Oct 2, 2012 | Livres et carnets |
Avant…
Photo © Birding Mongolia
On en viendrait presque à oublier que lorsque les Hommes se battent et s’entre-déchirent, la nature, elle, continue de vivre dans la plus belle des intelligences, celle où se partagent les intérêts communs, loin de l’imbécile apparence, des chimères du paraître et de la course à la vanité… Belle leçon de nature, au milieu de l’orgueil et des combats.
Dans les endroits les plus stériles, où seuls parviennent à pousser quelques maigres brins d’herbe, vit une autre espèce de rongeur, l’imouran, à peu près de la taille d’un écureuil. La teinte de son pelage se confond avec la prairie sur laquelle il se déplace comme un serpent, ramassant les graines éparpillées par le vent, et les transportant dans sa minuscule demeure. L’imouran a une amie fidèle, l’alouette jaune, à dos brun et tête brune. Quand l’imouran court dans la plaine, elle se poste sur son dos, battant des ailes pour maintenir son équilibre, et se fait joyeusement porter au galop par cette curieuse monture à la longue queue en broussaille. L’alouette en profite pour débarrasser avec dextérité le pelage de son compagnon de tous les parasites qui s’y sont enfouis ; elle sait aussi faire entendre son chant mélodieux, tout le temps que dure cette course allègre. C’est pour cela que les Mongols ont surnommé l’imouran « le coursier de la joyeuse alouette ». D’ailleurs celle-ci sait encore lui rendre d’autres services ; elle avertit toujours l’imouran de la présence des aigles et des faucons, en poussant trois coups de sifflets aigus avant de se réfugier derrière une pierre ou dans un fossé. Dès qu’il entend ce signal, nul imouran ne sort plus la tête de son trou tant que le brigand des airs ne s’est pas éloigné. C’est ainsi que l’alouette et son coursier vivent en amical voisinage.
[audio:Borbanngadyr.xol]
Ferdynand Ossendowski, Bêtes, hommes et dieux
A travers la Mongolie interdite, 1920–1921
Editions Phebus Libretto
Après…
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Jan 30, 2011 | Arts, Livres et carnets |
Au lever il fait froid, il fait presque soleil, vaguement. Je me suis levé sur les coups de sept heures, la gorge sèche, pour boire un coup, calmer le feu qui s’anime à l’intérieur. J’ai rêvé d’aquarelles et d’un voyage dans le désert ; une femme touareg au loin engoncée dans ses draperies bleues me fixait depuis le toit poussiéreux d’une maison en adobe, son regard vert intense ne cillant qu’à peine. J’ai rêvé de mouettes volant au-dessus de la terre verte (Kalaallit Nunaat).
En octobre, les couleurs de la nature sont plus vives, plus nettes et plus nombreuses que pendant les autres mois de l’année. La glace, dans la mer, prend des couleurs avec le soleil bas et rayonne fortement de bleu, de rouge et de violet, et les sommets des montagnes, qui, chaque matin, sont saupoudrés de neige, brillent d’un bleu de glace toute la journée, pour virer au rose, et finalement au rouge sang le soir. Pendant une courte période, on peut à nouveau diviser les vingt-quatre heures en jour et en nuit, et personne ne comprend où est partie la longue journée claire de l’été, ni comment on va pouvoir survivre à la nuit éternelle de l’hiver.
Le pire en octobre, c’est le silence. L’agitation de l’été disparaît, la mer gèle de plus en plus, couvrant ainsi les dernières flaques, les rivières coulent de plus en plus faiblement pour enfin se figer, la neige nouvelle feutre l’agréable crissement des cailloux sous les bottes, et les oiseaux sont partis pour des régions plus accueillantes. On découvre une fois qu’ils sont disparu à quel point ils chantaient bien et fort. Au cours de ce mois étrange, on n’entend plus que le cri des corbeaux, quelques appels de goélands du haut ciel bleu et, loin sur la mer, le souffle d’ailes de quelques mouettes attardées.
Le rat, in Un safari arctique
Jørn Riel, Ed 10/18
J’ai découvert Anders Zorn un peu par hasard, en feuilletant une revue, je ne me rappelle plus quand ni où, mais j’ai le souvenir persistant de ces femmes nues au bord de l’eau, peintes dans des carnations troublantes, des peaux veloutées et des regards lascifs ou provocateurs. On sent dans l’œuvre de Zorn une certaine violence dans les couleurs, un trouble romantique et l’angoisse du sujet. Je reproduis ici un mini ZornMuseet autour de ces femmes prises sur le vif, sensuelles et callipyges, peintes sans pudeur ou offertes, souvent en présence de l’élément liquide, pour une raison qui m’échappe. La dernière œuvre est une gravure mettant en scène l’auteur et un de ses modèles dans une mise en scène tout à fait étonnante de modernisme…
Si Zorn reste marginal parmi les plus grands peintres, sa notoriété s’est envolée de manière spectaculaire le 3 juin 2010, lorsqu’une de ses plus lumineuses toiles, Sommarnöje (Plaisirs d’été, peinte en 1886) a été vendue 26 millions de couronnes suédoises (soit près de 3 millions d’euros). Ce tableau est majestueux ; il suffit de se rapprocher et de regarder le traitement de la matière de l’eau et de la robe de la femme. Un chef d’œuvre de lumière nordique.
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