Dic­tion­naire des anti­qui­tés romaines et grecques

Je me suis offert le dic­tion­naire des anti­qui­tés romaines et grecques d’An­tho­ny Rich pour seule­ment 15€. Un gros livre de 760 pages plein d’illus­tra­tions, une mine ico­no­gra­phique pour retrou­ver faci­le­ment tous les termes com­pli­qués liés à ces deux seg­ments de l’his­toire de l’art.
C’est un fac-simi­lé d’une édi­tion datant de 1883. Comme on dit, c’est dans les vieux pots…

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Des Assas­sins à l’A­ga Khan, une seule ligne droite

De la pseu­do-secte des Assas­sins dont a tout dit et sur­tout n’im­porte quoi, on sait sur­tout que son rôle était stric­te­ment poli­tique et reli­gieux. Ce groupe reli­gieux d’o­bé­dience chiite est en fait une éma­na­tion de l’is­maé­lisme tra­di­tion­nel. On les a appe­lé Hash­sha­shin, Hasha­shiyyin, bâti­nîs, ou encore Nizâ­rites, du nom de Nizar ben al-Mus­tan­sir, fils du hui­tième calife fati­mide et imam ismaé­lien à qui les Assas­sins prêtent ser­ment. Par tra­di­tion, on attri­bue aux Ismaé­liens une doc­trine de foi liber­taire fon­da­men­ta­liste et paci­fique et basée sur un mélange de néo-pla­to­nisme et de mys­ti­cisme remon­tant aux ori­gines de l’Is­lam, ce qui a néces­sai­re­ment jeté une voile de sus­pi­cion sur ses activités.

L’homme qui fit de ces ismaé­liens des assas­sins por­tait le nom de Has­san ibn al-Sab­bah, ou le « Vieux de la Mon­tagne », titre que por­te­ront après sa mort les chefs suc­ces­sifs de la secte. Ins­tal­lant ses hommes dans la for­te­resse d’Ala­mut dans laquelle est ras­sem­blée une somme de livre et d’ins­tru­ments scien­ti­fiques abso­lu­ment consi­dé­rable, il les entraî­na au meurtre mais uni­que­ment à des visées poli­tiques. Bien déci­dés à défendre le chiisme à l’in­té­rieur notam­ment du cali­fat fati­mide égyp­tien, les Assas­sins joue­ront de tous les stra­ta­gèmes pour assas­si­ner en temps vou­lu quelques per­son­nages clé dans la cité arabe à par­tir du XIème siècle ; on leur prê­ta une addic­tion sup­po­sée, for­cée et contrô­lée, à la plante dont le nom est déri­vé ; le haschich. Rien n’est moins cer­tain selon les sources. Le mot “Assas­sin” décou­le­rait plu­tôt d’un terme signi­fiant “fon­da­men­tal”. Ce qui est cer­tain en revanche c’est que leur fana­tisme et leur iso­le­ment dans la for­te­resse d’A­la­mut les ren­daient cer­tai­ne­ment ser­viles et mal­léables à mer­ci. La secte joue­ra un rôle pré­pon­dé­rant pen­dant les inva­sions franques et leur rôle poli­tique s’in­ter­rom­pit brus­que­ment en 1256 lorsque les Mon­gols diri­gés par Hou­la­gou Khan prirent Ala­mut et rasèrent lit­té­ra­le­ment la for­te­resse en détrui­sant par la feu sa consi­dé­rable biblio­thèque scientifique.
On pour­rait croire que la fameuse secte des Assas­sins dis­pa­rut avec sa for­te­resse, mais ses dis­ciples se fon­dirent dans la vie de la cité arabe et conti­nuèrent à por­ter en eux la parole ismaé­lienne, dont le chef, encore aujourd’­hui, n’est autre que… l’Aga Khan. Le titre d’A­ga Khan est confé­ré par le Shah d’I­ran en 1818 et com­bine le titre d’Ağa ou Agha (آغا en per­san), titre d’of­fi­cier civil ou mili­taire dans l’Em­pire Otto­man et le titre mon­gol de Khan (diri­geant ou sou­ve­rain). Le der­nier Aga Khan est le prince Sayyid Karim Al-Husay­ni (Karim Aga Khan IV), 49ème imam ismaé­lien nizâ­rite et donc des­cen­dant direct de Has­san ibn al-Sab­bah, le Vieux de la Montagne…

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Salâh Ad-Dîn Al-Ayyû­bî, le plus magna­nime des sultans

Salâh Ad-Dîn Al-Ayyû­bî(1), lit­té­ra­le­ment le ver­tueux de la reli­gion, fils d’Ayyoub(2), connu éga­le­ment sous son nom de jeu­nesse Yûsuf, puis sous le nom que lui don­ne­ront les Francs, Sala­din, est sur­tout connu pour son rôle dans la recon­quête de Jéru­sa­lem face aux Occi­den­taux lors des Croi­sades. Dans un monde arabe per­clus par les divi­sions face aux inva­sions, il conti­nue­ra l’œuvre de son maître Nur ad-Din et sera le pre­mier à uni­fier une pro­vince immense, allant du nord de la Syrie au Yémen et de la Tuni­sie à l’Égypte tan­dis que les Francs se par­tagent encore dans un désordre total quelques cités puis­santes sur la bande côtière palestinienne.

Por­trait de Sala­din par Cris­to­fa­no dell’Altissimo

On sait aus­si que Sala­din fait par­tie de ces per­son­nages que l’his­toire connait et recon­nait pour avoir été en quelque sorte vic­time de leur suc­cès. Ne cher­chant en aucun cas la gloire ou la richesse, c’est par un concours de cir­cons­tances que son maître Nur ad-Din lui confie­ra le cali­fat fati­mide d’Égypte. Ce qu’on sait moins, c’est que Sala­din, loin d’être le per­son­nage cha­ris­ma­tique et impi­toyable, un grand chef guer­rier mon­té en épingle par les films et l’his­toire cano­nique, est un homme d’une reli­gio­si­té à toute épreuve et d’une géné­ro­si­té extrême dont les actes de pro­di­ga­li­té ont sou­vent été consi­dé­rés comme incons­cients par ses admi­nis­tra­teurs et ses trésoriers.

Ceux qui ont connu Sala­din s’at­tardent peu sur sa des­crip­tion phy­sique — petit, frêle, la barbe courte et régu­lière. Ils pré­fèrent par­ler de son visage, de ce visage pen­sif et quelque peu mélan­co­lique, qui s’illu­mi­nait sou­dain d’un sou­rire récon­for­tant met­tant l’in­ter­lo­cu­teur en confiance. Il était tou­jours affable avec ses visi­teurs, insis­tant pour les rete­nir à man­ger, les trai­tant tou­jours avec les hon­neurs, même s’ils étaient des infi­dèles, et satis­fai­sant à toutes leurs demandes. Il ne pou­vait accep­ter que quel­qu’un vienne à lui et reparte déçu, et cer­tains n’hé­si­taient pas à en pro­fi­ter. Un jour, au cours d’une trêve avec les Franj, le «brins», sei­gneur d’An­tioche, arri­va à l’im­pro­viste devant la tente de Sala­hed­din et lui deman­da de lui rendre la région que le sul­tan avait prise quatre ans plus tôt. Il la lui donna !
On le voit, la géné­ro­si­té de Sala­din a frô­lé par­fois l’inconscience.

Ses tré­so­riers, révèle Bahaed­din, gar­daient tou­jours en cachette une cer­taine somme d’argent pour parer à tout impré­vu, car ils savaient bien que, si le maître appre­nait l’exis­tence de cette réserve, il la dépen­se­rait immé­dia­te­ment. En dépit de cette pré­cau­tion, il n’y avait dans le tré­sor de l’État à la mort du sul­tan qu’un lin­got d’or de Tyr et qua­rante-sept dirhams d’argent.
Quand cer­tains de ses col­la­bo­ra­teurs lui reprochent sa pro­di­ga­li­té, Sala­din leur répond avec un sou­rire désin­volte : « Il est des gens pour qui l’argent n’a pas plus d’im­por­tance que le sable. » De fait, il a un mépris sin­cère pour la richesse et le luxe, et, lorsque les fabu­leux palais des califes fati­mides tombent en sa pos­ses­sion, il y ins­talle ses émirs, pré­fé­rant, quant à lui, demeu­rer dans la rési­dence, plus modeste, réser­vée aux vizirs.

L’er­reur stra­té­gique de Sala­din fut, dans son immense magna­ni­mi­té, de relâ­cher sys­té­ma­ti­que­ment ses pri­son­niers lors de la reprise des cités franques et de leur per­mettre de se réfu­gier dans la cita­delle de Tyr, là où les Francs mas­sa­craient les leurs avec une sorte de délec­ta­tion bar­bare. Entas­sés dans la cita­delle, les Francs menés par Richard Ier d’An­gle­terre (Cœur de Lion), se sont regon­flés à bloc pour aller reprendre la cité d’Acre. C’est cet évé­ne­ment qui eut rai­son des nerfs de Saladin.
La per­son­na­li­té com­plexe de cet homme adu­lé par son peuple, détes­té en rai­son de sa popu­la­ri­té par ses détrac­teurs, le por­te­ra à pas­ser la fin de sa vie dans une dépres­sion léthar­gique, ava­chi dans les jar­dins de son palais, malade et amorphe, rêvant à la gran­deur du monde arabe que la reprise d’Acre met à mal.

Bataille de Hit­tin

C’est véri­ta­ble­ment lors de la prise de Jéru­sa­lem, Ville Sainte, qu’on peut se rendre compte à quel point l’homme est véri­ta­ble­ment conscient de la valeur qui revêt l’en­tente entre les peuples et les religions.

Et le ven­dre­di 2 octobre 1187, le 27 rajab de l’an 583 de l’hé­gire, le jour même où les musul­mans fêtent le voyage du Pro­phète à Jéru­sa­lem, Sala­din fait son entrée solen­nelle dans la Ville Sainte. Ses émirs et ses sol­dats ont des ordres stricts : aucun chré­tien, qu’il soit franc ou orien­tal, ne doit être inquié­té. De fait, il n’y aura ni mas­sacre ni pillage. Quelques fana­tiques ont récla­mé la des­truc­tion de l’é­glise du Saint-Sépulcre en guise de repré­sailles contre les exac­tions com­mises par les Franj, mais Sala­din les remet à leur place. Bien plus, il ren­force la garde sur les lieux de culte et annonce que les Franj eux-mêmes pour­ront venir en pèle­ri­nage quand ils le vou­dront. Bien enten­du, la croix franque, ins­tal­lée sur le dôme du Rocher est rame­née; et la mos­quée al-Aqsa, qui avait été trans­for­mée en église, rede­vient un lieu de culte musul­man, après que ses murs ont été asper­gés d’eau de rose.

Textes extraits du livre d’Amin Maa­louf, Les croi­sades vues par les Arabes, la bar­ba­rie franque en terre sainte.
Jean-Claude Lat­tès, 1983

Note :
1 — Titre exact : abū al-muẓẓa­far ṣalāḥ ad-dīn al-malik an-nāṣir yūsuf ben najm ad-dīn al-ʾayyūbī ben šāḏī, أبو المظفر صلاح الدين “الملك الناصر” يوسف بن نجم الدين أيوب بن شاذي.
2 — Ayyoub (Najm ad-Din Ayyub), ancien com­pa­gnon de route de Nur ad-Din (Nour ad-Din Mah­mûd el Mâlik al Adil). Sala­din uti­li­se­ra son nom pour fon­der la dynas­tie ayyou­bide.

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Mots d’un voca­bu­laire oublié VIII

Aver­tis­se­ment: billet à haute teneur en mots rares et pré­cieux, sau­vés de l’oubli.

  1. 1er volet
  2. 2nd volet
  3. 3ème volet
  4. 4ème volet
  5. 5ème volet
  6. 6ème volet
  7. 7ème volet
  8. 8ème volet
  9. 9ème volet
  10. 10ème volet

Bucrane

Un bucrane (sans accent cir­con­flexe) désigne un motif gra­vé repré­sen­tant le crâne d’un bœuf dont les cornes sont enguir­lan­dées de feuillages et que l’on trouve comme orne­ments de frises dans les ordres grecs. Les bucranes, orne­ments cano­niques de l’ordre dorique depuis la Renais­sance, sont pla­cés ordi­nai­re­ment dans les métopes, ou inter­valles qui séparent deux tri­glyphes. Leur signi­fi­ca­tion est sup­po­sée rap­pe­ler les vic­times offertes en sacri­fice aux dieux. Il était encore beau­coup uti­li­sé à la Renaissance.

Les bucranes se retrouvent très fré­quem­ment dans les sépul­tures préhistoriques.

  • Paléo­li­thique supé­rieur.- Le site de Saint-Ger­main-la-Rivière en France où le défunt, recro­que­villé sous un cais­son de dalles en pierre, est accom­pa­gné d’un bucrane et de ramures (Otte 2003)
  • Néo­li­thique. — Mani­fes­ta­tions reli­gieuses ou l’on retrouve encore des mode­lages de bucranes et des che­villes osseuses de bovi­dés asso­ciés aux sépul­tures (Otte 1993)

À Rome, le bucrane se retrouve déjà sur les mau­so­lées patri­ciens de l’é­poque répu­bli­caine (tom­beau de Ceci­lia Metel­la) et reste en usage jus­qu’à l’é­poque d’Hadrien. Selon F. Lemerle, il rapelle le sacri­fice tra­di­tion­nel (suo­ve­tau­rile) qui accom­pagne les obsèques.

À la Renais­sance, ce motif ne com­mence à être uti­li­sé que par Michele San­mi­che­li (Por­ta Nuo­va de Vérone, 1535). C’est Fra Gio­van­ni Gio­con­do (1511), et après lui Ser­lio et Vignole qui, dans leurs com­men­taires-tra­duc­tion du De archi­tec­tu­ra de Vitruve, asso­cient le bucrane à l’ordre dorique.

Motif d’or­ne­ment sculp­té : bucrane et deux études de sta­tues (?) de femmes dra­pées. Oppe­nord Gilles-Marie (1672–1742)
© RMN / Made­leine Cour­sa­get. Encre brune, lavis gris, pierre noire. Musée du Louvre, Dépar­te­ment des Arts Graphiques

Chres­to­ma­thie

Du grec ancien χρηστομάθεια, khrês­tomá­theia (« savoir utile »).
Antho­lo­gie de textes d’auteurs répu­tés clas­siques, notam­ment assem­blée pour l’ap­pren­tis­sage d’une langue.

Chry­so­gra­phie

Du grec ancien chry­sos, or et gra­phein, écri­ture.
Art d’écrire en lettres d’or.

Burney MS 13, f. 1Bur­ney MS 13, f. 1, Bri­tish Library

Dac­tyle

Le dac­tyle (du grec ancien δάκτυλος dák­tu­los, « doigt ») est un pied, c’est-à-dire un élé­ment métrique (un module ryth­mique) de la poé­sie grecque et latine au départ puis, par exten­sion, de toutes les poé­sies dont le mètre est ryth­mique ou accen­tuel et non syllabique.

Il est com­po­sé d’une syl­labe longue (ou accen­tuée pour les métriques accen­tuelles) sui­vie de deux syl­labes brèves (ou atones). On sym­bo­lise le tout ain­si : _UU. Le dac­tyle est donc de rythme des­cen­dant, puisqu’il attaque par un temps fort. Par exemple, fōns ĕrăt (sui­vi d’une voyelle), en latin, forme un dac­tyle, de même que sán­dige en alle­mand. Dans le second cas, ce n’est pas la quan­ti­té syl­la­bique qui compte mais l’opposition entre la voyelle tonique et les voyelles atones. La déno­mi­na­tion grecque de « doigt » résulte pro­ba­ble­ment1 d’une ana­lo­gie avec les pha­langes d’un doigt. La pre­mière pha­lange, plus longue, est sui­vie par deux pha­langes plus courtes.

Note : en scan­sion, la marque de quan­ti­té voca­lique (macron pour la longue et brève) compte pour la syl­labe entière et non la seule voyelle qui la porte.

« Pseu­do-Sénèque » : long­temps consi­dé­ré comme un buste du phi­lo­sophe stoï­cien, ce por­trait pour­rait repré­sen­ter un poète archaïque, peut-être Hésiode.
Copie romaine d’un ori­gi­nal hel­lé­nis­tique, Bri­tish Museum

Ecoin­çon

Un écoin­çon est un ouvrage de menui­se­rie ou de maçon­ne­rie for­mant l’en­coi­gnure de l’embrasure d’une baie.
Dans le style gothique, on trouve cet élé­ment aux angles des roses ou des rosaces for­mant des ouver­tures de ver­rières déco­rées avec des écoin­çons ajourés.
Un écoin­çon est aus­si une par­tie d’un tapis qui est située aux coins du champ.

Figure de Renom­mée nue pour écoin­çon. Pri­ma­tice (dit), Pri­ma­tic­cio Fran­ces­co (1504–1570)
© RMN / René-Gabriel Ojé­da. Lavis bistre, plume (des­sin)
Bayonne, musée Bonnat

Gno­mon

Le mot gno­mon est un mot latin qui veut dire aiguille de cadran solaire, venant du grec gnô­môn qui dési­gnait une règle ou ce qui sert de règle. Par déri­va­tion un gno­mon est le nom du plus simple cadran solaire : un bâton plan­té ver­ti­ca­le­ment dans le sol, ou même encore plus simple : l’homme lui-même.

Le gno­mon a don­né son nom à la science des cadrans solaires : la gno­mo­nique, ain­si qu’à la per­sonne qui conçoit et réa­lise des cadrans : le gno­mo­niste.

Cadran solaire mul­tiple en dip­tyque. Rein­mann Paul (1557?-1609)
Paris, musée du Louvre
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Mots d’un voca­bu­laire oublié VII

Aver­tis­se­ment: billet à haute teneur en mots rares et pré­cieux, sau­vés de l’oubli.

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Ché­lande (Khé­lan­dion)

Héri­tière des grandes galères de l’an­ti­qui­té, mais ayant nombre de spé­ci­fi­ci­tés Byzan­tines, le Khe­lan­dion, ou “che­lande”, est une type de navire à rames déve­lop­pé pour embar­quer des mar­chan­dises en plus de ses troupes et rameurs. Déve­lop­pé au début du VIIIe siècle après J.C., il s’a­gis­sait de répondre au pro­blème posé par les grands dro­mons mili­taires, qui devaient embar­quer leur ravi­taille­ment sur deux “galères-ser­vantes”, les Ousia­kos. Le Khe­lan­dion devait en fait pou­voir s’en pas­ser et tout embar­quer. Repré­sen­tant le som­met dans la hié­rar­chie typo­lo­gique, bon nombre ser­vaient de navires-ami­raux aux pré­fets mari­times Byzan­tins, Ravenne et Misène par exemple. Les plus vastes mesu­raient 80 mètres de long, envi­ron 10 de large, avec deux rangs de rames et cinq rameurs par avi­ron, en nage “a sca­loc­cio”. Il s’a­gis­saient donc de “dix” rap­por­tées aux stan­dards antiques. Gréés en latin sur trois mâts en géné­ral, ils arbo­raient un arme­ment moins impor­tant que sur les Dro­mons, mais encore dis­sua­dant, répar­ti sur leur pont com­plet. Il com­pre­nait en plus des troupes embar­qués ( plus de 50 hommes ) de puis­santes balistes, faites pour lan­cer des pots à feu gré­geois ( explo­sif ) et autres pots rem­plis de ser­pents qui jetaient l’ef­froi sur le navire enne­mi, mais com­pre­nait aus­si son tra­di­tion­nel siphon lance-flammes à l’a­vant, un épe­ron, et pour l’a­bor­dage, des dau­phins en plomb sou­te­nus par les antennes des mâts des­ti­nés à chu­ter et per­cer le pont du navire abor­dé, ain­si que des nacelles pour un à quatre archers sus­pen­dus aux mâts.

Dro­mon

Un dro­mon (du grec δρόμων, « cou­reur », en fait « croi­seur ») est un navire long, manœu­vrant et rapide mû à la rame et employé dans l’Empire byzan­tin du VIe au XIIe siècle. Ils furent indi­rec­te­ment déve­lop­pés à par­tir de la trière antique et étaient pro­pul­sés à la fois par rame et par la voile.

Le terme dro­mon devient cou­rant à par­tir du VIe siècle en même temps que le terme dro­mo­na­rioi qui dési­gnait l’équipage mais qui finit par dis­pa­raître assez rapi­de­ment. Le mot dro­mo­na­rioi est en effet rem­pla­cé par des termes plus pré­cis : éla­tai (« mate­lots ») et éra­tai (« rameurs »). La pre­mière men­tion du terme dro­mon se trouve dans les chartes de Ravenne du Ve siècle, si l’on ne tient pas compte des men­tions en latin. Même si le terme est par­fai­te­ment com­pris par les contem­po­rains de Jus­ti­nien, ce type de navire n’est pas encore très répan­du avant le VIIe siècle. À par­tir du IXe siècle, le dro­mon est aus­si dési­gné che­lan­dion, sur­tout par la population.

Ils pou­vaient avoir dif­fé­rentes formes et tailles. Ils fai­saient géné­ra­le­ment entre 30 et 50 mètres de long et entre 5 et 7 mètres de large et pou­vaient empor­ter jusqu’à 300 per­sonnes (à la fois des sol­dats et des rameurs). Cepen­dant, les dro­mons étaient répar­tis en trois classes de taille, les plus petits étant géné­ra­le­ment dénom­més monè­ria et les moyens galéia (ils n’avaient qu’un rang de rame mais étaient très rapides). Les plus grands dro­mons (appe­lés mei­zo­nès dro­mô­nés, ché­lan­dia méga­la ou encore dyna­tô­té­ra) avaient deux rangs de rames mues par une cen­taine de rameurs et pou­vaient empor­ter envi­ron deux cents hommes d’é­qui­page en plus.

Cer­tains dro­mons avaient une tour cen­trale (xylo­kas­tron, « châ­teau de bois ») près du mât prin­ci­pal, à par­tir duquel des sol­dats pou­vaient tirer des volées de flèches ou jeter des lances. Chez d’autres, le xylo­kas­tron était pla­cé à la proue. La plu­part des dro­mons étaient équi­pés de « lances-flamme » (sypho­no­pho-rami) qui envoyaient le feu gré­geois et de cata­pultes capables d’envoyer des pro­jec­tiles de 50 kg à plus de 100 mètres. Beau­coup de dro­mons étaient aus­si blin­dés avec des plaques de métal pour se pro­té­ger des éperonnages.

Vers le début du XIIe siècle, le dro­mon est petit à petit rem­pla­cé par l’ousie puis par l’agra­rion, qui semble dési­gner un bateau à voile sans rames, rond et de fort ton­nage, qui devient alors la norme dans la marine de guerre byzan­tine ; tou­te­fois le terme est tou­jours uti­li­sé par Robert de Cla­ri dans sa chro­nique sur la prise Constan­ti­nople par les croi­sés en 1204 et désigne tou­jours un bateau rapide.

Epi­bate

(Anti­qui­té) Sol­dat de la marine grecque.

Cette infan­te­rie de marine est plus nom­breuse dans les pre­mières années du Ve siècle av. J.-C.. quand l’é­pe­ron­nage ne s’est pas encore impo­sé en tant que stan­dard dans le com­bat naval, comme par exemple durant les guerres médiques en 494 a. J.-C. lors de la bataille de Ladé :

« Ils [les gens de Chios] avaient ame­né […] cent navires qui por­taient cha­cun qua­rante citoyens, com­bat­tants d’élite. »
(Héro­dote, Enquêtes, VI, 15)

Issus comme les rameurs de la classe cen­si­taire des citoyens les plus modestes, c’est-à-dire les thètes, les épi­bates n’ont pas à payer leur équi­pe­ment de hoplite qui leur est four­ni par la cité, au contraire des fan­tas­sins com­bat­tant sur la seule terre ferme.

Exhaure

L’exhaure désigne, par défi­ni­tion, l’é­pui­se­ment des eaux d’in­fil­tra­tion prin­ci­pa­le­ment employé dans les mines et milieux sou­ter­rains. Désigne aus­si les ins­tal­la­tions pour y parvenir.

Du latin exhau­rire, « épuiser ».

Pompes d’ex­haure et vis d’Ar­chi­mède — Leo­nar­do da Vin­ci — Codex Atlan­ti­cus

Liburne

La liburne (du latin libur­na, grec ancien λιβυρνίς) est un type de bateau léger qui tire son nom de la Libur­nie, pro­vince dalmate.

Après les guerres puniques, les Romains construisent des bateaux légers et rapides dont la liburne sur le modèle des bateaux des pirates Illy­riens. Après la bataille d’Ac­tium, elle devient le modèle stan­dard uti­li­sé par la marine romaine. Végèce donne som­mai­re­ment les prin­cipes de construc­tion des liburnes et de la coupe des bois. Les liburnes ont de un à cinq rangs de rameurs. Des navires légers de vingt rameurs les pilotent et servent à la recon­nais­sance navale : ils sont camou­flés (lit­té­ra­le­ment pica­ti ou « peints ») en cou­leur vert océan.

Ins­ti­tu­tions mili­taires de Végèce sur Wikisource.

Nau­to­nier

Mot pro­ven­çal, deri­vé du latin nau­ta, « matelot ».
(Vieilli) Celui, celle qui conduit un navire, une barque.
Syno­nyme : nocher

Cha­ron, nocher des enfers (détail)
Charles-Fran­çois HUTIN, marbre, Dépar­te­ment des Sculp­tures, Musée du Louvre

Navarque

Le navarque (en grec ancien ναύαρχος / nauar­khos, de ναῦς / naus, « le bateau » et ἀρχή / arkhê, « le com­man­de­ment »), lit­té­ra­le­ment le « com­man­dant de navire », est le titre mili­taire don­né aux capi­taines de vais­seaux de guerre dans la Grèce antique. À Sparte, c’est une magis­tra­ture impor­tante don­nant le com­man­de­ment de la flotte. Mais on trouve éga­le­ment des navarques à Athènes.
En Macé­doine et dans les royaumes hel­lé­nis­tiques, chez les Séleu­cides comme chez les Lagides le navarque est l’a­mi­ral de la flotte. Ain­si Alexandre le Grand est navarque de la flotte macé­do­nienne au siège de Tyr.
À Rome, le navarque est le com­man­dant d’un esca­dron de la flotte. Les Byzan­tins uti­lisent par­fois ce terme pour dési­gner le capi­taine d’un navire.
Sans rap­port avec ces fonc­tions mili­taires, le navarque est enfin éga­le­ment le res­pon­sable d’une litur­gie spé­ci­fique à Éré­trie et dans d’autres cités, dans le cadre de fêtes de la navi­ga­tion en l’hon­neur d’I­sis et d’autres divi­ni­tés égyptiennes.

Alexandre le Grand — bataille d’Is­sos par Phi­loxé­nos d’Erétrie

Pen­té­con­tère

Le pen­té­con­tère (grec ancien : πεντηκοντήρ) est un bateau de guerre à 50 rameurs (d’où son nom), auquel il faut ajou­ter un bar­reur et peut-être d’autres marins.
Il mesu­rait envi­ron 35 mètres de long, pour 5 mètres de large.
C’est à l’époque de la « Guerre de Troie » qu’apparaissent les pre­miers pen­té­con­tères ou pen­te­con­tores soit aux envi­rons de XIIe siècle av. J.-C..
Ce type de navire dis­pa­rait avec le déve­lop­pe­ment de la trière, qui s’im­pose à par­tir du VIe siècle av. J.-C.

Rostre

Le rostre (ros­trum) est l’é­pe­ron d’a­bor­dage pla­cé à la proue des galères de com­bat de l’antiquité.

 

Trière (Tri­rème)

Du grec ancien τριήρης, de même sens.

Une trière (du grec ancien τριήρης / triế­rês), ou tri­rème, ce der­nier terme étant l’ap­pel­la­tion latine, est une galère de com­bat antique, déve­lop­pée à par­tir de la pen­té­con­tère. Plus court que son pré­dé­ces­seur, c’est un navire équi­pé d’une voile dans lequel prennent place 170 rameurs éta­gés sur trois rangs, d’où son nom. Léger et agile, il per­met le déve­lop­pe­ment de la manœuvre d’é­pe­ron­nage grâce au rostre de bronze mon­té sur sa proue, tech­nique qui donne lieu aux pre­mières batailles à carac­tère réel­le­ment naval.

Les trières appa­raissent en Ionie et deviennent le navire de guerre domi­nant en Médi­ter­ra­née de la fin du VIe siècle av. J.-C. au IVe siècle av. J.-C. puis à nou­veau, du fait de leur effi­ca­ci­té, sous l’empire romain jus­qu’au IVe siècle.

La pre­mière et plus célèbre bataille navale de l’An­ti­qui­té uti­li­sant des trières demeure celle de Sala­mine en 480 av. J.-C. qui met aux prises la flotte grecque, prin­ci­pa­le­ment athé­nienne, face à l’ar­ma­da perse numé­ri­que­ment très supé­rieure. La vic­toire des Grecs donne un coup d’ar­rêt à la deuxième expé­di­tion aché­mé­nide cen­sée ven­ger l’af­front de Mara­thon. D’autres batailles navales sont rela­tées en détail, notam­ment la bataille des Épi­poles au cours de laquelle Athé­niens et Syra­cu­sains s’af­frontent dans le port de Syra­cuse en 413 av. J.-C. pen­dant la guerre du Pélo­pon­nèse.

L’é­qui­page est com­po­sé de :

  • Thra­nites pous­sant sur les rames supérieures.
  • Zygites pous­sant sur les rames médianes.
  • Tha­la­mites pous­sant sur les rames inférieures.

Le déve­lop­pe­ment des guerres mari­times avec la tech­nique de l’é­pe­ron­nage pen­dant cette période de l’An­ti­qui­té sont l’oc­ca­sion de bâtir des galères de plus en plus grandes, de plus en plus rapides et de plus en plus mons­trueuses. L’a­po­théose de ces sur­en­chères arrive avec la flotte des Pto­lé­mée (flotte Lagide) qui construi­ra des galères à doubles coques. Le nom des galères varie en fonc­tion du nombre de rameurs sur une bordée.

  • tétrères (qua­dri­rèmes)
  • pen­tères (quin­qué­rèmes)
  • héxères
  • heptères
  • octères
  • nonères
  • décère (dekere)
  • pas­sé dix rameurs par bor­dée, on arrive aux galères ‘11’, ’12′, ’13′, ’20′, ’30′, jus­qu’à la ‘40’ ou Tes­se­ra­con­tère (Tet­ta­kon­te­ros) de Pto­lé­mée Philopator.

Pour plus de ren­sei­gne­ments sur ces navires de guerre colos­saux, se repor­ter à la sec­tion Anti­qui­té de Navis­to­ry.

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