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Mots d’un voca­bu­laire oublié VI

Aver­tis­se­ment: billet à haute teneur en mots rares et pré­cieux, sau­vés de l’oubli.

  1. 1er volet
  2. 2nd volet
  3. 3ème volet
  4. 4ème volet
  5. 5ème volet
  6. 6ème volet
  7. 7ème volet
  8. 8ème volet
  9. 9ème volet
  10. 10ème volet

Alé­rion

Un alé­rion est un aiglon ou un petit aigle sans bec ni pieds, uti­li­sé en héral­dique. On le repré­sente mon­trant l’estomac, le vol éten­du, mais sou­vent abais­sé. Ce nom vient de « aliers », vieux mot gau­lois dési­gnant une espèce d’oiseau vivant de rapine. Ménage le fait déri­ver du mot latin « aqui­la­rio », dimi­nu­tif de « aqui­la », dési­gnant l’aigle.
Quoique l’A­lé­rion soit rare en héral­dique, nous devons men­tion­ner l’é­cu de Lor­raine qui est : d’or, à la bande de gueules, char­gée de trois alé­rions d’argent, posés dans le sens de la bande. On croit que la mai­son de Lor­raine a adop­té cet oiseau, parce que Alé­rion est l’a­na­gramme de Lor­raine. (source Au bla­son des armoi­ries)

Bla­son de la ville de Freis­troff, Moselle

Bétyle

Le mot bétyle pro­vient de l’hé­breu ‘Beth-el’ (« demeure divine » ou « Mai­son de Dieu »). Par la suite, ce mot est uti­li­sé par les peuples sémi­tiques pour dési­gner les aéro­lithes, appe­lés éga­le­ment « pierres de foudre ».
Les bétyles sont dési­gnées chez de nom­breux peuples anciens par le nom de « pierres noires ». En par­ti­cu­lier, la pierre noire qui est enchâs­sée dans la Kaa­ba, à La Mecque, est étroi­te­ment liée à l’his­toire d’Abraham.
Un bétyle est une météo­rite, au sens strict ou sup­po­sé, dans laquelle les anciens voyaient la mani­fes­ta­tion d’une divi­ni­té, tom­bée du ciel. Les bétyles étaient ordi­nai­re­ment l’ob­jet d’un culte et par­fois d’offrandes.
Les bétyles sont donc des pierres qui sont consi­dé­rées comme des « demeures divines » par les peuples anciens. Dans le récit de la Genèse, le nom de ‘Beith-el’ est éga­le­ment don­né à la pierre de Jacob, et ce nom fut appli­qué par exten­sion au lieu même où il avait eu sa vision pen­dant que sa tête repo­sait sur la pierre.
Par exten­sion, un bétyle est donc une pierre sacrée en général.

Dans la tra­di­tion biblique, un bétyle est une pierre dres­sée vers le ciel sym­bo­li­sant l’i­dée de divi­ni­té. L’o­ri­gine de cette pierre est attri­buée à une scène de Jacob à Béthel. Celui-ci, endor­mi sur une pierre, rêve d’une échelle dres­sée vers le ciel et par­cou­rue par des anges, quand Dieu lui appa­raît et lui donne en pos­ses­sion la pierre en ques­tion. Jacob com­prend alors que la pierre est une porte vers le ciel et vers la divi­ni­té. D’une posi­tion allon­gée, il la fait pas­ser à une posi­tion ver­ti­cale et y répand de l’huile. Il la nomme Béthel (Beth : mai­son, El : divi­ni­té « mai­son de Dieu »).

Un bétyle ne repré­sente pas Dieu, mais signale sa présence.

Repo­soir à bétyle, Petra, Jordanie.

Incuse

Nom fémi­nin. Se dit d’une face d’une mon­naie qui pré­sente la même gra­vure que l’autre face mais en creux. Ce type de frappe assez rare se ren­contre dans les mon­naies grecques antiques archaïques. Éga­le­ment uti­li­sé pour des impres­sions sur la tranche des pièces de monnaie.
Se dit de cer­taines médailles frap­pées d’un seul côté, par la négli­gence et la pré­ci­pi­ta­tion des ouvriers.
Lat. incu­sus, frap­pé, de in.… 2, et cudere, frap­per, imprimer.

Incuse trou­vée sur les bords de la Mer Noire.

 

Intaille

Une intaille est une pierre dure et fine gra­vée en creux pour ser­vir de sceau ou de cachet. Elle peut être pré­sen­tée seule ou mon­tée en bague, bijou ou faire par­tie d’une parure.
C’est le contraire du camée qui est une pierre gra­vée en relief.

L’utilisation des intailles, incon­nue des Celtes, est liée à la pro­gres­sion de la civi­li­sa­tion romaine. Elles sont plus nom­breuses dans les régions urba­ni­sées, les zones de pas­sage ou d’occupation mili­taire. Leur usage a dû se répandre avec l’écriture, ser­vant entre autre à cache­ter les lettres et tablettes. À la fonc­tion déco­ra­tive de ces bijoux, s’ajoutait par­fois un carac­tère magique ou politique.

Sous Auguste, l’exécution est soi­gnée, les motifs s’inspirent sou­vent de la mytho­lo­gie grecque. L’élargissement de la clien­tèle impose une sim­pli­fi­ca­tion des motifs et du tra­vail. Si les intailles ne reflètent guère de spé­ci­fi­ci­té locale, le pan­théon romain et les sujets mili­taires sont les plus repré­sen­tés. On trouve aus­si des scènes cham­pêtres et de chasse, des ani­maux de tout genre et des créa­tures mythiques. Les pierres, de dimen­sions et d’exécution assez humbles, sont presque toutes de la vaste famille des quartz. Si celles-ci ont été impor­tées, notam­ment de l’Italie sep­ten­trio­nale, d’autres intailles en pâte de verre, imi­tant les pierres pré­cieuses, sortent de la pro­duc­tion locale. Des près de 300 intailles réper­to­riées, la majo­ri­té pro­vient du Titel­berg et de Dal­heim. Indices d’une cer­taine aisance finan­cière, leur popu­la­ri­té crois­sante va de pair avec l’essor éco­no­mique de la Gaule aux Ier et IIe siècles mais ne sur­vit pas aux troubles du IIIe siècle. Au IVe siècle, la dis­pa­ri­tion de la glyp­tique est accé­lé­rée par l’expansion du chris­tia­nisme qui ne laisse guère de place aux sujets païens.
Á l’époque franque, des intailles romaines ont été récu­pé­rées dans des bijoux en or. (Source MNHA)

Anneau plat en or et cha­ton dis­coïde en jaspe vert. Art parthe, 1er siècle.

Pyrée

Terme d’an­ti­qui­té. Autel du feu, dans la reli­gion des mages.
Le Guèbre, esclave des Turcs ou des Per­sans ou du Grand Mogol, peut-il comp­ter pour sa patrie quelques pyrées qu’il élève en secret sur des mon­tagnes ? [Vol­taire, Dic­tion­naire philosophique].
En grec, lieu où les Perses entre­te­naient le feu sacré, du grec, feu.

“(En) com­mé­mo­ra­tion, pour Celui dont le nom est béni. Zabd’a­teh, fils de Haga­gu, fils de Bar’a­teh ‘Alay­ba’al, a fait l’au­tel et le brû­loir (?) pour sa vie, la vie de ses fils et la vie de son (ou ses) frère(s), au mois de Nisan, l’an 453.”

Autel : pyrée à encens dédié au “Dieu ano­nyme” . Avril 142 après J.-C.
Pal­myre (ancienne Tad­mor), Syrie. Calcaire
Dépar­te­ment des Anti­qui­tés orien­tales. Musée du Louvre

Pro­to­mé

Un pro­to­mé est une repré­sen­ta­tion en avant-corps d’un ani­mal réel ou fic­tif ou d’un monstre, tête plus ou moins la par­tie anté­rieure (poi­trail plus ou moins les membres anté­rieures) employée comme motif déco­ra­tif ou ser­vant de sup­port dans des élé­ments archi­tec­tu­raux le plus sou­vent antiques.

Le pro­to­mé forme soit la tota­li­té, soit — ce qui est beau­coup plus sou­vent le cas — une par­tie d’un objet. Tech­ni­que­ment, on peut les clas­ser entre les objets zoo­morphes ou anthro­po­morphes et les objets ornés d’une tête ani­male ou humaine. Lors­qu’ils ont une valeur sym­bo­lique, leur signi­fi­ca­tion est la même que celle de l’a­ni­mal ou de l’être humain figu­ré en entier : la par­tie équi­vaut au tout, selon une conven­tion extrê­me­ment répandue.

Rhy­ton (corne à boire) à pro­tome de gazelle. Fin VIe — IVe siècle avant J.-C.
Argent par­tiel­le­ment doré, Dépar­te­ment des Anti­qui­tés orien­tales, Musée du Louvre

 

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La légende d’A­lexandre jus­qu’au Gandhāra

Il se tient en ce moment au musée Gui­met une expo­si­tion tout à fait magique sur l’art du Gandhā­ra, cet étrange chose qui s’est éten­due dans les plaines du Pakis­tan et de l’Af­gha­nis­tan, dans les val­lées de la Swât et de la Kâboul. L’art du Gandhā­ra est un syn­cré­tisme dans lequel les formes de l’hin­douisme et du boud­dhisme se sont déve­lop­pées sur des sources artis­tiques grecques et moyen-orien­tales. L’art sculp­tu­ral qui en émane est un des seuls reli­quats de cette civi­li­sa­tion qui a vu son heure de gloire au Ier siècle et qui a dis­pa­ru sous la bru­ta­li­té des inva­sions des Huns Shve­tahū­na .

Étran­ge­ment, celui par lequel ces influences se sont frayées un che­min jus­qu’au del­ta du Gange est le plus grand conqué­rant de tous les temps, Alexandre, fils de Phi­lippe II, roi de Macé­doine et qui a par­cou­ru le monde jus­qu’aux rives du fleuve sacré. L’his­toire de ce per­son­nage mythique est macu­lée d’une série de légendes qui seront por­tées jus­qu’au Moyen-Âge sous forme de récit épique et for­te­ment roman­cé, dans lequel tout est fait pour magni­fier l’homme qui selon la légende finit empoi­son­né alors qu’il péri­ra en fait à Baby­lone, ter­ras­sé par la malaria.
C’est ce texte qu’a tra­duit et com­men­té Jacques Lacar­rière dans la Légende d’A­lexandre pour trans­crire la vision que l’homme a véhi­cu­lé au tra­vers des siècles. La réa­li­té est moins belle ; Alexandre, mal­gré sa jeu­nesse et sa fougue, res­sem­blait plus à une brute avi­née et orgueilleuse qu’au bel­lâtre conqué­rant des médailles et des bustes à son effigie.

L’en­tre­prise d’A­lexandre per­mit donc à l’hel­lé­nisme de s’im­plan­ter dura­ble­ment dans ces régions et de créer une culture ori­gi­nale, encore peu étu­diée, un riche métis­sage d’hel­lé­nisme, d’i­ra­nisme et d’hin­douisme qui s’ex­pri­ma sur­tout dans le domaine de l’art. Ce sont ces grecs implan­tés en Bac­triane et en Sog­diane qui, les pre­miers, don­nèrent un visage au Boud­dha. Jus­qu’a­lors, les Indiens ne le figu­raient que par des sym­boles. Et ce visage serein et pur, ce visage si révé­la­teur de ce qu’on nomme l’art gré­co-indien du Gand­ha­ra est l’œuvre d’ar­tistes grecs venus d’A­lexan­drie qui l’empruntèrent aux sta­tues et au visage d’A­pol­lon ! Les pre­mières sta­tues du Boud­dha ne sont pas en marbre, maté­riau inexis­tant dans ces régions, mais en schiste et en stuc — mélange de chaux vive et de sable — dont la tech­nique est ori­gi­naire d’A­lexan­drie. Si les artistes grecs s’ins­pi­rèrent d’A­pol­lon pour don­ner des traits au Boud­dha, c’est qu’a­vec son fin sou­rire, ses traits sereins, sa tunique sobre­ment plis­sée, le Dieu de la Lumière pro­po­sait une sorte d’es­quisse grecque de l’illu­mi­na­tion boud­dhique. Le Lumi­neux prê­ta ses traits à l’Illu­mi­né. Où trou­ver sym­bole plus riche et plus fort de la ren­contre har­mo­nieuse de deux cultures et de deux religions ?

Le roi Darius n’é­cou­ta pas les paroles de Can­dar­cou­sis. Il dépê­cha Cli­téus, son bien-aimé, vers Alexandre pour qu’il le voie et qu’il lui donne son avis. Il lui fit por­ter aus­si une petite pou­pée en bois qu’on fait tour­ner avec une baguette, deux cof­frets vides, deux sacs de graines et la lettre suivante :

« Darius, le roi des rois, dieu de Perse,  à son enfant Alexandre, salut. Il me semble Alexandre que tu te sois fâché de ma pre­mière lettre dans laquelle je t’é­cri­vais de me ser­vir. Aus­si je t’en­voie aujourd’­hui un jouet, un petite pou­pée en bois que l’on fait tour­ner avec une baguette, pour que tu joues avec. Je t’en­voies aus­si deux cof­frets vides et deux sacs de graine. Les cof­frets, rem­plis-les avec les impôts de trois années, et les graines conte­nues dans les sacs, dénombre-les si tu le peux et tu sau­ras com­bien j’ai de sol­dats. Je te par­donne pour cette fois, mais si tu ne veux pas te retrou­ver devant moi, pri­son­nier, veille bien à m’en­voyer les impôts et les sol­dats qui doivent ser­vir dans mon armée, comme ton père le faisait. »

Cli­téus remit la lettre à Alexandre et se pros­ter­na devant lui. Il lui remit aus­si les cof­frets, les graines et la pou­pée. Alexandre lut la lettre et, cepen­dant qu’il la lisait, hocha la tête et dit : « L’in­sen­sé, l’or­gueilleux Darius, tout dieu qu’il se nomme lui-même, tom­be­ra comme un simple mor­tel. Pour s’être éle­vé jus­qu’au ciel, il chu­te­ra ensuite jus­qu’au fond de l’Ha­dès. » Il bri­sa les cof­frets, mâcha les graines, puis répon­dit à Darius :

« Le roi des Macé­do­niens, Alexandre, à Darius, roi des Perses, salut. Tu m’as fait grand hon­neur et grande consi­dé­ra­tion en m’en­voyant cette pou­pée comme jouet. Tu te gonfles d’or­gueil et c’est pour­quoi tu tom­be­ras de très haut. C’est un bon jouet que tu m’as adres­sé, à ce qu’il semble, car un jour je ferai tour­ner l’u­ni­vers comme je fais tour­ner cette pou­pée. Sache aus­si que j’ai mâché les graines, qu’en­suite je les ai recra­chées et qu’ain­si je rédui­rai en miettes ton armée, avec la volon­té du Ciel et du Sei­gneur Sabaoth. J’ai reçu les cof­frets comme un cadeau pré­cieux à l’i­mage des for­te­resses que je pren­drai. Limite-toi donc au Levant et au pays des Perses et renonce, une fois pour toutes, au Ponant. »

Il remit la lettre à Cli­téus et le ren­voya en Perse avec un bois­seau de poivre, en guise de pré­sent pour Darius. Avant son départ, Alexandre lui dit : « Tu as vu par toi-même com­ment j’ai mâché les graines et com­ment je les ai recra­chées. Que Darius compte les grains d’une cosse de ce poivre : j’ai autant de soldats. »

Cli­téus retourne chez Darius.
Cette cor­res­pon­dance entre Alexandre et Darius est entiè­re­ment ima­gi­naire. Ce Cli­téus, « bien-aimé de Darius » était en réa­li­té le bien-aimé et le favo­ri d’A­lexandre. Il s’a­git de Klei­tos, un Noir qui ser­vit comme offi­cier sous le règne de Phi­lippe et com­man­dait un esca­dron nom­mé « L’Île royale ». Il sui­vit Alexandre dans toutes ses cam­pagnes et lui sau­va même la vie à la bataille du Gra­nique. Des années plus tard, au cour d’un ban­quet à Samar­cande,  Alexandre le poi­gnar­da dans un moment d’ivresse.

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Les faveurs de Néfertiabet

Stèle : la princesse Néfertiabet devant son repas

Stèle : la prin­cesse Néfer­tia­bet devant son repas. Ancien Empire, 4e dynas­tie, règne de Khéops (2590–2565 av. J.-C.). Musée du Louvre

La pyra­mide était entou­rée de plu­sieurs petites, dont les bases sub­sistent encore. On y recon­nait aisé­ment la situa­tion de celle qu’­Hé­ro­dote dit avoir été bâtie par la fille de Chéops, au frais de ses amants, qui payaient cha­cune de ses faveurs d’un bloc de pierre d’É­thio­pie. Cette pyra­mide n’a­vait, selon notre auteur, qu’un phletre de base, c’est-à-dire soixante-sept pieds et demi ; elle était donc beau­coup plus petite que celle dont nous venons de par­ler ; mais je me suis convain­cu que c’é­tait parce que les pierres en étaient moindres, et non pas parce qu’il y en avait moins. Cepen­dant en ne pre­nant que la moi­tié du nombre mar­qué ci-des­sus, nous aurons cent-soixante sept mille trois cents quatre-vingt trois faveurs et demie, somme qui, pour une jeune prin­cesse, paraî­tra tou­jours assez considérable.

Jean-Fran­çois Champollion

Un esprit cha­grin serait en droit de se deman­der qui est le pingre qui y est allé d’une seule demi-faveur (et l’es­prit encore plus cha­grin répon­dra cer­tai­ne­ment : “tous”)

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Style à poulpes

La civi­li­sa­tion mycé­nienne — grande pour­voyeuse de pote­ries et de vases — a vécu son déclin com­men­cer et son homo­gé­néi­té perdre de la consis­tance lorsque les styles locaux sont apparus.
Par­mi ces styles, le style dit “à poulpes” dont les vases sont déco­rés de poulpes aux ten­ta­cules recou­vrant la plus grande par­tie de l’œuvre. Ces vases ont par­fois des dimen­sions impres­sion­nantes. Le second vase est lui repré­sen­ta­tif d’une repré­sen­ta­tion plus figurée.

Gourde de pèle­rin, Musée d’Héraklion

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Des nou­velles des merveilles

Elles étaient sept, comme les mer­ce­naires et les samou­raïs ou encore les péchés capi­taux, c’est à dire moins que les salo­pards ou les tra­vaux d’Her­cule, et beau­coup moins que les jours de Sodome et toutes ne sont pas par­ve­nues jus­qu’à nous. La par­ti­cu­la­ri­té de la plu­part de ces mer­veilles est d’être visibles depuis la mer, aus­si, il est fort pro­bable que cette liste pro­vienne de récits de voya­geurs par­ti­cu­liè­re­ment impres­sion­nés par ces monu­ments géants.

Si on sait que la pyra­mide de Kheops est encore qua­si­ment intacte, qu’en est-il des autres, où se trou­vaient-elles, ont-elles toutes réel­le­ment exis­té ? Et sur­tout, que leur est-il arri­vé ? Notre grand repor­ter est par­ti sur le ter­rain pour répondre à ces grandes questions.

La pyra­mide de Kheops, construite aux alen­tours de ‑2650 est de loin la plus ancienne de toutes. Elle est encore debout, se visite tou­jours et seul son pare­ment de cal­caire blanc a dis­pa­ru, même si quelques blocs ont été démon­tés par les fel­lahs pour ser­vir de constructions.

Les jar­dins sus­pen­dus de Baby­lone, ou de Sémi­ra­mis, construits au VIè siècle av. J.-C., dont l’exis­tence a long­temps été remise en cause n’ont peut-être effec­ti­ve­ment jamais exis­té. Ils auraient été bâtis sous le règne de Nabu­cho­do­no­sor II, roi du royaume assy­rien de Baby­lone mais aucun docu­ment de l’é­poque n’en fait men­tion. Il est ques­tion d’une construc­tion sou­te­nue par des piliers, plan­tée en ter­rasse d’arbres gigan­tesques et irri­guée par un sys­tème de vis d’Ar­chi­mède. Il est très pro­bable que les anciens ait confon­du Baby­lone et Ninive (plus au nord) où l’on pra­ti­quait l’ir­ri­ga­tion des terres de cette manière. Voi­ci la loca­li­sa­tion pré­su­mée des jar­dins suspendus.

La sta­tue chry­sé­lé­phan­tine de Zeus olym­pien, sculp­tée par Phi­dias en 437 av. J.-C. Haute de 12 mètres, elle repré­sente Zeus assis, coif­fé d’un rameau d’o­li­vier et por­tant un sceptre. Le terme “chry­sé­lé­phan­tine” vient des deux maté­riaux uti­li­sés pour son pare­ment, l’or (χρυσός / khrusós) et l’i­voire (ελεφάντος / ele­phán­tos) qui recouvrent la struc­ture de bois. D’a­bord conser­vée à Olym­pie, elle fut trans­por­tée à Constan­ti­nople où elle dis­pa­rut dans les flammes d’un incen­die en 461. Loca­li­sa­tion de l’emplacement ini­tial de la sta­tue à Olym­pie.

Le Mau­so­lée d’Ha­li­car­nasse, construit en 355 av. J.-C. à… Hali­car­nasse car le mau­so­lée n’est pas la tombe d’un mon­sieur qui aurait por­té un tel nom, mais le lieu où il se trouve, en Carie et le mon­sieur qui y est enter­ré se nom­mait… Mau­sole. Oui, c’est un peu com­pli­qué, mais on y arrive. S’il res­ta debout jus­qu’au XII siècle, il finit par s’é­crou­ler à cause des guerres d’in­va­sion et des intem­pé­ries (peut-être éga­le­ment d’un séisme). Les Hos­pi­ta­liers (déci­dé­ment des gens sym­pa­thiques) se ser­virent de ses ruines pour construire le Châ­teau Saint-Pierre de Bodrum.
Loca­li­sa­tion de l’emplacement du Mau­so­lée.

Le temple d’Ar­té­mis ou Artemí­sion, construit à Éphèse en 340 av. J.-C. Long de plus de 137 mètres, c’est un des bâti­ments les plus impo­sants de l’An­ti­qui­té, mais aus­si le plus riche­ment déco­ré. Il est détruit 16 ans après sa construc­tion par un mariole du nom d’E­ros­trate qui vou­lait par ce geste uni­que­ment se rendre célèbre. Gagné. Reba­ti, il est pillé par les Ostro­goths en 263 et détruit par les flammes par les sym­pa­thiques chré­tiens en 401. Jus­ti­nien achè­ve­ra la besogne en pré­le­vant ses pierres pour ses affaires per­son­nelles à Constan­ti­nople. Les plus belles sculp­tures sont conser­vées au Bri­tish Museum.
Loca­li­sa­tion du site.

Le Colosse de Rhodes repré­sente le dieu Hélios, dieu Soleil. Construit en 303 av. J.-C. à l’en­trée du port de Rhodes, il fut détruit en 226 av. J.-C. par un trem­ble­ment de terre. Son arma­ture de bois et sa sur­face recou­verte de bronze pesait un poids tel que la secousse l’a bri­sé au niveau des genoux. Tou­te­fois, le maté­riau de construc­tion est sujet à cau­tion ; cer­tains disent qu’il était en pierre. En revanche, contrai­re­ment à l’i­co­no­gra­phie tra­di­tion­nelle, il n’au­rait pas eu un pied posé de chaque côté de l’en­trée en rai­son d’un écar­te­ment néces­saire trop impor­tant, mais il aurait été construit sur un seul et même socle. Une fois effon­dré, il est res­té sur place (l’o­racle de Delphes aurait inter­dit d’y tou­cher) jus­qu’en 654, date à laquelle une expé­di­tion arabe récu­pé­ra le maté­riau pour le vendre.
Loca­li­sa­tion du Colosse.

Le Phare d’A­lexan­drie (le pre­mier qui chante du Claude Fran­çois, c’est un coup de fouet), construit en 290 av. J.-C. sur la pointe de l’île de Pha­ros. Secoué à plu­sieurs reprises par des trem­ble­ments de terre, il fini­ra dans le port en 1303. En 1349, le voya­geur Ibn Bat­tû­ta rap­porte qu’il n’est plus pos­sible d’y entrer. Les pierres ser­vi­ront au mame­louk Qait­bay pour construire le fort por­tant son nom, à l’an­cien empla­ce­ment du phare.
Loca­li­sa­tion du phare.

Il est bon de se rap­pe­ler ces choses qu’on oublie. Très bien­tôt, je vous pro­pose une gram­maire des civi­li­sa­tions disparues.

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