­né. Alors je me laisse por­ter, je ver­rai bien ce qu’il en est.
L’a­ve­nue Wisut Kasat est une artère labo­rieuse de moyenne impor­tance, don­nant d’un côté sur un auto-pont dou­blant la cir­cu­la­tion à par­tir du pont Rama VIII, de l’autre côté jus­qu’à J.P.R. junc­tion (ne me deman­dez pas pour­quoi ça s’ap­pelle comme ça), là où l’a­ve­nue rejoint Rat­cha­dam­noen Nok Road, au car­re­four duquel se trouve un immense por­trait de la reine Siri­kit Kitiya­ka­ra. Ce qui me sur­prend tout de suite, c’est la cha­leur, acca­blante déjà dès le matin, mais sur­tout l’o­deur, un mélange de die­sel lourd et de pour­ri­ture maré­ca­geuse. Il faut dire que les pre­miers khlongs (canaux) ne sont qu’à quelques cen­taines de mètres d’i­ci, à peine plus loin que les rives de la Chao Phraya. Sur cette ave­nue, nombre de maga­sins sont fer­més, comme aban­don­nés ; le soir on peut voir des rats et des cafards, les uns presque aus­si gros que les autres, aller et venir par les inter­stices de ces rideaux de fer bais­sés. La jour­née, cer­taines ouvrent pour lais­ser place à des ate­liers de méca­nique auto­mo­bile. On répare de tout ici, des moby­lettes, des tuk-tuks, de voi­tures désos­sées à même le trot­toir, déver­sant l’huile de leur pont dans les cani­veaux pois­seux. Der­rière le bruit des scies élec­triques et des pon­ceuses, des bruits de mar­teau sur la tôle, der­rière les grin­ce­ments et les stri­du­la­tions, des hommes trans­pirent toute l’eau de leur corps dans des échoppes aveugles et encom­brées, dans l’at­mo­sphère lourde et confi­née, empuan­tie par l’o­deur épaisse de la fumée de cigarette.

7 - Dans la jungle de Bangkok - 09 - Wat Intharawihan

7 - Dans la jungle de Bangkok - 11 - Wat Intharawihan

Dans cette artère à taille humaine, où l’on compte encore sur des trot­toirs, dans cette ville où si vous expri­mez le sou­hait de mar­cher, on vous répond gen­ti­ment « don’t… », je tombe sur une ouver­ture sous un por­tail taillé comme l’en­trée d’un temple. Des voi­tures et des motos entrent et sortent d’i­ci, à un rythme assez sou­te­nu sous un soleil écra­sant dans un ciel à peine nua­geux. Si j’ar­rive jus­qu’i­ci, c’est parce que de loin, j’ai vu émer­ger la tête haute et apla­tie d’un Boud­dha géant. C’est pour concré­ti­ser cette vision que je me dirige dans cet enche­vê­tre­ment de bâti­ments posés les uns à côté des autres afin de voir cette sta­tue qui paraît com­plè­te­ment inap­pro­priée dans cette ville qui semble n’a­voir pas de frontières…

7 - Dans la jungle de Bangkok - 12 - Wat Intharawihan

7 - Dans la jungle de Bangkok - 14 - Wat Intharawihan

Der­rière le por­tail du temple Wat Intha­ra­wi­han (วัดอินทรวิหาร), c’est toute une petite ville qui s’est orga­ni­sée là, avec son mar­ché, une école, des temples posés les uns à côté des autres, et une place autour de laquelle gra­vitent d’autres temples. Des moines par­courent la cité sur un espace inté­gra­le­ment recou­vert de car­re­lage ; cer­tains sont mêmes recou­verts d’un beau marbre lus­tré que les jours de pluie doivent rendre glis­sant comme des pommes pour­ries. Tout est abri­té du soleil, créant une ombre oran­gée empê­chant l’air de cir­cu­ler. Tout dans cette ville semble être fait pour empê­cher de res­pi­rer nor­ma­le­ment ; quand ce n’est pas la pol­lu­tion, ce sont des espaces confi­nés dans un air sans vent, où le recours à un éven­tail semble être la seule solu­tion viable pour évi­ter un malaise. On vient ici se recueillir, que ce soit en ayant l’in­ten­tion de frap­per les cloches du temple ou alors de dépo­ser des offrandes devant les mul­tiples autels lar­dés de bâtons d’en­cens et de col­liers de fleurs orange, de pots plan­tés d’é­tranges plantes. A l’in­té­rieur d’une petite cabane, je découvre une sta­tue de cire éton­nam­ment vivante à tel point que je res­sors de là trou­blé, ne sachant s’il s’a­git d’un humain ou pas ; j’ap­pren­drai plus tard, dans un pre­mier temps pour avoir croi­sé de mul­tiples fois le visage buri­né de cet homme rabou­gri à l’in­té­rieur des temples, que c’est la sta­tue de Luang Pu Thuat (หลวงปู่ทวด), né en 1582 et mort cent ans plus tard et sur­tout connu pour avoir accom­pli des miracles. Il est éton­nant de voir à quel point les rois de la dynas­tie Cha­kri sont autant révé­rés que les per­sonnes reli­gieux les plus importants.

7 - Dans la jungle de Bangkok - 15 - Wat Intharawihan

7 - Dans la jungle de Bangkok - 16 - Wat Intharawihan

7 - Dans la jungle de Bangkok - 19 - Wat Intharawihan

7 - Dans la jungle de Bangkok - 25 - Wat Intharawihan

7 - Dans la jungle de Bangkok - 21 - Wat Intharawihan

Il règne ici une ambiance à la fois fébrile autour des prières et des offrandes, mais éga­le­ment un cer­tain calme que chaque per­sonne en prière semble s’ap­pro­prier au beau milieu de cette ville endia­blée. Cha­cune de ces images donne l’im­pres­sion que nous nous trou­vons dans un grand centre de prière recu­lé sur une mon­tagne éloi­gnée de tout, un lieu de pèle­ri­nage hors du com­mun, mais ce n’est qu’un temple par­mi d’autres, comme il en existe des cen­taines au tra­vers de la ville, un temple très fré­quen­té car ici la reli­gion, contrai­re­ment à la France, même si nous avons tou­jours plus ou moins une église dans chaque ville, est omni­pré­sente. Une pause au tra­vail et hop on vient prier, une balade en famille et hop on passe par le temple… Tout ici semble étran­ge­ment banal, éton­nam­ment nor­mal, à part peut-être cette énorme sta­tue Boud­dha de 32 mètres de haut com­men­cée en 1867.

7 - Dans la jungle de Bangkok - 26 - Wat Intharawihan

7 - Dans la jungle de Bangkok - 31 - Wat Intharawihan

7 - Dans la jungle de Bangkok - 36 - Wat Intharawihan

7 - Dans la jungle de Bangkok - 40 - Wat Intharawihan

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Tri­pi­ta­ka Korea­na, biblio­thèque ou imprimerie ?

Tri­pi­ta­ka Korea­na, biblio­thèque ou imprimerie ?

C’est un grand monas­tère boud­dhiste entou­ré de rizières en ter­rasses niché au cœur du parc natio­nal de Gaya­san (가야산국립공원), au bout d’une route de mon­tagne, là où les âmes peuvent se repo­ser et s’ex­traire de la fièvre urbaine. Nous sommes au monas­tère de Haein­sa (Haein­sa Jang­gyeong Pan­jeon), le temple de l’o­céan Mudra (해인사, 海印寺), un des trois temples joyaux du boud­dhisme coréen et tête de l’ordre Jogye, dont la construc­tion remonte à l’an­née 802. Nous voi­ci arri­vés en plein cœur de la Corée du Sud. L’atmosphère est hau­te­ment spi­ri­tuelle et confi­née der­rière les murs en bois de ces bâtisses joli­ment peintes de cou­leurs vives, fer­mées par des volets verts ajus­tés entre des colonnes peintes en rouge sang et der­rière les cali­cots affi­chant avec fier­té les mes­sages du Boud­dha. Lorsque la neige n’a pas recou­vert ce pay­sage enchan­teur, c’est une nature ver­doyante qui enserre ce petit écrin joyeux et néces­sai­re­ment en dehors du temps.

Der­rière ces murs, à l’ombre du soleil esti­val et au son des clo­chettes tin­tin­na­bu­lantes, errent des ombres dra­pées de gris clair, une étole de corail savam­ment nouée autour d’une des deux épaules, arc­bou­tées sur un tré­sor dont elles sont les gar­diennes jalouses. Dans ses murs se trouve un des joyaux de la reli­gion coréenne ; le Tri­pi­ta­ka Korea­na, éga­le­ment connu sous le nom de Pal­man Dae­jang­gyeong. S’il est bien un endroit où l’on s’at­tend à trou­ver ce genre de tré­sor, c’est bien der­rière les murs d’un monas­tère plu­tôt que dans les caves cli­ma­ti­sées d’un musée natio­nal, car il s’a­git de la plus com­plète ver­sion et de la plus ancienne éga­le­ment du canon boud­dhique en écri­ture Han­ja (trans­crip­tion coréenne des carac­tères chi­nois). Si ce n’é­tait que ça, ce serait effec­ti­ve­ment un tré­sor ines­ti­mable, mais la par­ti­cu­la­ri­té de cette ver­sion est qu’elle n’est pas trans­crite sur papier, mais gra­vée sur des tablettes de bois, toutes réa­li­sées entre 1237 et 1248. Ce sont au total 81258 tablettes de 70x24cm, repré­sen­tant en tout 1496 titres et 6568 volumes. Cela semble pro­pre­ment ahu­ris­sant, d’au­tant que ce sont en tout 52 330 152 carac­tères han­ja ne com­pre­nant aucune faute d’or­tho­graphe ! L’é­pais­seur de chaque tablette variant entre 2.6 et 4 cm, cha­cune pèse entre 3 et 4 kilos.

Je n’ai pas dit toute la véri­té sur ce tré­sor. Si cette biblio­thèque de bois contient effec­ti­ve­ment la plus grande et la plus com­plète col­lec­tion de textes boud­dhiques, ce ne sont en réa­li­té pas de simples tablettes de bois sculp­té car si l’on prête atten­tion, on se rend compte que les carac­tères sont gra­vés à l’en­vers. En effet, le rôle qu’a pu tenir cet énorme stock de tablettes en bois est en réa­li­té d’a­voir pu être la source de tous les écrits boud­dhistes, repro­duc­tibles à l’in­fi­ni grâce à ces tablettes fai­sant office d’o­ri­gi­naux, dans le but de dif­fu­ser au plus grand nombre par simple appo­si­tion sur papier les paroles du Bouddha.

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Des monstres et des démons à Bali : Barong au Pura Pena­ta­ran Kloncing

Des monstres et des démons à Bali : Barong au Pura Pena­ta­ran Kloncing

S’il est un per­son­nage emblé­ma­tique de Bali, c’est bien le barong. Repré­sen­té sous la forme d’un per­son­nage mons­trueux, por­tant un masque de lion et habi­té par deux per­sonnes, une por­tant le masque, l’autre por­tant le corps, il est le Banas­pa­ti rajah, le sei­gneur de la forêt et son ori­gine remonte avant l’ar­ri­vée de l’hin­douisme sur l’île de Bali, au temps où les cultes ani­mistes étaient bien ancrés. Le spec­tacle lui-même com­porte plu­sieurs tableaux, dont un legong, et une place impor­tante est lais­sée à la danse du keris, arme sacrée qu’on connaît plus volon­tiers sous le nom de kriss malais, et dont la lame est char­gée d’une puis­sance sacrée cen­sée pro­té­ger son déten­teur. La sym­bo­lique très forte du spec­tacle de barong est cen­trée sur la lutte entre le bien et le mal, méta­pho­ri­que­ment habi­tée par Barong d’un côté, et la sor­cière Rang­da de l’autre. Dans les spec­tacles non des­ti­nés aux tou­ristes, la danse occa­sionne la transe des protagonistes.

Barong au Pura Penataran Kloncing - Ubud - Bali - 4

Barong au Pura Penataran Kloncing - Ubud - Bali - 7

Barong au Pura Penataran Kloncing - Ubud - Bali - 11

Barong au Pura Penataran Kloncing - Ubud - Bali - 6

Le masque de Barong est lui-même char­gé d’une puis­sance spi­ri­tuelle très forte et on le trouve géné­ra­le­ment pro­té­gé à l’in­té­rieur de l’en­ceinte des temples, à un empla­ce­ment bien pré­cis, sous un toit de chaume pour le pro­té­ger de la pluie. Celui du Pura Taman Kemu­da Saras­wa­ti est visible lors­qu’on visite le temple.

J’ai assis­té à ce spec­tacle dans la cour d’un petit temple don­nant sur un car­re­four, un soir où je me suis fait accom­pa­gner par un des gar­çons de l’hô­tel sur son scoo­ter. Imman­qua­ble­ment, la vie au-dehors du temple conti­nue. Pen­dant près d’une heure et demie, les dan­seurs enchaînent les tableaux à l’en­trée du Pura Pena­ta­ran Klon­cing, dans une atmo­sphère char­gée de spiritualité.

J’ai été par­ti­cu­liè­re­ment impres­sion­né par la beau­té de ces femmes bali­naises dont l’ex­per­tise dans la danse est fla­grante ; il n’y a qu’à voir leur corps convul­sés, raides et gra­ciles, leurs mains prendre des pos­tures expres­sives ne serait-ce qu’en bou­geant un seul doigt, leur regard chan­ger d’ex­pres­sion d’une seconde sur l’autre, leurs pieds se tordre dans un bal­let mil­li­mé­tré. L’une d’elles occu­pant le rôle d’un prince était par­ti­cu­liè­re­ment belle et troublante.

Retour sur cette soi­rée magique, en images, sons et vidéo. La vidéo dure 14’55’‘, les enre­gis­tre­ments audio couvrent la tota­li­té du spec­tacle, soit exac­te­ment 81’39’’. Avec le spec­tacle de legong au Palais d’U­bud, ce sont les deux spec­tacles que j’ai inté­gra­le­ment enregistrés.

https://youtu.be/QbNVZXsqYck

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Une balade sur les pas de Jean Moschos avec le Pré spi­ri­tuel dans la poche…

Une balade sur les pas de Jean Moschos avec le Pré spi­ri­tuel dans la poche…

Jean Moschos, ou Moschus, est un prêtre syrien, né à Damas d’a­près ce que ce nous en savons, au beau milieu du VIè siècle. Moine chré­tien, il est l’ar­ché­type du chré­tien d’O­rient, n’ayant jamais quit­té sa terre natale. Enter­ré dans les sou­bas­se­ments de la laure de Saint Théo­dose (Théo­dose le Céno­biarque ou Théo­dose le Grand) dans le désert de Pales­tine, il est un des per­son­nages les plus impor­tants du céno­bi­tisme ortho­doxe. Il faut bien avoir à l’es­prit que les Chré­tiens, les quelques Chré­tiens qui arrivent encore à se main­te­nir en Orient ou au Moyen-Orient, sont pour la grande majo­ri­té issus d’un culte proche des ori­gines de la Chré­tien­té, ce qu’on appelle l’Or­tho­doxie, qui, dans sa forme actuelle exer­cée en Rus­sie ou en Grèce reste une ver­sion édul­co­rée de cette foi qu’on trouve en Orient. On retrouve de la même manière un Chris­tia­nisme très archaïque en Éthio­pie. Jean Moschus est l’au­teur d’un livre très impor­tant à titre docu­men­taire : Le Pré spi­ri­tuel (Λειμών, Leimṓn, Pra­tum spi­ri­tuale en latin). C’est une immense hagio­gra­phie pleine d’a­nec­dotes sur l’his­toire de l’é­glise chré­tienne syriaque qui nous donne des élé­ments pré­cis sur le déve­lop­pe­ment de la reli­gion dans les pre­miers siècles du Chris­tia­nisme d’O­rient sur les terres syriennes. C’est accom­pa­gné de ce livre que William Dal­rymple, l’é­cri­vain spé­cia­liste des Indes Bri­tan­niques et du monde chré­tien d’O­rient, s’est ren­du sur le che­min qu’a par­cou­ru Moschos. Il en rap­porte un témoi­gnage poi­gnant des der­nières heures de ces cultes immé­mo­riaux, qui, à l’heure actuelle ont dû en par­tie dis­pa­raître sous la colère sourde et des­truc­trice des fon­da­men­ta­listes de Daech ou par la folie natio­na­liste d’un état turc qui prend un malin plai­sir à détruite toute trace d’un chris­tia­nisme dérangeant.

Monastère de Mor Gabriel - Midyat - Mardin, Turquie

Monas­tère de Mor Gabriel — Midyat — Mar­din, Tur­quie. Pho­to © 2013 Wan­der­lust

Le pre­mier extrait que je four­nis ici pro­vient du monas­tère de Mor Gabriel (Day­ro d‑Mor Gabriel) situé près de la ville de Midyat dans la pro­vince de Mar­din, en Tur­quie. Le monas­tère ances­tral est actuel­le­ment en pro­cé­dure judi­ciaire avec l’é­tat turc qui l’ac­cuse d’oc­cu­per illé­ga­le­ment les terres sur lequel il est ins­tal­lé. Sans com­men­taire. Dal­rymple s’y rend en 1994 pour assis­ter à une scène de prière, rap­pe­lant au pas­sage que cer­tains rituels étaient com­muns aux chré­tiens et aux musul­mans, et que ceux qui s’en sont sépa­rés ne sont pas ceux qu’on croit.

Bien­tôt une main invi­sible a écar­té les rideaux du chœur , un jeune gar­çon a fait tin­ter les chaînes de son encen­soir fumant. Les fidèles ont enta­mé une série de pros­ter­na­tions : ils tom­baient à genoux, puis posaient le front à terre de telle manière que, du fond de l’é­glise, on ne voyait plus que des ran­gées de der­rière dres­sés. Seule dif­fé­rence avec le spec­tacle offert par les mos­quées : le signe de croix qu’ils répé­taient inlas­sa­ble­ment. C’est déjà ain­si que priaient les pre­miers chré­tiens, et cette pra­tique est fidè­le­ment décrite par Moschos dans Le Pré spi­ri­tuel. Il semble que les pre­miers musul­mans se soient ins­pi­rés de pra­tiques chré­tiennes exis­tantes, et l’is­lam comme le chris­tia­nisme orien­tal ont conser­vé ces tra­di­tions aus­si antiques que sacrées ; ce sont les chré­tiens qui ont ces­sé de les respecter.

Cyrrhus theatre

Théâtre de Cyr (Cyr­rhus)

Par le hasard des che­mins, lon­geant la fron­tière entre la Tur­quie et la Syrie, il bifurque de sa route pour rejoindre une cité éloi­gnée de tout, une cité aujourd’­hui en ruine qu’il appelle Cyr, à qua­torze kilo­mètres de la ville de Kilis en Tur­quie. Cyr, c’est l’an­tique Cyr­rhus, Cyr­rus, ou Kyr­ros (Κύρρος) ayant éga­le­ment por­té les noms de Hagiou­po­lis, Nebi Huri, et Kho­ros. Suc­ces­si­ve­ment occu­pée par les Macé­do­niens, les Armé­niens, les Romains, les Perses puis les Musul­mans et les Croi­sés, elle se trouve au car­re­four de nom­breuses influences. Son ancien nom de Nebi Huri fait direc­te­ment réfé­rence à l’his­toire dont il est ques­tion ici.

Intérieur du mausolée de Nebi Uri

Inté­rieur du mau­so­lée de Nebi Uri (Cyr, Cyrrhus)

Il ren­contre à l’é­cart des ruines prin­ci­pales un vieil homme, un cheikh nom­mé M. Alouf, gar­dien d’un mau­so­lée iso­lé où l’on trou­ve­rait les reliques d’un saint… musul­man, nom­mé Nebi Uri. Le lieu est char­gé d’une puis­sance béné­fique pour les gens qui viennent y trou­ver le remède à leurs maux. Le malade s’al­longe sur le sol pour y trou­ver l’ac­com­plis­se­ment du miracle. Lorsque Dal­rymple l’in­ter­roge sur l’his­toire de ce per­son­nage enter­ré sous cette dalle, M. Alouf lui compte l’his­toire du chef des armées de David, marié à Beth­sa­bée, qui n’est ni plus ni moins que Urie le Hit­tite, per­son­nage de l’An­cien Tes­ta­ment que David a envoyé se faire tuer pour se marier avec sa femme. On peut voir l’in­té­gra­li­té de cette légende sur les magni­fiques tapis­se­ries du châ­teau d’É­couen (Val d’Oise), Musée Natio­nal de la Renais­sance. Ce qu’il nous raconte là, c’est la pro­fonde simi­li­tude des cultes chré­tiens et musul­mans qui se confondent, s’en­tre­lacent et disent fina­le­ment que les deux ont coha­bi­té dans une cer­taine poro­si­té sans pour autant cher­cher à s’an­nu­ler. Une belle leçon à racon­ter à tous ceux qui exposent des sen­ti­ments pro­fonds sur l’in­té­gri­té de la religion…

Petite remise en pers­pec­tive de l’histoire :

Quel impro­bable alliage de fables ! Un saint musul­man du Moyen-Âge enter­ré dans une tombe à tour byzan­tine beau­coup plus ancienne, et qui s’é­tait peu à peu confon­du avec cet Urie pré­sent dans la Bible comme dans le Coran. Si cela se trou­vait, ce saint s’ap­pe­lait jus­te­ment Urie et, au fil du temps, sont iden­ti­té avait fusion­né avec celle de son homo­nyme biblique. Il était encore plus inso­lite que dans cette cité, depuis tou­jours répu­tée pour ses mau­so­lées chré­tiens, la tra­di­tion sou­fie ait repris le flam­beau là où l’a­vaient lais­sés les saints de Théo­do­ret. Avec ses cour­bettes et ses pros­ter­na­tions, la prière musul­mane sem­blait déri­ver de l’an­tique tra­di­tion syriaque encore pra­ti­quée à Mar Gabriel ; paral­lè­le­ment, l’ar­chi­tec­ture des pre­miers mina­rets s’ins­pi­rait indu­bi­ta­ble­ment des flèches d’é­glises syriennes de la basse Anti­qui­té. Alors les racines du mys­ti­cisme — donc du sou­fisme — musul­man étaient peut-être à cher­cher du côté des saints et des Pères du désert byzan­tins qui les avaient pré­cé­dés dans tout le Proche-Orient.
Aujourd’­hui, l’Oc­ci­dent per­çoit le monde musul­man comme radi­ca­le­ment dif­fé­rent du monde chré­tien, voire radi­ca­le­ment hos­tile envers lui. Mais quand on voyage sur les terres des ori­gines du chris­tia­nisme, en Orient, on se rend bien compte qu’en fait les deux reli­gions sont étroi­te­ment liées. Car l’une est direc­te­ment née de l’autre et aujourd’­hui encore, l’is­lam per­pé­tue bien des pra­tiques chré­tiennes ori­gi­nelles que le chris­tia­nisme actuel, dans sa ver­sion occi­den­tale, a oubliées. Confron­tés pour la pre­mière fois aux armées du Pro­phète, les anciens Byzan­tins crurent que l’is­lam était une simple héré­sie du chris­tia­nisme ; et par mains côtés, ils n’é­taient pas si loin de la véri­té : l’is­lam, en effet, recon­naît une bonne par­tie de l’An­cien et du Nou­veau Tes­ta­ment et honore Jésus et les anciens pro­phètes juifs.
Si Jean Moschos reve­nait aujourd’­hui, il serait bien plus en ter­rain connu avec les usages des sou­fis modernes que face à un « évan­gé­liste » amé­ri­cain. Pour­tant, cette évi­dence s’est per­due parce que nous consi­dé­rons tou­jours le chris­tia­nisme comme une reli­gion occi­den­tale, alors qu’il est, par essence, orien­tal. En outre, la dia­bo­li­sa­tion de l’is­lam en Occi­dent et la mon­tée de l’is­la­misme (née des humi­lia­tions répé­tées infli­gées par l’Oc­ci­dent au monde musul­man) font que nous ne vou­lons pas voir — la pro­fonde paren­té entre les deux religions.

William Dal­rymple, L’ombre de Byzance
Sur les traces des Chré­tiens d’Orient
1997, Libretto

J’a­dresse ce court billet à tous ceux, comme cer­tains dont je suis par ailleurs très proche, n’ar­rêtent pas d’as­sé­ner ad nau­seam que notre socié­té est « chré­tienne » ou « judéo-chré­tienne » et que l’is­lam, quel qu’il soit, remet en cause ses fon­de­ments. Je leur adresse ce billet non pour qu’ils changent d’a­vis, car c’est là une tâche impos­sible, mais pour leur dire sim­ple­ment que rien n’est pur, rien n’est aus­si lisse que ce qu’il sou­hai­te­rait, a for­tio­ri cer­tai­ne­ment pas la reli­gion qu’ils arborent autour du cou…

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