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Abou’l Qasim Al-Tamimi

Des tous les poètes qui com­posent la superbe antho­lo­gie de la Poé­sie Arabe, tra­duite et pré­sen­tée par René R. Kha­wam, chez Phe­bus, il a fal­lu que je m’en­tiche du prince des poètes-truands, Abou’l Qasim Al-Tami­mi. Il gagnait sa vie en écri­vant de petites saillies par­fai­te­ment insul­tantes et drôles dont il fai­sait com­merce auprès des notables qui s’of­fraient ses ser­vices dans les socié­tés pri­vées. Pour­tant, ce sont ici deux poèmes de toute beau­té que je repro­duis ici, agré­men­tés d’un mur­ra­qa conser­vé à la BNF (manus­crit per­san enlu­mi­né) et d’un chant sou­fi issu de l’al­bum Hadra par Fadhel Jazi­ri. A noter qu’E­ve­lyne Lar­guèche a dépo­sé un texte sur l’« insul­teur public » sur le site de la Revue des mondes musul­mans et de la Médi­ter­ra­née (REMMM).

Entre deux vins

Rouge avant le mélange, et fauve après,
le vin appa­raît entre deux tuniques
et nous offre son corps entre deux fleurs :
l’un de nar­cisse, l’autre d’anémone.

Pur, il est à l’i­mage de la joue
rosis­sante de la pucelle aimée ;
et livré au mélange, il a la couleur
de la joue d’or pâli du bel amant.


[audio:vin.xol]

Red­di­tion

Une fille blanche
comme de l’argent
mais le front orné
d’une frange noire…

Vois-là s’a­van­cer,
emprun­tant par ruse
le jais de ses yeux
à quelque antilope !

Pareille beau­té
ne sera vaincue
qu’à la reddition
de ses deux paupières !

Abou’l Qasim Al-Tamimi
Xème siècle

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Jab­ber­wo­cky ou Bredoulocheux ?

Il y a quelques années de cela, Hen­ri Pari­sot, grand ami d’Anto­nin Artaud, tra­dui­sait le célèbre poème de Lewis Car­roll, Jab­ber­wo­cky, et en don­na cer­tai­ne­ment la meilleure transcription:

Il était reve­neure; les slic­tueux toves
Sur l’al­louinde gyraient et vriblaient;
Tout fli­vo­reux vaguaient les borogoves;
Les ver­chons four­gus bourniflaient.

«Au Bre­dou­lochs prends bien garde, mon fils!
A sa griffe qui mord, à sa gueule qui happe!
Gare l’oi­seau Jeub­Jeub, et laisse
En paix le fru­mieux, le fatal Pinçmacaque!»

Le jeune homme, ayant ceint sa vor­pa­line épée,
Long­temps cher­chait le monstre manxiquais,
Puis, arri­vé près de l’arbre Tépé,
Pour réflé­chir un ins­tant s’arrêtait.

Or, tan­dis qu’il lour­mait de suf­fèches pensées,
Le Bre­dou­lochs, l’oeil flamboyant,
Rugi­ni­flant par le bois touffeté,
Arri­vait en barigoulant!

Une, deux! une, deux! Ful­gu­rant, d’outre en outre,
Le glaive vor­pa­lin perce et tranche : flac-vlan!
Il ter­rasse la bête et, bran­dis­sant sa tête,
Il s’en retourne, galomphant.

«Tu as tué le Bredoulochs!
Dans mes bras, mon fils rayonnois!
O jour fra­bleux! cal­louh! calloc!»
Le vieux glouf­fait de joie.

Il était reve­neure; les slic­tueux toves
Sur l’al­louinde gyraient et vriblaient;
Tout fli­vo­reux vaguaient les borogoves;
Les ver­chons four­gus bourniflaient.

D’autres tra­duc­tions ici et une liste assez impres­sion­nante sur ce site.

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