May 13, 2011 | Livres et carnets |

De retour du château d’Ecouen pour une visite théâtralisée avec la troupe du Théâtre de la Vallée, je découvre avec un certain plaisir ces quelques mots susurrés de Clément Marot, celui qui fut protestant sans grandement le dire et grand coquin sans grandement le cacher…
Fleur de quinze ans (si Dieu vous sauve et gard)
J’ai en amours trouvé cinq points exprès :
Premièrement, il y a le regard,
Puis le devis, et le baiser après ;
L’attouchement le baiser suit de près,
Et tous ceux-là tendent au dernier point,
Qui est, et quoi ? Je ne le dirai point :
Mais s’il vous plaît en ma chambre vous rendre,
Je me mettrai volontiers en pourpoint,
Voire tout nu, pour le vous faire apprendre.
Read more
Dec 18, 2010 | Arts |
Avec cette iconographie russe que je commence à bien connaître, j’avance prudemment, je décortique doucement les codes de ce dix-neuvième siècle incertain, écarté entre Moscou et Saint-Pétersbourg, entre un peuple affamé confiné dans un campagne soumise la plupart du temps sous des mètres de neige et une bourgeoisie et une aristocratie qui n’ont pas hésité à attirer à elles les plus grands écrivains et artistes pour synthétiser le raffinement de l’identité russe.

Ce portrait (1883) peint par Ivan Kramskoi (Иван Николаевич Крамской), un peintre très en vogue à la fin du dix-neuvième siècle s’appelle Portrait d’une inconnue et fait partie des peintures mystérieuses qui ont eu un réel rôle dans la création à leur époque. En plus d’avoir entretenu le mythe de son absolu inconnuité, Kramskoi a peint une inconnue parfaitement sensuelle ; joues rosées et pleines, fines lèvres rehaussées de rouge, sourcils fins et regard lascif. Son air à la fois hautain et détaché, sa posture dans la voiture et ses habits riches (regardez le manchon cousu de rubans de velours bleu et les fourrures de son col) ont attiré sur elle les regards… et le scandale, car un visage sans nom et un air si provocant ne peuvent être que celui d’une prostituée. Peut-être, mais c’est en tout cas, selon certains, ce tableau qui inspira Tolstoï dans la conception d’Anna Karenine (Анна Каренина — 1887). Aujourd’hui encore, on retrouve une reproduction de cette toile sur la plupart des éditions du livre.
Read more
Nov 14, 2010 | Arts |

Paul Chabas, 1912
Certains tableaux méritent qu’on raconte leur histoire, tant on y voit parfois des fantasmes saugrenus. Paul Chabas a peint ce tableau en trois été et l’a présenté en 1912 dans un Salon ; le sujet représente une femme frissonnant sur le bord d’un lac, un matin de septembre, comme le dit son titre. Il semblerait que Chabas ait donné à son modèle le visage d’une Américaine rencontrée avec sa mère, une réminiscence amoureuse à qui il voulait certainement donner consistance. Passant plutôt inaperçu, le tableau est envoyé à Chicago, puis à New-York, où la bonne société américaine fait son possible pour masquer le tableau aux yeux du public pour atteinte aux bonnes mœurs. Du coup, on se presse pour voir l’objet du délit et le tableau entre dans l’histoire comme “le tableau qui fait scandale”. Le tableau fut vendu en Russie, puis en France, pour retourner aux États-Unis où il est exposé aujourd’hui.
Ce qui fait certainement le mystère de ce tableau, c’est que rien ne justifie qu’une femme attende nue au bord d’un lac, visiblement frigorifiée, un main couvrant tant bien que mal une poitrine d’adolescente, l’autre cachant son sexe, le regard tourné vers la rive… On ne sait pas ce qu’elle fait là, si elle attend quelque chose, et surtout pourquoi dans cette tenue. C’est peut-être là l’objet de l’amorce de scandale dont il fut l’objet, c’est que l’érotisme charmant qui s’en dégage ne renvoie à rien de justifiable ou de calculé.
Read more
Nov 3, 2010 | Eclairs de génie |
Fanny Hill, or Memoirs of a Woman of Pleasure, ou Mémoires d’une fille de joie est considéré comme le premier roman érotique. Écrit en 1749 par John Cleland tandis qu’il purgeait une peine de prison pour dettes, il renvoya son auteur en prison pour incitation à la débauche. Il fut interdit aux États-Unis jusqu’en 1966.
Il semblerait que l’auteur ait clairement fait un jeu de mots avec le nom du personnage principal puisque Fanny, c’est la vulve et Hill, un mamelon ou le Mont de Vénus. Tout un programme…
Le texte est intégralement disponible sur Gallica. Pour la petite histoire, Edouard-Henri Avril l’illustra et se spécialisa par la même occasion dans l’illustration érotique, d’un goût parfois douteux… On pourra lire également le texte d’Apollinaire sur l’œuvre.

Read more