Jul 12, 2010 | Architectures, Arts |
L’Archibasilique du Très-Saint-Sauveur, plus connue sous le nom de basilique Saint-Jean-de-Latran est omnium urbis et orbis ecclesiarum mater et caput, Mère et tête de toutes les églises de la ville et du monde. Moins connue dans les esprits que la basilique Saint-Pierre, elle est pourtant la première des églises dans l’ordre protocolaire, avant Saint-Pierre et fait partie des quatre basiliques papales de Rome. Détruite à de multiples reprises, elle est aujourd’hui reconstruite dans un style majoritairement baroque italien (c’est à dire à mon sens, pas toujours de très bon goût). On peut toutefois encore admirer dans la chapelle du baptistère les restes de la basilique primitive, commencée en 315, avec une construction d’inspiration byzantine et des mosaïques dorées de toute beauté qui font oublier la grandiloquence fastueuse de la basilique elle-même. Il est à noter que la mosaïque de l’abside date du IVème siècle, même si elle a été profondément restaurée au XIIème siècle. On peut aujourd’hui grâce au site du Vatican visiter virtuellement (avec une musique tout ce qu’il y a de plus adaptée) l’ensemble du bâtiment comme vous ne le verrez certainement jamais, comme par exemple la chapelle Lancellotti ou la chapelle Corsini, qui ne sont pas ouvertes au public. Même si le lieu est impressionnant de grandiose et de faste, il reste une des manifestations les plus flamboyantes d’un art baroque qui ne s’est jamais embarrassé de simplicité et qui n’hésite pas à user d’une certaine théâtralité qui sied mal à un lieu de recueillement, fût-il à la tête des autres…
Il est à noter que le Président de la République Française reçoit pour comme titre celui de Chanoine d’Honneur de Saint-Pierre-de-Latran. Les deux seuls présidents de la cinquième république à avoir refusé leur intronisation sont Georges Pompidou et François Mitterrand.

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Jun 9, 2010 | Arts, Chambre acoustique, Histoires de gens |

Hildegarde de Bingen recevant une vision sous forme d’une flamme, vision qu’elle s’empresse de retranscrire dans ses Scivias
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Hildegard von Bingen
O dulcis electe — O Nobilissima Viriditas
Catherine Sergent & Catherine Schroeder
Hildegarde de Bingen est une religieuse bénédictine du XIIème siècle. Parfaitement consacrée à la vie religieuse et ayant prononcé ses vœux perpétuels à l’adolescence, elle reçoit à 38 ans le titre d’abbesse de Disibodenberg. Plus tard, elle consignera les visions qu’elle a depuis toute jeune dans plusieurs ouvrages et fondera successivement les abbayes de Rupertsberg et d’Eibingen qui lui sont toutes les deux consacrées (mais n’existent plus aujourd’hui). En plus d’être une femme exceptionnelle à la foi ardente, elle est d’une extrême bonté envers les plus nécessiteux. Également écrivain, elle est considérée comme étant une des plus grandes compositrices de musique médiévale et toute son œuvre est empreinte de l’acte fondateur, la révélation, et colorée du combat éternel entre le vice et la vertu. Son tout dernier talent consiste à avoir créé une langue et un alphabet qu’elle sera la seule à avoir utilisé.
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May 31, 2010 | Arts, Chambre acoustique |

Arvo Pärt fait partie de ces hommes que la discrétion et la passion font passer pour des maîtres incontestés dans leur discipline. Fervent chrétien, il a longtemps travaillé sur les chants grégoriens et la religiosité en musique ; sa musique est imbibée d’un mysticisme lumineux et tous ses travaux sont inspirés par le sentiment d’humilité et par un dépouillement qu’il est d’usage de trouver dans l’architecture monacale. Estonien d’origine, il est allemand de cœur car il a fui son pays autrefois soviétique, rongé par la censure. Arvo Pärt créé une musique minimaliste, à l’instar de ses contemporains, Philip Glass, Steve Reich ou Terry Riley. Il est d’ailleurs le créateur du Style tintinnabulum et ne travaille toujours qu’avec peu d’éléments. La pièce ci-dessous, Pari Intervallo a été également jouée par 4 flûtes à bec.
[audio:pari_intervallo.xol]
Fratres est une pièce importante de son œuvre, qu’on retrouve également dans le film des frères Cohen, No Country for Old Men.
[audio:fratres.xol] (more…)
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May 5, 2010 | Arts, Histoires de gens |
Au XIIè siècle, l’autorité pontificale de l’Église Catholique Romaine légalise l’indulgence, un acte monnayable par lequel on obtient rémission partielle ou totale de la peine temporelle en relation avec un péché pardonné lors de la confession. Ainsi, les caisses de l’Église se remplissent bien vite, car les plus riches des fidèles se paient le luxe de commettre des péchés dont ils obtiennent rémission de peine en payant rubis sur l’ongle. C’est surtout vrai à une époque où la splendeur d’un évêché se mesure à la taille de son cathèdre, donc de l’église qui va avec, la Cathédrale (c’est bien la taille qui compte). Construire ces pieux monuments est un engagement de frais astronomiques, et si on assiste fréquemment à des détournements de fonds ou des méthodes peu recommandables de financements, l’indulgence y prend une grande part. Ainsi, on voit les cathédrales de Bourges et de Rouen se parer d’une « Tour de beurre ». Ce nom pour le moins étrange n’a rien à voir avec la couleur tendre de celle qu’on peut admirer à Rouen et qui s’élance à 75 mètres du sol, dans un délire de détails en faisant un fleuron de l’architecture gothique dite « flamboyante », mais évoque les nombreux cachets reçus de la part des fidèles qui se permettaient de consommer des matières grasses pendant le Carême et s’offraient ce droit, puisqu’après tout, ce n’était pas si interdit que ça…
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Apr 30, 2010 | Arts, Histoires de gens, Sur les portulans |
Une belle après-midi printanière, une bouteille d’eau coincée dans le sac-à-dos entre les objectifs et l’appareil, deux carnets dans la poche et c’est parti sur les routes du Val-d’Oise, à une trentaine de kilomètres de Paris à vol d’oiseau, exactement à la limite qui sépare l’Île de France et la Picardie, derrière les champs de colza, les étangs de pêche et un paysage d’une platitude monotone. Partir de l’autre côté, sur la route à contrepoint. Arrivée à Asnières-sur-Oise, au hameau de Baillon.

Royaumont est une abbaye fondée par Louis IX entre 1228 et 1235. Celui qui sera canonisé pour ses actes de piété contrite et sa croisade partiellement échouée n’avait rien d’un joyeux luron (celui-là même qui mourut de dysenterie au bord de la nationale 9) et c’est dans ce lieu de méditation qu’il se retirait pour compulser les livres de l’armarium du cloître. Le lieu est d’ailleurs ponctué de citations des œuvres de Guillaume de Saint-Pathus narrant la vie et les habitudes ô combien… stimulantes de Louis IX. Prières à tous les repas, et même au milieu d’une nuit généralement courte (les heures canoniales ne laissent point le temps de se reposer).
Sa mère, Blanche de Castille était, elle, une habituée d’une autre abbaye du département, Maubuisson qu’elle fonda en 1241 sur la commune de Saint-Ouen-l’Aumône.
[audio:funerailles.xol]

On commence la visite par un grand parc ombragé très sobre, peu fleuri mais la saison s’y prête peut-être encore assez mal. Il fait bon flâner dans ces larges allées sous les fleurs des marronniers.

Comme toute abbaye digne de ce nom, on y trouve une église, mais ici, on n’en voit plus que quelques rares éléments. En effet, l’intégralité du site servit de filature après que la Révolution ait dissout les Ordres religieux. En 1792 on ordonne de démanteler l’église pour en utiliser les pierres afin de construire d’autres locaux (il est toujours délicat de poser un regard moral sur les erreurs du passé, mais tout de même, quel gâchis…). Aujourd’hui, seule reste la tour nord (rescapée par sa construction compacte puisqu’elle contient un escalier), ainsi que quelques piliers indiquant encore l’emplacement du chœur. Autant dire que l’édifice que l’on a sous les yeux n’a plus grand chose à voir avec le bâtiment d’origine, même si le retour des sœurs de la Sainte-Famille de Bordeaux a permis la restauration partielle et donne une idée correcte de l’aspect d’origine.

Il y est également question d’une vaste salle qui servait de réfectoire aux frères convers et donc le carrelage que l’on foule au pied est fait d’une immense mosaïque des carreaux de faïence colorée restaurés et reproduits de manière artisanale, tels qu’ils étaient lorsque l’abbaye était encore utilisée.

La visite se termine par un bâtiment scindé en deux parties, dont la partie centrale est soutenu par trente-et-une arches séparées par un vide aujourd’hui comblé par des dalles de verre, donnant en surplomb sur un petit canal et sous lequel il aurait été mal venu de passer en des temps reculés, puisque ce canal porte le doux nom de… latrines.

Mais le clou de la visite reste tout de même le cloître, et y passer quelques minutes baigné par la lumière du soleil, dans le silence d’une campagne douce et d’une après-midi tranquille a un effet réellement apaisant.
Localisation de l’abbaye sur Google Maps.
Toutes les photos de cette journée ici, et là pour voir les photos en diaporama.
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