Apr 26, 2011 | Arts, Histoires de gens |
Le 5 juillet 2009, un chômeur anglais du nom de Terry Herbert passant une partie de ses journées à chercher des trésors avec sa poêle à frire, a fini par en trouver un, tout bêtement, dans un champ au nord de Birmingham. Pendant six jours, il va déterrer plus de cinq cents fragments d’or et d’argent finement ouvragés avant de prévenir le coroner de sa découverte, une des plus importantes sur le sol anglais. Sous terre, c’est plus de 1600 objets et fragments, répartis de la manière suivante : 45% d’or, 45% d’argent et 10% d’alliages ou matériaux. Sans datation précise à ce jour, on estime que les objets datent d’une période allant du début du VIè siècle au début du VIIIè, période à laquelle la région constituait le royaume barbare de Mercie, qui a prospéré sous le règne du roi Penda (vers 630–655) et qui connut son apogée sous le règne du roi Offa (757–796).

Si le trésor a été retrouvé dans un champ, il a été enterré au croisement de Watling Street, la voie romaine parcourant l’île du sud-est au nord-ouest et des vallées de la Tame et de la Trent. Ce n’est sans doute pas un hasard qu’ils soient tous réunis à cet endroit. Autre chose, tous ces objets sont passablement endommagés, tordus, déchiquetés et sont exclusivement des objets militaires ; aucune parure féminine n’a été trouvée, mais étonnamment, aucune lame d’épée non plus. Les objets sont essentiellement religieux ou des parures de guerre, des pommeaux d’épées, etc. et semblent avoir été entassés en plusieurs fois, ce qui laisse penser que l’endroit était en fait un dépôt. On a cru également à un dépôt votif d’armes comme on en trouve en Scandinavie, mais on jetait alors les armes dans des marais, et qui plus est avec leurs lames. L’hypothèse retenue pour l’instant est que l’endroit était en fait une cache servant de gisement pour un remploi futur d’une matière première prête à être refondue et réutilisée.
Conformément au Treasure Act de 1996, la totalité du trésor a été rachetée par l’État, et la somme de 4 millions d’euros a été partagée entre Terry Herbert et le propriétaire du champ.
Read more
Apr 25, 2011 | Arts, Histoires de gens |
Au nombre des découvertes archéologiques de ces dernières années, on a pu voir fleurir des choses absolument exceptionnelles. Même si à notre époque, il nous reste tout de même plus de chances de découvrir l’hypogée cachée d’un Toutankhamon plutôt que les jardins suspendus de Babylone ou le temple d’Ishtar de Marduk, l’éventail des possibles reste franchement étendu, même si nous savons que l’archéologie est une science qui finira par mourir doucement ; en effet, le nombre de découvertes possibles risque d’aller en s’amenuisant, les découvertes se succédant et la conservation des éléments de fouilles non découverts risquant finalement de ne pas être exploitable ou tout simplement disparaître. Cette science porte en elle un drame : celui de devoir sans cesse découvrir des restes d’une civilisation. Même si l’archéologue a une vision positive de la découverte, le profane est toujours déçu de découvrir le délabrement. Sauf… sauf dans quelques cas, où l’on se demande encore comment les objets ont pu nous arriver dans un tel état de conservation.
En France, la dernière découverte de taille a été faite en Arles, grande cité romaine au passé riche. On a trouvé dans le Rhône, immense dispensateur de trésors qui n’ont certainement pas tous été mis à jour, une tête de Jules César en marbre, grandeur nature et réalisée de son vivant. On estime que c’est le portrait le plus réaliste de l’empereur, un portrait au regard dur et froid, à la calvitie naissante.

Le mithraeum d’Angers
Si l’événement a été beaucoup moins médiatisé, car beaucoup moins spectaculaire, il n’en reste pas moins une découverte d’importance. Sur le territoire de la ville d’Angers, a été mis à jour les restes d’un mithraeum (pluriel mithraea), un temple cultuel dédié au Dieu Mithra, une divinité d’origine indo-iranienne dont le culte est très développé à l’époque romaine et très largement diffusé sur le territoire des conquêtes. On le sait peu, mais le Culte de Mithra, culte ésotérique accessible par cooptation, fut pendant quelques temps un concurrent sérieux du christianisme avant d’être interdit, comme tous les autres cultes païens en 391 par l’édit de Théodose. Mais pourquoi des traces de ce culte à Angers, si loin de son lieu de naissance ? Mithra est un dieu guerrier dont le culte s’est surtout développé chez les légionnaires romains. Passablement suspect, il n’était pas de bon ton, dans une Rome qui avait adopté le christianisme comme religion d’état de se déclarer mithraïste. Aussi, les lieux de culte étaient-ils généralement enfouis sous terre, exigus, confinés et ne pouvaient que rarement recevoir plus de quarante personnes à la fois. La découverte d’un de ce lieux à Angers marque les progressions de l’expansion de ce culte sur le continent, qu’on retrouve en réalité jusqu’à Londres.

Read more
Sep 15, 2010 | Arts, Chambre acoustique |

[audio:take_five.xol]
Nicola Conte est un DJ italien, guitariste de jazz, grand amateur de bossa nova et de rythmes indiens, toujours élégant… Il nous sert un double album de ses remixes autour de thèmes connus du jazz des années 60 dans un luxueux coffret de 2 CD imprimés façon vieux vinyle. 26 titres exceptionnels à écouter sans modération, dans la pénombre avec un verre de Martini Rosso on the rocks et puis pour la suite, je vous laisse imaginer, je ne vais pas vous mâcher le travail non plus.
Read more
Jan 28, 2010 | Histoires de gens, Sur les portulans |
L’histoire dit que tout vient des moines capucins (Ordo Fratrum Minorum Capuccinorum) pour qui la mort revêtait un caractère expiatoire et finalement devint objet de vénération et de respect. La Sicile est terre de mystère, terre aride entourée d’une Méditerranée féconde et on imagine parfaitement ses petites cités silencieuses écrasées par le soleil entourées d’un voile de complot et de silence, et dans les rues escarpées de ces hameaux accrochées aux falaises passer les ombres de ces moines pour le moins peu avenants. Dès leur arrivée sur l’île, ils construisent des églises en calcaire blanc et d’après la tradition datant de Constantin, surélèvent ces bâtisses au-dessus d’excavations qu’on nomme catacombes, comme on peut en voir à Syracuse sous l’Eglise San Giovanni Evangelista. Constituées la plupart du temps en cimetières communautaires et en hypogées de droit privé, les premières catacombes, telles qu’on peut les visiter aujourd’hui en Sicile, sont des cryptes ouvertes au vent du large, battues par des vents chauds et sec et lorsque les corps des moines capucins décédés sont posés à même le sol de cette crypte, puis lavés au vinaigre, l’atmosphère et le temps font leur œuvre, desséchant les chairs plus vite qu’un processus de décomposition normal.
Les moines ayant découvert ces techniques de conservation vont développer leur savoir faire et redonner à leurs morts — en particulier aux prélats et dignitaires mais aussi aux riches donateurs — l’aspect de vivants dans ces caves pour le moins lugubres en creusant des loculi (niches) dans lesquels les cadavres sont maintenus dans les positions debout à l’aide de câbles et de crochets ou assise sur des trônes percés afin que la gravité permette la descente naturelle des organes en décomposition dans ces vespasiennes à usage unique… Le moins que l’on puisse dire c’est que ces moines ont développé une relation pour le moins étroite avec leurs morts, perfectionnant des techniques passées dans le langage courant des civilisations égyptiennes ou précolombiennes.
L’utilisation de ces lieux de mort a perduré jusqu’aux prémices du XXè siècle avec les très célèbres catacombes capucines (Localisation sur Google Maps) de l’église Santa Maria della Pace de Palerme, dans lesquels on peut voir aujourd’hui des centaines de corps alignés, vêtus de leurs plus beaux atours, souvent les yeux ouverts dans des expressions terrifiantes et dont la seule couleur de la peau et une certaine maigreur laissent penser que ces mannequins ne sont plus en vie. Le corps de la petite Rosalia Lombardo, décédée à l’âge de deux ans et embaumé par le célèbre Alfredo Salafia est aujourd’hui encore une attraction, qui à mon sens relève plus de l’amusement ou de la performance que d’un rituel mortuaire véritablement “chrétien”.
(more…)
Read more
Dec 27, 2009 | Arts, Autour du design |

Née en 1936 pour révolutionner le marché de l’automobile italien, la Topolino n’est plus ni moins que l’ancêtre de la Fiat 500 A. Son arrivée devait s’imposer au même titre que la Morris 8 au Royaume-Uni et la Volkswagen en Allemagne et même si elle a été produite à 122 000 exemplaires, elle reste moins connue que celle qui lui succéda. Voulue par Giovanni Agnelli, le mythique fondateur de Fiat, c’est Dante Graciosa qui conçut ce modèle en se fixant une seule contrainte ; repenser la voiture en repartant de zéro. C’est ce qu’il fit en imaginant une voiture dont la carrosserie est faite d’une seule coque et à l’aérodynamisme novateur.
Ce fut réellement “la voiture du peuple”, raison pour laquelle elle porte le nom italien de Mickey Mouse, et quelques années après la fin de sa production, Nicolas Bouvier et Thierry Vernet firent le pari de se rendre en Afghanistan avec un modèle déjà hors d’âge en 1953, une petite voiture dont la portière fut ornée de ce quatrain du poète persan Hafez, qui leur porta chance et les sortit de situations compliquées à plusieurs reprises :
Même si l’abri de ta nuit est peu sûr
et ton but encore lointain
sache qu’il n’existe pas de chemin sans terme
Ne sois pas triste.

Read more