Apr 24, 2011 | Architectures, Arts, Histoires de gens |
La Yerebatan Sarnıcı (la citerne enfouie sous terre), également connue sous le nom grec de Basilikè kinstérnè (Βασιλικὴ κινστέρνη) est un lieu étrange situé sous les pieds d’Istanbul, ou plutôt de Constantinople. On dit souvent de cette « citerne basilique » que c’est le monument, en dehors de la cathédrale Sainte-Sophie, qui mérite le plus l’attention des touristes (ce qui n’est pas forcément un label de référence). En l’occurrence, cette citerne avait exactement le même rôle que le réservoir de Montsouris à Paris. C’est l’empereur Justinien qui décida la construction en 532 de cette citerne si grande qu’on l’appelle Basilikè, afin de contenir les eaux pluviales hivernales en surabondance pour les stocker pour les périodes plus sèches. Cette spécificité du climat turc et l’absence de cours d’eau souterrain permettant l’apport suffisant en eau courante a été à l’origine du creusement de plusieurs citernes sous le sol de la ville ; on pouvait autrefois en dénombrer environ quatre-vingt dont la capacité totale devait avoisiner 900 000 m3 pour les citernes à ciel ouvert et 160 000 m3 pour les souterraine. La capacité de la citerne Yerebatan Sarnıcı, la plus importante parmi les souterraines est de 78 000 m3 (138 x 64,6 m) tandis que celle d’Aétius, à ciel ouvert, mesurait 244 m sur 85 m, pour une profondeur de 14 m environ et une capacité évaluée à 250 ou 300 000 m3.
Une des curiosités de ce lieu étrange, est l’utilisation de futs monolithiques et de chapiteaux de colonnes corinthiens en remploi. Deux des trois-cents trente-six colonnes reposent sur d’énormes blocs rectangulaires taillés représentant la gorgone Méduse. Personne ne sait pourquoi ils sont là, ni quelle est leur signification et surtout pourquoi l’un de ces blocs est renversé et l’autre de côté. On visite ce lieu parfaitement hors du commun, et dont l’ambiance donne réellement l’impression qu’on se trouve dans quelque lieu saint, avec des bottes.
Localisation sur Google Maps.

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Apr 9, 2011 | Arts |
Avertissement: billet à haute teneur en mots rares et précieux, sauvés de l’oubli.
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Dans l’architecture classique, grecque et romaine antique, les acrotères (du grec ancien ἀκρωτήριον, puis du latin acroterium) sont des socles (piédestaux) soutenant des ornements, disposés au sommet ou sur les deux extrémités d’un fronton.
Les statues-acrotères caractéristiques, conservées au musée de Murlo, comme le cowboy de Murlo constituent les vestiges étrusques de l’antique fabrique locale de Poggio Civitate.
Par extension, les acrotères désignent les ornements eux-mêmes ; il peut s’agir de statues, de statuettes en pierre, de vases en terre cuite.
Dans l’architecture moderne, on appelle mur acrotère, en abrégé acrotère, un muret situé en bordure de toitures terrasses pour permettre le relevé d’étanchéité. Cette appellation a largement remplacé, en France, celle, originale, de mur besquaire qu’on trouve au Québec et en Belgique.

Acrotère : tête de sphinx et fragments d’aile, vers 540 — 520 avant J.-C.
Provenance : Thèbes ?, Atelier corinthien, Terre cuite polychrome
Département des Antiquités grecques, étrusques et romaines, Musée du Louvre
Les chitons (Polyplacophora) sont des mollusques marins appartenant à la classe des polyplacophores.
Le terme chiton dérive du grec ancien χιτών [chitōn], qui désigne ce qui enveloppe, la χιτωνίσκος [Chitōniscos] étant une sorte de tunique pour femme.
Le chiton est un vêtement de la Grèce antique. Tunique de lin au plissé fin, cousue sur les côtés, ceinturée à la taille, courte et sans manche pour les hommes, longue et avec manches pour les femmes, portée par les hommes comme par les femmes.
D’abord confectionné en laine dans les périodes les plus anciennes, il est ensuite fabriqué en lin et gagne alors en ampleur pour se porter avec une ceinture à la taille.
Chez les hommes, il peut couvrir la jambe jusqu’à mi-cuisse ou descendre jusqu’au pied. Il peut être orné de dessins géométriques pour les jours de fête. Il se peut se porter avec un pallium (sorte de manteau). Dans l’armée, le chiton est porté sous l’armure et est d’une couleur vive généralement bleu ou rouge.
Chez les femmes, il se porte long. On parle parfois de chiton ionique. Avec l’apparition du lin, il remplace progressivement le péplos qui n’est pas un vêtement cousu mais drapé, dont il se différencie car il ne retombe pas en plis sur la poitrine et se porte bouffant à la taille grâce à une ceinture.

Victoire de Samothrace, IIè siècle av. J.-C., Musée du Louvre
La coroplathie ou coroplastie est un mode de fabrication de figures le plus souvent en terre cuite dont l’origine est proche-orientale et importée dans le bassin occidental de la mer Méditerranée par les Phéniciens.
Les Étrusques la pratiquent (terres cuites du palais de Poggio Civitate à Murlo, ancêtres divinisés en statues-acrotères à large « chapeau » dits cowboy de Murlo) et son apogée est atteint entre la fin du VIe et le premier quart du Ve siècle av. J.-C. par les décors du temple de Portonaccio à Véies, et ceux des deux temples de Pyrgi.
Divers modes de fabrication ont prévalu : modelée parfois à la main, elle peut aussi être issue de moules. Dans le monde punique, elle est surtout réalisée au tour.

Aurige, début du Ve siècle avant J.-C., Terre cuite, Collection Campana, 1863
Département des Antiquités grecques, étrusques et romaines, Musée du Louvre
La glyptique (du grec ancien γλυπτός / glyptós, « objet gravé ») est l’art de la taille de pierres, en creux (intaille) ou en relief (camée). Elle exprime le plus souvent une idéologie politique, religieuse ou culturelle.
Ce terme est souvent approprié pour désigner l’art de tailler les sceaux-cylindres en Mésopotamie.
Dans le Proche-Orient ancien, un sceau-cylindre est un cylindre orné de motifs représentant des dieux ou des symboles du pouvoir. Ils servent la plupart du temps à imprimer ces motifs sur de l’argile, mais on les retrouve également dans des tombeaux royaux. Ils apparaissent à partir de la période d’Uruk (4100–3300 av. J.-C.).
Un sceau-cylindre est un petit cylindre sur lequel est gravé un motif, avec un court texte identifiant son possesseur (« X, fils de Y, serviteur de tel dieu ») pour les périodes postérieures à l’invention de l’écriture. Il est fait pour être déroulé sur un tablette d’argile. De ce fait, la surface imprimable reproduit une frise, extensible à l’infini, et est plus grande que celle d’un sceau normal. Cela augmente donc le potentiel narratif et décoratif du sceau, et en fait un support iconographique potentiellement très riche.

Sceau-cylindre et son empreinte, représentant une scène mythologique :
Assur attaquant un monstre est acclamé par une déesse. Stéatite, Assyrie, IXe-VIIIe siècle av. J.-C.
Département des Antiquités orientales, Musée du Louvre
Du grec ancien ἱεροδούλη, de ἱερόν hiéros (« sacré ») et de δούλη (« esclave de sexe féminin »).
(Grèce ancienne et Anatolie) Esclave du temple dédiée à un dieu ou une déesse particulière, avec une connotation fréquente de prostituée sacrée. Cette prostitution était tolérée car au service du dieu ou de la déesse en question.
Extrait du paragraphe Troisième genre dans les sociétés historiques, article Troisième sexe, Wikipedia.
Dans la mythologie mésopotamienne, qui compte parmi les productions les plus anciennes connues de l’humanité, il y a une référence à un type de personnes qui ne sont ni hommes ni femmes. Selon le mythe de création sumérien retrouvé sur une tablette du second millénaire, la déesse Ninhursag présente un corps n’ayant ni organes génitaux mâles, ni organes génitaux femelles. Sa place dans la société, assignée par Enki, est d’être « face au roi ». Dans le mythe akkadien de Atrahasis (vers ‑1700), Enki demande à Nintu, la déesse de la naissance, d’établir une troisième catégorie de personnes, en addition aux hommes et aux femmes, qui comprendrait les démons qui volent les jeunes enfants, les femmes infertiles et les prêtresses qui n’ont pas le droit d’être enceintes. À Babylone, à Sumer et en Assyrie, certains types d’individus qui remplissaient un rôle religieux au service d’Inanna/Ishtar ont été décrits comme un troisième genre. Ils pratiquaient la prostitution sacrée (hiérodule), la danse extatique, la musique et le théâtre, portaient des masques et des attributs des deux autres genres. À Sumer, le nom cunéiforme qui leur était attribué était ur.sal (« chien/homme-femme ») et kur.gar.ra (aussi décrit comme homme-femme). Les universitaires modernes, en tentant de les décrire en termes des catégories de genre contemporaines, ont utilisé les termes de « vivant comme des femmes » ou en utilisant des qualifications d’hermaphrodite, eunuque, homosexuels, travestis, hommes efféminés (entre autres).
Voir aussi Nadītu, Qedesha, Hiérogamie (Hieros Gamos)

Déesse Lilitu, Inanna/Ishtar, Ereshkigal, XIXè-XVIIIè siècle av. J.-C. British Museum
Un propylée est à l’origine un vestibule conduisant à un sanctuaire. Aujourd’hui on l’emploie au pluriel, il désigne un accès monumental. C’est la porte d’entrée d’un sanctuaire, la séparation entre un lieu profane (la cité) et un monde divin (le sanctuaire).
Le plus célèbre exemple de propylée est celui de l’Acropole d’Athènes, réalisé par Mnésiclès de 437 à 432 av. J.-C., dans le cadre des grands travaux de Périclès après les guerres médiques. Il est composé d’un vestibule central et de deux ailes de chaque côté. À l’Est et à l’Ouest, il est flanqué de deux portiques avec six colonnes doriques. L’aile nord se nomme la pinacothèque et était une salle de banquet et d’exposition d’œuvres d’art.

Julien David Le Roy. Vue des Ruines des Propylées, ou de la Porte de la Citadelle d’Athènes.
Les Ruines des Plus Beaux Monuments de la Grèce. 1758.
Un rhyton, rython ou rhython (du grec rhein, couler) désigne un vase en terre cuite ou en métal mesurant environ 25 centimètres de hauteur qui se représente sous la forme d’une corne, à une anse, comportant une ouverture de fond par laquelle le liquide s’écoule et dont l’extrémité se termine par une tête animale ou humaine. Il a été essentiellement fabriqué par les Thraces et les Romains au cours des Ve et VIe siècles avant Jésus-Christ. Il était utilisé pour boire mais aussi pour certaines cérémonies et rituels religieux comme lors des libations.
Une bien riche collection de rythons…

Rython Thrace du trésor de Kazanlak (Seuthopolis, capitale du royaume des Odryses), Bulgarie
La toreutique est l’art de travailler le métal par le martelage de métaux (or et argent principalement) ou par la gravure, allant de la simple courbure du métal à l’inscription de motifs détaillés gravés ou en relief dans le métal choisi. Ce travail se fait par l’usage d’outils divers tels que la masse, le marteau, des ciseaux à tranchant en biseau ou encore un burin. On peut ainsi avoir tendance à la rapprocher de l’orfèvrerie. La toreutique existe depuis la haute antiquité. Elle est attestée à l’Age du Bronze et a fleuri en Mésopotamie et en Perse, bien que le terme n’ait été inventé qu’au XIXe siècle.

Consulter le très riche blog des étudiantes en archéologie de Paris I, qui semble malheureusement ne plus être alimenté depuis 2010.
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Mar 25, 2011 | Arts |
Avertissement: billet à haute teneur en mots rares et précieux, sauvés de l’oubli.
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Lorsque j’étais encore étudiant, je m’étais constitué un répertoire, un bête répertoire de mots que je pouvais glaner au fil de mes lectures dans une démarche à plusieurs étapes.
- Récupérer les mots inconnus pour en trouver plus tard à l’aide d’un dictionnaire la définition.
- Collecter en seul endroit ces petites pépites.
- Perpétuer cette collection au travers des différents âges de ma vie et ne pas les oublier.
Résultat, j’ai perdu ce carnet. Tout au moins ai-je dû l’égarer dans un endroit si bien caché qu’on le retrouvera le jour où mes héritiers passeront mes biens par le feu. En attendant ce jour, voici un billet en forme de mini-lexique. Les liens renvoient la plupart du temps aux articles Wikipedia dont ils sont issus ou à leurs références.
Épithète de Vénus ou Aphrodite : qui sort de l’eau. (poème de Rimbaud) le plus célèbre exemple est La Naissance de Vénus de Botticelli.

Venus anadyomène, Alexandre Cabanel, 1863
Terme archéologique qui désigne la technique de reconstruction d’un monument en ruines grâce à l’étude méthodique de l’ajustement des différents éléments qui composent son architecture.
Il peut aussi s’agir d’éléments reconstitués en matériaux contemporains pour présenter un détail de construction donnant l’échelle d’un édifice.

Reliefs de l’arc de Septime Sévère, Leptis Magna, Libye
L’astragale est une moulure arrondie, sorte d’anneau ou de boudin, séparant le chapiteau de la colonne. Au Moyen Âge, l’astragale fait généralement partie du chapiteau (constituant ainsi sa base) et est séparé de la colonne par un joint. Dans l’art antique, c’est le contraire : l’astragale est toujours séparé du chapiteau. L’astragale désigne aussi une moulure régnant sur la façade. On parle de nez de marche en astragale, pour les marches ayant un débord en arrondi.
Le terme astragale vient du latin astragalus qui signifie « os du talon », lui-même dérivé du grec astragalos, qui signifie « vertèbre ».

L’évergétisme (ou, plus rare, évergésie) est un terme introduit au XXe siècle dans le lexique francophone par l’historien André Boulanger. Il dérive directement du verbe grec εύεργετέω signifiant « je fais du bien ». Dans sa définition originale, l’évergétisme consiste, pour les notables, à faire profiter la collectivité de leurs richesses. Il complète le clientélisme, lien individuel et personnel entre le patron et ses clients. L’historien Paul Veyne y a consacré son important ouvrage Le Pain et le Cirque.

Proconsul Marcus Nomius Balbus, évergète d’Herculanum
Une métope est un panneau à peu près rectangulaire, le plus souvent décoré de reliefs sous un bandeau horizontal. Dans la frise dorique, elle alterne avec les triglyphes. Une plaque assez mince porte les reliefs et reste indépendante de la partie postérieure, ou contre-métope. Une demi-métope est une portion de métope occupant l’angle d’une frise dorique depuis la Renaissance. En effet la frise dorique antique se retourne sur un triglyphe désaxé par rapport à la colonne.
Vient du grec « métopê », de « méta » : entre et « ôpê » : ouverture.

En architecture, on appelle modénature les proportions et dispositions de l’ensemble des éléments d’ornement que constituent les moulures et profils des moulures de corniche ainsi que les proportions et dispositions des membres de façade constituant le style architectural.

Le terme vient du grec poliorketikos, qui désigne ce qui est relatif à la technique du siège des villes et places fortes, ou l’art et la technique du siège. On l’applique aussi à la défense des villes contre les sièges. LES POLIORCÉTIQUES d’APOLLODORE DE DAMAS COMPOSÉES POUR L’EMPEREUR HADRIEN. Traduction du texte publié par M. Ch. WESCHER (Poliorcétique des Grecs. 1867, hep. impér., p. 135–193). Avec 37 figures extraites des manuscrits grecs.

Gravure d’époque du siège de Privas
Suffète est le nom des premiers magistrats de Carthage. Leur pouvoir ne durait qu’un an. Ils étaient à Carthage ce que les consuls étaient à Rome.

Hannibal Barca, suffète de Carthage
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Mar 13, 2011 | Architectures, Arts |
Dans la ville d’Agrâ, connue pour abriter sur son territoire le superbe Taj Mahal, se trouve un élégant bâtiment de marbre blanc flanqué de quatre tours hexagonales d’environ treize mètres de haut, bâti sur un socle carré posé sur la rive gauche de la rivière Yamunâ. Ce mausolée, construit par la fille de Mîrzâ Ghiyâs Beg (grand-père de Arjumand Bânu Begam, plus connue sous le nom de Mumtâz Mahal), qui avait pris le titre de pilier de l’état (Itimâd-ud-Daulâ — اعتماد الدولہ کا مقبرہ) au dix-septième siècle, est considéré comme le premier exemple d’architecture moghole(1). On estime souvent qu’il est le brouillon du Taj Mahal dans richesse ornementale et la beauté du bâtiment est soutenue par les jalis(2), des écrans de marbre finement ciselés conférant à l’intérieur une ambiance fantomatique lorsque la lumière y pénètre et par l’inclusion de pierre semi-précieuses dans les panneaux de marbre blanc à la finesse remarquable.





Localisation du mausolée d’Itimâd-ud-Daulâ sur Google Maps.
Notes:
1 — Le peuple moghol descend de Tamerlan, de tradition turco-mongole et persanisé
2 — Le jali le plus célèbre est celui de la mosquée Siddi Saiyyed à Ahmedabad, au Gujarat. C’est une version indienne du moucharabieh (mašrabīya, مشربية) arabe.
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