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Mère et tête de toutes les églises de la ville et du monde

L’Archi­ba­si­lique du Très-Saint-Sau­veur, plus connue sous le nom de basi­lique Saint-Jean-de-Latran est omnium urbis et orbis eccle­sia­rum mater et caput, Mère et tête de toutes les églises de la ville et du monde. Moins connue dans les esprits que la basi­lique Saint-Pierre, elle est pour­tant la pre­mière des églises dans l’ordre pro­to­co­laire, avant Saint-Pierre et fait par­tie des quatre basi­liques papales de Rome. Détruite à de mul­tiples reprises, elle est aujourd’­hui recons­truite dans un style majo­ri­tai­re­ment baroque ita­lien (c’est à dire à mon sens, pas tou­jours de très bon goût). On peut tou­te­fois encore admi­rer dans la cha­pelle du bap­tis­tère les restes de la basi­lique pri­mi­tive, com­men­cée en 315, avec une construc­tion d’ins­pi­ra­tion byzan­tine et des mosaïques dorées de toute beau­té qui font oublier la gran­di­lo­quence fas­tueuse de la basi­lique elle-même. Il est à noter que la mosaïque de l’ab­side date du IVème siècle, même si elle a été pro­fon­dé­ment res­tau­rée au XIIème siècle. On peut aujourd’­hui grâce au site du Vati­can visi­ter vir­tuel­le­ment (avec une musique tout ce qu’il y a de plus adap­tée) l’en­semble du bâti­ment comme vous ne le ver­rez cer­tai­ne­ment jamais, comme par exemple la cha­pelle Lan­cel­lot­ti ou la cha­pelle Cor­si­ni, qui ne sont pas ouvertes au public. Même si le lieu est impres­sion­nant de gran­diose et de faste, il reste une des mani­fes­ta­tions les plus flam­boyantes d’un art baroque qui ne s’est jamais embar­ras­sé de sim­pli­ci­té et qui n’hé­site pas à user d’une cer­taine théâ­tra­li­té qui sied mal à un lieu de recueille­ment, fût-il à la tête des autres…

Il est à noter que le Pré­sident de la Répu­blique Fran­çaise reçoit pour comme titre celui de Cha­noine d’Hon­neur de Saint-Pierre-de-Latran. Les deux seuls pré­si­dents de la cin­quième répu­blique à avoir refu­sé leur intro­ni­sa­tion sont Georges Pom­pi­dou et Fran­çois Mitterrand.

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Hil­de­gard

Hil­de­garde de Bin­gen rece­vant une vision sous forme d’une flamme, vision qu’elle s’empresse de retrans­crire dans ses Sci­vias

[audio:hildegard.xol]

Hil­de­gard von Bingen
O dul­cis electe — O Nobi­lis­si­ma Viriditas
Cathe­rine Ser­gent & Cathe­rine Schroeder

Hil­de­garde de Bin­gen est une reli­gieuse béné­dic­tine du XIIème siècle. Par­fai­te­ment consa­crée à la vie reli­gieuse et ayant pro­non­cé ses vœux per­pé­tuels à l’a­do­les­cence, elle reçoit à 38 ans le titre d’ab­besse de Disi­bo­den­berg. Plus tard, elle consi­gne­ra les visions qu’elle a depuis toute jeune dans plu­sieurs ouvrages et fon­de­ra suc­ces­si­ve­ment les abbayes de Ruperts­berg et d’Ei­bin­gen qui lui sont toutes les deux consa­crées (mais n’existent plus aujourd’­hui). En plus d’être une femme excep­tion­nelle à la foi ardente, elle est d’une extrême bon­té envers les plus néces­si­teux. Éga­le­ment écri­vain, elle est consi­dé­rée comme étant une des plus grandes com­po­si­trices de musique médié­vale et toute son œuvre est empreinte de l’acte fon­da­teur, la révé­la­tion, et colo­rée du com­bat éter­nel entre le vice et la ver­tu. Son tout der­nier talent consiste à avoir créé une langue et un alpha­bet qu’elle sera la seule à avoir utilisé.

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Un Esto­nien mini­ma­liste et mystique

Arvo Pärt fait par­tie de ces hommes que la dis­cré­tion et la pas­sion font pas­ser pour des maîtres incon­tes­tés dans leur dis­ci­pline. Fervent chré­tien, il a long­temps tra­vaillé sur les chants gré­go­riens et la reli­gio­si­té en musique ; sa musique est imbi­bée d’un mys­ti­cisme lumi­neux et tous ses tra­vaux sont ins­pi­rés par le sen­ti­ment d’hu­mi­li­té et par un dépouille­ment qu’il est d’u­sage de trou­ver dans l’ar­chi­tec­ture mona­cale. Esto­nien d’o­ri­gine, il est alle­mand de cœur car il a fui son pays autre­fois sovié­tique, ron­gé par la cen­sure. Arvo Pärt créé une musique mini­ma­liste, à l’ins­tar de ses contem­po­rains, Phi­lip Glass, Steve Reich ou Ter­ry Riley. Il est d’ailleurs le créa­teur du Style tin­tin­na­bu­lum et ne tra­vaille tou­jours qu’a­vec peu d’élé­ments. La pièce ci-des­sous, Pari Inter­val­lo a été éga­le­ment jouée par 4 flûtes à bec.

[audio:pari_intervallo.xol]

Fratres est une pièce impor­tante de son œuvre, qu’on retrouve éga­le­ment dans le film des frères Cohen, No Coun­try for Old Men.

[audio:fratres.xol] (more…)

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Glis­ser du haut d’une tour de beurre…

Au XIIè siècle, l’au­to­ri­té pon­ti­fi­cale de l’É­glise Catho­lique Romaine léga­lise l’indul­gence, un acte mon­nayable par lequel on obtient rémis­sion par­tielle ou totale de la peine tem­po­relle en rela­tion avec un péché par­don­né lors de la confes­sion. Ain­si, les caisses de l’É­glise se rem­plissent bien vite, car les plus riches des fidèles se paient le luxe de com­mettre des péchés dont ils obtiennent rémis­sion de peine en payant rubis sur l’ongle. C’est sur­tout vrai à une époque où la splen­deur d’un évê­ché se mesure à la taille de son cathèdre, donc de l’é­glise qui va avec, la Cathé­drale (c’est bien la taille qui compte). Construire ces pieux monu­ments est un enga­ge­ment de frais astro­no­miques, et si on assiste fré­quem­ment à des détour­ne­ments de fonds ou des méthodes peu recom­man­dables de finan­ce­ments, l’indul­gence y prend une grande part. Ain­si, on voit les cathé­drales de Bourges et de Rouen se parer d’une « Tour de beurre ». Ce nom pour le moins étrange n’a rien à voir avec la cou­leur tendre de celle qu’on peut admi­rer à Rouen et qui s’é­lance à 75 mètres du sol, dans un délire de détails en fai­sant un fleu­ron de l’ar­chi­tec­ture gothique dite « flam­boyante », mais évoque les nom­breux cachets reçus de la part des fidèles qui se per­met­taient de consom­mer des matières grasses pen­dant le Carême et s’of­fraient ce droit, puis­qu’a­près tout, ce n’é­tait  pas si inter­dit que ça…

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La Royau­mont de Saint-Louis

Une belle après-midi prin­ta­nière, une bou­teille d’eau coin­cée dans le sac-à-dos entre les objec­tifs et l’ap­pa­reil, deux car­nets dans la poche et c’est par­ti sur les routes du Val-d’Oise, à une tren­taine de kilo­mètres de Paris à vol d’oi­seau, exac­te­ment à la limite qui sépare l’Île de France et la Picar­die, der­rière les champs de col­za, les étangs de pêche et un pay­sage d’une pla­ti­tude mono­tone. Par­tir de l’autre côté, sur la route à contre­point. Arri­vée à Asnières-sur-Oise, au hameau de Baillon.

Abbaye de Royaumont

Royau­mont est une abbaye fon­dée par Louis IX entre 1228 et 1235. Celui qui sera cano­ni­sé pour ses actes de pié­té contrite et sa croi­sade par­tiel­le­ment échouée n’a­vait rien d’un joyeux luron (celui-là même qui mou­rut de dys­en­te­rie au bord de la natio­nale 9) et c’est dans ce lieu de médi­ta­tion qu’il se reti­rait pour com­pul­ser les livres de l’arma­rium du cloître. Le lieu est d’ailleurs ponc­tué de cita­tions des œuvres de Guillaume de Saint-Pathus nar­rant la vie et les habi­tudes ô com­bien… sti­mu­lantes de Louis IX. Prières à tous les repas, et même au milieu d’une nuit géné­ra­le­ment courte (les heures cano­niales ne laissent point le temps de se reposer).
Sa mère, Blanche de Cas­tille était, elle, une habi­tuée d’une autre abbaye du dépar­te­ment, Mau­buis­son qu’elle fon­da en 1241 sur la com­mune de Saint-Ouen-l’Aumône.

[audio:funerailles.xol]
Abbaye de Royaumont

On com­mence la visite par un grand parc ombra­gé très sobre, peu fleu­ri mais la sai­son s’y prête peut-être encore assez mal. Il fait bon flâ­ner dans ces larges allées sous les fleurs des marronniers.

Abbaye de Royaumont

Comme toute abbaye digne de ce nom, on y trouve une église, mais ici, on n’en voit plus que quelques rares élé­ments. En effet, l’in­té­gra­li­té du site ser­vit de fila­ture après que la Révo­lu­tion ait dis­sout les Ordres reli­gieux. En 1792 on ordonne de déman­te­ler l’é­glise pour en uti­li­ser les pierres afin de construire d’autres locaux (il est tou­jours déli­cat de poser un regard moral sur les erreurs du pas­sé, mais tout de même, quel gâchis…). Aujourd’­hui, seule reste la tour nord (res­ca­pée par sa construc­tion com­pacte puis­qu’elle contient un esca­lier), ain­si que quelques piliers indi­quant encore l’emplacement du chœur. Autant dire que l’é­di­fice que l’on a sous les yeux n’a plus grand chose à voir avec le bâti­ment d’o­ri­gine, même si le retour des sœurs de la Sainte-Famille de Bor­deaux a per­mis la res­tau­ra­tion par­tielle et donne une idée cor­recte de l’as­pect d’origine.

Abbaye de Royaumont

Il y est éga­le­ment ques­tion d’une vaste salle qui ser­vait de réfec­toire aux frères convers et donc le car­re­lage que l’on foule au pied est fait d’une immense mosaïque des car­reaux de faïence colo­rée res­tau­rés et repro­duits de manière arti­sa­nale, tels qu’ils étaient lorsque l’ab­baye était encore utilisée.

Abbaye de Royaumont

La visite se ter­mine par un bâti­ment scin­dé en deux par­ties, dont la par­tie cen­trale est sou­te­nu par trente-et-une arches sépa­rées par un vide aujourd’­hui com­blé par des dalles de verre, don­nant en sur­plomb sur un petit canal et sous lequel il aurait été mal venu de pas­ser en des temps recu­lés, puisque ce canal porte le doux nom de… latrines.

Abbaye de Royaumont

Mais le clou de la visite reste tout de même le cloître, et y pas­ser quelques minutes bai­gné par la lumière du soleil, dans le silence d’une cam­pagne douce et d’une après-midi tran­quille a un effet réel­le­ment apaisant.

Loca­li­sa­tion de l’abbaye sur Google Maps.
Toutes les pho­tos de cette jour­née ici, et là pour voir les pho­tos en dia­po­ra­ma.

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